CALDÉE ou CHALDÉE

Hébreu Kasdîm

Ce nom désignait originairement le territoire compris entre Babylone
et le nord du golfe Persique (carte n° II); proprement l'ensemble du
pays des Sumériens, dont les principales villes étaient Nippour,
centre religieux, Ourouk, Chourouppak, Larsa, Our, Éridou, Lagach,
qui fut longtemps capitale politique.
Cette contrée, dont la race
n'était pas sémitique, est généralement envisagée aujourd'hui comme
le berceau de la civilisation dans l'Asie occidentale. Abraham était
d' «Our en Caldée» (Ge 11:28-31). Plus tard, le nom de Cal-déen,
porté sans doute par les éléments civilisateurs, s'appliqua à toute
la basse Mésopotamie où vivaient, en amont du pays de Sumer, les
Akkadiens, population sémitique à laquelle appartenaient Babylone,
Sippar, Kis, Kouta et Akkad ou Agadé.

La Babylonie fut la première bénéficiaire de la civilisation
sumérienne que s'approprièrent ensuite les Assyriens. La civilisation
suméro-caldéenne remonte haut dans le IV e millénaire. Akkad, fondée
par Sargon au XXIX e siècle av. J.-C, donna son nom au nord caldéen
(d'où les expressions: langue suméro-akkadienne, civilisation
suméro-akkadienne). On trouve pour la première fois le nom de «roi de
Sumer et d'Akkad» porté par la dynastie d'Our, au XXIV e siècle.

Les rois amoréens de la première dynastie de Babylone (surtout
Hammourapi, 2123-2081) réunirent les deux régions en un seul royaume,
et peu à peu Akkad supplanta Sumer où les guerres élamites avaient
accumulé les ruines. A partir du IX e siècle av. J.-C, le nom de
Caldée désigne la Babylonie sémite par opposition à l'Assyrie.
Babylone est appelée par Jérémie: «le pays des Caldéens» (Jer
51:4 etc.). Jéhovah, pour punir les Assyriens de leurs cruautés
envers Israël, suscitera «les Caldéens...peuple formidable» (Hab
1:6).

Quant aux Sumériens, les primitifs de la Caldée, ils
disparaissent comme tels de la scène politique. Refoulés dans les
marécages du golfe Persique où ils défendent héroïquement leur
indépendance, ils ne sont plus désignés que comme les habitants du
«Pays de la Mer». On retrouve dans la littérature épistolaire
d'Assourbanipal une proclamation de 650 av. J.-C. imposant un certain
Bel-Ibni comme roi aux «habitants du Pays de la Mer». (Voir Assyrie
et Babylonie, Sumer, Asianiques.)

L'histoire ancienne mentionne aussi, sous le nom de Caldéens, des
populations indo-européennes habitant l'Arménie (Strabon, XII, 549).
Sur les rapports possibles entre ces Protoarméniens et les Sumériens
de l'antique Caldée, la lumière n'est pas encore faite.

Enfin le nom de Caldéen est donné dans le livre de Daniel, en
dehors de toute préoccupation ethnique, à une catégorie de la caste
des savants astrologues, magiciens et devins, appelés «les sages de
Babylone» (Da 2:4,10 3:8 4:6 et suivant Da 5:7,11).

Alex. W.