ARCHE
(du latin: arca-- coffre). Dans les livres les plus anciens J, E,
1 et 2 Sam., elle est appelée «arche de Dieu», ou «arche de
l'Éternel», ou simplement «arche»; dans le Deutéronome ou les passages
influencés par lui, «arche de l'alliance»; dans le Code sacerdotal
(P), «arche du témoignage». Le mot témoignage désigne ici le
décalogue, et le mot alliance dans le Deutéronome peut avoir le même sens
(=loi)
L'origine de l'arche ne nous est actuellement racontée que dans
le Deutéronome (De 10:1-5) et P (Ex 25:10-22 37:19). Ces passages
donnent la conception de l'arche qui est restée dans la tradition:
caisse en bois d'acacia pour contenir les deux tables de la loi. P
ajoute que le bois était recouvert d'or pur en dedans et en dehors,
et que le couvercle, d'or pur, était surmonté de deux chérubins aux
ailes étendues. Ce couvercle est appelé «propitiatoire» et il est
comme le point de concentration de la présence de l'Éternel qui siège
au-dessus des chérubins.
Quoique J et E, dans le texte actuel, ne racontent pas la
construction de l'arche, ils la mentionnent à plusieurs reprises:
voir No 10:33-36 (de E); Jos 3:13 4:5 (de J); Jos 6
(de JE), etc. C'est à tort qu'on a déclaré tous ces passages ajoutés
ou modifiés postérieurement. Il n'est du reste pas difficile de
signaler l'endroit où E devait raconter la construction de l'arche.
Elle figurait, en même temps que la construction du tabernacle, avant
Ex 33:7-10, dans un passage que les rédacteurs finals du
Pentateuque ont laissé de côté. Ni J ni E ne disent ce qu'il y avait
dans l'arche; mais comme ils racontent l'histoire des deux tables de
pierre écrites du doigt de Dieu (Ex 24:12 34:4), on peut
admettre qu'ils partageaient déjà, eux aussi, l'opinion postérieure
que les deux tables avaient été déposées dans l'arche. La même
conception se trouve également 1Ro 8:9, dans un morceau qui a
été remanié, mais qui contient des éléments anciens.
On peut se demander cependant si c'est bien là la conception
primitive. L'arche a certainement existé dès les temps du désert,
mais contenait-elle les deux tables de la loi? Le flottement de la
tradition relative au décalogue et le rôle de l'arche en temps de
guerre permettent de poser la question. Quelques savants admettent
qu'elle contenait effectivement des pierres, mais des pierres (ou une
pierre) fétiches servant de demeure à la divinité, conformément à une
croyance répandue dans les milieux sémitiques. D'autres, et leur
opinion serait plus acceptable, pensent que l'arche était un trône de
Dieu, analogue à ceux que l'on retrouve dans certaines religions,
trônes sans occupant, ayant parfois la forme de caisse. Mais ce sont
la de pures hypothèses et la question reste ouverte. Quel que fût du
reste le contenu exact de l'arche, elle était en tout cas le symbole
visible, le gage de la présence de l'Éternel.
Elle avait sa place naturelle dans le lieu le plus sacré du
sanctuaire, mais on pouvait l'en tirer dans des circonstances
particulières. Elle était portée de lieu en lieu pendant le séjour au
désert: No 10:35 et suivant. Elle était présente au passage du
Jourdain: Jos 3 et Jos 4, et à la prise de Jérico: Jos
6. Pendant l'époque des Juges, elle était à Silo, dont le
sanctuaire était, à cause de cela, le plus important des tribus du
Nord (1Sa 1-3). Le récit 1Sa 4-6 montre qu'on emportait
l'arche à la guerre, dans les occasions graves, pour être assuré de
la victoire: l'Éternel était la bannière d'Israël. (cf. Ex
17:15) Renvoyée par les Philistins qui s'en étaient
emparés (1Sa 6), elle fut laissée à Kirjath-Jéarim (1Sa
7:1), pendant la «judicature» de Samuel et la royauté de Saül, mais
David la transporta à Jérusalem et la plaça dans une tente nouvelle
qu'il avait élevée à son intention (2Sa 6). D'après 2Sa
11:11, elle continua à être l'enseigne d'Israël dans les guerres de
ce souverain; mais, d'après 2Sa 15:21-29, elle ne devait point
figurer dans les guerres civiles. De la tente de David, elle passa
dans le temple de Salomon, où elle fut placée entre les deux grands
chérubins aux ailes déployées, qui occupaient tout le lieu très
saint: 1Ro 8:1-9; sur les chérubins, voir 1Ro 6:23-27. On
peut conclure de certains passages des Psaumes (Ps 132:8 47:6),
qu'elle a plus tard figuré dans des processions solennelles,
organisées en l'honneur de l'Éternel, les jours de grandes fêtes;
mais après l'inauguration du temple, l'histoire ne la mentionne nulle
part. Jérémie annonce (Jer 3:14,17, passage suspecté par les
critiques) qu'on n'en parlera plus, après la ruine de Jérusalem, et
qu'on n'en fera pas de nouvelle. Peut-être, du reste, avait-elle
disparu déjà avant Jérémie, dans l'une des nombreuses occasions où le
temple a été dépouillé de ses trésors; mais faute de renseignements,
on ne peut rien dire de certain sur le moment où elle n'a plus existé.
En tout cas, il n'y avait pas d'arche dans le second temple.
Voir; Martin Dibelius, die Lade Jahwes, Goettingen, 1906; William
R. Arnold, Ephod and Ark, Harvard Theol. Stud. III, Cambridge,
London 1917. L.A..
Pour l'arche de Noé, voir Déluge, Noé.