ORNEMENTS ET PARURES

Dans tout l'Orient, ancien et moderne, a toujours régné un amour
immodéré pour la parure. Les tombeaux égyptiens renferment
d'innombrables bijoux. (cf. Ex 12:35) Certains bas-reliefs
d'Assyrie et Babylonie, les fouilles d'Egypte ou du pays de Sumer
révèlent des toilettes somptueuses et surchargées (fig. 24, 73,
etc.). Le marché des pierres précieuses (voir art.) était surtout Tyr
et la Phénicie (Eze 27:22). Les Israélites n'échappèrent pas à
la règle, depuis les temps patriarcaux jusqu'à ceux des
apôtres (Ge 24:53,Jas 2:2). La Bible est donc pleine d'allusions
à ces coutumes et, à distance, il est difficile de démêler l'écheveau
qu'évoquent certaines énumérations de bijoux, comme Ex 35:22,No
31:50,Eze 16: et suivant, Jug 10:4 et le fameux passage de
Esa 3:16-21 sur les filles de Sion.

Commençons par les ornements du visage. La coutume était
générale chez les femmes de se perforer le nez d'un anneau. C'est le
premier cadeau du serviteur d'Abraham à Rébecca (Ge 24:22-47),
et les élégantes du temps d' Osée (Os 2:13), d'Ésaïe (Esa
3:21) ou d'Ézéchiel (Eze 16:12) n'en étaient pas dépourvues.
Le livre des Proverbes (Pr 11:22) se permet une comparaison
irrévérencieuse: «Une belle femme qui se détourne de la raison, c'est
un anneau d'or au nez d'un porc»! On portait évidemment des anneaux
ou boucles d'oreilles (Pr 25:12,Jug 10:4), agrémentés parfois de
pendants, perles ou larmes (Esa 3:19). La scène du veau d'or
semblerait indiquer que ces bijoux étaient réservés aux femmes et aux
enfants (Ex 32:2 et suivant), mais Ge 35:1,4 donne
l'impression contraire, tout en établissant que ces anneaux avaient
le caractère d'amulettes (voir ce mot), condamnables comme idolâtres.
Quant aux guerriers madianites battus par Gédéon, ils portaient bel
et bien l'anneau nasal et les pendants d'oreilles (Jug 8:24-26).
Se parait-on le front d'un bijou? Cela semble ressortir de Ex
13:16,De 6:8, et, de fait, un bandeau en or destiné à cet usage a
été retrouvé dans une tombe à Thaanac. Jadis comme aujourd'hui, les
joues étaient quelquefois encadrées d'un double chapelet de piécettes
ou de perles, descendant du front (Ca 1:10). Enfin, l'un des
articles de Esa 3:18 pouvait être un filet pour les cheveux; on
en vint dans certaines réjouissances à s'orner d'une couronne (Esa
28:1, Sir 32:2, couronne de rosés des banquets, Sag 2:8);voir
Couronne.

On usait en Israël d'une grande variété de colliers
Plusieurs types en sont mentionnés dans le Cantique des
Cantiques (Ca 1:10 4:9 7:2), mais comment les distinguer et les
caractériser? Le premier devait être fait de plusieurs rangées de
perles enfilées (cf. le collier à huit rangs, de la reine égyptienne
Karomamâ, au Musée du Louvre). D'autres appellations apparaissent
encore dans Os 2:13, et dans Ge 41:42,Eze 16:11 (peut-être
«chaîne de cou»). Ces diverses mentions se rapportent à des femmes,
mais les scènes d'investiture de Ge 41:42,Dan,5:7,16,29 montrent
que de hauts personnages masculins, comme Joseph ou Daniel, portaient
un collier. Voir encore Pr 1:9. La nature des colliers devait
aussi beaucoup varier, depuis les joyaux princiers, les colliers
d'or (Pr 25:12) ou d'ivoire, de corail ou de perles (voir ce
mot), jusqu'aux parures populaires en argent, métal, os ou
coquillages. Le collier pouvait d'ailleurs être surchargé de toute
une série d'ornements accessoires: c'est ainsi que les élégantes de
Jérusalem y suspendaient des flacons d'essence (voir plus loin) et
des amulettes (Esa 3:20) de diverses espèces, représentant par
exemple des serpents, le soleil et, fréquemment, le croissant
lunaire (Esa 3:18). On trouve celui-ci dans la toilette des
mariées au temps du Talmud, tandis qu'à la lointaine époque de Gédéon
il apparaît déjà au cou des rois de Madian et même, joint à un
collier, à l'encolure de leurs chameaux (Jug 8:21,26). Dans les
offrandes des Israélites au désert (Ex 35:22) et dans le butin
qu'ils ravirent un jour aux Madianites (No 31:50) apparaît enfin
un dernier genre de «collier» (Sg., Vers. Syn.) qui devait se
composer d'un chapelet de petites boules d'or.

