NOMBRE

I Arithmétique.

Si loin qu'on remonte dans l'histoire israélite, on trouve en usage
notre système décimal. De même Assyriens, Babyloniens, Égyptiens,
Grecs et Romains comptaient par unités, dizaines, centaines,
milliers, etc. Mais la Bible ne nous montre pas en Israël un
développement des mathématiques aussi considérable que chez les
autres peuples orientaux. Seules sont mentionnées les opérations les
plus simples, nécessaires dans la vie courante: additions, lors des
opérations de recensement (No 1,26), soustractions (Le
27:18), multiplications (7x7 dans Le 25:8; 273x5 =1.365 dans
No 3:46-50) divisions et même 1 application de la règle de
trois (Le 25:27-50).

L'hébreu possède des termes pour désigner chaque unité, chaque
dizaine, cent, deux cents, mille, deux mille, dix mille et vingt
mille. Les autres noms de nombres, pour les plus élevés, sont formés
par des combinaisons de ces termes, qui souvent expriment en
périphrases des quantités innombrables, infiniment grandes (mille
milliers, des myriades de myriades; Da 7:10,Ap 5:11). L'idée
mathématique d'infini ne se trouve pas dans la Bible; la notion qui
s'en rapproche le plus est celle de l'incalculable: «aussi nombreux
que les grains de la poussière de la terre...si l'on peut la
compter», «comme les étoiles, si tu peux les compter», «vaste comme
le sable qui est sur le bord de la mer», «une grande multitude que
personne ne peut compter» (Ge 13:16 15:5,1Ro 4:29,Ap 7:9). Il
existe aussi des termes spéciaux pour les adjectifs numéraux
ordinaux, premier, second, etc., pour indiquer «sept fois», et
certaines fractions, comme tiers, quart, etc.

Dans le texte hébreu de l'A.T, et dans la plus grande partie du
texte grec du N.T., les nombres sont exprimés par les mots eux-mêmes,
écrits en toutes lettres. C'est aussi le seul procédé utilisé dans
les plus anciennes inscriptions hébraïques. Plus tard, après l'exil,
on utilisa les lettres de l'alphabet pour représenter les nombres: de
1 à 9, les unités étaient marquées par les 9 premières lettres, les
dizaines, de 10 à 90, par les 9 lettres suivantes, et les centaines,
de 100 à 400, par les 4 dernières lettres. Les autres nombres étaient
formés par la combinaison de ces lettres. Détail curieux: 15 aurait
donc dû s'écrire avec les lettres yod (=10) et (=5); mais
comme ces lettres réunies auraient donné une des formes du nom sacré
de JVHH, on y substitua les lettres teth et vav, c-à-d. 9
+ 6. C'est ainsi que sont numérotés les chapitres et les versets de
la Bible hébraïque. La même méthode numérique est utilisée en grec
(voir Écriture, les deux colonnes des valeurs numériques dans le
tableau du t. I, p. 315). L'introduction d'une notation simplifiée,
avec chiffres et nombres, eut une importance considérable; le
développement de l'arithmétique et des mathématiques en fut la
conséquence heureuse.

II Approximations.

En présence de certaines évaluations bibliques, on est obligé de se
demander jusqu'à quel point elles peuvent être exactes. Il faut noter
d'abord que le sens de l'exactitude numérique est une donnée de la
science moderne et que, dans l'antiquité et spécialement en Orient,
les nombres, surtout très élevés, étaient approximatifs plutôt que
précis. Les estimations faites notamment des effectifs d'armées sont
rarement rigoureuses et le plus souvent exagérées. Il faut compter
avec l'imagination orientale qui aime à jouer sur des chiffres sans
mesure. Mais lors même qu'à l'origine les chiffres donnés auraient
été strictement exacts, la transmission des textes par des copies au
cours des siècles et des millénaires a vraisemblablement donné lieu à
des modifications de ces chiffres, et cela d'autant plus aisément
qu'en hébreu les noms des nombres se confondent facilement les uns
avec les autres; une lettre oubliée, ou ajoutée, ou modifiée
légèrement (or bien des lettres se ressemblent), et le nombre change
dans des proportions qui peuvent être considérables. D'autre part, en
copiant des nombres, le copiste n'a pas le secours du contexte pour
se maintenir dans l'exactitude, comme c'est le cas pour d'autres
mots. Enfin, il se peut aussi que l'imagination orientale ait agi sur
quelques scribes, en les incitant à corriger, à renforcer ici ou à
diminuer là.

