AÎNESSE

(droit d'aînesse)

Privilège du fils aîné, appelé aussi droit de primogéniture. Dans
l'antiquité, le chef de famille, maître absolu, prescrivait sans
doute lui-même les partages de sa succession et cette situation de
chef de famille devait toujours être léguée au fils aîné.

Cependant la polygamie entraînait fréquemment jalousies, rivalités,
querelles, et la loi du Deutéronome (De 21:15-17), destinée à prévenir
les abus, établit que le droit d'aînesse dans les héritages
consistait en une portion double, même si l'aîné était fils de la
«femme haïe».

Des égards spéciaux étaient dus à l'aîné et le rang d'âge était
respecté (Ge 43:33); mais tous les «fils du même père» étant
«frères», (cf. Ge 42:13) aucun d'eux ne pouvait en exclure un
autre de l'héritage, fût-ce le fils d'une courtisane: et c'est pour
priver Jephté de ce droit que ses frères le chassèrent par la
force (Jug 11:1 et suivants). Il semble bien en effet que la
règle subît de nombreuses exceptions: Ruben, fils de la femme la
moins aimée (Ge 29:31 et suivant), reçut bien régulièrement le
droit d'aînesse et ne le perdit que par ses fautes (Ge 49:3,1Ch
5:1), et c'est volontairement qu'Ésaü l'abandonnera (Ge
25:29-34,Heb 12:16); mais ce dernier renversement du droit avait été
prédit dès sa naissance (Ge 25:23) et il se plaindra d'avoir été
joué par Jacob (Ge 27:36); contrairement au principe, l'aîné
d'Abraham, Ismaël, avait été totalement exclu de l'héritage (Ge
21:10); plus tard encore, des cadets supplantèrent leurs aînés:
Éphraïm (Ge 48:12-20), Salomon (1Ro 1), Simri (1Ch
26:10), etc.

Des mesures particulières sont fixées dans No 27:1-11 36:1-12
pour l'héritage de certaines filles, dans De 25:5,10 pour le
droit de mariage des veuves sans enfants (voir Famille). Le droit
d'aînesse pour la succession au trône semble établi par 2Ch
21:3, mais ce texte est très tardif. La législation sacerdotale
repose sur la consécration des premiers-nés;voir (No 3: et
suivants
, etc.) Premier-né.