RIMMON
I En hébreu rimmon, nom de la grenade et du grenadier (voir
art.), vraisemblablement à l'origine des noms propres suivants.
1.
Benjamite, père des assassins d'Isboseth (2Sa
4:2 et suivants).
2.
Ville de Siméon (Jos 15:32 19:7,1Ch 4:32,Za
14:10), appelée aussi En-Rimmon (voir ce mot).
3.
Ville lévitique de Zabulon (Jos 19:13), appelée
Rimmono dans 1Ch 6:77 et Dimna dans Jos 21:35; aujourd'hui
Roummânéh, à 10 km. au Nord de Nazareth.
4.
Rocher célèbre en Benjamin, près duquel les Benjamites
s'enfuirent quand les Israélites réprimèrent le crime commis chez eux
sur un Lévite (Jug 20:45,47 21:13). On l'a identifié avec une
falaise au sommet de laquelle se trouve aujourd'hui le village de
Ramtnoûn, à environ 5 km. à l'Est de Béthel.
5.
Rimmon-Pérets (=grenadier de la brèche?), étape du
désert (No 33:19 et suivant), non identifiée.
II Adaptation en hébreu du nom assyr. Ratnmânou. Dieu de Damas
et de la Syrie, qu'on appelait plus souvent Hadad (voir ce mot,
parag. 1). La forme Rimmon n'est citée qu'une fois (2Ro 5:18),
mais elle se trouve dans le nom du Syrien Tabrimmon (voir ce mot),
père de Ben-Hadad (1Ro 15:18), et dans le mystérieux nom
d'endroit mentionné par Zacharie (Za 12:11) qui réunit les deux
noms du même dieu: Hadad-Rimmon (voir ce mot). Le nom Hadad est porté
par divers personnages (2Sa 8:3,1Ro 11:14,23 15:18 2Ro 6:24). il
paraît dans les lettres de Tell el-Amarna et de Thaanac. La
prononciation hébraïque Rimmon, au lieu de Rammân, provenait sans
doute de l'étymologie populaire qui devait rattacher ce nom étranger
au nom indigène du grenadier. Il n'est pas impossible que le Rimmon
de Zabulon, la seule localité de ce nom proche de la Syrie, ait été
mis en rapport avec le dieu syrien. Celui-ci jouait un rôle important
dans les cultes sémitiques: dieu de l'air, de la pluie, de la tempête
et du tonnerre, représenté debout sur un taureau et tenant en main la
foudre, Rammân était à la fois bienfaisant et redoutable, puisqu'il
favorisait la végétation ou déchaînait les éléments (comp.
Anou-Adad, fig. 277); devant sa colère, les dieux mêmes fuyaient, et
ses adorateurs l'invoquaient pour tirer vengeance de leurs ennemis.
Dans 2Ro 5:17 et suivants, le Syrien Naaman, décidé à ne plus
offrir de sacrifices qu'à Jéhovah le dieu de sa guérison, et
rapportant chez lui assez de terre israélite pour y construire son
autel à Jéhovah, soumet au prophète son scrupule de conscience: ses
fonctions de généralissime lui créent l'obligation officielle de
participer avec son roi au culte national du dieu Rimmon; que Jéhovah
veuille bien l'excuser! La -brève réponse d'Elisée: «Va en paix!»
peut être considérée soit comme un simple adieu, plutôt évasif, soit
comme une tacite acceptation du cas de force majeure. L'âme
religieuse de Naaman, tout en manifestant largeur, gratitude,
courage, délicatesse, ne pouvait sans doute comprendre l'exclusivisme
(voir ce mot) du seul Dieu vivant.