SPECTRE DES NUITS
Désignation adoptée par nos versions modernes pour rendre l'hébreu
lîlîth, cité une seule fois dans la Bible (Esa 34:14), et
que les anciennes versions (Ost., Mart.) traduisaient par: orfraie.
Tandis que les seïrim mentionnés dans le même verset étaient
des démons auxquels l'imagination populaire attribuait une forme de
boucs (voir ce mot), sorte de satyres, il faut voir en Lîlîth
(nom pr. fém.) un personnage unique, tout aussi fabuleux, un monstre
femelle qui était censé comme eux hanter les lieux déserts; en
annonçant leur installation en Édom, le prophète veut donner une idée
saisissante de la dévastation totale et définitive qui menace ce
pays. D'après les développements légendaires postérieurs des
littératures arabes et juives au sujet de cette monstrueuse Lilith,
on se la représentait comme un spectre nocturne qui, sous les
apparences d'une femme de grande beauté, attirait les enfants pour
leur sucer le sang et les manger (comp. Lamie, mégère dévoreuse
d'enfants, et Empuse, ennemie des voyageurs, dans la mythologie
gréco-romaine).
Le Talmud fait de Lilith la première femme d'Adam, avant la
création d'Eve; l'ayant abandonné pour vivre dans les airs, elle
serait devenue la mère des démons. Elle reparaît dans la Kabbale
(voir ce mot) du judaïsme tardif, qui en fait l'un des sept démons,
celui du vendredi, à corps de femme terminé en queue de serpent, et
l'oppose à la Vénus du paganisme.