ISRAÉLITE

Pour l'A.T., voir l'article précédent. Dans le N.T., ce terme
n'apparaît qu'une dizaine de fois, et qu'une seule fois dans les
évangiles; mais on y trouve souvent le nom d'Israël employé comme
complément: peuple d'Israël (Mt 2:6), maison d'Israël (Mt
10:6), enfants d'Israël (Mt 27:9), tribus d'Israël (Lu
22:30), pays d'Israël (Mt 2:20), Dieu d'Israël (Mt 15:31),
Roi d'Israël (Mr 15:32,Mt 27:42,Jn 12:13)

Alors que le nom d'Hébreu (voir ce mot) insiste sur la langue, et
celui de Juif (voir ce mot) sur la nationalité, le nom d'Israël
rappelle sa vocation divine (Ge 32:28 35:10) et les privilèges
que la grâce de l'Éternel réserve à ce peuple élu, en particulier
l'espérance messianique (Mt 2:6,Lu 1:54,68 2:25,32 24:21,Ac 16
13:16 et suivant, Ro 11:1, etc.). Mais voici le contraste
poignant: le peuple de Dieu a manqué à sa vocation! Il a besoin de
repentance (Lu 11:6), ses brebis sont perdues (Mt 15:24),
un de ses plus grands docteurs ignore jusqu'aux éléments de la vie de
l'âme (Jn 3:10), la foi d'un officier païen ne se trouve pas
chez lui (Mt 8:10 parallèle Lu 7:9), et Dieu bénira de
préférence les païens, comme jadis (Lu 4:25 et suivants), en
confiant sa vigne à un autre peuple (Mt 21:43) et l'autorité
spirituelle à ses fidèles sans préoccupation de nationalité
(Mt 19:28,Lu 22:30).

--De cette situation, l'apôtre Paul dégage vigoureusement les
principes: le «vrai Israël» ne se limite pas aux descendants
d'Israël (Ro 9:3); «l'Israël de Dieu» se compose de tous les
chrétiens, quelle que soit leur origine, juive ou païenne
(Ga 6:16 Eph 2:11-19); le but final de Dieu est de sauver
la totalité des païens et la totalité d'Israël (Ro 11:25).

C'est précisément à ce point de vue qu'est très caractéristique
l'unique apparition du titre d'Israélite dans les évangiles:
(Jn 1:47) Nathanaël, un fervent de l'espérance messianique (Jn
1:45), vient trouver Jésus à l'appel de Philippe, malgré son
objection sur l'humble origine de ce maître (Jn 1:46); Jésus,
en l'appelant alors «un véritable Israélite en qui il n'y a point de
fraude», fait allusion au fraudeur: Jacob le «supplanteur», devenu
Israël, «fort avec Dieu»; (cf. Ge 32:28) et il confirme
l'allusion en comparant son oeuvre médiatrice à l'échelle du même
Jacob (cf. Jn 1:51, cf. Ge 28:12), lorsqu'il est reconnu
et salué pour son Roi par le véritable Israélite (Jn 1:49).

Cette épithète ne peut manquer de suggérer, dans l'esprit du
Seigneur, l'évocation tragique qui domine tout le quatrième évangile,
de ces chefs d'Israël, «les Juifs» qui, bien qu'étant «les siens, ne
l'ont point reçu» (Jn 1:11); leur prétexte contre Jésus, dans
Jn 6:42, est de même ordre que le premier préjugé de Nathanaël;
mais celui-ci, âme ouverte, sans parti pris, s'est donné d'un seul
élan de foi au «Fils de Dieu», tandis que l'orgueil de race des
grands chefs, aveuglant leur haine contre le Christ, leur a fait
rejeter le dessein de Dieu à leur égard (Lu 7:30). Voir Trench, Syn. N.T., parag. 39.

Jn L.