GÉRASA

Une des villes de la Décapole, à identifier avec Djérach au pays
d'Adjloûn et au Nord du Nahr ez-Zerka. D'origine inconnue, la
ville entre dans l'histoire avec Alexandre Jannée qui s'en empara (83
av. J.-C).

Libérée par Pompée, elle appartint au groupe de la Décapole.
Après avoir souffert au moment de la guerre juive, elle connut une
ère de grande prospérité avec les empereurs romains des II e et III e
siècle ap. J.-C.

Les ruines qui subsistent encore et qui ont été récemment
déblayées par les soins du Service des Antiquités, constituent un des
ensembles les plus impressionnants de tout l'Orient: plusieurs
portes, deux théâtres, deux grands temples, une tribune, des thermes,
une grande voie à colonnade corinthienne et ionique débouchant dans
l'hémicycle d'un magnifique forum, forment un tout groupé à
l'intérieur d'une enceinte d'un périmètre de plus de trois km. Le
christianisme s'y installa et fut florissant si l'on en juge d'après
l'architecture chrétienne dont les fouilles de 1928 ont permis de
retrouver des documents particulièrement intéressants (ex. l'église
de Saint-Théodore). Au XIII e siècle, d'après les historiens arabes,
la ville était abandonnée. Aujourd'hui une colonie de Circassiens est
établie à l'Est du ouâdi Djérach qui coule à l'orient de
l'ancienne cité. Gérasa n'est pas mentionnée dans la Bible.

On songe parfois à identifier avec elle Ramoth en Galaad et,
quoique tardive, cette identification pourrait être fondée. «Le pays
des Géraséniens» (Mr 5:1), dont il est fait mention à propos de
la région qui borde à l'Est le lac de Tibériade, peut difficilement
être celui de Gérasa-Djérach. Le territoire qui appartenait à cette
dernière ville ne s'étendait certainement pas aussi loin vers le
N.-O. Il faudrait donc admettre l'existence d'un Gérasa à proximité
du lac et dans la région des collines qui surplombent la mer de
Galilée. La difficulté topographique est encore compliquée par une
incertitude d'ordre critique. Des manuscrits donnent en effet, en
Mr 5:1, les leçons Gadaréniens et Gergéséniens, ceci
étant confirmé par ailleurs en Mt 8:28,Lu 8:26. On aurait ainsi
la mention de deux autres villes, Gadara et Gergésa (voir Gadara). A.
P.