TALMUD

Cette vaste compilation est, pour la période postbiblique juive, le
résultat d'un travail analogue à celui qui créa, chez les mahométans,
la Sonna du Prophète, ou, au Moyen âge chrétien, les Sommes des
scolastiques. Sous Esdras, la Loi (thôra) avait été promulguée
comme base religieuse et juridique de la communauté juive.
Dorénavant, et surtout après l'établissement définitif du canon des
livres sacrés, aucune décision nouvelle ne pouvait y être introduite.
Il fallait donc préserver la Loi de toute augmentation apocryphe en
«l'entourant d'une clôture», tout en adaptant ses prescriptions, par
une exégèse souvent subtile, aux nombreuses et si complexes
nécessités de la vie. Cette exégèse se nomme midrasch
(=recherche, interprétation), et est déjà mentionnée dans
l'A.T (2Ch 13:22 24:27).

Il existe toute une littérature midraschique, dont les principaux
représentants sont la Mekhiltâ (=mesure, règle d'interprétation)
qui est un commentaire des chap. 12 à 35 de l'Exode, les livres
Sijrâ et Siftê dont le premier contient l'interprétation du
Lévitique tandis que l'autre commente les Nombres et le Deutéronome,
ensuite le Midrasch rabba qui explique le Pentateuque et les cinq
Megillolh, et finalement la Pesiqtâ qui est une collection
d'homélies pour les différentes solennités de l'année. Par cette
méthode du midrasch on obtint des prescriptions nouvelles dérivées de
la Loi mosaïque, parfois grâce à de véritables tours de force de
logique; c'est ce qu'on appela Halachah (hébreu halâkâ =marche
à suivre, règle de conduite; pluriel, halâkoth). Ces halâkoth
concernaient les pratiques du culte et le droit traditionnel. La même
méthode fut appliquée aux parties historiques du Pentateuque. On en
illustrait, dans une intention homilétique ou parénétique, les récits
par des légendes, des paraboles, des anecdotes, etc. C'est ce que
l'on nomme l' Agada ou Haggada (=récit, narration).

C'est ainsi que se formèrent d'innombrables traditions
extrabibliques qui, pendant des siècles, furent transmises oralement
d'une génération à l'autre, car il était interdit de les fixer par
écrit pour ne pas nuire à l'autorité de la Loi. Néanmoins, cette loi
orale, puisée dans la loi inspirée, avait la prétention d'être
d'origine divine. Les auteurs de ces traditions furent d'abord les
sôplierim (=érudits, les scribes du N.T.). Les plus illustres
parmi eux sont Hillel et son rival Schammai, contemporains de Jésus,
ainsi que Gamaliel l'aîné, maître de l'apôtre Paul (Ac 22:3) et
connu pour sa modération vis-à-vis des disciples de Jésus (Ac
5:31).

Plus tard, ces docteurs prirent le titre de tannaim
(=docteurs, traditionalistes). Après la destruction de Jérusalem en
70, ils créèrent en Palestine des académies dont plusieurs devinrent
célèbres, par ex. celles de Jabné (Yamnia), fondée par R. Johanan
et dirigée plus tard par Gamaliel II, de Sepphoris et de Tibériade. A
l'époque de l'empereur Adrien, R. Akiba et son disciple R. Meïr
commencèrent à réunir les nombreuses prescriptions et à les noter
pour leur usage personnel, car on avait reconnu l'impossibilité de
les garder toutes en mémoire.

Vers l'année 200 de notre ère, l'illustre R. Yehoudà Ha-nâsî (=le
Prince; nommé aussi le Saint et désigné généralement comme Rabbi, le
Maître par excellence) se décida à fixer par écrit toutes ces
traditions en se servant des recueils privés de ses prédécesseurs.
Cet ouvrage, composé en langue néo-hébraïque fortement influencée par
l'araméen et contenant des mots grecs et latins hébraisés, fut nommé
Mischna (=enseignement, doctrine; saint Jérôme et d'autres ont
rendu ce mot par doctrine répétée, en confondant michnâ avec michnê).
Bientôt cette Mischna fut reconnue comme faisant
autorité dans toutes les écoles rabbiniques.

