TEMPLE (Hérode.)
III Temple d'Hérode
(plan n° 4). Voir Atlas 24
Poussé par son amour du faste, et désireux d'autre part de se
concilier la faveur de ses administrés, le roi Hérode (37-4 av.
J.-C.) entreprit, la 18 e année de son règne (20/19 av. J.-C), la
complète restauration du temple de Jérusalem. Le travail dura environ
10 ans (1 an et demi pour le temple proprement dit, 8 ans pour les
dépendances); mais tout ne fut pas alors absolument terminé, car
l'oeuvre fut continuée, évidemment sur des points de détail, jusqu'en
64 ap. J.-C, 6 ans avant la prise de Jérusalem par Titus. En l'an 28
on y travaillait depuis 46 ans (Jn 2:20). Il était difficile de
toucher à l'édifice sans encourir le reproche de profanation. Mais
Hérode sut tenir compte des sentiments du peuple, en évitant tout ce
qui aurait pu le froisser trop ouvertement. C'est ainsi qu'il confia
la construction du temple proprement dit uniquement à des prêtres
qu'il avait fait instruire dans l'art de bâtir. En tout cas il n'est
nulle part question d'opposition violente contre son entreprise.
L'ancien espace réservé au temple et à ses dépendances ne
suffisait pas pour les grandioses projets d'Hérode. En même temps
donc qu'on travaillait ailleurs, il fallut l'agrandir à peu près du
double. L'agrandissement eut lieu spécialement au sud et au
sud-ouest, où la terrasse fut élevée au moyen de substructions
voûtées qui existent encore sous le Harâm-ech-Chérif et que les
Arabes appellent écuries de Salomon. En outre, au même endroit, de
puissants murs de soutènement (entre autres le mur des Lamentations)
achevèrent de donner à la terrasse une assise solide. Ces murs, qui
dépassaient le sol et servaient en même temps de remparts, furent
continués tout autour de la terrasse, rejoignirent peut-être ici et
là les murs de la terrasse de Salomon, et le tout forma une grande
enceinte fortifiée qui avait, d'après Josèphe, un périmètre de 6
stades (1.110 m.) tandis que l'ancienne enceinte n'en avait que 4
(stade =185 m.). C'était en gros un rectangle, ou mieux un trapèze
orienté du sud au nord. Le Harâm-ech-Chérif actuel occupe le même
emplacement, mais, si la donnée de Josèphe est exacte, avec une
surface agrandie. Le Harâm-ech-Chérif mesure en effet au sud 285 m.,
au nord 317 m., à l'est 474 m., à l'ouest 486 m.; total du pourtour:
1.562 m. Il est possible du reste que le chiffre donné par Josèphe
ait été inférieur à la réalité. Le terrain n'avait pas partout le
même niveau. Il était plus élevé là où se trouvaient le temple et ses
parvis que dans la grande cour qui entourait de toutes parts les
bâtiments sacrés et qu'on appelle généralement le «parvis des
Gentils», parce que les païens y avaient accès, mais le nom ne se
trouve pas dans les anciennes sources.
On entrait dans la grande cour ou parvis des Gentils par
plusieurs portes, probablement 4 à l'ouest, 2 au sud, 1 au nord et 1
à l'est. On arrivait à la principale porte de l'ouest (porte de
Coponius) par un pont qui reliait, au-dessus du Tyropoeon, la colline
du temple à la colline occidentale (voir plus haut, temple de
Zorobabel). La porte (ouest) la plus méridionale ne s'ouvrait pas
directement sur la cour; elle était pratiquée dans le mur d'enceinte
tout près du sol et on devait par des escaliers souterrains monter de
là sur la terrasse. De même les deux portes méridionales, l'une
double, l'autre triple, qui sont appelées portes de Hulda, ne
donnaient accès à la cour qu'au moyen de degrés établis dans les
substructions voûtées dont nous avons parlé. A l'est, la porte
appelée porte de Suse, parce que sur les battants était représenté,
dit-on, un plan de la ville de Suse, ne doit pas être identifiée avec
la porte dite «porte Dorée», qu'on distingue encore dans le mur
d'enceinte et que la tradition confond à tort avec la «Belle Porte»
de Ac 3:2; la porte Dorée est d'origine byzantine. La porte du
nord est appelée dans la Mischna porte de Todi.
