ARMES

La Bible, histoire d'un peuple qui livra tant de combats, fournit une
abondante documentation sur les armes antiques, «armes de guerre» ou
«armes de mort», comme elle les appelle quelquefois (Jug
18:11,16,De 1:41,Ps 7:14). Depuis le temps lointain où Samgar
battait les Philistins avec un aiguillon à boeufs (Jug 3:31) et
où Samson s'armait d'une mâchoire d'âne (Jug 15:15-17). elle
nous fait suivre les progrès de l'armement. Aux temps patriarcaux, on
était «armé» pour la chasse ou la guerre quand, vêtu comme à
l'ordinaire, on avait en main son arc ou son épée (Ge 27:3 48:22
49:23). Il est difficile de dire ce que recouvre le terme hébreu
khamouchim, «en armes», appliqué aux guerriers qui sortirent
d'Egypte (Ex 13:18) et conquirent Canaan (Jos 1:14 4:12)
Toujours est-il que les armes durent être longtemps rares (Jug
5:8) et sans doute les diverses oppressions étrangères
entretenaient-elles cette pénurie. On s'en procurait comme on
pouvait, et elles durent être souvent le privilège exclusif de
certains chefs, Gédéon et son serviteur (Jug 7:11), Saül et
Jonathan (1Sa 13:22); celui-ci a un jeune porteur de ses
armes (1Sa 14:1,6,7), tel l'armigère des chevaliers, ou
écuyer (Vers. Syn.). Avec les rois, tout changea, sous la triple
influence de l'organisation plus centralisée de l'armée, du contact
avec les armées étrangères, des progrès dans l'art de la guerre et
des sièges, et il vint un temps où tous les soldats reçurent des
armes réservées autrefois à l'élite (2Ch 14:7 26:14). Alors
apparurent les arsenaux: Ca 4:4 (David); 1Ro 10:17,Esa 22:8
(Salomon); 2Ch 11:12 (Roboam); 2Ro 20:13 (Ézéchias); Ne
3:19. L'armement ne subit guère de modifications, ni au temps des
Macchabées (2Ma 5:2 et suivant), ni à l'époque de la
domination romaine (Eph 6:13-17). Signalons les panoplies
placées par Simon Macchabée sur son monument aux
morts.--Voir (1Ma 13:29) aussi Armée, Guerre.

I. ARMES OFFENSIVES .

1. Arc. L'ancienne arme de chasse et de guerre des nomades du
désert (Ge 21:20 27:3 49:24,No 21:30) tint toujours une grande
place dans l'armement. On le retrouve au temps de Débora,
(Jug 5:11) dans les guerres de Saül et
de Jonathan (1Sa 18:4 20:36-38,2Sa 1:18,22), dans les exploits
de la tribu de Benjamin, célèbre pour ses archers (1Ch 8:40
12:2,2Ch 14:7), au temps de Néhémie (Ne 4:13) et chez tous les
peuples étrangers, Syriens (1Ro 22:34), peuples du Nord (Esa
5:28,Jer 6:23), Lydiens (Jer 46:9), Mèdes (Esa 13:18),
Arabes (Esa 21:17), Èla-mites (Esa 22:6), etc. (fig. 15).
L'arc fit périr les rois Saül, Josaphat, Joram et Josias (1Sa
31:3,1Ro 22:34,2Ro 9:24,2Ch 35:23). Les arcs, de différentes
tailles, étaient de bois élastique, la corde de nerf de boeuf ou de
chameau, les flèches de bois, avec pointe en pierre ou en bronze,
aiguisée (Esa 49:2), barbelée (Ps 120:4), parfois
empoisonnée;voir (Job 6:4) Trait. Les poètes parlent d'arcs
d'airain (2Sa 22:35,Job 20:24). Le carquois était porté sur le
dos ou au côté gauche. L'arc, qu'on bandait du bas avec le
pied (Ps 7:13: «fouler l'arc») et du haut avec la main (2Ro
13:16), était serré pendant la marche avec une gaine, couvrant au
moins son milieu (Hab 3:9).

2. Fronde. Arme des bergers solitaires (1Sa 17:40) et des
chasseurs (Job 41:19), mais aussi de certains corps
militaires (2Ro 3:26,2Ch 26:14). Là encore, l'habileté des
Benjamites était légendaire (Jug 20:16,1Ch 12:2). La fronde
était une lanière de cuir, évidée au milieu pour recevoir la
pierre (Za 9:15). Après l'avoir fait tournoyer, on donnait
l'élan à la pierre en lâchant une des extrémités (1Sa 17:49).

3. Lance. Nos traductions emploient ce mot pour désigner soit la
khanit, pique à hampe de bois (2Sa 21:19 23:7), à pointe
brillante de bronze ou de fer (1Sa 13:19 17:7), très ancienne
arme des nomades et insigne de commandement (1Sa 18:10 19:9),
soit la romakh (Jug 5:8), arme plus lourde des troupes
armées du bouclier (2Ch 11:12 25:5,Ne 4:13,Jer 46:4). Il faut
distinguer encore le kidon ou javelot (Job 39:20 41:20),
arme de jet, plus courte et plus légère (Jos 8:18,1Sa 17:6,Jer
6:23), et quelques armes mal identifiées: javelots de la mort
d'Absalom (2Sa 18:14), de l'arsenal d'Ézéchias (2Ch 32:6),
dard de Job 41:17, arme de Ne 4:17. Cf. la lance du soldat
romain (Jn 19:34).