La Mischna se compose de six sections, nommées sedarim
(=ordres, séries), à savoir:

1. le sédèr seraïm, chapitre des semailles, avec
une introduction, le traité des berakhoth (=bénédictions,
prières);

2. le sédèr moed, ayant trait au culte et plus
particulièrement aux fêtes;

3. le sédèr nashim, concernant les femmes;

4. le sédèr neziqin (=dommages), contenant
le droit civil et pénal, avec un traité sur l'idolâtrie et la fameuse
collection d'apophtegmes connue sous le nom de Pirqé aboth
(=sentences des pères);

5. le sédèr qodaschim, traitant des sacrifices
et des offrandes destinées au temple, qui y est décrit;

6. le sédèr toharoth (=purifications;
euphémisme pour: choses impures).

Chacun de ces sedarim se compose d'un certain nombre de traités
appelés massekthoth (=tissu; même image que dans le mot: texte =
tissu), qui forment un total de 60, ou, d'après d'autres, de 63. Le
texte de la Mischna a été imprimé pour la première fois à Naples, en
1492.

R. Yehoudâ Ha-nâsî fut le dernier des tannaïm. Mais après sa
mort, on reconnut la nécessité d'expliquer à son tour la Mischna, de
la compléter, au besoin de la modifier, pour tenir compte des
nouveaux problèmes religieux et sociaux qui surgissaient sans cesse.
Les docteurs qui s'adonnèrent à ce travail portent le nom d'amoraim
(=ceux qui parlent [d'autorité]). Ils enseignaient non
seulement dans les académies palestiniennes, mais surtout en
Babylonie où des académies juives avaient été fondées, qui ne
tardèrent pas à devenir célèbres et à attirer un nombre toujours
croissant d'étudiants. Les plus connues sont celles de Néhardéa, de
Soura et de Poum Beditha. Les commentaires de la Mischna, établis par
ces amoraim, sont appelés Gemaras (pron. Guemaras), mot
qui signifie «étude définitive». On distingue une Gemara
palestinienne et une Gemara babylonienne, cette dernière beaucoup
plus volumineuse. Ces ouvrages ne sont pas terminés; aucun ne
commente la Mischna entière. Les Gemaras sont rédigées en araméen,
l'une dans le dialecte palestinien, plus exactement galiléen, l'autre
dans le dialecte babylonien de cet idiome. Elles ne sont pas le
résultat des seules réflexions personnelles des docteurs amoraïtes;
ceux-ci se servirent, pour leur rédaction, de nombreuses traditions
tannaïtes, donc anciennes, qui n'avaient pas été utilisées pour la
composition de la Mischna officielle. On nomme ces traditions
Mischna hitzona, en araméen Matnitha barayta ou simplement Barayta (=ce qui est en dehors [de la Mischna officielle]). Un
autre recueil de traditions tannaïtes utilisé également par les
amoraïm porte le titre de Tosephta (=supplément); il suit
l'ordre de la Mischna.

Mischna et Gemara sont les deux éléments qui composent le Talmud
(=enseignement, doctrine). On distingue par conséquent deux Talmuds,
un Talmud palestinien, improprement nommé Talmud Yerouchalmi,
Talmud de Jérusalem, et un Talmud babylonien, Talmud Babli. Le
Talmud palestinien dut être, au commencement du V e siècle, terminé
assez hâtivement, les académies palestiniennes ayant été supprimées
par l'autorité impériale; il s'en est ressenti, étant souvent, pour
cette raison, très difficile à comprendre. Il a été imprimé pour la
première fois à Venise, en 1523; il en existe une traduction
française due à Moïse Schwab (12 vol., Paris 1871-1890), et dont une
nouvelle édition est sous presse. Voir TEXTE de l'A.T., I, 2,4°.