Quoique n'ayant pas le caractère sacré du sanctuaire, le parvis
des Gentils participait à la magnificence de l'ensemble. Le sol était
couvert d'un pavé en mosaïque, et sur les quatre côtés, le long des
murailles, s'élevaient de superbes colonnades de pierre (portiques),
recouvertes de bois de cèdre ouvragé à l'intérieur. Le portique
méridional ou portique royal l'emportait sur les autres en beauté. Il
se composait de trois allées, avec quatre rangées de colonnes de
marbre en style corinthien; l'allée centrale était plus large que les
autres et une fois plus haute. Sur les autres côtés de la cour il n'y
avait que deux rangées de colonnes et deux allées. Le portique
oriental était appelé portique de Salomon (Jn 10:23,Ac 3:11
5:12), peut-être parce qu'on avait pu utiliser ici des restes de
l'ancien temple (Jos., Ant, XX, 9:7). Aux portiques étaient
adjointes, sans que nous sachions exactement comment, des
constructions diverses dont on ne peut préciser ni le nombre, ni
l'emploi. A l'angle nord-ouest se trouvait la tour Antonia, à
laquelle on montait par des degrés, et d'où les soldats romains
surveillaient le parvis pour y rétablir l'ordre quand il était
troublé. (cf. Ac 21:32,40) Les occasions de disputes ne
manquaient pas dans ce lieu ouvert à tous, où l'on avait laissé
s'établir un marché et des offices de changeurs (voir ce mot) pour
les Juifs qui venaient de toutes parts fréquenter le temple (Jn
2:13,17,Mr 11:15,17 et parallèle). L'angle sud-est, à l'extrémité du
portique royal, surplombait de 400 coudées la vallée du Cédron. C'est
là qu'on localise généralement le «faîte du temple» où le diable
transporta Jésus (Mt 4:5,Lu 4:9). On pourrait du reste penser
aussi au sommet du portique (voir plus loin) du temple proprement dit
(voir Pinacle).
Le temple et ses dépendances n'étaient pas placés au milieu du
parvis des Gentils, mais dans la partie nord, de telle façon pourtant
qu'il y avait un espace entre l'enceinte sacrée et les murs
extérieurs: très grand au sud, moins large à l'est et au nord, plus
étroit encore à l'ouest. L'emplacement réservé au temple était à un
niveau plus élevé que le parvis des Gentils. Il comprenait tout
d'abord une petite terrasse, large de 10 coudées, à laquelle on
montait par 14 degrés; la terrasse, y compris les degrés, était
entourée d'une balustrade de pierre de 3 coudées de hauteur, portant
de distance en distance une inscription interdisant à tout étranger,
sous peine de mort, de passer plus avant. Une de ces inscriptions a
été retrouvée en 1871 près de Jérusalem dans un monceau de ruines
(fig. 260). La terrasse supportait les murs très forts qui
entouraient de toutes parts le parvis intérieur. Ils avaient à partir
des fondations 40 coudées de haut, réduites à 25 coudées du côté de
l'enceinte sacrée. Ils étaient percés de portes auxquelles on ne
pouvait accéder que par cinq nouveaux degrés. Comme il n'y avait pas
de portes à l'ouest, on a supposé avec raison que, de ce côté-là, le
mur du parvis intérieur partait directement du parvis des Gentils. La
terrasse n'entourait donc que de trois côtés le parvis intérieur.
Tout l'espace compris entre la balustrade en pierre et les murs de
l'enceinte sacrée était appelé Hel =fortification.
Le parvis intérieur n'était pas orienté du sud au nord, comme le
parvis des Gentils, mais de l'est à l'ouest, et il était partagé par
un nouveau mur en deux parties inégales: la plus grande à l'ouest, la
plus petite à l'est. Cette dernière était appelée le parvis des
femmes, parce que les femmes aussi y avaient accès; la plus grande
comprenait le parvis d'Israël (parvis des hommes), le parvis des
prêtres et!e temple. Entre le parvis des hommes et le parvis des
prêtres il n'y avait qu'une barrière peu élevée. D'après Midd.,
II, 6, il semble que le parvis des hommes n'était qu'une bande
étroite (11 coudées) entre le parvis des femmes et celui des prêtres,
qui aurait occupé tout le reste de l'espace de la plus grande cour
intérieure, mais c'est probablement une erreur.