L'examen comparé de manuscrits divers et des versions anciennes
qui nous ont transmis le texte sacré (voir Texte de l'A.T., du N.T.)
permet en effet de constater que les nombres sont particulièrement
susceptibles d'altération. En bien des cas, on ne peut savoir avec
certitude quels étaient ceux du texte original, surtout quand ils
sont élevés. Et même lorsqu'un nombre est donné plusieurs fois dans
divers passages de la Bible, il peut arriver qu'il varie d'un passage
à l'autre; c'est souvent le cas entre les livres de Samuel, des Rois
et des Chroniques: le recensement ordonné par David fournit, dans
2Sa 24:9, les chiffres de 800.000 hommes en âge de porter les
armes pour Israël, et 500.000 pour Juda; tandis que 1Ch 21:5
donne respectivement les chiffres de 1.100.000 et 470.000.

Les nombres varient aussi suivant les manuscrits; par exemple
pour l'âge des patriarches: le texte hébreu traditionnel attribue à
Métusélah (Mathusalem) 969 ans et en fait le patriarche qui vécut le
plus âgé (Ge 5:27); mais, d'après le texte samaritain, sa vie
est de 720 ans seulement, moins longue que celle de plusieurs
patriarches. De même, dans le texte hébreu, l'intervalle entre la
Création et le Déluge est de 1.656 ans (Ge 5 7:6); il est de
1.307 ans d'après le texte samaritain, et de 2.262 ans d'après la
version grecque des LXX De même dans le N.T.: la plupart des
manuscrits de Ac 27:37 donnent pour nombre des passagers 276,
mais quelques-uns ont 76 seulement; dans Ap 13:18, le nombre de
la Bête est généralement 666, mais 616 pour quelques manuscrits.

Enfin d'évidentes erreurs de copistes apparaissent à la lecture.
Dans Jos 15:32, il est dit que les villes du Midi de Juda furent
au nombre de 29, mais les localités qui viennent d'être énumérées
sont au nombre de 36. Dans 2Sa 15:7, le texte porte 40, là où,
évidemment, il faut 4. Dans 2Ch 22:2, l'âge attribué à Achazia à
son avènement, 42 ans, l'aurait fait plus âgé que son propre père,
Joram; 2Ro 8:26 donne le vrai chiffre: 22 ans.

Il est important de noter que souvent les chiffres, même cités
exactement, n'ont pas la précision des sciences exactes
d'aujourd'hui. Ainsi, il est rare que le but d'un recensement soit
d'établir une statistique rigoureuse: il s'agit d'un acte religieux,
accompli sur l'ordre de l'Éternel (No 1:2 26:1 et suivant), ou
de préoccupations généalogiques (Esd 8:1-20,Ne 7:5,69); par
ailleurs, ces recensements comportaient tout un arrière-fond de
superstitions qui leur enlèvent leur valeur objective.
(Ex 30:12,2Sa 24,1Ch 21) En définitive, les nombres fournis par ces
recensements sont généralement approximatifs; et comme très souvent
on les «arrondit» (2Sa 24:9,No 1:21,23,25), ils semblent bien
indiquer un résultat donné «en gros», plutôt qu'une donnée de
précision.

Il faut signaler aussi l'emploi fréquent de certains nombres
«ronds», comme 2 ou 5, pour désigner «un petit nombre», et comme 100,
1.000 ou 10.000 pour désigner «un nombre important» (Le
26:8,De 1:11 32 30 1Sa 18:7,Pr 17:10,Ec 6:3 8:12,Esa 30:17,Mt
18:12,1Co 4:15 14:19,Ap 5:11). Les termes «millier» et «myriade»
prennent même quelquefois un sens collectif: compagnie de mille
hommes (Ex 18:21,25,No 1:16,1Sa 20 2 etc.), ou, d'une façon
plus générale encore, famille (Jug 6:15,1Sa 10:19 etc.); comp,
aussi l'expression hyperbolique «les myriades des milliers
d'Israël» (No 10:36). Des textes comme No 31:5,Jos 22:14,1Sa
23:23 donnent quelque idée de la transition entre le sens
arithmétique et le sens plus ou moins technique de ces termes.

