FRÈRES DU SEIGNEUR

Ils sont nommés dans Mr 6:3 et Mt 13:56. Ce sont: Jacques
ou Jacob, Joses ou Joseph, Jude ou Judas et Simon ou Siméon: ils
portaient tous un nom de patriarche. Deux d'entre eux, Jacques et
Jude (voir ces mots), ont joué un rôle dans l'Église primitive. Il
est question des frères du Seigneur:

1.
Mr 3:31,Mt 12:46,Lu 8:20 La mère et les frères de
Jésus viennent pour lui parler et l'emmener, car ils le croient fou;
Jésus, à cette occasion, et sans renier les siens, étend sa famille à
tous ceux qui font la volonté de Dieu, c'est-à-dire fait comprendre
que sa prétendue exaltation consiste à mettre désormais au-dessus des
considérations de famille humaine la constitution de la famille
spirituelle des enfants de Dieu.

2.
Mr 6:3,Mt 13:55 Les habitants de Nazareth,
incrédules, s'étonnent que celui dont les parents, les frères et les
soeurs habitent parmi eux, soit capable d'enseigner ainsi et de faire
des miracles.

3.
Jn 7:5 Simple indication, en passant, que les
frères de Jésus eux-mêmes étaient de ceux qui ne le considéraient pas
comme le Messie.

4.
Ac 1:14 les montre plus tard convertis, et 1Co
15:7 spécifie que le Christ ressuscité était apparu à Jacques en
particulier.

Chacun de ces textes étant en opposition formelle avec la notion,
très tôt introduite dans l'Église catholique, de la virginité
perpétuelle de Marie, il a fallu, pour écarter leur multiple
témoignage, recourir à des théories applicables à tous en bloc.
Suivant ces théories, dont la variété infirme ce qu'elles tendent à
démontrer, on a fait d'abord des frères du Seigneur les fils que
Joseph aurait eus d'un premier mariage: cela leur enlevait tout lien
de sang avec Jésus (c'est la thèse avancée par des Pères de l'Église
comme Épiphane, Origène et Clément d'Alexandrie).

Puis (avec Jérôme et Augustin), on en a fait les cousins de
Jésus, en élargissant à la manière orientale le sens des mots grec
adelphos, frère, et adelphê, soeur: c'est la thèse catholique
moderne; ces hommes seraient fils d'une autre Marie, épouse d'Alphée
et soeur de la mère de Jésus. Pour cela, on lit Jn 19:25 de
façon à n'y voir que trois femmes:

la mère de Jésus,

la soeur de sa mère (appelée) Marie (femme) de
Clopas,

et Marie-Madeleine.

Mais le texte grec, malgré l'absence d'une conjonction, «et», permet
de distinguer

la soeur de Marie,

Marie femme de Clopas (ou Alphée); et il serait
étrange que deux soeurs eussent porté le même prénom; d'ailleurs
Jacques, fils d'Alphée,. étant nommé parmi les apôtres (Mr 3:18
et parallèle), ces derniers textes contrediraient ceux que nous citons
plus haut et qui signalent l'incompréhension des frères de Jésus
pendant sa carrière terrestre. Le culte de Marie a des exigences
incompatibles avec les textes et qui n'ajoutent rien à la dignité de
la mère du Seigneur, ni à la majesté divine de son «fils
premier-né» (Lu 2:7); cette dernière épithète ne trahit-elle pas
chez l'évangéliste la conviction que Jésus ne fut pas fils unique de
Marie?