D'après Josèphe (Ant., XIII, 13:5; G.J., V, s 8), le parvis des prêtres était
entouré de tous les côtés par celui d'Israël.
Le parvis intérieur dans son ensemble avait neuf portes, il
vaudrait mieux dire neuf pylônes, ou portails; trois conduisaient
dans le parvis des femmes, un à l'est, un au nord et un au sud; six
conduisaient dans le parvis d'Israël, trois au nord et trois au sud.
Les portes proprement dites avaient double battant; elles étaient sur
les bords latéraux du parvis, de bois magnifiquement -travaillé, plus
tard recouvert d'or et d'argent, don de l' alabarchès Alexandre
d'Alexandrie. La porte orientale était d'airain (bronze) de Corinthe
poli; elle est appelée à cause de cela la Corinthienne par Josèphe;
la Mischna l'appelle porte de Nicanor, du nom de celui qui l'avait
dédiée, un Juif également d'Alexandrie, dont on a retrouvé l'ossuaire
à Jérusalem (ZNTW,1909, p. 62); elle l'emportait sur les autres
en beauté; c'est probablement la «Belle Porte» de Ac 3:2. Toutes
les portes s'ouvraient sur un porche plus large que la porte
elle-même, ouvert du côté du parvis, divisé en trois allées par des
piliers de 12 coudées de circonférence, et pourvu d'un étage
supérieur. L'ensemble formait ainsi un véritable édifice (pylône) qui
offrait sinon pour toutes les portes, du moins pour quelques-unes,
l'apparence d'une tour (grec exedra). Malgré l'absence de porte,
une tour analogue avait été élevée à l'ouest du parvis du temple,
sans doute par raison de symétrie. D'après Josèphe, les pylônes
étaient hauts de 40 coudées, les portes elles-mêmes de 30, et chaque
battant était large de 15 (G.J., V, 5:3). D'après la Mischna
(Midd., I, 4), les portes latérales du parvis des hommes se
succédaient de l'est à l'ouest dans l'ordre suivant: au sud, porte
des eaux, porte des premiers-nés, porte du feu; au nord, porte de
l'étincelle, porte des offrandes, porte (maison) du foyer. Adjoints
aux pylônes, puis tout le long des murs du parvis intérieur, étaient
aménagés des locaux (leschakoth) pour les besoins du culte et des
prêtres, avec un étage supérieur moins haut que celui des pylônes.
L'un de ces locaux était réservé aux séances du sanhédrin. Comme
plusieurs servaient de dépôts pour l'argent et tous les objets
précieux qui appartenaient au temple ou pour les sommes que les
particuliers voulaient mettre en lieu sûr, l'historien Josèphe donne
à tous le nom de gazophulakia (trésoreries). Mais ce nom devait
s'appliquer spécialement au local, situé dans le parvis des femmes,
près duquel se trouvaient 13 troncs (châpharôth-- trompettes) en
forme de trompettes renversées, où l'on mettait les offrandes
destinées au temple. En grec, les troncs étaient aussi appelés
gazophtilakia, et de nouveau le nom semble avoir été appliqué
spécialement à l'un d'eux, d'après Lu 21:2 et Mr 12:43; cf.
Jn 8:20, où le mot désigne plutôt le local de la trésorerie. En
avant des locaux, tout le parvis intérieur était bordé de colonnes
plus petites, mais non moins belles que celles du parvis des Gentils.
Le parvis des femmes avait d'un mur à l'autre 135 coudées de long
et de large. De là on entrait dans le parvis d'Israël par une porte
plus grande que celle de l'enceinte sacrée et plus richement
recouverte d'or et d'argent. Le pylône avait 50 coudées de haut et la
porte elle-même 40 (Jos., G.J., V, 5:3). Comme le parvis d'Israël
était plus élevé que le parvis des femmes, on arrivait à la porte par
un escalier demi-circulaire de 15 marches (Midd., II 6e); de là
le nom de porte supérieure. La tradition juive, admise encore par de
nombreux interprètes modernes, place ici la porte de Nicanor, tandis
que la «grande porte» aurait été située à l'est du parvis des femmes.
