ARABA (Vallée)
C'est la longue vallée qui s'étend du S. de la mer Morte au golfe
d'Akaba ou Elanitique (voir Élath), formé par la mer Rouge. Elle
constitue la partie méridionale de cette longue dépression, véritable
coupure longitudinale de l'écorce terrestre, connue sous le nom de
fossé syro-palestinien. Partant des derniers contreforts du
Taurus, il comprend le bassin du Kara-sou, en partie celui de
l'Oronte, celui du Jourdain, la mer Morte et la vallée de l'Akaba. On
peut même considérer que le chenal étroit et allongé du golfe d'Akaba
jusqu'à l'île Tiran est son prolongement au-dessous du niveau de la
mer Rouge.
La dépression de l'Araba occupe le désert de Zin. Elle commence
au Sud de la mer Morte par la plaine marécageuse et basse appelée par
les Arabes: es-Sebkha. Son sol mou et gluant, par endroits, «brille
au soleil comme de la neige fondue». Les montures s'y embourbent et
peuvent s'y enliser. C'est probablement au bord de ces bas-fonds
fangeux, connus autrefois sous le nom de «vallée des salines», que
David vainquit les Édomites (2Sa 8:13).
Le ouadi Djeib occupe en partie le thalweg de la dépression de
l'Araba. Elle est bordée à l'Ouest par des collines crétacées qui
prolongent celles qui forment le désert de Juda et la curieuse
montagne du Sel
(Djebel Ousdoum). Après un hiatus marécageux, elle se prolonge
jusqu'au seuil calcaire de Saté, ligne de partage des eaux entre la
mer Morte et la mer Rouge, puis par le «revers fortement dressé» du
plateau de Tih, souvent recouvert de dunes constituant une ligne
continue jusqu'au golfe d'Akaba.
A l'Est, elle est bordée par les hauts plateaux calcaires de
l'Idumée, flanqués de collines gréseuses de teinte fauve sur les
bases desquelles viennent s'appuyer des marnes ou des alluvions,
anciens dépôts laissés par la mer Morte lorsqu'elle s'étendait
davantage vers le S. Ces collines de grès s'élèvent peu à peu et
forment la chaîne relativement élevée des monts de Séir. Le mont Hor
(1.328m) en est le point culminant. Au haut d'une énorme masse
rougeâtre, coupée de gorges sinueuses et de crevasses, se profilent
trois sommets de hauteurs et de teintes différentes: l'un est de grès
fauve, l'autre de porphyre rouge et le troisième de calcaire blanc.
C'est sur cette merveilleuse cime, qui domine tout le pays d'Édom
«aux pierres blanches et sonores», que se trouve l'un des plus beaux
belvédères de la région. Sur l'un des sommets fut enseveli
Aaron (No 20:28); un sanctuaire musulman recouvre l'emplacement
présumé de sa tombe, devenue un lieu de pèlerinage. Sur les
contreforts des monts de Séir se trouve la curieuse ville de Pétra
(l'ancienne Séla, 2Ro 14:7); très importante jadis, elle est
aujourd'hui presque une nécropole, creusée en pleins rochers. Des
collines calcaires, coupées de gorges -profondes où circulent des
ouadis, alternent avec des collines gréseuses (grès de Nubie) jusqu'à
la coupure du ouadi Derbah où commence la masse imposante des granits
fauves qui se continue sur la rive E. de la mer Rouge, surplombant à
pic les anciennes plages soulevées.
L'immense plaine ainsi encadrée comprend des poudingues et des
marnes, puis des alluvions dont les plus méridionales sont couvertes
de marais et de dunes de sable. Elle s'élève progressivement de 350 m
au-dessous du niveau de la mer, à l'embouchure du ouadi Djeib, pour
atteindre, 240 m au-dessus, au seuil de Saté. Celui-ci, formé par une
chaîne de collines, constitue une sorte de pont, que les Arabes
comparent à «un toit» ou à «un faîte». Il est la ligne de partage des
eaux entre la mer Morte et la mer Rouge. Du pied de ces collines part
la vallée d'Akaba qui descend vers le golfe du même nom.
La plaine de l'Araba semble avoir été traversée, au moins deux
fois, par les Israélites: pendant la marche d'Horeb à
Kadès-Barnéa (De 1:19), et lorsqu'ils se rendirent au mont Hor,
la route du N. étant barrée par le roi d'Édom (No 20:21). L.P.