FÊTES

Dans toutes les religions et chez tous les peuples, on trouve des
jours spéciaux consacrés à la divinité et destinés, d'une façon ou de
l'autre, à unir les membres d'une famille, d'un clan, d'une tribu ou
d'un peuple tout entier dans une commune manifestation de leurs
sentiments religieux. Les cérémonies qui les accompagnent doivent
rendre plus sensible la présence du Dieu ou des dieux qu'on adore,
effacer les souillures qui attireraient le mauvais vouloir de la
puissance supérieure, exprimer la reconnaissance pour les biens reçus
et en assurer la continuation pour l'avenir, maintenir ainsi la
communauté cultuelle dans ses privilèges comme dans les obligations
qui lui incombent. Les fêtes ne pouvaient donc pas manquer en Israël,
comme elles ne manquent pas non plus dans l'Église chrétienne. Mais
il va sans dire que, malgré la ténacité des coutumes religieuses,
elles ont évolué à travers les âges. Nous ne savons pas très bien ce
qu'elles pouvaient être dans les différentes tribus avant l'époque
mosaïque. Nous verrons tout à l'heure qu'il y avait déjà alors une
fête du printemps, mais les rites n'en sont décrits nulle part. Il y
avait sans doute d'autres fêtes à côté de celle-là; nous les
connaissons encore moins.

A partir de l'époque mosaïque, nous distinguons trois stades,
d'après les trois couches de la législation, et même un quatrième
pour tenir compte

des renseignements spéciaux que nous avons dans le N.T. et les
écrits juifs postérieurs.

I Dans l'ancien Israël.

Les premières législations mentionnent la Pâque et les trois grandes
fêtes annuelles: la fête des pains sans levain (Matsoth), la fête de
la moisson (plus tard fête des Semaines ou Pentecôte) et la fête des
récoltes (plus tard fête des Tabernacles).

1.

Pâque.

Nous commençons par parler de la Pâque seule, car, quoique unie très
intimement à la fête des pains sans levain qui se célébrait à la même
époque, elle est traitée à part dans l'Exode (voir ch. 12). Elle ne
figure pas dans le Code de l'Alliance (Ex 21 Ex 22 Ex 23), et Ex
34 n'en parle pas en même temps que des trois grandes fêtes
annuelles (verset 1,8 et v. 22 - 24), mais ne la mentionne qu'en
passant v. 25, et cette mention pourrait bien être de rédaction
postérieure: le passage parallèle Ex 23:18 a un sens plus
général.

La Pâque est cependant une très ancienne fête. Sous une forme que
nous ne connaissons pas, elle existait déjà avant Moïse: c'est
probablement la fête qu'il demande pour son peuple la permission
d'aller célébrer au désert, quand il se présente pour la première
fois devant Pharaon (Ex 5:1-3, voir Ex 4:18 8:24 10
7,11,24-26). La signification primitive du nom est incertaine. Dans
Ex 12:13, ce nom, pèsakh, est mis en rapport avec un verbe
de même racine qui doit signifier «passer en épargnant», mais on
conteste que ce soit là le vrai sens du verbe. Dans 1Ro 18:21,
il signifie boiter, sauter en boitant, et désigne une danse sacrée;
donc pèsakh signifiait fête sacrée. D'autres rapprochent ce mot
de l'assyr. pasakhu =apaiser, c'est-à-dire apaisement de la
colère des dieux; d'autres de l'égypt. pôsekh-- moisson. En tout
cas, on ne peut rien tirer de là pour l'ancienne signification de la
fête, qui était probablement, comme les fêtes du printemps qu'on
rencontre chez d'autres peuples, une cérémonie de purification et de
propitiation qui devait, au début d'une nouvelle année agricole,
mettre les sacrifiants en règle avec le passé et leur assurer de
nouvelles bénédictions divines.

La Pâque est dans l'Exode en rapport étroit avec la sortie
d'Egypte, et nous n'avons aucune raison de contester la part qu'elle
a eue dans les événements. C'est ce qui explique que, dans la suite,
elle soit toujours demeurée exclusivement un mémorial de la grande
délivrance du peuple à ce moment-là. Sa signification première a
complètement disparu devant cette signification plus haute, qui
devait, avec le temps, lui assurer la première place parmi les fêtes
juives.

