PHYLACTÈRE

Ce terme n'apparaît qu'une seule fois dans la Bible: Mt 23:5. Le
mot grec d'où il dérive signifie litt.: moyen de protection, de
sauvegarde, amulette ou talisman. Il correspond à ce que les Juifs
appellent encore de nos jours les tephillim, pluriel du mot hébreu
tephillâ-- prière, et désigne des sortes de bandelettes de cuir
que les Israélites portaient sur le front et autour du bras gauche.
Cette coutume a son origine dans 4 passages de la loi: Ex
13:9-16,De 6:8,18. Elle apparut probablement au II° siècle av. J.-C
et devint une obligation pour tout Israélite mâle âgé de 13 ans et un
jour. Les femmes et les esclaves en étaient exempts. Il était
prescrit de mettre ces phylactères pour réciter les prières du matin,
sauf le jour du sabbat et pendant les fêtes, ces jours-là étant par
eux-mêmes déjà des signes (Ex 13:9). Toutefois, il est probable
qu'à l'époque de Jésus les Pharisiens zélés les portaient toute la
journée sur eux.

D'après la description que nous en donne la Mischna, les
phylactères consistaient en une poche large de deux doigts environ,
faite de cuir provenant d'un animal rituellement pur, que l'on fixait
au moyen d'une lanière ou bandelette autour de la tête et autour du
bras gauche. Le phylactère du front, ou «fronteau» (De 6:8), le
plus important, présentait cette particularité que la poche était
divisée en 4 compartiments. Chacun de ces compartiments renfermait un
morceau de parchemin provenant également d'un animal rituellement
pur, sur lequel on avait soigneusement inscrit l'un des 4 passages de
la loi qui instituait cette coutume. Le phylactère du bras ne
comportait qu'un seul compartiment renfermant une pièce de parchemin
où l'on avait inscrit les mêmes passages de la loi. La fixation des
phylactères comporte tout un rituel précis qui s'est perpétué jusqu'à
nos jours au sein du judaïsme orthodoxe. Tout en récitant les prières
prescrites, on fixe d'abord le phylactère du bras à même la peau, un
peu au-dessus du coude, la poche tournée vers l'intérieur du bras de
telle sorte que lorsqu'on joint les mains elle vienne reposer sur le
coeur (De 11:18). La bandelette est alors tendue et enroulée, un
nombre prescrit de fois, autour du bras et du médius de la main. On
procède ensuite à la pose du fronteau. La poche est placée entre les
yeux (Ex 13:9 etc.); la lanière est nouée derrière la tête, les
deux extrémités de cette lanière étant ramenées sur la poitrine. Pour
enlever les phylactères on procède dans l'ordre inverse. Le noeud du
fronteau doit affecter la forme de la lettre hébraïque daleth, et
celui du bras la forme d'un yod (voir Écriture, III); ces deux
lettres, avec la lettre chîn qui est gravée de chaque côté de la
poche de cuir du fronteau, forment le nom sacré: Chaddaï
(=Tout-Puissant).

Cette pratique, évidemment métaphorique en ce sens qu'elle
symbolise la fixation de la loi divine dans le coeur et la mémoire,
est mentionnée dans le Siracide (36:3) et dans la Lettre d'Aristée
(parag. 159); elle a pris une importance considérable à l'époque de
Jésus, si bien que les Pharisiens zélés portaient des phylactères
plus larges que ceux de l'usage ordinaire. Il est probable qu'alors
ces bandages étaient devenus des objets de superstition et qu'on les
considérait, ainsi que le terme grec le fait penser, comme des moyens
de protection contre les influences malignes telles que «le mauvais
oeil» et contre les démons. O. C.