HERBE

I Herbes amères.

Les Israélites devaient les manger avec les pains sans levain et
l'agneau de la Pâque (Ex 12:8,No 9:11); elles consistaient
probablement, comme encore aujourd'hui en Palestine, en plantes qu'on
pouvait ramasser à la hâte: laitue sauvage, endive, chicorée,
cresson, menthe, persil, concombre, épervière, pissenlit, etc. On y
vit un emblème de la vie amère que les ancêtres avaient subie en
Egypte. D'après Stapfer (Pal., p. 426SS), Jésus institua la
communion du pain après avoir trempé dans les herbes amères le
morceau de pain rompu.--Dans La 3:15, le même terme,
merôrîm, pris au fig., doit faire allusion à quelque plante plus
nocive, comme la coloquinte de 2Ro 4:39 (voir Concombre, 3).

II Herbes fourragères.

1.
khâtsîr (1Ro 18:5,Job 40:15,Ps 104:14 147:18,Pr 27:25,Esa
15:8 44:4). Ce mot désigne «toutes les espèces d'herbes qui forment
les prés et qu'on coupe pour la nourriture des bestiaux», comme dit
Littré. C'est un fréquent emblème du manque de durée (Job 8:12),
appliqué surtout aux ennemis destinés à périr (2Ro 19:26
parallèle Esa 37:27,Ps 129:6), aux oppresseurs d'Israël (Esa
40:6-8 51:12), aux méchants (Ps 37:2,Jas 1:10 et suivant), et
en général à la fragilité et à la brièveté de la vie humaine (Ps
90:5 103:15,1Pi 1:24). Vers. Syn. trad.: herbe, gazon, verdure, ou
foin.

2.
èsèb, issbôth (Ge 1:11,12,29,30 2:5 3:18 9:3 Ex 9:22,25
10:12,15 De 11:15 29:23 32:2,2Ro 19:26,Job 5:25,Ps 72:16 92:8
102:5,12 104:14 105:35 106:20,Pr 19:12 27:25,Esa 37:7 42:15,Jer 12:4
14:6,Am 7:2,Mic 5:6,Za 10:1). C'est l'herbe portant semence, qui
sert de nourriture au bétail comme le khâtsîr, et à laquelle les
Psaumes font souvent allusion. Il n'y a aucune différence essentielle
entre l'èsèb et le khâtsîr. On pourrait traduire l'un par
foin, l'autre par fourrage (voir ce mot).

3.
dèchè (Ge 1:11,12,Job 6:5 38:27,Ps 23:2,Esa 15:6, Jer
14:5). Tandis que khâtsîr représente le foin mûr, èsèb le
fourrage portant semence, dèchè est l'herbe naissante, délicate,
fraîche, d'un beau vert, qui germe après la pluie (De 32:2,2Sa
23:4, cf. Heb 6:7), l'herbe tendre du fabuliste, ou le
regain. (verdure, Pr 27:25) Si donc elle symbolise, comme herbe
nouvelle, une reprise de vigueur (Esa 66:14), elle représente
aussi la force fugitive (Ps 37:2) et la faiblesse (2Ro
19:26 parallèle Esa 37:27).

4.
lèqèch (Am 7:1). Ce terme, répété deux fois, n'apparaît
qu'ici; il doit désigner le regain du printemps poussant après la
première coupe (Vers. Syn., fenaison), qui d'après ce texte semble
avoir été réservée au roi comme redevance pour le fourrage de sa
cavalerie: (cf. 1Ro 18:6) les Romains l'exigèrent aussi des
Syriens. Amos voit dans le regain attaqué par les sauterelles l'image
du petit peuple de Jacob menacé de destruction.

5.
ièrèq (Ge 1:30 9:3 Ex 10:15,No 22:4,Ps 37:2,Esa 15:6). Ce
mot désigne proprement le vert et plus particulièrement le vert de
l'herbe. Il est souvent associé avec dèchè . (cf. Mr 6:39)

6.
iârâq (2Ro 19:26). Il s'agit ici de légume et plus
particulièrement de chou: un jardin de iârâq est un jardin
potager, tel qu'était l'Egypte d'après (De 11:10), comme Achab
voulait en faire un de la vigne de Naboth (1Ro 21:2). «Mieux
vaut un plat d'herbes avec de l'amitié, dit un proverbe, qu'un boeuf
engraissé avec de la haine» (Pr 15:17).