Le cérémonial de la fête (Ex 12) est rapporté à peu près de
la même façon par les documents employés (P, v. 1-13; JE, v. 21-24):
immolation de l'agneau pascal le quatorzième jour du premier
mois entre les deux soirs (=avant le coucher du soleil); aspersion
des portes de la maison avec le sang de l'agneau, dont la valeur
propitiatoire écartera l'ange destructeur, quand il passera pour
frapper les premiers-nés des Égyptiens; repas comprenant la chair de
l'agneau rôti tout entier, la tête et les jambes repliées sur le
corps, des pains sans levain et des herbes amères; les participants
seront en tenue de départ et ils mangeront à la hâte. La seconde
partie du cérémonial (repas) manque dans JE, mais ne devait pas faire
défaut dans la célébration de la fête, qui a été dès l'origine une
fête de famille; on la célébrait dans chaque maison, à moins que les
habitants de la maison ne fussent pas en nombre suffisant pour manger
l'agneau pascal, dont il ne devait rien rester. Dans ce cas, deux
maisons se réunissaient pour la fête.

Si nous faisons abstraction des Chroniques, la Pâque n'est nulle
part mentionnée dans les livres historiques (sauf Jos 5:10-12,
qui vient de P) jusqu'à l'époque de Josias (2Ro 23:21,23). Nous
ne savons donc pas dans quelle mesure le cérémonial normatif était
observé, avec tous les détails, avant la réforme deutéronomique, ni
si la fête était célébrée partout. Il faut dire que les autres fêtes
ne sont pas mentionnées non plus, sauf celle des récoltes.

2.

Fête des Pains sans levain (Matsoth)

Avant d'en parler spécialement, disons que les trois grandes fêtes
annuelles, à côté de la Pâque, sont commandées ensemble (Ex
23:14-17 et Ex 34:18,22-24) La règle est posée: (Ex 23:14
34:23) «Trois fois par année tu célébreras des fêtes en mon
honneur», ou: «Trois fois par année les mâles se présenteront devant
le Seigneur, l'Éternel, le Dieu d'Israël.» Le rituel et la durée ne
sont indiqués que pour la première. L'époque est fixée d'une façon
approximative (mois des épis, moisson, automne), non pas à une date
exactement déterminée. On peut conclure de là qu'elles ne se
célébraient pas dans toutes les parties du pays les mêmes jours et
pas nécessairement de la même façon. Ce n'étaient plus, comme la
Pâque, des fêtes de famille; c'étaient des fêtes de la communauté,
mais avant la concentration du culte à Jérusalem elles étaient
célébrées aux sanctuaires locaux les plus importants.

La première de ces fêtes, Matsoth, unie très étroitement à la
Pâque sans doute déjà dans l'ancien Israël, en tout cas dans les
législations postérieures, est mise, comme la Pâque, en rapport
étroit avec la sortie d'Egypte. Elle devait rappeler les pains sans
levain que les Israélites avaient mangés dans la hâte de leur départ,
la nuit où ils furent renvoyés par les Égyptiens (Ex 12:33,39),
et, d'une manière plus générale, la grande délivrance que l'Éternel,
au mois des épis, avait accordée à son peuple. Une autre
signification n'est pas indiquée dans les anciennes législations.
Mais des passages postérieurs, comme De 16:9 (Matsoth est le
moment où la faucille est mise dans les blés) et Le 23:8-14
(rite de la gerbe), montrent que cette fête était aussi, comme les
suivantes, en rapport avec le cycle agricole de la Palestine: elle
marquait le commencement de la moisson (moisson des orges). On peut
admettre qu'une fête spécifiquement israélite et ayant une portée
historique s'est combinée avec une fête agricole existant en Canaan.
Il y a, du reste, dans les rapports entre Pâque et Matsoth, rappelant
toutes deux la sortie d'Egypte, quelque chose de mal établi que
l'état de nos connaissances ne nous permet pas d'expliquer
complètement.

3.

Fête de la Moisson.

Appelée déjà (Ex 34:22) fête des semaines (Chebouoth), elle
marquait la fin de la moisson des blés. Ex 23:16 dit qu'elle est
la fête des prémices du travail de l'agriculteur. Cela ne signifie
pas qu'on offrait alors les prémices de la moisson (cela se faisait à
Matsoth), mais que la moisson elle-même était le premier des fruits
de la terre. La moisson venait avant les autres récoltes. Encore dans
D et P la fête de la moisson ne dure qu'un jour; elle avait
évidemment la même durée à l'ancienne époque. Elle n'est jamais mise,
dans l'A.T., en rapport avec un événement quelconque de la sortie
d'Egypte. Ce n'est que plus tard qu'on l'a envisagée comme mémorial
du don de la loi sur le Sinaï (Ex 19:1 et suivants). C'était
donc une fête purement agricole, et il y a tout lieu de penser
qu'elle existait déjà en Canaan avant l'arrivée des Israélites.

4.

Fête des Récoltes.