Les Hébreux rapprochaient volontiers deux chiffres consécutifs
comme 2 et 3, ou 3 et 4, soit pour indiquer une petite quantité
(Esa 17:6, il ne reste sur l'olivier après la récolte que 2 ou 3
fruits au sommet, 4 ou 5 sur les branches les plus chargées),--soit
pour donner un caractère solennel au chiffre le plus élevé et faire
porter un accent spécial de gravité sur ce qui est ainsi énumère:
ainsi dans (Pr 30 Pr 21 Pr 24 Pr 29): «la terre tremble sous 3 choses,
même sous 4...», etc. et suit l'énumération des 4 choses. (cf.
Sir 26:5) Le début du livre d'Amos offre un exemple encore plus
frappant de cette répétition solennelle: «A cause des trois et même
des quatre crimes de Damas,...de Gaza,...de Tyr,...d'Édom,...des
Ammonites,...de Moab,...de Juda,...d'Israël» (1:3,6,9,11.13 2:1,4,6).
Comp. Os 6:2.

Comme l'emploi des nombres n'a pas pour unique but d'exprimer des
notions arithmétiques, mais quelquefois aussi des notions symboliques
(voir plus loin), il est très difficile d'apprécier exactement les
données numériques. Aucune loi ne peut établir avec certitude s'il
s'agit de chiffres ayant la valeur propre qu'ils expriment, ou de
chiffres approximatifs, ou de chiffres à portée symbolique. Dans bien
des cas on peut déterminer s'il y a approximation, ou symbolisme,
mais aucune règle n'entre en jeu pour cette détermination et il est
parfois impossible d'être fixé.

III Symbolisme.

Les nombres le plus souvent tenus pour sacrés sont 3, 4, 7, 10, 12,
40, avec leurs multiples.

Les chiffres 1 et 2 peuvent aussi, dans certains cas, présenter
un aspect symbolique. Toutefois, ils sont si fréquemment utilisés
que, tout en leur reconnaissant un rapport mystique avec ce qu'ils
indiquent, on ne doit pas leur attribuer dans tous les cas une valeur
symbolique nettement déterminée.

UN, expression de l'unité divine: «L'Éternel notre Dieu est
Un» (De 6:4). «Vous n'avez qu'un seul Maître,...qu'un seul
Père,...qu'un seul Directeur» (Mt 23:8-10). «II y a un seul
Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de
tous» (Eph 4:5 et suivant). Le Christ a offert un seul sacrifice
pour les péchés (Heb 9:26 10:12). Jésus déclare: «Moi et le
Père, nous sommes un» (Jn 10:30), et il prie pour que de même
les croyants «soient un» (Jn 17:11-21). Déjà, des païens et des
Juifs «Dieu a fait un seul peuple» (Eph 2:14). Les époux
deviennent «une seule chair» (Ge 2:24,Mr 10:8). Souvent «un
seul» s'oppose à plusieurs, ou à beaucoup (De 32:30,Lu 17:15 et
suivants
, 1Co 12:26,Heb 11:12); parmi les hommes Dieu n'en
trouve «pas même un seul» qui soit juste (Ps 53:4,Jer 5:1,
etc.); Dieu n'impose à l'homme qu' «une chose nécessaire» (Lu
10:42), il n'en manque qu'une au jeune riche (Mr 10:21). Noter
encore les cas uniques du rituel: l'expiation célébrée «une fois par
an» (Ex 30:10), le grand-prêtre entrant dans le lieu très saint
«une fois par an» (Heb 9:7), les «agneaux d'un an» pour les
sacrifices (Ex 12:5,Le 9:3,No 6:12 etc.).

DEUX, souvent appliqué au monde de la nature: 2 grands
luminaires (Ge 1:16), est le symbole des paires et des couples
naturels: les êtres vivent et se reproduisent par couples, les hommes
ont 2 mains, 2 yeux, 2 oreilles, etc. Dans le domaine social, «deux
valent mieux qu'un» (Ec 4:9); il faut deux témoins au minimum
pour justifier la peine de mort (De 17:6); Jésus envoie deux à
deux apôtres et disciples (Mr 6:7,Lu 10:1). Pour la valeur du
terme: double, voir ce mot.

