SYRIE
Contrée dont les habitants ont souvent été appelés Araméens. Dans la
Bible française (comme dans LXX et Vulgate), Aram est traduit par
«Syrie», sauf dans Ge 10:22 et suivant, 1Ch 1:17 (Aram); de
même «Syrien» est la traduction du mot hébreu signifiant «araméen».
Hérodote est le premier qui emploie le mot Syrie, qu'il confond avec
Assyrie. Strabon désigne par ce mot la région entre la Méditerranée
et l'Euphrate, c-à-d, la province romaine de Syrie (Lu 2:2);
mais, dans le langage populaire et dans le N.T., la Syrie est l'une
des trois divisions de cette vaste région (les deux autres sont la
Palestine et la Phénicie). Depuis Adrien, qui divisa officiellement
la province de cette façon, le terme de Syrie est employé dans son
sens restreint.
C'est probablement vers 1500 av. J.-C, que les Araméens sortirent
de l'Arabie: les Ahlamè, nomades sémites appartenant au groupe
araméen, sont nommés vers 1400 dans une lettre fragmentaire de Tell
el-Amarna; et, de 1325 à 1100, les rois d'Assyrie doivent combattre
contre ces Ahlamè, qui poussent vers le N., longeant les bords de
l'Euphrate. C'est à cette époque que les Araméens commencent à bâtir
des villes le long de l'Euphrate moyen, du Khabour et du Balih et, en
partie à la suite de la pression assyrienne, à former des petits
royaumes en Syrie. D'après 1Sa 14:47, Saül aurait battu «Moab,
les enfants d'Ammon, Aram Beth-Réhob, le roi de Tsoba et les
Philistins» (texte corrigé d'après LXX); mais l'historicité de ces
campagnes contre les Araméens n'est pas certaine. David défit les
Araméens de Beth-Réhob, de Tsoba et de Maaca, qui étaient les alliés
des Ammonites (2Sa 10:6-19 8:3 et suivant), mais il fit une
alliance avec l'Araméen Talmaï, roi de Guésur, dont il épousa la
fille (2Sa 3:3,13:37 etc.). Sous Salomon, Rézon, capitaine de
Hadadézer roi de Tsoba, fonda à Damas, qui était déjà devenue une
ville araméenne, un royaume puis-sant (1Ro 11:23,25). Les
Araméens de Mésopotamie avaient aussi organisé des royaumes: le plus
important était celui de Beth-Éden (Am 1:5, cf. 2Ro 19:12,Esa
37:12,Eze 27:23), tributaire d'Ashour-natsir-pal II (884-860) et
anéanti pour toujours par Salmanasar III en 857 (cf. les passages
bibliques précités). Ashour-natsir-pal soumit de même les
principautés araméennes de Bit-Zamani, Bit-Hadippi, Hindanou, Laki,
Souhou (dans la région de l'Euphrate moyen, du Khabour et du Tigre
supérieur). Les fouilles à Sendjirli ont fait connaître les
inscriptions araméennes de trois rois de Sam'al (ou Yaoudi): Kilammou
(dont le père Haïani fit acte de soumission à l'Assyrie en 858),
Panammou I er (petit-fils de Kilammou), Bar-Rekoub (dont le père
Panammou II, petit-fils de Panammou I er, mourut en 732, pendant le
siège de Damas), ce dernier paraissant dans deux inscriptions.
Bar-Rekoub se révolta contre Sargon II; mais ce roi, dans ses
campagnes de 720 et de 709, mit fin pour toujours aux petits États
araméens de Syrie. Sous les rois assyriens suivants, les Araméens
apparaissent seulement dans la Babylonie: (cf. Eze 23:23) ce
sont des tribus de pâtres, de marchands et de pillards.
Comme les Phéniciens sur mer, ainsi les Araméens sur terre furent
les intermédiaires entre les grandes nations anciennes. Depuis
l'époque perse, leur langue devint internationale: d'Arabie et
d'Egypte jusqu'en Asie Mineure, on parle et l'on écrit l'araméen
(voir Langue parlée par Jésus); d'où les traductions de l'A.T, et du
N.T. faites de très bonne heure par les Églises chrétiennes de Syrie
(voir Texte de l'A.T., du N.T.). Le grec ne devait pas supplanter
l'araméen, mais celui-ci disparut presque complètement devant l'arabe.
BIBLIOGRAPHIE
--E.G.H. Krjeling, Aram and Israel, New York 1918.
--J.-B. Chabot, Langues et Littératures Araméennes, Paris 1910.
--M.J. Lagrange, Et. sur les Rel. Sémit., 2 e éd. 1905.
--Voir aussi art. Damas, Assyrie et Babylonie, Israël, Mésopotamie. R.H. Pf.