SIMÉON

1.
Second fils de Jacob et de Léa (Ge 35:23 46:10).
Il précède immédiatement Lévi, et tous deux lieront leur destinée à
l'occasion du rapt de leur soeur Dina (voir ce mot). Leur cruelle
violence (Ge 34) inspirera la réprobation à leur sujet dans la
«Bénédiction de Jacob» (Ge 48:5,7); pour en trouver l'éloge, il
faut consulter l'un des livres les plus nationalistes du judaïsme,
l'apocryphe Judith (9:2 et suivants).

Dans les interprétations populaires des noms des fils de Jacob,
qui les expliquent tous au point de vue de leurs mères sous le régime
de la polygamie, celui de Siméon est rattaché au verbe hébreu châma
=entendre (Ge 29:33). Son origine réelle est discutée entre
savants. Les uns le rapprochent du nom babylonien Samahoûnou (les
lettres de Tell el-Amarna ont un vocable samhouna qui
signifierait précisément: entendre). D'autres, comparant Siméon avec
l'arabe sim, nom d'un animal hybride issu de l'hyène et de la
louve, pensent à un totem de clan représentant le mélange de deux
familles.

Le rôle de Siméon en tant que tribu est fort réduit. Serait-ce le
signe d'une -décadence précoce, correspondant à la malédiction de
Jacob? Bien des indices tendent à le montrer. Le partage de Canaan
relègue Siméon au Sud de la Palestine, dans une région aride
sacrifiée. Les chiffres des recensements, fortement sujets à caution,
dans les passages sacerdotaux, attribuent à Siméon une population
représentant au désert environ les 10 pour cent d'Israël non compris Lévi,
puis à l'arrivée en Canaan les 3,5 pour cent seulement (No 1:23 26:14).
Ses opérations de conquête se font en compagnie de Juda (Jug
1:3,17), et cela dans la direction du S., chose confirmée par No
21:1,3 33:40, sans parler de la liste des localités qui lui sont
attribuées et dont quelques-unes apparaissent ailleurs comme
appartenant à Juda (Jos 15:26-32 1Sa 27:6 30:30,1Ro 19:3,Ne
11:26,29); toutes sans exception, bien que situées théoriquement sur
le territoire de Siméon, dépendent en fait de Juda (comp, aussi
Jos 19:1,9). Dans Ne 11:36 se trouve un cas d'origine
judaïte et de rattachement à Benjamin. Faut-il voir dans cette
indication la notion d'un protectorat de la puissante tribu? Siméon
affaibli par la nécessité de durs combats eut-il son territoire
entamé par les irréductibles Cananéens, aux confins de la frontière
méridionale? Hypothèses plausibles. Le nom de cette tribu reparaît
dans 1Ch 4:39-43, lorsque sous Ézéchias 500 de ses hommes
taillent en pièces les restes d'Amalek. Malgré ce fait d'armes isolé,
le clan devait être en voie de disparition, car la tribu de Siméon
n'est pas citée dans le cantique de Débora (Jug 5), ni pendant
la période où David chef de bande menait ses troupes à travers ces
régions S. de la Palestine; le Chroniste indique pourtant son
contingent de soldats quand David fut devenu roi (1Ch 12:25). La
tribu n'est plus mentionnée que dans les listes officielles (1Ch
4:24-42 27:16,Eze 48:24,Jug 6:15,Ap 7:7). Voir Tribus d'Israël. P. W.

2.
Israélite mari d'une femme étrangère (Esd 10:31).

3.
Arrière-grand-père de Judas Macchabée (1Ma
2:1).

4.
Ancêtre de Jésus (Lu 3:30).

5.
Juif pieux de Jérusalem, dont il n'est question que
dans Lu 2:25,35. Ce récit ne dit rien de son âge; mais la
mention relative à sa mort (verset 26) et sa propre déclaration:
«Seigneur, tu laisses aller (litt., tu mets à la retraite) ton
serviteur» (verset 29) donnent toute vraisemblance à la tradition et
aux oeuvres d'art qui le représentent à ce moment comme un vieillard.
On l'a même supposé aveugle, sans doute par suite de l'insistance
mise sur sa vue (et qui n'est pas sans grandeur): «il ne verrait
point la mort avant d'avoir vu l'Oint...» (verset 26), «mes yeux ont
vu ton salut» (verset 30); mais cette supposition est gratuite: un
évangéliste aussi sensible que Luc au pittoresque de ses tableaux
aurait-il négligé ce détail, si le voyant qui prophétisa en tenant le
petit enfant dans ses bras avait été réellement un aveugle? Toutes
les autres traditions sur la personne de Siméon sont encore plus
fantaisistes: qu'il ait été le même qu'un certain rabbi Siméon fils
de Hillel et père de Gamaliel, que ses deux fils soient ressuscités
des morts pour apporter au Sanhédrin leurs descriptions d'outre-tombe
(évangile de Nicodème, apocr, du IV e ou V e siècle;voir Évang,
apocryphes), sont autant d'invraisemblances. Seul le tableau de Lu
nous renseigne à son sujet, et à son sujet seulement, sans aucune
allusion à sa descendance. Il était «juste et pieux», double
expression de l'A.T, désignant la pratique consciencieuse de la
dévotion juive; il «attendait la consolation d'Israël», un des
principaux aspects de l'espérance messianique; (cf. Esa 40:1,
etc.) il avait reçu du Saint-Esprit l'assurance de voir avant sa mort
(d'Oint du Seigneur». C'est encore l'Esprit qui le pousse au Temple
de façon à le faire assister à la présentation de l'enfant Jésus, et
qui lui inspire son action de grâces, «le cantique de Siméon»,
prophétie du salut de Dieu pour tous les peuples (voir Nunc
dimittis). Devant la surprise des parents il les bénit et annonce à
Marie le douloureux contraste que marqueront les résultats divers de
la future mission de Jésus: chute ou relèvement, d'une part
contradiction assez tragique pour être symbolisée par l'épée (litt.,
la lance, d'origine thrace, des soldats barbares), transperçant l'âme
de sa mère, d'autre part révélation par les effets de ce drame, comme
par une pierre de touche, des dispositions profondes des coeurs.
L'évangéliste n'en dit pas davantage; et Siméon rentre dans l'ombre,
laissant aux croyants deux brèves mais immortelles proclamations: le
salut du monde et le sacrifice du Sauveur.

6.
Forme du nom de Simon Pierre (voir art.) dans le grec
de Ac 15:14 et 2Pi 2:1.

7.
Un des docteurs de l'Église d'Antioche (Ac 13:1),
surnommé Niger (voir ce mot).