BRODERIE

L'art de broder, que les Israélites pratiquaient très habilement,
était connu chez eux de longue date. Le chant de Débora (Jug
5:30) parle déjà d'habits brodés; le Cantique des Cantiques
attribue à Salomon un palanquin royal orné de broderies dues à des
femmes de Jérusalem (Ca 3:10), mais le texte hébreu semble
altéré. D'après Hérodote, les Égyptiennes faisaient un commerce
important de leurs travaux d'aiguille; on en a retrouvé des spécimens
sur des momies. D'autre part, des sculptures assyriennes, notamment
une figure sculptée d'Assournazirpal, représentent sur les habits
royaux des broderies très ouvragées. L'art de broder est venu de
Babylonie, pays des tissus fins et des habits luxueux; les Phrygiens
firent passer la broderie en Grèce et en Occident.

Plusieurs mots hébreux correspondent approximativement au franc,
«broderie»; nos versions les traduisent diversement:

1.
riqmd (Jug 5:30,Ps 45:15,Eze 16:10,13,18 27:7) est
ordinairement rendu par broderie. L'expression dérivée: mahassé
roqem
est fréquente dans la description des vêtements
sacerdotaux (Ex 28) et des étoffes sacrées (Ex 36); les
premières versions françaises (y compris Sg.) la traduisaient par:
«ouvrage de broderie», la Vers. Syn. donne: «ouvrage dessiné avec
art» (Ex 36:37), «brodé» (Ex 28:39), etc., la Bbl. Cent, a:
«broché» ou «brocart».

2.

L'expression mahassé khochéb, employée également
dans Ex 28 et 36, est différente: khochéb signifie
dessinateur et, en phénicien, tisserand. Le travail dont il s'agit là
était probablement un genre de tapisserie; les dessins exécutés par
l'artiste se formaient par des fils de couleur glissés dans la
longueur de l'étoffe. Cette expression est traduite dans Vers. Syn.
par «tissé» (Ex 28 Ex 36:8), «brodé» (Ex 36:35), etc., dans
Bbl. Cent, par «broché», dans Sg. par «artis-tement travaillé».

3.

tachbéts est un mot d'une tout autre origine, mais
sa signification est douteuse. Il peut être traduit: «carrelé»; à
cause de cette étymologie, certaines versions anglaises et françaises
le rendent par «piqué». (Le piqué est un double tissu réuni par des
points rangés en losange ou en carré). Vers. Syn. traduit:
«brodé» (Ex 28:4), «en tissu» (Ex 28:39), Bbl. Cent.: «en
piqué», Sg.: «brodé».

Quels que soient les termes employés, ces travaux d'aiguille avaient
beaucoup d'analogie; les deux premiers surtout devaient être
sensiblement les mêmes, d'ailleurs les matières premières entrant
dans leur confection sont toujours: or, pourpre violette et écarlate,
cramoisi et fin lin. Ex 38:23 cite Oholiab comme un artiste fort
expert dans ces travaux. Ls F.