BETH-SÉAN
Aujourd'hui Beisân, petite localité de 3.000 hab., dans la vallée
du Djâloûd et à 7 km. à l'Est du Jourdain. L'ancienne cité fut
attribuée à Manassé (Jos 17:11), mais il semble bien qu'elle
resta aux mains des Cananéens, qui disposaient d'un cordon de villes
fortes (Dor, Méguiddo, Thaa-nac, Jibléam), commandant la grande route
commerciale de Damas au Carmel et assurant la protection de la riche
plaine de Jizréel (Jug 1:27).
Les Philistins vainqueurs à Guilboa suspendirent les armes de
Saül dans le temple de BETH-SÉAN et accrochèrent son cadavre aux remparts
(1Sa 31:10, cf. 1Ch 10:10). Sous Salomon, la ville était
administrée par l'intendant Baana (1Ro 4:12), mais elle conserva
toujours son particularisme. Au temps de Jérémie, les Scythes s'en
emparèrent, d'où le nom de Scythopolis pris par BETH-SÉAN. (
2Ma 12:29, Jos., Ant., VI, 148, XII, 8:5). Avec les Romains,
elle devint une des villes de la Décapole (Jos., G.J., III, 9 7).
Sous la persécution de Dioclétien, Scythopolis fournit le premier
martyr, Procope (Mort en 303)
- Prise par les Arabes, détruite par Saladin (1183), la ville
végéta, et seules quelque ruines attestaient sa prospérité à l'époque
romaine. Des fouilles commencées en 1921 ont abouti à des résultats
remarquables. L'exploration du site se poursuit sous la direction
méthodique d'une expédition américaine (Fisher, puis A. Rowe) et,
décapant le tell couche par couche, en retrouve toute la succession
historique, parvenant à des temps de plus en plus lointains. Des
découvertes faites jusqu'ici, il ressort que BETH-SÉAN fut, du XV e au
XII e siècle av. J.-C, un des points d'appui de la puissance
égyptienne en Palestine. La ville occupait un emplacement stratégique
de la plus haute importance, et les pharaons avaient tout intérêt à
s'y maintenir. Des objets égyptiens nombreux (bijoux, scarabées)
attestent cette possession, mais surtout plusieurs stèles avec
inscriptions, une de Ramsès II (1300-1234), deux de Séti I er
(1320-1300), et enfin une statue de Ramsès III (1200-1175).
Un migdol (forteresse) du XIV e siècle, avec trois tours en façade,
est en voie de dégagement.
Toute une série de temples, construits et reconstruits au même
emplacement, sous les pharaons Ramsès II, Séti I er, Améno-phis III
et Thoutmès III (XV e siècle av. J.-C), ont été étudiés. Les deux
derniers, contemporains de Thoutmès III, sont particulièrement
intéressants. Si leur plan reste encore peu net, faute de déblayement
complet,!le concept sémitique de l'enceinte sacrée est souligné, des
objets cultuels (autel, table à offrandes), une matséba (colonne),
des ex-voto, ont été retrouvés.
Le plus beau document religieux jusqu'ici découvert est la stèle
égyptisante qui donne la représentation et le nom du dieu de B.-S.,
Maakar (ou Maakal), dieu au type sémitique, à tiare conique ornée
de fanons, où l'on retrouve un excellent répondant de Set-Soutekh ou
de Rècheph. A signaler encore, un relief en basalte, à deux
registres, figurant la lutte d'un lion (Nergal?) et d'un chien, dont
l'interprétation reste encore imprécise; des plaquettes de terre
cuite représentant des serpents, où l'un d'eux étale une poitrine de
femme.
A. Rowe songeait, à ce propos, à Shahan, dispensatrice de la
santé et figurée ainsi chez les Babyloniens. On aurait peut-être la
signification véritable du nom de Beth-Séan: la maison de Shahan
Les fouilles nous donneraient alors le nom de deux des divinités
adorées à B.-S.: Maakar et Shahan. L'exploration de Beisan nous
apporte une documentation inédite, particulièrement importante pour
la connaissance de la «Palestine» avant l'arrivée des Israélites, et
les résultats présents font bien augurer de la suite des recherches.
A. P.