Le Talmud babylonien finit par être reconnu comme seule
collection faisant autorité, et il est considéré comme tel encore
aujourd'hui parmi les Juifs orthodoxes. C'est donc de lui qu'il
s'agit quand on parle communément du «Talmud». Il fut soigneusement
rédigé, au commencement du V e siècle, par R. Ashi, et fixé
définitivement vers 500 sous la pression des persécutions déclenchées
par les Sassanides contre les Juifs. Une dernière rédaction en fut
faite par les saboraïm (=ceux qui opinent, qui font des
suppositions). Le Talmud babylonien fut imprimé pour la première fois
à Venise, dans les années 1520 à 1523. La traduction la plus connue
est celle de Lazarus Goldschmidt, en allemand (8 vol., Berlin et
Leipzig, 1899-1921; rééd. 1930). Le seul manuscrit complet du Talmud
Babli se trouve à la bibliothèque de Munich; il est daté de 1343 et a
été publié par H.L. Strack (3 vol., Leyde, 1912).

Le Talmud est un monument de la civilisation juive des cinq
premiers siècles de notre ère. Il abonde en remarques occasionnelles
concernant toutes les branches de la science humaine: grammaire,
lexicographie, poésie, numismatique; histoire, géographie,
chronologie; logique, psychologie, métaphysique; astronomie,
géométrie; botanique, zoologie, chimie, physique et médecine. Il est
une mine inépuisable pour l'historien et notamment pour
l'archéologue. Pour les Juifs, il constitue encore aujourd'hui
l'autorité suprême en matière de religion. Les Juifs orthodoxes, et
surtout ceux qui habitent l'Europe orientale, le considèrent toujours
comme un livre inspiré et le placent à côté, parfois même au-dessus
de la Thora.

En tous les cas, les Juifs lui doivent une grande reconnaissance,
car, si l'on fait abstraction de la secte des Karaites à laquelle il
a donné naissance au VIII e siècle et qui le rejette, c'est le Talmud
qui a sauvé les Juifs de la Dispersion en établissant entre eux un
solide lien. D'autre part, es Juifs, au Moyen âge, ont été persécutés
à cause du Talmud, et souvent avec férocité.

En 1244, de nombreux manuscrits du Talmud furent brûlés
publiquement à Paris, et quelque temps plus tard les Juifs furent
expulsés du royaume de France. En Espagne, ils subirent le même sort.
C'est qu'on les accusait non seulement de tendance antichrétienne en
général, mais surtout d'immoralité vis-à-vis de tous ceux qui
n'étaient pas de leur religion. Et depuis le célèbre Entdecktes
Judentum
de Johann Eisenmenger, paru, avec approbation du roi de
Prusse en 1711, à Koenigsberg, cette accusation a été souvent
répétée. Est-elle justifiée? Il s'agit de l'attitude des Juifs
vis-à-vis des akoum (=ôbedé kôkabîm ou mazzâlôth, adorateurs
des étoiles et des signes zodiacaux, c-à-d, païens, ou plus
exactement: non-juifs). En effet, le Talmud contient, pour régler
cette attitude, certains principes moraux qui, de prime abord,
paraissent choquants. Le traité Sanhédrin du Talmud
babylonien, f. 81b et 82a, déclare, par exemple, que l'adultère ne
peut se commettre qu'entre Juifs, et que, s'il s'agit d'une femme non
juive, il y a faute punissable, mais non pas d'après les lois de
l'adultère. On a conclu de ce passage que le Talmud accorderait les
circonstances atténuantes en présence d'un cas d'adultère entre un
Juif et une femme mariée appartenant à une autre religion. Ceci est
certainement une erreur, car, si le Talmud considère ce cas comme ne
tombant pas sous la catégorie «adultère», il le fait uniquement parce
que la loi mosaïque n'avait pas prévu ce cas. Mais un pareil passage
ne peut-il pas constituer un danger pour la grande masse des simples,
non habitués aux distinctions subtiles de la casuistique juridique?

Autre exemple: d'après b. Baba qamma, f. 113a et b, un Juif
trouvant un objet perdu par un akoum a le droit de le garder
alors qu'il serait obligé de le restituer s'il avait été perdu par un
Juif. Une seule restriction: si le souci de «sanctifier le nom de
Dieu», ou la peur de le profaner, entre en ligne de compte. Cela veut
dire que le Juif doit soigneusement éviter tout ce qui pourrait
donner lieu à une critique défavorable de la religion juive par un
adhérent d'une autre religion.

