BARNABAS

Nom araméen qui se traduit en grec (Ac 4:36) par uïos
paraclêséôs
et en franc, par «fils de consolation» (Ost., Burnier,
Vers. Syn.) ou «fils d'exhortation» (Sg., Oltr.) ou simplement «le
prédicateur» (Oltr. rév., Stapf., Bbl. Cent.). Mais Deissmann
(BS, 175; NBS, 15) a supposé que le nom de Barnabas, ainsi
interprété au temps des apôtres, serait la déformation d'un nom
sémitique, soit Bar-nabi (=fils de prophète), soit Bar-Nébo
(=fils du dieu Nébo).

Barnabas, surnom donné par les apôtres à Joseph, le Lévite,
originaire de Chypre, que la tradition compte parmi les soixante-dix
envoyés en mission par Jésus (Lu 10:1). Dans l'histoire de
l'Église primitive il est présenté comme un généreux donateur (Ac
4:36), dont le geste fut parodié par Ananias (Ac 5:1). C'est
lui qui présenta Paul à l'Église de Jérusalem (Ac 9:27, cf.
d'autre part Ga 1:18-20). Homme de coeur et d'action, personnage
influent de l'Église primitive, Barnabas fut délégué à Antioche
auprès de la première communauté chrétienne issue du
paganisme (Ac 11:22). Bien qu'apparenté au milieu fervent de
l'Église de Jérusalem (Col 4:10,Ac 12:12), son origine et sa
culture hellénique l'ont dégagé de l'étroitesse rabbinique et lui ont
donné la compréhension de l'âme païenne. Il s'intéresse dès la
première heure à la mission parmi les Gentils. Se rendant compte que
l'Évangile est en plein essor de conquête à Antioche, Barnabas s'en
va chercher Paul à Tarse (Ac 11:25) pour entreprendre avec lui
l'évangélisation méthodique de ces premiers «chrétiens» (Ac
11:26). Un an après, il retourna avec Paul à Jérusalem pour y porter
la collecte recueillie en Asie, et c'est là que Jean surnommé
Marc (Ac 12:25), cousin de Barnabas (Col 4:10), se joignit
à eux pour la première mission en terre païenne.

Consacrés en vue de cette tâche par l'Église d'Antioche qui les
soutenait de ses dons et de ses prières, Barnabas et Paul se
rendirent dans l'île de Chypre, patrie du premier (Ac 13:4). Dès
ce moment, Paul occupe le premier rang. Jean-Marc renonce à la
mission en Asie Mineure et repart pour Jérusalem (Ac 13:13).
Paul et Barnabas évangélisent la Pamphylie (Ac 13:13), la
Pisidie (Ac 13:14), la Lycaonie (Ac 14:6). A Lystre, ils
furent accueillis comme des dieux: Barnabas-Zeus, et Paul-Hermès,
faillirent être l'objet d'adoration et de sacrifices (Ac 14:13).
A leur retour à Antioche, les missionnaires rendent compte de leur
voyage (Ac 14:27).

Barnabas accompagna Paul (Ac 15,Ga 2) à la conférence de
Jérusalem, où ils plaidèrent la cause de la mission en terre païenne.
De retour à Antioche, Barnabas s'apprêtait à repartir avec Paul en
mission; mais celui-ci refusa d'emmener Jean-Marc, qui ne les avait
pas suivis en Pamphylie (Ac 15:38). Barnabas se sépara de Paul
et partit avec Jean-Marc pour l'île de Chypre. Ga 2:13 nous
permet de comprendre qu'il y eut encore un autre motif au conflit
entre les deux puissants évangélistes. Barnabas n'était pas aussi
affranchi que Paul des préjugés judéo-chrétiens, et la hardiesse de
son compagnon l'effrayait. Mais il ne faut pas exagérer ce
dissentiment, non plus que celui de Paul avec Pierre. 1Co 9:6
nous montre au contraire que Paul continua à s'intéresser si bien à
la mission poursuivie par son ancien collaborateur avec la même
méthode que lui, et sans doute en Occident comme lui, qu'il n'hésite
pas à solidariser leur manière de travailler et qu'il prend la
défense de Barnabas en même temps.que la sienne propre. Pour Paul,
Barnabas n'a jamais cessé d'être un «homme de bien rempli de
Saint-Esprit et de foi» (Ac 11:24).

L'Église catholique romaine a fait de cet apôtre le saint Barnabe
dont la fête est célébrée le 11 juin. Actes et Évangile de
Barnabas
sont apocryphes (voir Évangile apocr.), de même que
l' Épître de Barnabas, qui au III e siècle, à Alexandrie, a joui
d'une grande autorité. Par contre, beaucoup de théologiens (déjà
Tertullien) ont considéré l' Épître aux Hébreux comme
l'oeuvre de cet ancien Lévite, transposant sur le terrain de
l'Évangile les données rituelles du sacrifice lévitique, qui
avaient marqué son esprit d'une empreinte ineffaçable. Jg. L.