C'est le sens le plus naturel de Midd., I, 4, mais c'est
probablement une erreur, vu les renseignements de Josèphe qu'il y a
tout lieu de croire exacts.
Le parvis d'Israël, avec le parvis des prêtres qu'il entourait de
toutes parts, avait, sur une largeur de 135 coudées comme le parvis
des femmes, une longueur de 187 coudées (Midd., II, 7d), mais la
plus grande partie de la place était occupée par le parvis des
prêtres, y compris le temple. Le parvis des hommes n'était sur les
quatre côtés (non pas seulement à l'est, comme le veut Midd.,
II, 7b) qu'une bande étroite de 11 coudées, séparée du parvis des
prêtres par une balustrade en pierre d'une coudée de hauteur.
Midd., II, 7c dit que le parvis des prêtres était de 2 coudées
1/2 plus élevé que le parvis d'Israël: c'est sans doute pure théorie.
Théorie également la bande de 11 coudées devant le parvis d'Israël,
où étaient censés se tenir les prêtres avant d'entrer en fonctions.
Le temple était placé dans la partie occidentale du parvis des
prêtres. Devant le temple (à l'est), en face de l'entrée, se trouvait
l'autel des holocaustes, dont les dimensions étaient considérables.
Bâti sur le même emplacement que l'ancien, il avait, d'après Josèphe
(G.]., V, 5:6), 15 coudées de haut et formait un carré de 50
coudées de côté; les chiffres de la Mischna (Midd., III, 1) sont
moins élevés: 8 coudées de hauteur, 32 de côté en bas et 24 en haut,
parce qu'il allait en se rétrécissant. Il avait des cornes aux quatre
coins. On y montait du côté sud non par des escaliers, mais par une
rampe en pente douce, large de 10 coudées et longue de 32. Le tout
était fait uniquement de pierres non taillées, sur lesquelles on
n'avait jamais porté le fer, et qu'on blanchissait deux fois par
année, à la fête de Pâque et à la fête des Tabernacles. A l'angle
sud-ouest de l'autel deux trous avaient été pratiqués dans le sol
pour l'écoulement du sang dans une fosse, d'où il était entraîné par
un canal dans le torrent du Cédron; la fosse était fermée par une
plaque de marbre (Midd., III, 1-4). Au nord de l'autel, on voyait
tout d'abord, fixés au sol, 24 anneaux, en 6 rangées de 4 ou 4
rangées de 6, pour y attacher, la tête baissée, les victimes à
égorger; puis 8 courtes colonnes portant de larges poutres de cèdre,
avec chacune 3 rangées de crochets pour y suspendre les corps des
animaux immolés, enfin 8 tables de marbre sur lesquelles on préparait
les viandes pour les sacrifices (Midd., III, 5). Au sud-ouest de
l'autel se trouvaient le grand bassin d'airain où les prêtres se
lavaient les pieds et les mains avant d'entrer dans le temple
(Midd., III, 6), une table de marbre où on plaçait les morceaux
des victimes qui devaient être apportés à l'autel, une table d'argent
pour les ustensiles d'or et d'argent servant aux sacrifices
(Tamid, III, 5) et une fosse où l'on versait les cendres (Tamid, I, 4).
Le temple, distant de 22 coudées de l'autel des holocaustes,
était bâti sur un emplacement un peu plus élevé que le parvis des
prêtres. On y montait par un escalier de 12 marches hautes d'une
demi-coudée, larges d'une coudée, avec de petites terrasses après la
4 e (2 coudées), la 8 e (id.) et la 12 e marche (4 coudées). Dans son
ensemble l'escalier occupait un espace de 20 coudées de profondeur et
accédait ainsi tout près de l'autel, dont il n'était séparé que par 2
coudées (Midd., III, 6b).
Plan n° 4. Temple d'Hérode Voir Atlas 24
A. Parvis des femmes.
B. Parvis d'Israël.
C. Parvis des Piètres.
D. Autel.
E Portique.