Il est équitable aussi de reconnaître que certains rabbins
n'omettent pas d'affirmer la légitimité de la juridiction profane,
c'est-à-dire païenne ou chrétienne; cf. b. Baba bathra, 54b, 55a.
Mais pourquoi alors une règle qui semble léser la morale? Uniquement
parce que le passage de la Loi (De 22:2 et suivant) parle
d'un boeuf ou d'une brebis égarés «de ton frère», c'est-à-dire d'un
Israélite. Il est certain que cette façon d'envisager la morale est
très éloignée de celle du sermon sur la montagne, et s'il est
incontestable que le Talmud, pour parler avec Joseph Dérembourg,
professe «la charité la plus exquise, la piété la plus douce, la
tolérance la plus large»--nous nous en voudrions en effet de ne pas
citer un passage comme celui de la Tosephta Sanhédrin (13:2), où
il est dit que «les pieux, quelle que soit la nation à laquelle ils
appartiennent, ont droit au salut éternel»--cette morale, dans
l'ensemble, à cause de son étroitesse, est bien inférieure à la
morale du N.T., car elle est fondée uniquement sur le texte et non
sur l'esprit des préceptes de l'A.T. Le Talmud ne raconte-t-il pas
d'ailleurs à plusieurs reprises, et avec une satisfaction évidente,
que tel rabbin, ayant acheté certain objet d'un akoum, réussit à
tromper le vendeur en lui payant une somme un peu moindre que le prix
demandé? On trouve ce procédé légitime parce que le vendeur ne l'a
pas remarqué, que c'est donc lui qui en est responsable!

La connaissance du Talmud et surtout de la Mischna est de la plus
grande importance pour l'interprétation du N.T., car la Mischna--et
il en est de même des différentes Baraytas, de la Tosephta,
etc.--remontant pour certaines traditions au siècle précédant
immédiatement la venue de Jésus, composée d'autre part dans les deux
premiers siècles de notre ère, nous place exactement dans le milieu
spirituel où le N.T. a pris naissance.

Les opinions et les raisonnements des docteurs talmudiques nous
permettent en bien des cas de comprendre non seulement la forme, mais
encore le contenu de passages analogues du N.T. Les paroles, les
paraboles, les miracles de Jésus ont certains parallèles dans le
Talmud; tout en nous montrant le fond commun d'où ces textes sont
issus, ils témoignent également de la grande distance qui sépare
Jésus des rabbins.

Certains passages du Talmud rappellent exactement des paroles de
Jésus: «Ne fais pas à ton prochain ce qui t'est désagréable à
toi-même» (b. Schabb., 31a; cf. Mr 12:31-33,Lu 10:27). Mais
il faut remarquer que le Talmud exprime ici négativement ce que Jésus
exprime positivement: «tu aimeras ton prochain, etc.», et que pour le
Talmud «le prochain» (voir ce mot) ne saurait être qu'un Juif ou un
prosélyte juif.

Autre exemple: «Si quelqu'un s'abaisse, le Saint--qu'il soit
loué!--le rehaussera, et si quelqu'un se rehausse, le Saint--qu'il
soit loué!--l'abaissera» (b. Eroubin, 13b; cf. Mt 23:12,Lu
14:11 18:14).

Les prescriptions du Talmud pour le repas pascal permettent de
comprendre certains détails de la célébration de la Cène; les prières
qui y sont dites présentent en outre une analogie avec les prières de
la Didakhé.

Certains raisonnements de l'apôtre Paul, par ex. 1Co 10:1
et suivant et autres, sont souvent illustrés par la littérature
talmudique.

Il ne nous est malheureusement plus possible de savoir exactement
ce que pensait le Talmud de la personne de Jésus-Christ. La censure
chrétienne a, au Moyen âge, supprimé ou altéré bon nombre de passages
se rapportant au fondateur du christianisme; le Talmud imprimé à Bâle
dans les années 1578 à 1581, qui ignore, entre autres, tout le traité
Abodâ Zara (=de l'idolâtrie), se recommande comme juxta mentem
sacri concilii Tridentini expurgatus et approbatus, ut non modo citra
impietatem, verum etiam cum fructu a nostris legi possit.
Cette
censure trouva une auxiliaire dans la censure juive désireuse
d'épargner aux Juifs des ennemis.