TROIS possède assurément une valeur symbolique. Dans l'A.T., il
est vrai, n'apparaît pas nettement le caractère sacré de ce chiffre
pris en lui-même. Le choix donné à David entre 3 châtiments d'une
durée respective de 3 ans (7 d'après 2Sa 24:13), 3 mois, ou 3
jours (1Ch 21:12), le fait qu'Élie s'étend à 3 reprises sur le
cadavre de l'enfant (1Ro 17:21), la prière de Da 3 fois
répétée dans la journée (Da 6:10) ne sont pas des exemples
démonstratifs de ce symbolisme. Par contre, la formule de bénédiction
de No 6:24,26, avec la triple mention du nom de l'Éternel,--et
surtout le chant de Esa 6:3, où l'Éternel est appelé 3 fois
Saint (voir Sanctus), sont plus significatifs. Il faut observer
d'ailleurs qu'en Babylonie, comme en Egypte, le chiffre 3 avait un
caractère sacré très marqué. Plus tard, dans l'Église chrétienne, sa
valeur symbolique s'accentuera: le Christ doit rester 3 jours et 3
nuits dans la tombe (Mt 12:40, cf. Jn 2:19); il doit
ressusciter «après 3 jours», dit Marc (Mr 10:34 etc.), «le 3 e
jour», disent les textes parallèles de Matthieu et Luc; Pierre renie 3
fois (Mt 26:34) et Jésus ressuscité lui demande 3 fois s'il
l'aime (Jn 21:15,17); Saul reste 3 jours aveugle (Ac 9:9);
Paul prie 3 fois pour être libéré de l'écharde (2Co 12:8); il y
a trois grandes vertus (1Co 13:13), 3 témoins dans le ciel et
sur la terre (1Jn 5:7 et suivant); comp, le dogme de la Trinité
(voir ce mot, et Témoin, parag. 8).

QUATRE est un symbole de plénitude, fréquent dans les écrits
apocalyptiques. L'origine en est sans doute dans les 4 points
cardinaux, qui permettent de s'orienter dans l'univers: il y a 4
extrémités de la terre (Esa 11:12,Eze 7:2,Ap 7:1 20:8), il y a
aussi 4 vents (Jer 49:36,Eze 37:9,Da 7:2), 4 grandes rivières en
Éden (Ge 2:10); il y a 4 animaux (Da 7:3,17,Ap 4:6), 4
cornes et 4 chars dans la vision de Zacharie (Za 1:18 6:1), 4
anges de destruction (Ap 9:14 et suivant), 4 rameaux à la racine
des pensées, qui est le coeur: le bien et le mal, la vie et la mort
(Sir 37:18, cf. De 30:15), etc. Le taux des
restitutions est quadruple dans certains cas (Ex 22:1), comme
l'adopte Zachée repentant (Lu 19:8); mais la même loi prévoit
aussi le taux du quintuple.

CINQ est la moitié d'un nombre parfait (Le 5:16). D'où,
peut-être, son emploi répété en Egypte (Ge 43:34 45:6,22
47:2,24), et en tout cas dans les aménagements des
sanctuaires (Ex 26:3,26,37 27:1-18,1Ro 7:39,49,2Ch 6:13,Eze
40:7 etc.); d'où sans doute aussi son emploi par Jésus dans
plusieurs paraboles (Mt 25:2-15,20,Lu 12:6-52 14:19 16:28 10,18
et suivant). Les Hébreux avaient 5 livres de la Loi (le Pentateuque),
5 divisions dans leur livre des Psaumes, 5 rouleaux sacrés (Megillôt)
pour les 5 grandes fêtes; il y a 5 grands discours
dans l'évangile de Matthieu (voir art., III, 2, 2°, 2). Il y eut 5
frères Macchabées, fils de Mattathias (1Ma 2: 2). Le
Siracide (Sir 17:5) appelle les 5 sens «les 5 énergies du
Seigneur», et il y ajoute la raison et la parole pour atteindre 7, le
chiffre entre tous sacré.

SIX tient son importance relative, à la fois de son voisinage de
7 et du fait qu'il est la moitié de 12:

(a) comme 7-1, voir, dans la période de 7 jours de la
création, le travail de 6 jours que doit compléter un jour de repos
pour accomplir un cycle parfait (Ex 20:11, cf. 21:2, De
15:12,18, Jer 34:14, Lu 13:14); noter aussi la prise de
Jérico (Jos 6:3,14), les 6 branches qui sortent des côtés du
chandelier sacré (Ex 25:32), etc.;

(b) comme 12/2, voir la mesure courante de 6
coudées (Eze 40:5-12 41:1 etc.), la durée de 6 mois moitié
d'une année (Lu 4:25,Ac 18:11), etc.

