MAMMON ou MAMON
Dans le N.T., Mamônâs, forme grecque d'un mot d'origine
incertaine, mais qu'on retrouve dans les idiomes phénicien et
syriaque. Ce terme est employé deux fois par Jésus, au cours du
Sermon sur la montagne (Mt 6:24) et dans la parabole du
serviteur infidèle (Lu 16:9,11,13); dans ce dernier passage, nos
traducteurs n'ont conservé le terme grec qu'au v. 13, et l'ont
traduit par richesse («richesses injustes» pour «mammon d'iniquité»)
dans les versets 9 et 11.
Pour expliquer ce mot, on l'a fait venir de la racine hébraïque
aman, qui exprime l'idée de fermeté, de solidité, de fidélité, et
que les LXX et nos versions françaises ont parfois rendue par:
trésor (Esa 33:6); Mammon serait donc la richesse considérée
comme fondement du bonheur, comme seule chose nécessaire à la vie.
D'autres commentateurs, suivant peut-être l'inspiration de
Milton, poète mais non critique, parlent d'une divinité adorée à Tyr
sous ce nom: Mammon, génie préposé à la recherche et à la
conservation des richesses, aurait eu son idole dans la grande cité
des commerçants phéniciens. Aucune trace de ce culte, aucun fait ne
permettent d'affirmer ou même de supposer l'existence de ce dieu
Mammon.
St Augustin dit: lucrum punice Mammon dicitur, c'est-à-dire
que ce mot en phénicien désigne le gain; il semble que c'est dans ce
sens que nous devons l'entendre. Mammon, c'est la richesse qui
provient du commerce, des affaires, et non des biens héréditaires;
c'est donc l'esprit de lucre que Jésus condamne, cette soif
d'acquérir, de s'enrichir qui, née de la convoitise et du
mécontentement de son sort, pousse l'homme à y consacrer toutes ses
forces et ses pensées et risque de l'entraîner à des actes coupables.
Mammon, c'est moins la richesse que le désir, la poursuite de la
richesse; c'est bien le mal de notre siècle. P. B.-M.