Certains passages du Talmud parient d'un nommé «N.N.»; ils
paraissent se rapporter à Jésus, mais ce n'est pas certain. D'autres
passages ont conservé le nom de notre Seigneur. C'est ainsi que nous
lisons b. Sanhédrin, 41a: «Il a été relaté (nar les tannahn):
Le jour de la préparation de la Pâque, (cf. Mt 27:62,Mr 15:42,Lu
23:54) on a pendu Jéshu ha-nazri (c-à-d. Jésus de Nazareth). Un
héraut le précéda pendant quarante jours (criant): Qu'on le lapide,
car il a exercé la magie, il a séduit et détourné Israël. Que ceux
qui connaissent une justification pour lui, viennent et déposent en
sa faveur. Mais on ne trouva pas de justification, et c'est ainsi
qu'il fut pendu le jour de la préparation de la Pâque.» Ce passage
est intéressant sous différents rapports. D'abord, la date indiquée,
le Jour de la préparation de la Pâque--et un manuscrit du Talmud
précise en disant que c'était un vendredi--, concorde avec la date de
la mort de Jésus telle qu'elle est mentionnée dans l'évangile de
Jean (Jn 19:31). Ensuite il faut noter que la pendaison de Jésus
n'est pas en contradiction avec son crucifiement. Ce dernier mode
d'exécution était inconnu à la loi juive; c'était la punition
pratiquée, en Orient, par les Romains. Chez les Juifs, la pendaison
se faisait sur le cadavre d'un condamné préalablement exécuté
(généralement lapidé).

Les crimes reprochés à Jésus confirment non seulement le récit
des évangiles, notamment les miracles que Jésus a faits, mais aussi
certains passages de Josèphe (Ant., XVIII, 3:3) qui pourraient
être authentiques.

Quant au nom que Jésus porte généralement dans le Talmud
(Jéshu sans aïn final), il pourrait être une forme
dialectale, mais nous pensons plutôt qu'il s'agit d'une déformation
intentionnelle: les Juifs ont voulu empêcher le lecteur de songer à
la racine yâcha qui signifie «sauver». N'ont-ils pas expliqué
plus tard le nom de Jéshu comme formé par les initiales des mots
Yimmah SHemô Uzikrônô (=que son nom et son souvenir soient
exterminés)? N'ont-ils pas donné des étymologies malveillantes du mot
euaggelion /=évangile), comme avôn gïllâyôn (=tableau du
crime) ou avên gillâyôn (=tableau de malheur)?

Jésus apparaît encore sous une autre désignation dans le Talmud:
Jéshu bèn Pantêrâ ou Pandêrâ, et il est précisé que ce
Pantêrâ était soldat. Nous ignorons l'origine de cette désignation.
Pantêrâ est un nom propre grec assez fréquent à cette époque. Sans
attacher de l'importance à une étymologie égyptienne qui a été
proposée (pa-neter-a =le grand dieu, est une des épithètes
d'Osiris), nous pensons avec Nitzsch que ce Pantêrâ est une
transformation populaire d'un parthénos (=vierge) incompris.

Quant à une troisième désignation de Jésus: Jéshu bèn Stâdâ
(on a voulu penser à sôtèr [=sauveur], le Talmud palestinien
prononçant Stâdâ ou Sôtâdâ), elle paraît se rapporter
primitivement à un autre personnage. Quoi qu'il en soit, ce qui est
important c'est que le Talmud est un témoin de l'historicité de
Jésus, car si les docteurs juifs avaient pu prouver le contraire, ils
se seraient certainement empressés de le faire.

Consulter: H.L. Strack, Einleit. In Talmud und Midras, 5 e éd,
Munich 1921, pp. 150-194.

Ch. J.

Révision Yves Petrakian 2005