SEPT. La valeur symbolique de ce chiffre est très grande. On doit
sans doute en voir l'origine première dans le phénomène naturel du
mois lunaire qui se divise en 4 semaines de 7 jours, peut-être aussi
dans l'existence de 7 planètes reconnues par les observations
astronomiques des Babyloniens. En fait, chez les Hébreux, 7 est le
nombre sacré par excellence. Si la Bible ne le dit pas expressément,
cela ressort bien de sa fréquente apparition dans toute la vie
religieuse. Le calendrier, d'abord, est dominé par le chiffre 7:
le monde créé en 7 jours, l'institution fondamentale du sabbat du 7 e
jour, commémorant le 7 e jour de la création, et d'où découlent
l'année sabbatique ou 7 e année, l'année du jubilé ou année qui suit
7 fois 7 ans, l'intervalle de 7 semaines entre les fêtes de la Pâque
et de la Pentecôte, la fête des Tabernacles, au 7° mois, qui durait 7
jours (Ge 2:2 et suivant, Ex 20:10,Le 25:4,8,13 23:15,34,
etc.). Dans la liturgie, apparaissent le chandelier à 7
branches (Ex 25:31), la septuple aspersion de sang (Le
4:6), les 7 agneaux à offrir en sacrifice (No 28:11,Le 23:18),
etc. Les grandes manifestations religieuses ont souvent leur
solennité renforcée par le chiffre sacré: Jacob s'incline 7 fois
devant Esaü (Ge 33:3); 7 prêtres sonnent de la trompette lors de
la prise de Jérico, et l'on fait, le 7 e jour, 7 fois le tour de la
ville (Jos 6:4); au jour du jugement de l'Éternel, 7 femmes
s'attacheront à un seul homme (Esa 4:1); on choisit 7 diacres
dans l'Église primitive (Ac 6:3). Des périodes de 7 jours
sont employées à délibérer sur une affaire importante ou à préparer
une action (Ge 8:10-12,1Sa 10:8 11:3 13:8,Eze 3:15 et suivant,
etc.); on compte parfois 7 jours de noces (Tob 11:19) ou 7
jours de deuil (Jug 16:24, Sir 22:12). L'histoire de Samson
reproduit à maintes reprises le nombre 7 (Jug 14:12 16:7,13,19).
le serviteur d'Élie regarde 7 fois du côté de la mer (1Ro
18:43); le juste peut tomber 7 fois (=souvent) et toujours se
relever (Pr 24:16); le conte de Tobit (3:8, etc.) donne 7 maris
successifs à Sarra; une septuple récolte peut châtier des semailles
d'iniquité (Sir 7:3); 7 esprits impurs s'emparent du coeur
d'un homme purifié (Mt 12:45). Enfin, dans les récits
apocalyptiques,
le nombre 7 joue un rôle dominant: 7 temps (Da
4:16), 7 yeux (Za 3:9,Ap 5:6), 7 lampes et 7 conduits (Za
4:2), 7 Églises d'Asie (Apoc, 1:4), 7 étoiles, 7 anges et 7
chandeliers (Apoc, 1:20), 7 lampes et 7 esprits de Dieu (Ap
4:5), 7 sceaux (Apoc, 5:1), 7 cornes (Ap 5:6), 7
trompettes (Ap 8:2), 7 tonnerres (Ap 10:3), 7 têtes (Ap
13:1), 7 fléaux (Ap 15:1), 7 coupes d'or (Ap 15:7), 7
montagnes (Ap 17:9). etc.

La signification symbolique de 7, pour si grande qu'elle soit,
n'est pas clairement définie; peut-être faut-il y voir une idée de
conclusion, d'achèvement (la Création achevée le 7 e jour), d'où la
notion de plénitude, de perfection; peut-être y a-t-il aussi quelque
rapport avec l'idée d'alliance, qui joue un tel rôle dans la vie
religieuse d'Israël, car le même terme hébreu chéba signifie à la
fois «sept» et «alliance».

La valeur sacrée du 7 entraîne celle de son multiple 70. Il y a
70 anciens d'Israël (Ex 24:1,No 11:16), la famille de Jacob
compte 70 membres à son départ pour l'Egypte (Ge 46:27), l'exil
dure 70 ans (Jer 25:11 29:10), Jésus envoie en mission 70
disciples (Lu 10:1), etc. Quand Pierre propose de pardonner
jusqu'à 7 fois, Jésus répond: jusqu'à 70 fois 7 fois (Mt 18:21
et suivant), contraste avec la formule de représailles du chant de
Lémec (Ge 4:24).

HUIT apparaît souvent, en dehors de quelques comptes
fortuits (1Sa 17:12,Jer 41:15,Ac 9:33,1Pi 3:20,2Pi 2:5 etc.),
sous la forme «le 8 e jour» (Ex 22:30,Le 14:10,1Ro 8:66,2Ch
29:17 etc.) ou «8 jours après» (Lu 9:28,Jn 20:26); dépendant
du cadre de la semaine, en particulier pour la cérémonie de la
circoncision (Ge 17:12 21:4,Le 12:3,Lu 2:21 etc.). Certaines
mesures aussi prennent 8 comme double de 4 (Ex 26:25,No 7:8,1Ro
7:10,Eze 40:9,31,41).