F. Lieu saint,
G. Lieu très saint.
H. Tour Antonia.
1. Porte de Nicanor (la Belle Porte?).
2 et 6. Portes du Parvis des femmes.
3. Porte des Eaux.
4. Porte des Premiers-nés.
5. Porte du Feu.
7. Porte de l'Étincelle.
8. Porte des Offrandes.
9. Porte (maison) du Foyer.
10. Grande porte ou Porte supérieure.
11. Porte de Coponius.
Balustrade qui entourait le temple
(voir, fig. 260, l'inscription interdisant de franchir la balustrade).
L'édifice comprenait trois corps distincts: le vestibule ou portique,
le sanctuaire et le bâtiment adjacent (chambres).
1° Le vestibule (oulam) avait 100 coudées de
haut, 100 de large (ou de long, soit du sud au nord) et 11 de
profondeur. L'ouverture sans porte, du côté de l'autel, avait d'après
la Mischna (Midd., III, 7) une hauteur de 40 coudées et une
largeur de 20, d'après Josèphe une hauteur de 70 coudées et une
largeur de 25 (G.J., V, 5:4). Au-dessus de l'ouverture, le mur
était soutenu de distance en distance par de grandes poutres de
frêne. C'est là qu'Hérode avait fait graver le nom de son bienfaiteur
Agrippa (G./., I, 2:8), et placer un aigle d'or qui excita la colère
des Juifs et fut arraché dans une émeute par quelques jeunes gens peu
de temps avant sa mort (Jos., Ant., XVII, 6:2, 4). A l'intérieur,
des poutres de chêne, consolidant le tout, allaient du mur oriental
au mur occidental. Au-dessus de la porte du sanctuaire était placé un
immense cep de vigne en or avec feuilles et grappes, auxquelles les
particuliers pouvaient toujours, à la suite d'un voeu, en faire
ajouter de nouvelles avec leur nom (Midd., III, 8). A la vigne
s'ajouta plus tard une lampe d'or, don de la reine Hélène d'Adiabène,
qui s'était convertie au judaïsme (Mort 50 ap. J.-C). Le
vestibule contenait en outre une table de marbre et une table d'or
pour y déposer provisoirement les pains de proposition, la première
avant qu'ils fussent placés dans le sanctuaire, la seconde quand on
les emportait (Schekalim, VI, 4). On entrait du vestibule dans le
sanctuaire par une grande porte haute de 20 coudées et large de 10
(Jos., G.J., V, 5:4, dit: haute de 55 et large de 16), ou plus
exactement (d'après Midd., IV, 1, a-c) deux grandes portes,
chacune à deux battants, s'ouvrant du côté intérieur de la maison. Il
y avait entre elles l'épaisseur du mur (6 coudées); les battants de
la première se rabattaient contre les côtés de l'entrée, ceux de la
seconde contre les parois du lieu saint. Ces deux portes, placées
l'une devant l'autre, constituaient ensemble la grande porte
artistement travaillée et recouverte d'or, devant laquelle était
suspendu un superbe voile tissé de diverses couleurs à la façon
babylonienne. Outre la grande porte, le vestibule en avait deux
autres plus petites, l'une à gauche en apparence sans emploi, l'autre
à droite conduisant dans le bâtiment adjacent et de là dans le
temple; c'est par là que passait le portier pour ouvrir et fermer de
l'intérieur la grande porte. Les extrémités du vestibule au nord et
au sud étaient occupées par des chambres.
