MARC (évangile de) 7.

Conclusion.

Les traits généraux qui se dégagent finalement de notre évangile
peuvent être ramenés à ces trois principaux:

1° Réalité

Écho des souvenirs d'un apôtre avant tout actif et non spéculatif, Marc
est essentiellement un témoignage à des faits, très significativement
introduit par une journée fort remplie, le premier sabbat du
ministère (Mr 1:21,39). L'observation deux fois répétée que
Jésus avait tant à faire, avec ses disciples, qu'ils n'avaient même
pas le temps de manger (Mr 3:20 6:31), est propre à Marc et bien
typique dans son évangile. Il ne raconte que 4 paraboles (Mr 4),
mais rapporte 18 miracles. Dans les formules, il possède souvent la
sobriété, la concision romaine: «Commencement de l'Évangile de
Jésus-Christ, Fils de Dieu» (Mr 1:1); «Tu es le Christ!» (Mr
8:29); «Le Roi des Juifs» (Mr 15:26). Son point de vue est
celui de l'apologétique moderne: «le fait du Christ». L'éloquence de
sa propagande est toute dans sa simplicité, la plus proche de la
réalité.

2° Humanité

Aussi est-ce l'évangile qui met le plus en lumière l'humanité de
Jésus, non seulement dans sa nature physique (à peu près également
reconnue chez tous les quatre), mais aussi dans la spontanéité de sa
nature sensible et mentale. C'est Marc qui ne craint pas de faire
connaître ses émotions, indignation, affection, surprise (Mr 3:5
6:6 10:14-21), ses questions posées pour s'informer (Mr 8:5
9:21), ses intentions parfois déjouées et par là ses
limitations: (Mr 1:45 6:5 7:24) ignorance et impuissance
relatives et conditionnelles sans doute, fonction de son
dépouillement, parce qu' «il est venu non pour être servi mais pour
servir...» (Mr 10:43), mais qui le montrent à bien des égards
«semblable en toutes choses à ses frères». (cf. Heb 2:17) Jamais
dans Marc les disciples ne désignent Jésus comme le Seigneur (voir ce
mot): ils l'appellent simplement maître (araméen, rabbeï [9:5],
grec, didaskalos [4:38]). Marc au plus ancien stade des écrits
évangéliques, nous conserve le plus fidèlement l'impression humaine
qu'avaient ressentie en vivant avec lui les compagnons de son
ministère.

3° Autorité

Mais si le Christ est homme, il est l'Homme idéal. «Venu pour
servir...et pour donner sa vie en rançon», à titre de Sauveur. Il
multiplie les miracles (ch. 1 2 3, etc.), lit dans les coeurs (Mr
2:8), déjoue les pièges (Mr 12:17 etc.), bouleverse les
traditions humaines (Mr 2:28 7:9 10:5 et suivants), prévoit
l'avenir (Mr 8:31 etc.), pardonne les péchés (Mr 2:10),
apparaît et demeure jusqu'à la fin, plus que jamais, un personnage
surnaturel, approuvé d'En-haut, envoyé du ciel (Mr 1:11 9 7
12:6). Humain certes, il est de nature divine; serviteur, il est
Seigneur; condamné à mort, il est Juge éternel. Continuellement à
l'oeuvre, il triomphe de la souffrance par ses guérisons, du péché
par son pardon, de la mort par la résurrection. Tout-puissant autant
que compatissant, il est le Maître des démons, de la nature, de
l'éternité même: contraste que saint Paul avait magnifiquement dressé
peu d'années avant Marc (Php 2:7,11), et que nous retrouvons à
travers toutes les pages de cet évangile; car «celui-là», ce
personnage nouveau qui dès le début enseignait et commandait avec
autorité (Mr 1:22-27), simple charpentier de Nazareth (Mr
6:3), qui après avoir fait toutes choses bien (Mr 7:37) s'est dirigé
vers la croix, a subi la condamnation et a versé son sang pour
racheter le grand nombre et sceller la nouvelle alliance des hommes
avec Dieu (Mr 10:45 14:24), c'est le Seigneur de gloire auquel
le chrétien auteur des dernières lignes de l'évangile a bien raison
de rendre l'hommage de sa foi lorsqu'il le montre ressuscité, «enlevé
au ciel, assis à la droite de Dieu, agissant avec ses disciples et
confirmant leur parole par les miracles qui l'accompagnaient» (Mr
16:19,20). La symbolique chrétienne qui représente Marc par le lion
(voir Évangile, t. I, p. 384) imagine un imposant emblème de
l'autorité souveraine et royale du Seigneur: «Voici, il a vaincu, le
Lion de la tribu de Juda!» (Ap 5:5).

Ouvrages a utiliser (en français).

--A. Sabatier, Marc (Encycl. Licht., t. VIII, 1880); Synopt,
(1
d., t. XI, 1881).

--A. Westphal, Jés. de Naz. d'après les Tèm. de sa vie, 1914; les Apôtres, 1918.

--M. Goguel, L'év, de Marc et ses rapp. avec ceux de Matthieu et de Luc
1909; Intr. N.T., t. I, 1923; Bbl. Cent., 1918; M. Goguel et
H. Monmer, Le N.T. avec introd, et notes, 1929.

--H. Pernot, Pages chois, des Évangiles, 1925; Et. sur la langue
des Évangile,
1927.

--Le P. Lagrange, Ev. selon saint Marc 2 e éd. 1920; L'Ev. selon
saint Marc
petite éd. des Études Bibl., 2 e éd. 1922; RR. PP.
Lagrange et Lavergne, Synopse des 4 évang, en français, nouv. éd.
1929 (cathol.).

--A. Loisy, L'Ev. selon Marc 1912 (crit. radicale).

--On trouvera notamment dans Vïntr. de M. Goguel et le Comm,
du P. Lagrange une bibliographie de diverses langues. Voir aussi à la
fin de notre art. Evangiles synoptiques. Jn L..