NEUF représente une fois 10--1 (Lu 17:17); la seule
expression remarquable à son sujet est la 9 e heure (3 h. de
l'après-midi), mentionnée à plusieurs reprises dans le N.T. pour des
faits caractéristiques (Mt 20:5 27:45 et suivant et parallèle
Ac 3:1 10:3-30).

DIX Ce nombre est aussi tenu pour symbolique et sacré, ayant été
pris pour base du système décimal. (cf. Ne 11:1,Ec 7:19) D'où,
au cours de la prière d'Abraham, la diminution de ses évaluations,
d'abord de 5 en 5, puis de 10 en 10 jusqu'à 10 (Ge 18:28,32). Il
peut être employé comme chiffre rond (Ge 31:7,No 14:22,1Sa
1:8,2Sa 19:43,Job 19:3), mais comme symbole il évoque l'idée de
perfection: dans les 10 commandements du Décalogue (Ex 34:28),
les mesures du tabernacle, du Temple et des ustensiles sacrés (Ex
26:1-16 27:12,1Ro 6:3-23 et suivant, Eze 40:11, etc.), les 10
cornes et les 10 rois des visions apocalyptiques (Da 7:7-24,Ap
13:1 17:12), les 10 jours de persécution (Ap 2:10), les 10
vierges de la parabole (Mt 25:1), les 10 drachmes (Lu
15:8), les 10 serviteurs et les 10 mines (Lu 19:13 et suivant).
Il faut faire une mention spéciale de la dîme (voir ce mot), tantième
symbolique du sacrifice (De 14:22). Noter enfin que le chiffre
des 10 tribus du royaume d'Israël à partir du schisme n'apparaît pas
dans les textes sacrés, en dehors de la prédiction symbolique
d'Ahija (1Ro 11:31,35).

ONZE. A part les cas fortuits où l'on constate le nombre 11:
durée d'un règne, d'un voyage (2Ro 23:36 24:18,De 1:2), c'est
généralement 12--1, soit pour les fils de Jacob (Ge 32:22 37:9),
soit pour les apôtres (Mr 16:14 et parallèle, Ac 1:26 2:14).

DOUZE. Signe du peuple de Dieu, aussi bien dans le N.T. que dans
l'A.T. La valeur symbolique de ce nombre peut provenir des 12 mois de
l'année solaire, (cf. Ap 22:2) ou du fait qu'il est à la fois
divisible par 3 et par 4, et le nombre des fils de Jacob (Ge
35:23) a décidé de celui des 12 tribus d'Israël (Ge 49:28). De
très bonne heure il fut regardé comme très important puisqu'on
s'efforça, en dépit des soustractions ou des additions qui purent se
produire, de maintenir intact le nombre de 12 tribus (voir Tribus
d'Israël): lorsqu'une tribu, celle de Lévi, est retirée du compte, on
en crée artificiellement une autre par la subdivision de celle de
Joseph en Éphraïm et Manassé (No 1). De même pour les 12 apôtres
(Mr 3:14, cf. Mt 19:28); après l'ascension de Jésus la
mesure qui parut la plus urgente fut le choix immédiat d'un 12 e
apôtre pour remplacer Judas (Ac 1:15,26); 12 et ses multiples se
retrouvent dans les emblèmes des tribus (Ex 24:4 28:21,Jos
4:9,20,1Ro 11:30 18:31 etc.), dans les 120 talents de la reine de
Séba (1Ro 10:10), dans certaines mesures du Temple (1Ro 7:15
25) dans les 12 portes du Temple d'Ézéchiel (Eze 48:31,34),
puis dans les visions de l'Apoc, avec les 12 portes et les 12 anges
de la Nouvelle Jérusalem (Eze 21:12-21), ses 12.000 stades, les
144 (=12 x 12) coudées de sa muraille (Eze 21:17), les 24
vieillards (Eze 4:4), les 144.000 (=12 x 12 x 1.000)
élus (Eze 7:4 14:1), etc.

QUATORZE apparaît quelquefois comme le double de 7, notamment dans
le compte des jours (2Ch 30:15, Tob 8:19 et suivant
10:7, comp. Job 42:12 et Job 1:3)

QUINZE dépend du système décimal (Ex 27:14 38:14 et suivant,
Le 27:7,1Ro 7:3), et les 15 jours de Ga 1:18 représentent
deux semaines, comme dans notre langage courant.