2° Le sanctuaire proprement dit avait à l'intérieur
60 coudées de longueur, 60 de hauteur (Midd., IV, 6 dit 40) et 20
de largeur. Il était divisé en deux parties inégales: le lieu saint
(hékal), long de 40 coudées, et le lieu très saint, long de 20
coudées, les autres dimensions demeurant les mêmes. On avait renoncé
à la forme cubique du lieu très saint. Il va sans dire qu'on avait
cherché à rendre le sanctuaire aussi magnifique que possible, mais
les détails à ce sujet manquent dans Josèphe et la Mischna. On a dû y
employer beaucoup de bois (murs lambrissés, etc.), car sans cela
l'incendie qui a détruit le temple ne s'expliquerait pas, et le bois
devait être, comme celui des portes, pourvu d'ornements divers et
recouvert d'or. Le lieu saint était séparé du lieu très saint par
deux voiles (voir ce mot) allant du haut jusqu'en bas et de la paroi
sud à la paroi nord; ils étaient placés l'un devant l'autre à la
distance d'une coudée. Le grand jour des Expiations, le grand-prêtre
portant l'encensoir entrait dans cet espace d'une coudée au sud du
premier voile et pénétrait au nord du second dans le lieu très saint,
qui demeurait ainsi fermé à tous les regards. Le lieu très saint
était absolument vide et tout à fait obscur. Personne d'autre que le
grand-prêtre ne devait y pénétrer; Midd., IV, 5e dit cependant
qu'au plafond étaient pratiquées des trappes par lesquelles on
descendait les ouvriers dans des corbeilles, quand une intervention
était nécessaire.
Dans le lieu saint il y avait, au centre, l'autel des parfums, à
gauche la table des pains de proposition, à droite le chandelier d'or
à 7 branches. L'autel des parfums du temple d'Hérode n'est décrit
nulle part et ne figure pas sur l'arc de triomphe de Titus, où l'on
voit le chandelier à 7 branches et la table. Il était certainement,
de même que la table, recouvert d'or. Divers ustensiles et des vases
sacrés devaient se trouver également dans le lieu saint, mais nos
sources n'en parlent pas. Au-dessus du lieu saint et du lieu très
saint existait un grand local, ayant même longueur et même largeur
que le sanctuaire et 20 coudées de hauteur. On y pénétrait par une
porte pratiquée dans le mur sud et que l'on atteignait par le toit du
bâtiment adjacent au sanctuaire. La destination de ce local est
inconnue.
3° Ce que nous appelons bâtiment adjacent était un
bâtiment adossé de trois côtés aux murs du sanctuaire, comme dans le
temple de Salomon, et comprenant, comme celui-ci, trois étages de
chambres. Chaque étage était haut de 20 coudées, de sorte que le toit
du bâtiment atteignait la même hauteur que le plafond du sanctuaire.
Les chambres avaient en bas une largeur de 6 coudées; elles étaient
plus larges au 2 e et au 3 e étage, car les poutres formant plafond
reposaient sur un retrait du mur du sanctuaire, qui allait ainsi en
se rétrécissant. Il y avait 38 de ces chambres, 5 par étage à droite
et à gauche du temple, 3 + 3 + 2 sur le côté ouest (Midd., IV,
3s). On entrait au nord dans la première chambre du 1er étage par la
petite porte dont nous avons parlé, et de là on pouvait passer dans
toutes les autres. En outre, à l'angle que le bâtiment formait au
nord-est avec le mur du vestibule, s'élevait une nouvelle
construction avec un escalier tournant qui permettait d'atteindre les
étages supérieurs sans passer par le premier. Une construction
analogue, qui servait sans doute à l'écoulement des eaux, faisait
pendant à l'angle sud-est. A noter que des fenêtres ne sont
mentionnées nulle part
Le toit du temple était fait de deux rangées superposées de
grosses poutres de bois, avec remplissage et couverture imperméable;
il avait une épaisseur totale de 5 coudées; de même le plafond du
sanctuaire. Il était pourvu sur les bords d'une balustrade de pierre
(marbre) de 3 coudées et, sur toute sa surface, de pointes dorées
hautes d'une coudée pour empêcher les oiseaux de s'y poser et de
souiller l'édifice.
Si l'on compte 60 coudées pour le sanctuaire, 20 coudées pour
l'étage supérieur, 5 coudées entre les deux étages, puis 5 pour
l'épaisseur du toit et 3 pour la balustrade, la hauteur totale du
bâtiment était de 0,3 coudées. Pour arriver à 100, la Mischna
(Midd., IV, 6) compte la hauteur de la terrasse au-dessus du
parvis des prêtres (6 coudées) et les pointes dorées (une coudée);
c'est une erreur, car les pointes dorées n'étaient pas sur la
barricade, et la hauteur de la terrasse n'est pas comprise dans les
100 coudées du vestibule, plus haut que tout le reste de l'édifice;
le point de départ doit être partout le même. Nous notons cependant
que le chiffre de 100 coudées pour la hauteur du temple se trouve
également dans Josèphe. C'était un chiffre rond donné par la
tradition. Le toit du bâtiment des chambres était de 23 coudées moins
haut que celui du sanctuaire, mais il était sans doute aussi pourvu
d'une balustrade.
