SION

(Hébr., Tsiyôn ; LXX, Seïôn ou Sion.)

1.

Nom de la place forte jébusite dont David s'empara et fit sa
capitale. Les étymologies hébraïques proposées pour ce mot sont
toutes incertaines. Il est probable que nous avons affaire ici à un
nom cananéen comme celui de Millo dont le sens ne nous est pas
connu. Sion désigne d'abord dans la Bible la «Citadelle», la «Cité
davidique» (2Sa 5:7,1Ro 8:1), ou la «Montagne» (2Ro 19:31 Ps
48:3) sur laquelle était bâtie la capitale fortifiée de David.
Les fouilles récentes nous obligent à situer cette capitale au
Sud-E., hors des murs actuels de Jérusalem (voir Jérusalem [murs et
portes], et les fig. 117 à 119). Bientôt, grâce à l'importance
religieuse et nationale du temple de Salomon, Sion désigna la
terrasse N.-E, de Jérusalem: la «Montagne sainte» sur laquelle réside
Jéhovah, où son culte est célébré, et d'où se manifeste sa puissance
pour délivrer ou pour châtier Israël (Ps 26 65:2 74:2 14:7,Am
1:2, cf. 1Ma 4:37,60 5:54 6:48 etc.). Quand Jérusalem
se fut étendue à l'ouest, au delà du Tyropoeon, le nom de Sion
désigna la ville tout entière. On disait: les «enfants de
Sion» (Ps 149:2,Joe 2:23) ou les «habitants de Sion» (Esa
12:6,Jer 51:35) ou les «filles de Sion» (Esa 3:16), pour
désigner la population de l'ensemble des collines sur lesquelles
Jérusalem était bâtie (Ps 133:3). Ce nom est d'ailleurs très
inégalement réparti dans l'A.T.; ainsi on peut compter «Sion» 48 fois
dans Ésaïe, 32 dans Jérémie, tandis qu'il ne se trouve pas une fois
dans Ézéchiel, Aggée, Malachie, etc. Depuis les Macchabées, le nom de
Sion disparaît; on ne le retrouve pas dans Josèphe. Le N.T. ne
désigne Jérusalem sous le nom de Sion que lorsqu'il cite
l'A.T (Mt 21:5,Jn 12:15,Ro 9:33 11:26,1Pi 2:6).

Au point de vue topographique, il semble bien que les premiers
chrétiens aient gardé souvenir que la Sion primitive était sur la
colline E. de Jérusalem. Ainsi Jérôme désigne en plusieurs endroits
par Sion la colline du temple; il dit aussi que la fontaine de Siloé
jaillit au pied de Sion, et que la tombe de Marie, mère de Jésus,
était dans la vallée du Cédron, entre Sion et le mont des Oliviers.
Cependant, à partir de Constantin, à mesure que le nom reparaît, la
topographie change. Le Pèlerin de Bordeaux (334) désigne par le mot
Sion la colline S.-O, de Jérusalem, et bientôt la tradition constante
place la Montagne sainte de la cité primitive à l'Ouest du Tyropoeon;
des plans de Jérusalem encore relativement récents en font foi.
L'erreur de la tradition est explicable.

Lorsque l'empereur Adrien eut achevé de rebâtir Jérusalem, après
avoir étouffé, au bout de trois ans et demi de luttes, le soulèvement
provoqué par le faux Messie Simon Bar-Kokhba (132-135), il en fit une
ville païenne, interdite aux Juifs. Jérusalem devint colonie romaine
sous le nom d'AElia-Capitolina, nom qui subsistait encore au VIII°
siècle. Au N., les murs d'AElia-Capitolina furent élevés sur les
ruines des anciens remparts; mais à l'Est et au Sud la ville
nouvelle, semblable en cela à la Jérusalem actuelle, laissa en dehors
de son enceinte la partie méridionale de la colline du temple et
l'emplacement de l'ancienne Sion de David. Eusèbe et Cyrille virent
dans ce fait l'accomplissement de la prophétie de Mic 3:12:
«Sion deviendra un champ qu'on laboure.»

En 325 la pieuse Hélène, mère et providence de l'empereur
Constantin, se serait rendue à Jérusalem et occupée activement de
détruire les vestiges du paganisme en faisant édifier l'église du
Saint-Sépulcre,--la tradition prétend même qu'elle retrouva là, en
creusant les fondements, la vraie croix de Jésus et celles des deux
larrons--; ce qu'il y a de certain, c'est que dès l'époque de
Constantin, l'intérêt des chrétiens se porta du côté ouest de
Jérusalem, vers lequel se dirigèrent les pèlerinages dont Hélène
aurait inauguré le mouvement.

C'était d'ailleurs vers l'ouest que ramenaient déjà les grands
faits constitutifs du christianisme: dans la maison de Jean-Marc, la
chambre haute où se réunissaient Jésus et ses disciples (Ac
12:12 et suivants), l'institution de la sainte Cène (Mr 14:15),
l'intronisation du sacerdoce apostolique (Lu 22:29 et suivants),
l'envoi du Saint-Esprit (Ac 2:1 et suivants). Sion fut désormais
le nom de la colline la plus vaste et la plus haute de Jérusalem, en
face de l'Acra jébusite et à l'Ouest du Tyropoeon. Dès le IV e siècle
on y signale «l'église des apôtres», appelée aussi «église de Sion»
ou «Mère des églises». La porte bâtie dans une tour S.-O, de
l'enceinte de la ville forte (vers 1540) fut appelée «porte de Sion».

Après avoir quitté progressivement le terrain de ses origines, il
ne restait plus au terme «Sion» que de devenir intemporel. C'est ce
qu'il fit. Suivant l'impulsion donnée par Heb 12:22 et Ap
14:1, la prédication et l'hymnologie chrétiennes désignèrent par
«Sion» la Jérusalem céleste, séjour de gloire des rachetés de
Jésus-Christ:

Sainte Sion, ô patrie éternelle...

Alex. W.

2.
Ville d'Issacar (Jos 19:19).

3.
Autre nom de l'Hermon (De 4:48); peut-être erreur
de copiste pour Sirion (voir ce mot).