VINGT et TRENTE, appartenant au système décimal, interviennent
dans les mesures du Temple

20: (Ex 27:16,1Ro 6:2,Eze 40:49,Za 5:2), etc.;

30: (Ex 26:8,1Ro 6:2 7:2-6,23,Eze 46:22), etc.,

les estimations officielles

20: (1Ro 5:11 9:11)

30: (Ge 32:15,Ex 21:32,Le 27:4,Esd 1:9)

ou comme chiffres ronds (Mr 4:8 etc.).

QUARANTE, nombre rond entre «un peu» et «un grand nombre»,
occupe aussi une place importante dans la symbolique biblique. Il
exprime souvent des périodes, 40 ans (c-à-d, l'équivalent
approximatif d'une génération humaine) ou 40 jours. Ainsi, pendant le
déluge, la pluie dure 40 jours (Ge 7:4); le voyage au désert
dure 40 ans (No 14:33,Am 5:25); Moïse reste 40 jours sur la
montagne (Ex 24:18); sa vie se divise en 3 périodes de 40
ans (cf. Ac 7:23,30,36) - l'exploration de Canaan dure 40
jours (No 13:25); Othniel, Débora et Gédéon procurent chacun au
peuple d'Israël un repos de 40 ans (Jug 3:11 5:31 8:28); le
peuple subit la domination des Philistins pendant 40 ans (Jug
13:1); Goliath se présente matin et soir pendant 40 jours (1Sa
17:16); Élie marche 40 jours et 40 nuits jusqu'en Horeb (1Ro
19:8); Jonas laisse 40 jours à Ninive pour se repentir (Jon
3:4); Jésus jeûne 40 jours au désert (Mt 4:2); il apparaît à
ses disciples pendant 40 jours après sa résurrection (Ac 1:3).
Dans un peuple où «le désert» a joué un rôle si important, 40 semble
être le chiffre symbolique du désert (Eze 29:11), et par
extension des périodes d'attente et de préparation. C'est aussi un
chiffre de mesures (1Ro 6:17,Eze 41:2 46:22); la bastonnade
israélite comportait un maximum de 40 coups (De 25:1-3), que le
judaïsme limitait à 39 pour éviter qu'il ne fût dépassé (2Co
11:24).

CINQUANTE occupe dans le système décimal une place particulière
qui lui vaut de nombreuses mentions: mesures (Ge 6:15,Ex
27:12,1Ro 7:2,6,Eze 40:15 etc.), troupes de soldats ou de
civils (2Sa 15:1,1Ro 1:5,2Ro 1:9 15:25,Esd 8:6,Mr 6:40), sommes
d'argent (Le 27:3,De 22:29,2Ro 15:20,Lu 7:41), âge de certaines
retraites (No 4:3 8:25, cf. Jn 8:57). On sait que Pentecôte
(voir ce mot) signifie en grec cinquantième [jour après la Pâque],
soit le terme de 7 semaines de 7 jours =49 jours.

La longueur normale de la vie humaine est évaluée entre 70 et 80
ans (Ps 90:10); en dehors de cette évaluation, le chiffre de 80
n'apparaît guère, comme celui de 60 (2Ch 3:3,Da 3:1 etc.); pour
70, on en a parlé à propos de 7; et 90 ne se trouve pas dans la
Bible.

CENT et ses multiples,

MILLE et ses multiples, ont surtout la valeur, signalée plus haut,
de désignations des grandes quantités. Mais ils précisent parfois des
distances: 100 coudées =environ 50 m. (Ex 27:9,11,18,1Ro 7:2,Eze
40:19 etc.); des sommes d'argent: 100 sicles, talents, deniers,
etc. (Ge 33:19,Ex 38:27,De 22:19,Mt 18:28); comp. 1.000
coudées (No 35:4,Eze 47:3), 1.000 talents (2Ro 15:19,1Ch
19:6), etc. Les nombres les plus élevés dans la Bible sont, d'abord,
les évaluations fort exagérées de la splendeur de David: un million
de talents d'argent, et un million cent mille hommes pouvant
combattre en Israël (1Ch 22:14 21:5), puis les tableaux
d'apocalypses évoquant les foules incommensurables: les deux myriades
de myriades (=200 millions) de cavaliers célestes (Ap 9:16),
les mille milliers d'anges (=1 million) qui assistent, et les 10
myriades de myriades (=1.000 millions, ou un milliard) qui entourent
l'Éternel (Da 7:10).

On le voit, les nombres deviennent particulièrement importants dans
le genre apocalyptique (voir Daniel, Apocalypse). Aussi sont-ils
nombreux dans le Pseud. Esd., soit pour les dates soit pour les
détails des visions de cette grande apocalypse juive (voir
Apocalypses).

