RENONCEMENT

Se renoncer, c'est faire abnégation complète de soi-même, ceci en
faveur de la cause ou de la personne que l'on sert. La Bible nous
donne l'exemple de deux renoncements, dans la personne de
Moïse (Ex 32:32) et de Paul (Ro 9:3).

Jésus énonce la suprême obligation de l'Évangile, quand il dit:
«Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il
se charge de sa croix et qu'il me suive» (Mr 8:34,Mt 16:24,Lu
9:23). Nous savons qu'il a été le premier à faire du renoncement à
lui-même la loi et la sublime grandeur de sa vie. Le «non pas ce que
je veux, mais ce que tu veux» de Gethsémané (Mt 26:39) est comme
le point culminant de ce renoncement devant et pour le Père. (cf.
Jn 5:30 6:38) Les écrits apostoliques font de fréquentes
allusions à ce caractère de l'oeuvre du Sauveur: l'épître aux Hébreux
rapporte une parole de Jésus entrant dans son ministère en disant:
«Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté» (Heb 10:7-9); saint
Paul, dans l'épître aux Philippiens, donne la théorie métaphysique du
renoncement de Jésus-Christ, qui, existant en forme de Dieu, s'est
dépouillé lui-même, en prenant la forme de serviteur...(Php
2:6,8) Les textes sont nombreux qui rappellent les incommensurables
conséquences du renoncement de Jésus pour le salut des
pécheurs (Eph 5:2,Heb 9:7,14,28,1Pi 2:24 etc.).

La conséquence normale de l'ordre de Jésus et de son attitude
personnelle, c'est d'amener le chrétien à renoncer d'abord à ses
passions qui en font un esclave: (Eph 4:22,Col 3:9,Ga 5:24,1Pi
2:1) «pour se donner il faut s'appartenir» (Vinet); puis de le
pousser à renoncer même à son propre être et à le mettre tout entier
à la disposition de Dieu et de son Christ pour le service des frères
(Mt 19:21,2Co 5:14 et suivant, Ga 2:20 6:14); il faut
s'être vidé de soi-même pour pouvoir être rempli de Dieu. St Paul, en
deux endroits de sa lettre aux Romains, exhorte ses lecteurs à ne pas
livrer leurs membres au péché, mais à les offrir à Dieu comme des
instruments de justice, après s'être donnés eux-mêmes (Ro 6:13);
le don de leur corps, de leur être tout entier à Dieu comme un
sacrifice vivant et saint lui apparaît comme le culte raisonnable ou
rationnel (Ro 12:1;voir Raison). La réponse de Jésus à Pierre
qui lui demandait quel serait l'avenir de ceux qui avaient renoncé à
tout pour le suivre est le suprême encouragement à réaliser la loi de
Christ, même au prix de persécutions: ils recevront au centuple
frères, soeurs, père, mère, enfants, terres ou maisons, et l'héritage
de la vie éternelle (Mt 19:29, comp. Mr 10:30). Entrer dans
la Vie (voir ce mot), n'est-ce pas l'accomplissement de la destinée
de tous les enfants de Dieu? E. H.