NICOLAÏTES
Désignation de chrétiens hérétiques dénoncés dans les lettres aux
Églises d'Éphèse et de Pergame (Ap 2:6,15); la première de ces
deux communautés leur résistait, la seconde les tolérait.
Leur doctrine est identifiée avec celle de Balaam (verset 14):
allusion à No 31:16, qui fait de Balaam l'instigateur de
l'impiété et de l'impureté d'Israël en Moab; (cf. No 25:1 et
suivant) le point de vue des Nicolaïtes devait donc être une
violation des règles fondamentales établies par le synode de
Jérusalem: (Ac 15:28 et suivant) sorte d'antinomisme abusant de
la liberté évangélique jusqu'à s'accommoder, sous le prétexte de la
grâce, (cf. Ro 6:15) des repas et des désordres du paganisme.
L'origine comme la nature de cette secte d'infidèles est d'ailleurs
fort obscure.
Ne citons que pour mémoire la théorie qui en faisait des
disciples du grand apôtre de la liberté chrétienne ayant soi-disant
tiré les conséquences logiques extrêmes du paulinisme: théorie
invraisemblable, car d'authentiques disciples de Paul n'auraient
jamais été «haïs» dans l'Église d'Éphèse (Eph 2:6). Leur
appellation de Nicolaïtes les a fait plutôt considérer comme des
disciples du diacre Nicolas: (Ac 6:5) Irénée et à sa suite
Hippolyte, puis Épiphane et d'autres, le désignent comme le fondateur
de la secte, ce qui lui a valu une réputation de relâchement et
d'apostasie certainement injustifiée (voir Nicolas), et d'ailleurs
nettement contredite par Clément d'Alexandrie, Victorinus, les
Constitutions Apostoliques. Il s'agit sans doute d'un rapprochement
de noms, dû peut-être au fait que les hérétiques gnostiques du II e
siècle, qui devaient en effet professer et pratiquer le libre abandon
aux passions charnelles, se seraient réclamés du patronage du diacre.
Une autre explication s'appuie sur une équivalence approximative
entre l'hébreu Balaam et le grec Nicolaos, le premier pouvant
signifier comme le second: «vainqueur (ou séducteur) du peuple»; en
ce cas, le nom de Nicolas ne serait qu'une traduction du nom devenu
symbolique de Balaam et non pas celui d'un personnage de l'époque. Un
troisième surnom symbolique apparaît du reste un peu plus loin pour
condamner les mêmes fautes: celui de la séductrice Jézabel (comp.
Ap 2:20 avec Ap 2:14).