ANTIOCHUS (les)
Nom de plusieurs rois de Syrie.
1. Antiochus Ier, fils de Séleucus Nicator. L'événement le plus
important de son règne (280-261) fut la victoire par laquelle il
arrêta une invasion gauloise en Asie Mineure. A la suite de ce fait
d'armes, on lui donna le surnom de Sôter =Sauveur. Il ne put
soumettre entièrement son immense empire. Il consacra une partie de
sa vie à embellir sa capitale (voir Antioche de Syrie).
2.Antiochus II Théos (=le dieu), fils du précédent, fut
surtout un roi guerrier. Les cités grecques de son empire finirent
par obtenir une indépendance de fait, sinon officielle. Il entra
aussi en conflit avec le roi d'Egypte Ptolémée Philadelphe. Il
s'appuya sur les Juifs, envers lesquels il fut très bienveillant.
3. Antiochus III, le Grand, fils de Séleucus II, régna de 223 à
187 (fig. 11). C'est de lui qu'il est probablement question dans
Da 11:13-19. Il passa son temps à guerroyer contre le roi
d'Egypte, vengea les défaites qu'avait subies son père, s'empara de
la Palestine à la bataille de Banias (198). Grand colonisateur, il
installa en Lydie et en Phrygie deux mille familles juives établies
en Mésopotamie, ce qui contribua à la Dispersion juive en ces régions
(voir Diaspora). En 190, il fut battu par les Romains à Magnésie. On
rapporte qu'il fut tué lors d'une expédition de pillage à Élymaïs.
4. Antiochus IV Épiphane (=l'Illustre), fils du précédent (fig.
12), avait été envoyé à Rome comme otage. En 175 il s'empara du trône
de son père, après l'assassinat de Séleucus IV Philopator, son frère.
Il envahit l'Egypte, mais reçut des Romains l'ordre de retourner en
son pays. Il tourna sa colère contre les Juifs. Passionné de culture
grecque, il entreprit d'helléniser la Judée. Il voulut obliger les
habitants à adorer les dieux païens. Ce fut l'origine d'une
persécution terrible à laquelle le livre de Daniel fait allusion en
termes voilés; bien des critiques y voient aussi des allusions dans
les Ps 74 à Ps 79 (voir Psaumes). Il dépouilla le Temple du
chandelier à sept branches, de l'autel et de la table des pains de
proposition, fit occuper la citadelle de Jérusalem par une garnison
syrienne et interdit, sous peine de mort, les coutumes religieuses
juives: circoncision, observation du sabbat. Les Juifs durent
sacrifier aux divinités grecques, dont les autels s'élevèrent dans
chaque ville juive. En décembre 168, au plus fort du conflit, un
autel voué à Jupiter Olympien fut dressé dans le Temple de Jérusalem,
à la place de l'autel des holocaustes (Da 12:1,11). Il ne fait
pas de doute que les efforts du roi de Syrie eurent quelques
résultats. Le grand-prêtre apostasia. En outre, il se forma au sein
de la communauté juive un groupement hellénisant. C'est ainsi qu'une
délégation d'habitants de Jérusalem surnommés «Antiochiens» ou
citoyens d'Antioche, se rendit quelques années plus tard à Tyr, aux
fêtes données en l'honneur d'Hercule (2Ma 4:9,19). Mais
une réaction formidable brisa les efforts de l'oppresseur. Sous la
conduite de Mattathias, chef de la famille des Macchabées, une
révolte éclata et libéra la Judée du pouvoir syrien. Les événements
de cette période tragique de l'histoire des Juifs ont été décrits en
détail dans le 2 e livre des Macchabées (en partie légendaire
cependant:voir Apocryphes). Une expédition contre les Parthes, au
cours de laquelle périt Antiochus IV, marque la fin de son règne.
5. Antiochus V Eupator (=le bon père). Fils du précédent, il
monta sur le trône à l'âge de 12 ans. Il continua la guerre contre
les Macchabées, remporta un plein succès à la bataille de
Beth-Zacharias (163) et aurait achevé de soumettre les Juifs s'il
n'avait été assassiné en 162.
6. Antiochus VI, fils d'Alexandre Balas. Son précepteur, Tryphon,
général de son père, le fit empoisonner et régna à sa
place (1Ma 13:31).
7.Antiochus VII (138-128), le dernier des puissants rois
syriens. Il chassa l'usurpateur Tryphon et recommença la lutte contre
les Juifs. Ceux-ci eurent à leur tête le souverain pontife Jean
Hyrcan, qui finit par être assiégé dans Jérusalem et était sur le
point de succomber quand Antiochus entra subitement en négociations
avec lui. Il est probable que Jean Hyrcan avait engagé des
pourparlers secrets avec les Romains, qui se firent menaçants. La
paix fut signée, et au prix de rigoureuses conditions politiques
(perte de leur indépendance) les Juifs se firent reconnaître la
liberté religieuse. En 128, Antiochus fut tué lors d'une guerre
contre les Parthes, et les Juifs recouvrèrent leur indépendance.
8. Père de Numénius (voir ce nom), ambassadeur de Jonathan
Macchabée 1Ma 12:16 14:22);voir Macchabées. R. D.