JOSAPHAT (vallée de)
La coupure profonde du Cédron qui limite Jérusalem à l'Est a été
identifiée avec cette vallée dite de Josaphat, lieu du grand jugement
d'après le prophète Joël (Joe 3:2).
A l'époque de la royauté israélite, c'était déjà une région de
sépultures (2Ro 23:6). Absalom se fit élever, de son vivant, un
monument funéraire (2Sa 18:18) dans cette vallée qui s'appelait
alors «vallée du roi». Aujourd'hui, on désigne encore par les noms
d'Absalom et de Josaphat deux monuments taillés dans le roc, mais que
leur style interdit absolument de faire remonter aux deux personnages
bibliques à qui la tradition, d'ailleurs très tardive, les a
attribués. On sait d'ailleurs que le roi Josaphat fut enterré «avec
ses pères, dans la ville de David» (1Ro 22:51,2Ch 21:1) et que
ces sépultures ont été probablement repérées, sinon retrouvées, au
Sud de l'Ophel (fouilles R. Weill).
La tradition qui situe le jugement dernier dans la vallée de
Josaphat (aujourd'hui du Cédron) est partagée par les Juifs et les
musulmans, qui y entassent leurs tombes, les premiers sur le versant
occidental du mont des Oliviers, les seconds sur la pente orientale
de la colline du Temple (aujourd'hui Harâm ech-Chêrif)
Toutes les âmes, pour les fidèles d'Allah, se rassemblent après
la mort, sous le grand rocher de la mosquée (Koubbet es-Sakhra),
dans le «puits des âmes». De là, un pont invisible est jeté pardessus
le Cédron, qui conduit du Harâm à la mosquée de l'Ascension (sommet
du mont des Oliviers). Ceux qui traversent ce pont, plus étroit que
le fil d'une épée, sont déclarés justes. Mahomet vient en aide aux
demi-justes, qui trébuchent. Quant aux méchants, ils disparaissent
dans le gouffre. Cette dénomination de Josaphat (=JHVH juge),
appliquée à la vallée du «jugement» (Joe 3:2,12, voir verset
14), le fut probablement avec une valeur symbolique (voir Joël). A. P.