VISION
Dans l'A.T., la vision est tenue pour un phénomène étroitement
apparenté au songe (voir ce mot), voie normale de la révélation
divine.
Ces deux termes font souvent allusion à la même expérience, et
sont à peu près équivalents dans le parallélisme hébreu, le songe
étant plutôt la forme et la vision le contenu (Da 1:17 2:28 4:5,
cf. Joe 2:28).
L'expression «vision de la nuit» (Da 2:19,Job 4:13,Ge 46:2,
cf. 1Sa 3:1-15,Ac 16:9) reflète la même conception: Dieu parle
aux hommes pendant la nuit, quand les yeux sont fermés et les
facultés conscientes suspendues par le sommeil.
Mais la vision est présentée aussi comme un état d'exaltation,
d'extase (voir ce mot) accompagné de perception spirituelle très vive
(Ac 11:5 22:17, cf. Ge 15:12 dans les LXX). Cet état,
différent du songe, est favorisé par le jeûne, la prière et la
discipline intérieure (Da 10:2,9).
Toutefois, la vision extatique objective, avec représentations
symboliques destinées à révéler les choses à venir (Daniel) ou la
nature et les intentions de Dieu (Ézéchiel, Zacharie), n'apparaît que
dans les derniers livres de l'A.T. Ces expériences mystiques sortent
du cadre habituel dans lequel se manifeste la révélation divine.
Pour les premiers prophètes déjà, la vision était avant tout un
moyen dont Dieu se servait pour faire connaître sa volonté; la
révélation était essentiellement intérieure et morale (Esa 1:1
2:1, etc., cf. 1Sa 3:1,Ps 89:20). La conscience prophétique
est née, non pas tant de théophanies particulières, que d'une sorte
de contrainte intérieure poussant certaines individualités à
rechercher, à discerner les intentions de Dieu et à les proclamer
(Am 7:14 et suivant, Esa 6:5,Jer 1:4 et suivants, Eze
3:12 et suivant). Les extases (voir ce mot) et les visions restent
des expériences exceptionnelles (Am 7:1 8:1,Esa 6,Jer 1:11,13).
Dans le N.T., on trouve une allusion de Paul à des visions qu'il
a eues (2Co 12:1). Ce passage souligne peut-être le caractère
objectif de l'expérience qu'il a faite sur le chemin de Damas (Ga
1:11,17,1Co 9:1 15:8). Des visions sont aussi rapportées dans Lu
12,Ac 10,11,16. Le même terme est appliqué à la transfiguration
dans Mt 17:9. (cf. Mr 9:9,Lu 9:36: «les choses qui ont été
vues») Mais dans le N.T., c'est l'Apocalypse (voir ce mot), avec ses
scènes symboliques et imagées, qui est par excellence le livre des
visions. Alc. R.
Voir Prophète, Apocalypses, etc.