TRÉSOR

1.
L'ensemble des richesses d'un roi (1Ma 3:28
et suivant) et de son peuple (Esa 39:2), comprenant de l'or, de
l'argent, des pierres précieuses et des objets de prix, du fait soit
de leur rareté, soit de leur beauté artistique. Ils pouvaient être
d'une très grande valeur, comme le prouvent les fouilles faites
notamment dans les rares tombes royales d'Egypte (cf. Heb 11:26)
qui ont échappé aux pillages. Les archives, pièces officielles, en
faisaient partie (Esd 5:17 6:1). Salomon eut un Trésor
particulièrement somptueux (1Ro 10:14,29,2Ch 9:13-24). Un
intendant gérait les trésors du roi (1Ch 27:23,Ac 8:27). Les
trésors des rois vaincus suscitaient la convoitise des vainqueurs,
qui se les appropriaient systématiquement (1Ro 14:25 15:18 1Mac
1:23).

2.
Les sanctuaires avaient aussi leur Trésor, constitué
par les objets précieux que les adorateurs offraient à leurs
divinités. Encore aujourd'hui, les grandes cathédrales et basiliques
ont chacune leur Trésor, que souvent l'on peut visiter et où
voisinent des objets de plus ou moins grande valeur et de saintes
reliques. Il y avait à Jérusalem, au Temple de Salomon, des
intendants et des gardes du Trésor: (1Ch 26:20,28) l'arche, la
table des pains de proposition et le chandelier d'or ont constitué le
Trésor primitif; il s'est ensuite progressivement enrichi. (cf. Ex
25:27 35:4,29 36:3,7,No 7,1Ch 29:1,9) De même au retour de l'exil
les offrandes affluèrent pour reconstituer le Trésor du Temple, que
les Caldéens avaient emporté en s'emparant de Jérusalem, et que le
roi Cyrus restitua d'ailleurs en partie (Esd 1:5-11 2:68 et
suivant
). Ces gestes volontaires étaient des actes de dévotion et des
témoignages de reconnaissance. La richesse du Trésor du Temple semble
avoir atteint son apogée sous le règne de Salomon (1Ro 7:48-51).
Mais la piété des humbles fidèles, des grands personnages et des rois
ne fut pas la seule source de ces richesses. Celles-ci provenaient
aussi des butins de guerre, comme pour remercier l'Éternel des armées
de la victoire qu'il avait fait remporter. Ainsi David a apporté au
Trésor du Temple les produits du pillage des villes et peuplades
cananéennes (2Sa 8:10 et suivant, 1Ch 18:7 et suivant). Une
déclaration officielle avait consacré à Dieu par interdit (voir ce
mot) tout ce qui fut trouvé à Jérico, même les objets en fer, ce qui
prouve qu'à cette époque-là ce métal était encore rare et
précieux (Jos 6:18-24). Tous ces objets devenaient sacrés, et
Acan commit un sacrilège en essayant d'en garder pour lui
quelques-uns (Jos 7). A l'époque de Jésus-Christ, le Temple
d'Hérode avait aussi son Trésor, où se trouvaient les troncs destinés
à recevoir les offrandes (Jn 8:20, cf. Mr 12:41).

3.
Grande fortune des particuliers (Pr 8:21 etc.);
richesses en général. Biens en réserve, destinés aux chercheurs
travailleurs: les produits des mines (Job 28:10), des pêches et
des plages (De 33:19), ces derniers étant le verre et le
coquillage producteur de la pourpre, spécialités des côtes
phéniciennes. Le trésor caché dans un champ (Mt 13:44) est une
allusion à la précaution des temps de guerres ou de révolutions, où
l'on peut être pillé ou chassé de chez soi; elle était
particulièrement fréquente en Orient; c'est aussi le fait des
voleurs (Jos 7:21), ou des avares (Sir 29:10, Mt
25:25), et La Fontaine pouvait avoir en vue ces textes bibliques
quand il fait railler celui qui perd son trésor caché dans la terre:
«Eh! sommes-nous en temps de guerre pour l'apporter si loin?»
(Fables, IV, 20; cf. V, g sur «un trésor caché dedans», d'après
le laboureur parlant à ses enfants). Pour les trésors attaquables par
«les vers et la rouille»,voir (Mt 6:19) Teigne. Comme l'or, les
perles, etc., le trésor sert souvent de terme de comparaison pour les
biens les plus précieux (Pr 2:4 15:18,Esa 33:6, Sir 3:4 6:14
41:12, Sag 7:14, etc.). Pour ceux des mages d'Orient (Mt
2:11), voir Mages.

4.
Au figuré, ce mot désigne la puissance dont Dieu
dispose pour accorder des bienfaits de toutes sortes (De 28:12)
ou des châtiments (De 32:34). Il évoque l'idée de magasins, au
sens matériel et au sens spirituel (Ps 135:7, Sir 43:14,Bar
3:15 etc.).

5.
Richesse spirituelle de l'âme et du coeur: (Esa
33:6,Mt 12:35 13:52 1Ti 6:19) appartenir au Royaume de Dieu (Mt
13:44), connaître Christ (2Co 4:7), vie éternelle (Mt 6:20
19:21), etc. La théologie juridique de Rome appelle «trésors de
l'Église» les «mérites de Jésus-Christ et des saints accumulés qui
sont, pour l'Église, comme un bien de famille, et où les chefs de
l'Église puisent pour accorder des indulgences aux fidèles»
(Larousse). Inutile de dire que cette conception matérialiste n'a
aucun fondement dans l'Évangile; c'est le système des indulgences,
encore aggravé par le fait d'en battre monnaie, qui provoqua la
protestation du XVI e siècle d'où sortit la Réforme.