VEUVE

1.

Les veuves en Israël.

La connaissance de leur sort réclame l'étude du mariage et de la
famille aux diverses époques. Aux temps anciens, les veuves
étaient objet d'héritage comme les biens du défunt; on en retrouve la
trace dans les tentatives faites pour usurper l'autorité d'un homme
en s'emparant de ses femmes: ainsi Absalom pour David (2Sa
16:20). Adonija, par Abisag, pouvait acquérir des droits (1Ro
2:22).

Aux temps historiques, elles reprennent leur indépendance,
peuvent retourner dans leur famille. Si leur père est prêtre, elles
mangent comme lui des aliments sacrés (Le 22:13). On attache de
l'importance à ce que leur mari soit pleuré d'elles (Job 27:15).
Mais leur sort à toutes les époques est précaire, digne de pitié,
surtout si elles ont des enfants en bas âge. Si elles n'ont pas de
parent pour les défendre, elles sont à la merci des violents et des
mauvais juges. On ne leur laisse rien (Ps 94:6,Job 22:9 24:3).

Avec les progrès de la piété leur sort se relève. Le Deutéronome
déclare que Dieu est leur protecteur, et maudit qui leur fait
tort (De 10:18 27:19). Elles ont le droit de glaner (De
24:19,21), elles seront invitées aux dîners et aux fêtes (De
14:29 16:11,14). Les prophètes font de la protection de la veuve et
de l'orphelin un acte essentiel de piété (Esa 1:17). La loi du
lévirat
est une antique coutume codifiée par le De: quand un homme
meurt sans fils, son frère épouse sa veuve et le premier fils est
attribué au défunt, maintient son nom et hérite de ses biens. Suivant
les temps cette coutume a été plus ou moins contraignante et s'est
étendue à des parents moins rapprochés (De 25:5 12,Ru 4:10).

2.

Dans le N.T.

Leur sort apparaît digne de pitié. Elles ont peine à obtenir
justice (Lu 18:3); les scribes les exploitent (Mr 12:40);
leurs ressources sont souvent fort petites (Lu 21:2).

Dès que l'Église chrétienne se constitue, la communauté prend en
main le sort de ses veuves: assistance journalière, admission aux
tables (Ac 6:1 et suivant), vêtements (Ac 8:39). Elles
en arrivent à former un ordre des veuves, distinct des diaconesses. A
la fin du I° siècle, ce groupe de femmes secourues doit remplir des
conditions strictes; elles sont entourées de respect, comme un
collège de matrones, dans la perfection morale et la charité. La 1re
ép. à Timothée donne les règles pour l'inscription au rôle: avoir 60
ans, n'avoir été mariée qu'une fois, avoir élevé des enfants, «prêté
son concours à toute bonne oeuvre» et ne pas pouvoir être aidée par
les siens (1Ti 5:3,16). Les diaconesses (voir ce mot) sont
mentionnées à part (1Ti 3:11) et font une autre figure (Ro
16:1).

Dans l'histoire de l'Église, l'ordre des veuves paraît surtout en
Orient. Il a son apogée au II° siècle et au début du III°. Certaines
Églises (ainsi Alexandrie) ne connaissent pas d'autre ministère
féminin. «Ces assistées sont des assistantes» (Jean Réville). Ces
veuves sont prises comme diaconesses. L'appellation de veuve, d'
«ancienne», est un titre d'honneur. Mais la diaconesse seule est
consacrée. L'ordre des veuves s'éteint lentement. En Occident l'ordre
des veuves paraît beaucoup moins. Jérôme ne les rencontre plus.

Voir Femme, Mariage (A.T. et N.T.). An.