LOUP

(hébreu zeéb [cf. arabe dèb] ; grec lukos). Le loup existe
encore en Palestine, où il est moins commun qu'autrefois; il se
trouve surtout dans les hauteurs du Liban. La variété qu'il
représente de l'espèce-type (canis lupus) semble être
intermédiaire, par la taille et le pelage, entre celles de l'Europe
et de l'Inde occidentale. Quoiqu'il ne chasse pas en bandes en Syrie
comme en d'autres pays, sa force, sa ruse et sa cruauté le rendent
plus redoutable aux bergers que le chacal; il peut lui. arriver, s'il
pénètre dans une bergerie, de tuer avec frénésie par instinct de
carnage et non poussé par la faim seulement.

La Bible le nomme une quinzaine de fois, mais toujours dans des
comparaisons et jamais dans un récit ou une description concernant au
sens propre un ou plusieurs loups. Elle y voit un emblème de
destruction (Jer 5:6), de férocité (Ge 49:27,Eze 22:27), un
fléau du soir (Hab 1:8,Sop 3:3); déjà dans le 1 er et le 2 e
Ésaïe (Esa 11:6 65:25) et dans le Siracide (Sir
13:17), comme dans Ésope, Phèdre et La Fontaine, loup et
agneau sont le type du brigand et de la victime; c'est par
antithèse entre loups et agneaux (ou brebis) que Jésus, met en
contraste la violence meurtrière du monde et la patiente fidélité
qu'il attend de ses disciples (Lu 10:3,Mt 10:10).

Même la donnée de la fable du loup devenu berger (La Font.,
Fables, III, 3) se trouvait dans l'enseignement du Seigneur pour
stigmatiser l'hypocrisie criminelle des chefs qui égarent les
simples: les faux prophètes qu'Ézéchiel avait condamnés comme mauvais
bergers (Eze 34), Jésus les compare à des loups couverts de
peaux de brebis (Mt 7:15), déguisement plus astucieux encore que
le costume du berger; et ces loups sont «ravisseurs» (grec harpagés
[v. Rapacité]; il faut abandonner la traduction fâcheuse
des anciennes versions: loups ravissants).

Calvin retourne la métaphore en commentant la conversion du
persécuteur Saül, retourné lui-même par la grâce de Dieu en arrivant
à Damas: «Dieu ne serre point la gueule de ce loup affamé et enragé,
sinon à l'entrée même de la bergerie...Cet ennemi mortel de Christ,
non seulement de loup est converti en brebis, mais est devenu
pasteur.». (Comm. sur Ac 9:1,5) A son tour l'apôtre Paul annonce
sous la même image l'oeuvre de maîtres pervers: loups cruels qui
n'épargnent point le troupeau (Ac 20:29 et suivant).

Le Pseudépigraphe Esdras (5:18) dit: «Lève-toi, ne nous abandonne
pas comme un berger qui laisse son troupeau entre les pattes des
loups méchants!»

Toutes ces citations pourraient faire croire que le loup menace
seulement les animaux, sans s'attaquer à l'homme; mais l'allégorie de
Jésus dans le 4 e évangile (Jn 10:1,16), dirigée elle aussi
contre les indignes chefs d'Israël, brigands et voleurs, égorgeurs et
destructeurs, mercenaires et finalement lâches déserteurs devant le
loup, (Jn 10:8,10-12 et suivant) évoque le bon Berger
lui-même qui, pour la vie de ses brebis, «donne sa propre
vie». (Jn 10:11)

Comme beaucoup d'animaux, le loup était adoré en Egypte, où les
Grecs appelèrent Lycopolis (ville du loup) plusieurs villes
consacrées à Anubis, dieu à tête de loup ou de chacal. On connaît le
rôle légendaire attribué à la louve qui aurait allaité Romulus et
Rémus. Dans le nom de la province de Lycaonie (Ac 14:6,11) se
trouve celui de Lycaon (de lukos --loup), personnage qui, d'après
la mythologie, avait été changé en loup par Zeus pour avoir fait
manger de la chair humaine à ce dieu, de passage chez lui.

On appelle lycanthropie (de lukos =loup, et anthrôpos
=homme) certaines folies de malades qui se croient changés en bêtes
sauvages, cas apparemment décrit dans Da 5:20 et suivant
Jn L.