Les bracelets étaient portés de plusieurs manières: soit au
poignet, d'habitude un à chaque bras (Ge 24:22-30-47,Eze 16:11
23:42), soit au-dessus du coude (2Sa 1:10, cf. Sir
21:21), ce qui paraît être un ornement surtout masculin. Un passage
comme No 31:50, où nos traductions désignent les deux objets par
«chaînettes et bracelets», établît clairement leur distinction,
confirmée par les découvertes funéraires et par les sculptures. Là
encore, matière et forme du bijou variaient beaucoup: anneaux de
métal ou de bronze; perles enfilées dans un cordon; torsades; anneaux
d'or ou d'argent, plats ou cylindriques, parfois non fermés, avec
têtes d'animaux; tissu de perles (Egypte). Dans Esa 3:19 est
mentionnée une chaîne-bracelet. On sait aussi qu'il y avait des
bracelets de jambes (voir plus loin).

On ne manquait évidemment pas de bagues dans ce paradis de la
bijouterie. Le tombeau de Thaanac auquel nous avons déjà fait
allusion en contenait huit en or et deux en argent. Les fouilles dans
les tombes palestiniennes recueillent fréquemment aussi des bagues en
cuivre ou en bronze. On a trouvé des anneaux de verre, des anneaux en
forme de tresse ou de serpent. Parmi les nombreuses mentions
bibliques, citons Ex 35:22,Ca 5:14,Jug 10:4. Aux temps
évangéliques, l'anneau était le signe de famille» (Lu 15:22) et
l'anneau d'or un signe d'opulence dans les modestes communautés
chrétiennes (Jas 2:2). Chez les hommes, l'anneau, porté à la
main droite (Jer 22:24), avait une grande importance en tant que
sceau, cachet de métal ou de pierre gravée (fig. 238, 239, 254): il
concrétisait le pouvoir des rois et des grands (Ge 41:42,Est
3:10,12, etc., Da 6:17), et symbolisait ce qu'on a de plus
précieux (Ag 2:23, Sir 17:22). Il ressort de l'histoire de
Juda (Ge 38:18-25) qu'aux temps anciens, on ne portait pas le
cachet au doigt, mais bien suspendu autour du cou par un cordon. (cf.
Ca 8:6)

Il n'est pas jusqu'aux pieds où la parure ne conservât ses
droits. Comme aujourd'hui certaines nomades des environs de la mer
Morte, les femmes de Jérusalem portaient aux chevilles des anneaux,
et même elles les reliaient d'une chaîne, excitant ainsi l'ironie
d'Ésaïe pour les petits pas prétentieux et bruyants de leur marche
entravée (Esa 3:16,18,20),

Divers accessoires de toilette sont encore mentionnés dans la
Bible: les «boucles» ou «broches» de Ex 35:22 sont des agrafes
(du type de la fibule) pour attacher le manteau sur l'épaule. Simon
Macchabée fut honoré du don de «l'agrafe d'or», qu'on réservait aux
princes (1Ma 10:89 11:58). Les femmes portaient à la
ceinture des bourses ou «sachets» (Esa 3:22), voire même des
clochettes. Les miroirs (Ex 38:8,Esa 3:23) étaient munis d'un
manche, c'étaient d'habitude de petits disques ronds d'un
métal (Job 37:18) poli et brillant (voir Miroir). On a trouvé à
Guézer un grand nombre d'épingles en or, argent ou bronze.

Ce serait une erreur, certes, et considérable, d'attribuer à
tous les Israélites un pareil déploiement d'ornements extérieurs.
Il reste toutefois que l'attrait pour ce qui est «voyant» était
général, et que l'exaltation évangélique de la «parure intérieure et
cachée qu'est un esprit paisible» (1Pi 3:3 et suivant, 1Ti
2:9 et suivant) vint à son heure.

Pour l'usage dans la toilette des parfums et des fards, voir ces
mots. Jean R.