THOMAS
L'un des douze apôtres; son nom se trouve dans les quatre listes que
nous donnent les Synoptiques et les Actes (Mr 3:16,19,Mt
10:2,4,Lu 6:14,16,Ac 1:13), et tout ce qu'on sait à son sujet se
trouve dans le 4 e évangile. Il donne la traduction grecque de son
nom: didumos (=didyme), qui a le même sens que l'aram, thomâh
(=jumeau), «était sans doute le nom par lequel on
désignait le plus ordinairement cet apôtre chez les chrétiens grecs
au milieu desquels écrivait Jean; c'est ainsi que s'explique la
répétition de cette traduction: Jn 11:16 20:24 21:2» (Godet, Comment.)
Jean rapporte aussi quelques paroles de Thomas: autant de traits
qui révèlent un caractère entier, peut-être enclin au pessimisme,
résolu pourtant et courageux (Jn 11:16), positif, ne comprenant
pas toujours le langage symbolique et mystique de Jésus (Jn
14:5); dans le désespoir, n'acceptant pas une consolation facile et
sentimentale, mais ayant besoin de faits et d'évidence (Jn 20:24
ss). quand il les a allant aussi, loin, ou plus loin que les autres
dans la foi et l'adoration: (Jn 20:28) «Après avoir été le
dernier à croire à la résurrection de son Maître, il est le premier à
l'appeler d'un nom qu'aucun autre peut-être n'avait prononcé»
(Bonnet, Comment.).
Au lieu de didumos, quelques versions portent dipsukhos
(=âme double); ce n'est qu'une interprétation, comme celle des
théologiens qui ont vu dans le nom de Jumeau une allusion à ce que
Thomas portait deux hommes en lui: un croyant et un incrédule (cf.
Godet, Comment.). Une considération d'ordre plus historique est
le grand nombre de porteurs du nom ou du surnom de Didyme dans
l'Egypte hellénisée à partir du III e siècle av. J.-C, que les
personnages ainsi nommés fussent ou non des jumeaux, et qu'ils
fussent ou non des officiants des cultes de dieux jumeaux comme les
Dioscures (voir ce mot). Il se peut que le nom même de Thomas, comme
son équivalent grec, soit aussi un surnom. Une version syriaque lit,
dans Jn 14:22,
Thomas au lieu de Judas; et les deux noms sont réunis dans la
source syriaque de l'histoire d'Abgar traduite par Eusèbe: «Judas qui
est aussi [appelé] Thomas», ainsi que dans les Actes de Thomas
(éd. Lipsius-Bonnet, II, 2, p. 100: «Judas-Thomas»). D'après
certaines traditions, toutes incontrôlables, Thomas alla évangéliser
les Parthes et mourut à Édesse; d'après d'autres, il gagna les Indes
et y mourut martyr. Cette dernière tradition serait en honneur parmi
les communautés chrétiennes de saint Thomas, sur la côte de
Malabar.
--Pour l'Évangile de Thomas et les Actes de Thomas, voir ÉVANG.
APOCRYPHES. A. E.