SACRILÈGE

D'après l'étymologie du mot latin (sacrilegus, de sacer
=sacré, et legere =recueillir) aussi bien que du mot grec
(hiérosulos , de hiéron temple, et sulân =piller), le
sacrilège est celui qui s'approprie les trésors d'une religion: crime
jadis fréquent, dans les pillages de sanctuaires ou de tombeaux.

Le français appelle aussi sacrilège l'acte lui-même. Ce sens
propre, que confirment des textes classiques ou vulgaires de
l'antiquité, est certainement celui de l'épithète appliquée à
Lysimaque (voir ce mot) dans 2Ma 4:42 (Apocr.:
profanateur du Temple), et que justifie le verset 39; on doit sans
doute le voir aussi dans l'un des crimes passibles du supplice de la
cendre (2Ma 13:6).

On peut interpréter de la même manière la remarque de
Ac 19:37, qui déclarerait les apôtres innocents de tout
détournement au détriment de la déesse d'Ephèse; mais le sens figuré,
plus général, appuyé lui aussi sur des analogies littéraires ou
populaires, ne serait pas moins vraisemblable: ils sont innocents de
toute action comme de toute parole irrespectueuse envers elle. Le
verbe grec hiérosuleïn, qu'emploie saint Paul dans Ro 2:22,
peut être compris au sens général: «commettre des sacrilèges» (Ost.,
Laus., Stapf.); mais on y voit le plus souvent un contraste que le
sens propre rend particulièrement frappant: «Toi qui as en
abomination les idoles, tu t'empares de leurs dépouilles!» (Vers.
Syn., Oltr., Bbl. Cent.). Il s'agit sans doute de recel,
«probablement allusion au brocantage et aux manoeuvres, plus ou moins
frauduleuses, par lesquelles les Juifs entraient en possession
d'objets provenant des temples païens; leur horreur des idoles ne les
empêchait pas de considérer comme de bonne prise les objets précieux
qui leur étaient consacrés» (Bonnet-Schroeder).

Comme l'observe Bbl. Cent., Flavius Josèphe «paraît avoir pensé à
ce dernier délit, quand il interprète le précepte de De 7:25, où
il est dit qu'on ne doit pas s'approprier le métal précieux des
idoles. Il voit dans cette parole une interdiction de piller les
temples des dieux (Ant., IV, 8:10)». Voir Profane.