La largeur de l'édifice était sur le devant de 100 coudées:
dimension indiquée pour le vestibule; derrière le vestibule, qui
dépassait de 15 coudées au nord et au sud le reste de la maison, elle
n'était plus que de 70 coudées: 20 coudées pour l'intérieur du
sanctuaire, 2 fois 6 coudées pour les murs du sanctuaire, 2 fois 6
coudées pour les chambres de l'étage inférieur, 2 fois 5 coudées pour
les murs extérieurs des chambres, 2 fois 8 coudées pour la
construction de l'escalier tournant et son pendant au sud; ces deux
dernières constructions dépassées, la largeur totale se réduisait à
54 coudées.
La longueur totale était de 100 coudées: espaces vides, 78
coudées (vestibule 11, lieu saint 40, lieu très saint 20, entre le
lieu saint et le lieu très saint 1 coudée, chambres à l'ouest 6
coudées); murs, 22 coudées (2 fois 6 pour les murs du sanctuaire et 2
fois 5 pour les murs extérieurs, à l'est et à l'ouest; Midd., V,
1 et 2).
Nous pouvons redire ici ce que nous avons dit à propos du temple
de Salomon: long de 10o coudées (en gros 50 m.), large de 100 sur le
devant et ensuite seulement de 54, haut d'environ 100, le temple
d'Hérode n'était pas un très grand édifice, mais il rachetait par sa
magnificence ce qui lui manquait en étendue. Tout entier de marbre
d'une blancheur éblouissante et rehaussé de nombreuses plaques d'or
sur la face orientale, entouré de parvis aux murs épais avec de
superbes colonnades et de hautes portes artistement travaillées, il
offrait un ensemble imposant qui frappait d'admiration tous les
contemporains. Voir Jos., G.]., V,5:6 Marc 13:1 et suivant;
Tacite, Hist., V, 8. Aurions-nous eu à leur sujet les mêmes
impressions? Il est permis de se le demander, mais c'était en tout
cas une oeuvre remarquable que celle qu'Hérode avait entreprise, du
reste pour sa plus grande gloire plutôt que pour celle de Dieu.
La surveillance du temple, tout entière entre les mains des
lévites, exigeait un nombreux personnel. Il fallait chaque jour,
uniquement pour ouvrir et fermer les portes, 200 hommes, 20 pour la
seule porte de Nicanor. De jour les gardiens devaient empêcher les
intrus de s'introduire là où ils ne devaient pas et veiller à ce que
tout se passât en bon ordre. De nuit ils avaient la garde des portes
fermées et des murs; il y avait 3 postes de prêtres et 21 postes de
lévites. Les clefs étaient, pendant le jour, déposées dans
l'enfoncement d'une des chambres, qui était recouvert d'une plaque de
marbre et pourvu d'une chaîne à laquelle on les suspendait. Le soir,
on allait les chercher et, les portes fermées, on les remettait en
place. A la tête du personnel de garde était le «commandant du
temple» (Ac 4:1 5:24-26), qui occupait une place importante
parmi les chefs des prêtres et qui avait sous sa direction plusieurs
sous-officiers; de là le pluriel «chefs des gardes» (Lu 22:2,52).
Sur l'histoire mouvementée du temple dans les années 64 à 70 et
sur sa destruction par les Romains en l'an 70, voir Jos., G.].,
liv. V et VI; E. Schurer, Geschichte des judischen Volkes im
Zeitalter Jesu Christi, 3 e éd., I, pp. 624-634; de Saulcy, Les
derniers jours de Jérusalem, Paris 1866. Nous rappelons seulement
que le temple fut brûlé le 10 ab (juillet-août), au milieu d'un
combat acharné entre Juifs et Romains, un soldat ayant jeté une
torche enflammée dans la première chambre nord du bâtiment adjacent.
Voir Israël, Jérusalem, Palestine au siècle de J.-C, etc.
BIBLIOGRAPHIE
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