7.
ôrôth (2Ro 4:39). C'est en cherchant ces végétaux
comestibles, c-à-d, des légumes, qu'on ramassa les coloquintes d'une
amertume insupportable.

8.
lakhanon (Mt 13:32). Ce mot grec signifie légume; les plus
communs encore aujourd'hui sont: laitue, menthe, persil, etc. La
moutarde est représentée comme le plus grand (Mr 4:32); les
Pharisiens payaient la dîme de toutes sortes d'herbes (Lu
11:42); les chrétiens «faibles», dit saint Paul, n'osaient manger
que des légumes (Ro 14:2), croyant devoir confirmer leur foi par
des abstinences.

9.
khortos. Ce mot grec, qui correspond à plusieurs des mots hébreux
ci-dessus (Jas 1:10 et suivant, 1Pi 1:24), peut désigner
aussi, dans l'expression «l'herbe des champs» (Mt 6:30), un
certain nombre de fleurettes spontanées comme pavot, tulipe, anémone
(voir Lis), etc., dont les tiges sèches étaient souvent employées
comme combustible.

III Herbes odorantes.

1.
anêthon. «Malheur à vous, pharisiens hypocrites, dit Jésus, parce
que vous payez la dîme de la menthe, de Y anêthon et du cumin, et
que vous négligez les choses les plus importantes de la loi»: (Mt
23:23) trois ex. de minutie légaliste, non négligeable mais
insignifiante à côté des exigences profondes de la Loi: justice,
miséricorde, fidélité. L'aneth est de la fam. des Ombellifères, genre
peucedanum, espèce graveo-lens (L.), plus connue
sous le nom d'anethum gra-veolens IL.
C'est une plante annuelle, abondante sur tout
le pourtour de la Méditerranée, voisine du fenouil, auquel
elle ressemble. C'est une des épices les plus anciennes. Les fleurs
sont jaunes, en ombelle plane, sans involucre ni involucelle; les
segments des feuilles sont découpés en lanières filiformes; la tige a
2-10 dm. Les graines sont aromatiques et largement utilisées en
Palestine comme condiment et comme remède. Les traités rabbiniques
confirment qu'elle était soumise à la dîme. (cf. De 14:22,Le
27:30)

2.
hêdyosmon (Mt 23:23,Lu 11:42). C'est la mentha
silvestris
L., la menthe sylvestre, fam. des Labiées. Elle a des
feuilles sessiles, réticulées-rugueuses et bosselées, glabres ou
soyeuses, ovales ou lancéolées, à dents rapprochées. La tige est
cotonneuse, l'odeur forte. Le calice mûr est ventru, rétréci à la
gorge, la corolle rosé ou blanche. Cette espèce, très polymorphe, a
été démembrée en une quantité de variétés insaisissables. Elle est
très employée dans l'alimentation, et on lui attribue des propriétés
carminatives. Elle entrait probablement dans les «herbes amères»
(parag.1) du repas de la Pâque.

3.
cammôn, kuminon (Mt 23:23). Le cumin (mot venu du phénicien,
à travers l'hébreu et le grec) est le cuminum cyminum L., fam. des
Ombellifères, originaire de la région méditerr., qui s'est de bonne
heure répandu en Asie occident., et qui se cultive largement en
Palestine. Herbe annuelle, à feuilles disséquées en segments
filiformes, à ombelles composées à 3-5 rayons, les bractées de
l'involucre et des involucelles étant fines et rigides. Fleurs
blanches, rosés ou purpurines. Les graines en sont encore aujourd'hui
battues au fléau (Esa 28:25,27); elles ont une saveur aromatique
amère et sont stomachiques, stimulantes et carminatives.

4.
pêganon (Lu 11:42). C'est la rue fétide (ruta graveolens
L.), fam. des Rutacées, très appréciée jadis dans la cuisine romaine
et encore aujourd'hui cultivée en Palestine. Plante vivace, haute de
40-60 cm., dont la souche ligneuse émet de nombreuses tiges aériennes
ramifiées dès la base; les branches infér. sont ligneuses et
persistantes, les super, herbacées. Feuilles alternes, glauques,
décomposées, à lobes oblongs, le terminal obovale. Fleurs jaunes, en
corymbe. La rue répand une odeur forte, désagréable, pénétrante, due
à une essence que sécrètent de petites glandes et qui, distillée, est
employée comme remède antispasmodique. La saveur en est acre, un peu
amère, aromatique et très chaude. Ch.-Ed. M.