NICOLAS
Parmi les sept diacres (voir ce mot) établis dans l'Église de
Jérusalem, c'est le seul qui soit désigné comme «prosélyte» (Ac
6:5), d'où il doit s'ensuivre que tous les autres étaient juifs de
naissance quoique portant comme lui un nom grec: chargés de s'occuper
des veuves d'origine «helléniste» (voir ce mot), les diacres étaient
des Juifs de la dispersion, ou Diaspora (voir ce mot). Nicolas, lui,
ancien païen, s'était joint à la synagogue juive à Antioche de Syrie
avant de devenir chrétien à Jérusalem. Il portait un nom fort répandu
en pays grec (=vainqueur du peuple) et qui devait plus tard avoir
une grande vogue dans la chrétienté orientale.
Plusieurs autorités de l'Église, comme Irénée, Hippolyte, voient
en ce diacre Nicolas le patron de la secte hérétique des Nicolaïtes
(voir ce mot) mentionnée dans Ap 2:6-15: tradition contestée par
d'autres, et qui peut s'expliquer par le désir des hérétiques en
question de se rattacher à un personnage de l'Église primitive.
Épiphane, auteur peu exigeant en fait de critique historique, raconte
qu'on attribuait au diacre Nicolas un coupable relâchement de moeurs;
cette accusation est sans preuves, et Clément d'Alexandrie rend au
contraire témoignage à sa vie noble et pure. Le fait même qu'aucun
honneur ne fut rendu dans l'ancienne Église à la mémoire de Nicolas
ne serait pas une présomption contre lui: la lutte contre les
hérésies a des exigences dont peuvent pâtir des innocents, et sa
réputation a dû souffrir tout simplement de l'identité de son nom
avec celui des Nicolaïtes.
Le «saint Nicolas» auquel se rattachent de célèbres légendes
populaires (résurrection de trois enfants tués par un boucher,
distributions de cadeaux, patron des navigateurs, des jeunes garçons,
de la Russie, etc.) fut un évêque de Myra (Lydie) au IV° siècle,
martyr de Dioclétien.