OLIVIERS (mont des)
Aujourd'hui Djebel et-Toûr, mont qui s'étend sur près d'un km. à
l'Est de Jérusalem et à un niveau moyen de 800 m. au-dessus de la
Méditerranée (maximum 812 m. 20, près de la tour russe qui se dresse
à proximité du petit village de et-Toûr). Le mont s'infléchit
vers le N.-O, et porte à partir du col, par où passait l'ancienne
voie romaine de Jérico, le nom de Scopus. Au S. la chaîne est
prolongée par le mont dit du Scandale (probablement la «montagne
de Perdition» de 2Ro 23:13), sur la pente abrupte duquel se sont
agrippées les maisons du village de Siloé (S.-E, de Jérusalem).
Du mont des Oliviers et spécialement du haut de la tour russe, le
panorama est remarquablement étendu: à l'occident, Jérusalem avec ses
clochers et ses minarets, mais surtout l'esplanade du Haram (ancien
emplacement du Temple) avec les deux mosquées et les nombreux
monuments qui les complètent; à l'orient, les collines dénudées qui
étalent leur chaotique amoncellement jusqu'au ruban vert qui marque
la vallée du Jourdain et que surplombe la chaîne moirée des monts de
Moab; au midi, l'extrémité N. de la mer Morte et, par-dessus le
désert de Juda, la silhouette tronquée du mont des Francs (Herodium),
où fut enterré Hérode le Grand; au Nord enfin, le massif des monts
d'Éphraïm.--Le mont des Oliviers est mentionné à plusieurs reprises
et pour la première fois dans l'histoire de David. Le roi, qui
s'éloignait de Jérusalem et d'Absalom, franchit le torrent du Cédron
(qui sépare le mont des Oliviers de la terrasse où devait être le
Temple) et gravit la montagne des Oliviers avec les signes de la plus
vive désolation (2Sa 15:30).
C'est avec le «mont du Scandale» (S. du mont des Oliviers) que la
tradition identifie «la montagne qui est vis-à-vis de Jérusalem» et
sur laquelle Salomon éleva des autels à Kémos et à Moloch (1Ro
11:7). On sait quel sort leur fit Josias dans sa réforme
hardie (2Ro 23:13). Le mont des Oliviers reçut son nom des
arbres qu'on y rencontrait sans nul doute plus abondants
qu'aujourd'hui (fig. 96-98); mais à côté des oliviers, on y voyait
aussi d'autres essences, et on le sait très explicitement pour
l'époque qui suivit le retour de l'exil (Ne 8:15) où «la
montagne» était certainement très verdoyante. Dans une des visions
d'Ézéchiel (Eze 11:23), la gloire de l'Éternel s'arrêta «sur la
montagne qui est à l'orient de la ville» (Jérusalem).
Plus sombre, Zacharie prophétisait qu'au jour de l'Éternel, la
montagne des Oliviers se fendrait par le milieu, de l'orient à
l'occident (Za 14:4). Les mentions du mont des Oliviers dans le
N.T. se rapportent toutes aux événements qui marquèrent les derniers
jours de Jésus. (Seule exception, si c'en est une, dans le récit de
la femme adultère: Jn 8:1, qui se trouve dans le 4 e évang,
auquel il n'appartenait pas primitivement.) Le chemin de Jérico à
Jérusalem franchissait le mont des Oliviers et c'est à la descente
vers le Cédron qu'eut lieu la réception dite «des Rameaux» (Lu
19:37).
La localisation du village de Bethphagé, situé sur la pente
orientale du mont des Oliviers (Mt 21:1) et sans doute à peu de
distance de Béthanie (Mr 11:1,Lu 19:29), reste très malaisée.
Pendant les jours qui précédèrent son arrestation, Jésus enseigna
dans le Temple (Mt 21:23), mais aussi parfois en face et
précisément sur une des pentes du mont des Oliviers (Mt 24:3).
Quant à ses nuits, il les passa ou à Béthanie (Mt 21:17,Mr
11:11) ou, à l'exemple de nombreux pèlerins, en plein air, sur la
montagne des Oliviers (Lu 21:37). Ceci explique parfaitement
pourquoi Judas, au courant de cette habitude, put guider si
facilement la petite troupe qui arrêta Jésus, au soir du
jeudi (Lu 22:39,47).
Le jardin de Gethsémané (voir ce mot) se trouvait de l'autre côté
du Cédron (Jn 18:1). C'est la seule indication nette qui nous
soit donnée par les évangiles. La localisation traditionnelle répond
à cette condition mais repose entièrement sur des témoignages de
pèlerins ou historiographes du IV e siècle. Si Eusèbe signale que
Gethsémané est situé «contre le mont des Oliviers», saint Jérôme,
plus précis, indique qu'il est «à la base» de la montagne. La
pèlerine Ethérie y a vu en 385 une église et de celle-ci on retrouva
des mosaïques qui en fixent tout naturellement l'emplacement. Avec
les seuls textes évangéliques, nous chercherions Gethsémané bien plus
haut sur la pente du mont. La tradition nous ramène tout à fait à sa
base. Il serait vain d'en dire plus et les localisations trop
précises (Agonie, Trahison) reposent sur des bases trop fragiles pour
qu'il soit possible d'en faire état. Il en sera de même pour les
souvenirs abondants localisés sur le même mont des Oliviers.
De l'Ascension (Ac 1:12), la tradition voulut situer deux
des épisodes et, sans preuve aucune, elle indique ainsi le lieu où
Jésus quitta ses disciples (Mosquée de l'Ascension) et celui où
deux hommes vêtus de blanc se présentèrent à eux (« Viri Galiloei »).
L'enseignement de l'oraison dominicale étant rapporté
par Luc après un épisode localisé à Béthanie (Lu 10:38,42 11:1),
la tradition (XII e siècle) retrouva le site et un couvent de
Carmélites y fut élevé. A quelques pas, on indique aussi une grotte
où aurait été composé le Symbole des apôtres; cette tradition ne
trouve d'ailleurs pas grand crédit et l'emplacement était déjà
consacré par une basilique constantinienne (l'Éléona =des
oliviers) édifiée «en mémoire de l'Ascension accomplie--non en ce
lieu--sur la cime de la montagne», basilique dont les fondations ont
été récemment exhumées. Apocryphe aussi, un tombeau dit «des
Prophètes», qui est tout au plus un hypogée de chrétiens du IV e ou V
e siècle...Enfin, au pied du mont des Oliviers et non loin de
Gethsémané, on montre le «tombeau de la Vierge». Les localisations
vraiment hors de contestation sont ici, à notre avis, presque
inexistantes.
Au sens du P. Abel qui étudia les sanctuaires de cette région, le
mont des Oliviers «condensa sur son sommet plusieurs traditions
flottantes» et il fut un temps où l'on n'hésita pas à concentrer tout
au même endroit, y compris les indulgences, pour alléger les fatigues
des pèlerins. Le mont des Oliviers est lourd des souvenirs qu'il
porte. Josèphe disait que le déboisement et la guerre de 70 ap. J.-C,
l'avaient rendu méconnaissable. Pourquoi les hommes n'ont-ils pu
s'empêcher de le défigurer complètement en y édifiant d'aussi
monumentales basiliques? A. P.