4. Épée. Cette arme par excellence avait une lame de
fer (1Sa 13:19), quelquefois courte (Jug 3:16, dague),
quelquefois à deux tranchants (Ps 149:6,Pr 5:4), serrée dans un
fourreau de cuir (1Sa 17:51,Mt 26:52), d'où on la tirait (litt.
«vidait»: Ex 15:9). On l'attachait à une ceinture, probablement
au côté gauche: «ceindre l'épée» (2Sa 20:8,Ps 45:4,Ca 3:8). On
se servait de l'épée à la fois pour la taille et l'estoc,
c'est-à-dire pour couper (1Ro 3:24 et suivant, «frapper du
tranchant de l'épée»: Jos 6:21 8:24,Jug 21:10, etc.) et pour
transpercer (Jug 3:21,1Sa 31:4,2Sa 2:16). Dans le N.T., cf.
Lu 22:38,49,52,Ac 12:2. L'épée est le symbole de la
guerre (Le 26:6,25,2Sa 2:26 11:25 12:10,Jer 5:12 42:16,Eze
7:15), des divisions (Mt 10:34), de la souffrance (Lu
2:35), des paroles violentes (Ps 55:22 59:8), de la punition
divine (No 22:23,1Ch 21:12,Esa 34:6, cf. Ap 2:12 19:15), ou
de la Parole pénétrante de notre Dieu (Eph 6:17,Heb 4:12).

5. Armes diverses. Il faut probablement voir dans les armes
désignées dans Pr 25:18 et Jer 51:20, quelque espèce de
marteau de guerre, masse de bois dur renforcée de fer; dans
2Sa 23:21, la massue de bois («bâton» de nos trad.); dans
Jer 46:22, Lettre de Jérémie 15 et peut-être Ps 35:3,
la hache de bataille. Celle-ci apparaît entre autres sur des
sculptures hittites, comme insigne de la puissance royale. On peut
enfin ranger dans les instruments offensifs de la guerre le chariot
(voir Char), attelage léger et rapide (Na 2:4), en bois revêtu
de fer (Jug 4:3), à deux roues, contenant deux ou trois hommes:
conducteur, combattant, porteur de bouclier (fig. 16). En usage en
Canaan (Jos 11:4) et en Egypte (Ex 15:4), il ne fut adopté
par Israël que sous Salomon.--Pour (2Sa 8:4,1Ro 4:26 10:29,
prix) les armes destinées à l'attaque des villes fortes,voir
Fortifications.

II. ARMES DEFENSIVES.

1. Bouclier . Ps 35:2 établit la distinction entre le grand
bouclier, oblong et large, porté par les troupes de choc (1Ch
12:8,34), et le petit bouclier (Jug 5:8), rond et protégeant le
haut du corps, que portaient les archers (1Ch 5:18). Les
boucliers, qu'on oignait d'huile (2Sa 1:21,Esa 21:5) et qu'on
pouvait brûler (Eze 39:9), étaient de bois couvert de cuir, ou
de cuir épais, quelquefois revêtus de bronze (1Ro 14:27,Na 2:3).
David prit et Salomon fabriqua des boucliers de parade en or,
employés dans les solennités (2Sa 8:7,1Ro 10:16 et suivant 14
25,28). Le bouclier, suspendu en marche à l'épaule et muni d'une
gaine (Esa 22:6), était tenu au combat de la main gauche, et
fixé au repos aux murs des citadelles (Ca 4:4,Eze 27:10). Il est
l'image de la protection divine (Ge 15:1,De 33:29,Ps 3:4 84:12,
etc.), du salut (Ps 18:38) et de la foi (Eph 6:16).

2. Casque . Fait probablement de cuir et plus tard de
bronze (1Ma 6:35), le casque fut d'abord réservé aux
chefs (1Sa 17:5,38), puis étendu à toute l'armée, en
Israël (2Ch 26:14) et chez les peuples voisins (Eze 23:21
27:10 38:5). Image d'un jugement droit (Sag 5:18), de l'espérance du
salut (1Th 5:8) et du salut lui-même (Esa 59:17,Eph 6:17).

3. Cuirasse . Même remarque: réservée d'abord aux chefs (1Sa 17
5,38,1Ro 22:34) et faite pour eux de bronze, elle s'étendit plus
tard à l'armée (2Ch 26:14,Jer 46:4,Ne 4:16, 1Ma 6:2,35),
protégeant peut-être simplement le haut du corps de bandes de laine
ou de cuir, renforcées de plaques de fer (Assyriens). Cuirasse des
éléphants royaux (1Ma 6:43). La glace, dit le sage, est la
cuirasse de l'eau (Sir 43:20). Justice, foi et charité
sont la cuirasse du croyant (Eph 6:14,1Th 5:8). Israël n'a pas
dû faire usage de jambières (les cnémides grecques): elles ne sont
citées que pour Goliath (1Sa 17:6).

SENS FIGURÉ. Voy. fin des parag. ci-dessus. Voir encore: les
armes du ministère (prière et encens, Sag 5: et suivant), 2Co 6:7
10:4,Ro 6:13 où les «instruments» doivent se lire «armes
d'injustice» ou de «justice», Ro 13:12,Eph 6:11-17 où les luttes
de la vie spirituelle sont présentées sous l'allégorie de la panoplie
(=toute l'armure) du soldat romain, que Paul prisonnier voyait de
près, mais il a dû penser aussi au passage analogue de Sag 5:16 et
suivants
, relatif aux armes du Seigneur. J. Riv.