IV Développement du symbolisme.

La valeur mystique attribuée aux nombres s'est développée dans un
sens magique et superstitieux. Déjà la Bible contient des traces d'un
procédé curieux qui se développera davantage par la suite, appelé
gématrie guématria, du mot grec géométria, cf. géométrie .
Il s'agit d'interprétation symbolique des nombres: ceux-ci étant
considérés comme pleins de signification secrète, chaque objet
possède son «nombre» fondamental, et le nom de chaque objet ou de
chaque personne cache dans ses lettres, ou plutôt dans la valeur
numérique de ses lettres, l'expression d'une valeur intrinsèque plus
ou moins mystérieuse des objets ou des personnes. Partant de là, on
édifia un système de règles permettant de découvrir la valeur secrète
des mots du texte sacré. On changeait les mots en nombres, en
substituant aux lettres du mot les nombres qu'elles désignaient et en
additionnant ces nombres; par une méthode inverse, on formait avec
ces nombres de nouveaux mots et ainsi se révélaient, pensait-on, des
secrets cachés dans l'Écriture Sainte. On a pensé trouver des traces
de gématrie dans l'A.T., par exemple dans les 318 serviteurs
d'Abraham (Ge 14:14), 318 étant le total des nombres fournis par
les lettres du nom de son serviteur Eliézer (Ge 15:2); le
rapprochement peut être une coïncidence, et n'est donc pas probant.
Dans le N.T., par contre, un cas certain nous est fourni par le
nombre de la Bête (Ap 13:18), qui est de 666 (616 dans certains
manuscrits). Le contexte indique clairement que ce nombre est donné
pour désigner une personne précise, mais de manière que les seuls
initiés puissent la reconnaître et que les profanes restent dans
l'ignorance. Le procédé, naturellement, est susceptible
d'interprétations fort diverses; et l'on a donné au moins une
centaine d'identifications de la Bête, quelques-unes de haute
fantaisie: Mahomet, Luther, le Pape, Napoléon I er, Napoléon III,
etc., chacun de ces personnages étant particulièrement odieux aux
ingénieux identificateurs. L'opinion la plus générale et la plus
vraisemblable, vu l'époque et le contexte, trouve sous le nombre de
la Bête l'empereur Néron; la gématrie donne en effet, pour les noms
Néron César en hébr., le total 666, et pour Nero Caesar (une lettre
en moins, mais même nom) le total de 616 de la variante (voir Néron).

C'est par un calcul semblable que 99 est devenu le nombre du terme
hébreu, adopté par les chrétiens: Amen (voir ce mot). De tels
procédés se pratiquaient même dans la vie profane et chez les gens
simples; on a trouvé sur des murs de maisons à Pompéi des
inscriptions à la main (graffites) d'amoureux à la fois expansifs et
discrets, comme celle-ci: «Celle que j'aime a le nombre 545.»

Sur pareille piste, l'allégorie devait se donner volontiers libre
carrière, et c'est ainsi que dans la deuxième pêche miraculeuse les
interprètes qui veulent tirer de tous ses détails un sens symbolique
se sont évertués à expliquer le nombre des 153 gros poissons: (Jn
21:11) 100 =païens, 50 =Juifs, 3 =Trinité (les Pères de
l'Église); allusion aux 153.600 Cananéens naturalisés par
David (2Ch 2:17); gématrie du nom de Simon Pierre sous diverses
formes; somme des carrés de deux chiffres sacrés (12:2 + 3:2 =153),
etc.,--comme si le nombre retenu ne s'expliquait pas suffisamment par
l'intérêt que les témoins de la scène éprouvèrent à évaluer
exactement leur prodigieux coup de filet.

Ces calculs plus ou moins mystérieux n'ont évidemment aucune valeur
religieuse et ont été utilisés surtout aux époques dangereuses, dans
le genre apocalyptique, et pour éviter une désignation trop
compromettante. Au cours des premiers siècles et au Moyen âge, le
caractère hermétique et superstitieux de ces pratiques s'est
largement accentué, notamment dans l'étrange système juif
mystico-magique connu sous le nom de Kabbale (voir ce mot), qui
attache aux nombres une valeur considérable...et ridicule. Et il
faut, hélas! reconnaître que ce genre de superstition s'est
poursuivi à travers les âges, en marge de la vie
religieuse et de la science, et qu'encore aujourd'hui bien
des gens redoutent les «mauvais nombres» comme 13...

(Voir Recensement; Chronologie de l'A.T., du N.T. R. de R. et Jn
50)