C'était la fête la plus importante dans l'ancien Israël, car c'est la
seule qui soit mentionnée dans les écrits historiques (Jug 9:27
21:19 et suivant, 1Ro 8:2,65 12:32), et c'est d'elle qu'il
s'agit également dans 1Sa 1:1-20. Aussi est-elle appelée
simplement «la fête» dans 1Ro 8. Elle était, comme la
précédente, une fête d'actions de grâces, mais d'actions de grâces
pour toutes les récoltes de l'année, car elle venait après la
cueillette des olives, la vendange et sans doute aussi le battage du
blé sur l'aire. C'était une fête particulièrement joyeuse, dans
laquelle on ne craignait pas de passer les bornes de la
modération. (cf. 1Sa 1:13-15,Esa 28:7) Les cris de joie ne
manquaient pas (La 2:7), et les cantiques non plus (Esa
30:29: d'autres pensent ici à la fête de Pâque; Am 5:23).
Malgré l'excès des réjouissances, la fête n'en était pas moins, avant
tout, un hommage du peuple à l'Éternel qui avait béni les travaux de
l'année et qui avait manifesté ainsi qu'il était bien vraiment le
Dieu d'Israël.

Au temps de la royauté, la fête était célébrée en Juda le
septième mois de l'année; en Israël, le huitième mois, sans doute
parce qu'ici les récoltes étaient un peu plus tardives que dans le
royaume du sud (1Ro 12:32). Les anciennes législations (Ex
23:16 34:22) ne fixent pas le mois et indiquent seulement comme
date la fin de l'année. L'année se terminait alors en automne. Il est
très probable que la fête des récoltes marquait le commencement de
l'année nouvelle et était une fête de Nouvel An, comme il en existait
une à Babylone et en Perse. On a supposé qu'il y avait alors une
cérémonie d'intronisation de l'Éternel, c-à-d, une procession
solennelle renouvelée chaque année, avec l'arche en tête, qui était
comme une nouvelle prise de possession de la royauté de l'Éternel sur
Israël pour l'année commençante. C'est possible, mais si certains
psaumes peuvent être interprétés dans ce sens (voir spéct Ps
47), les livres historiques n'en disent absolument rien. Plus tard
le Nouvel An d'automne fut. distingué de la fête des récoltes (voir
parag. III).

La durée de la fête n'est pas indiquée dans les anciennes
législations, mais 1Ro 8:65 suppose qu'elle était la même que
plus tard. Jusqu'à la législation sacerdotale, la fête des récoltes
n'est pas mise en rapport avec l'histoire du passé. Elle était donc,
dans l'ancien Israël, une fête agricole, inspirée par la
reconnaissance pour les biens de la terre, dont l'Éternel était le
souverain dispensateur (Os 2:7-15), comme autrefois il avait été
le grand libérateur de son peuple. De même que la précédente, la fête
des récoltes existait en Canaan avant l'arrivée des Israélites. Les
Cananéens rendaient alors hommage à leurs Baals (Jug 9:27).

5.

Autres fêtes.

La fête de la Nouvelle Lune, qui appartient du reste au
cercle sabbatique plutôt qu'à celui des grandes fêtes annuelles, ne
figure nulle part dans les premières lois. Mais elle existait
sûrement dans l'ancien Israël, car elle est mentionnée à plusieurs
reprises dans les livres historiques (1Sa 20:5,18,29,2Ro 4:23,Esa
1:13 et suivant, Am 8:5,Eze 46:1). Il résulte de ces passages
que le premier jour du mois était un jour de sacrifices, avec grand
repas, que les affaires, mais non pas les travaux des champs, étaient
interrompues (Am 8:5) et que l'on profitait volontiers de ce
demi-repos pour faire visite aux «hommes de Dieu» =
prophètes (2Ro 4:23). Dans certaines maisons, un jour de
nouvelle lune était mis en réserve pour le sacrifice annuel qui
réunissait tous les membres de la famille (1Sa 20:6).

La fête de la Tonte des brebis, importée du désert et
mentionnée 1Sa 25:2 et suivants, 2Sa 13:23, (comp. Ge
38:12) n'était pas générale. Elle n'est mentionnée dans aucune
législation, car elle ne concernait évidemment qu'une partie des
familles du peuple, et elle n'avait sans doute rien de spécifiquement
religieux. Peut-être, du reste, a-t-elle disparu d'assez bonne heure.

D'autres fêtes analogues, concernant des faits particuliers de la
vie des Israélites, ont certainement existé, mais nous ne les
connaissons pas.

II Législation deutéronomique.

Le Deutéronome (De 16:1-17) n'introduit pas de fêtes nouvelles;
il laisse subsister les rites anciens, sauf sur des points de détail;
il précise en revanche la date de la fête de la moisson, qui est
maintenant appelée fête des Semaines Chebouoth , en disant
qu'elle doit être célébrée sept semaines après que la faucille aura
été mise dans les blés (c-à-d, après la fête du printemps, Matsoth)
et il fixe à sept le nombre des jours de la fête des
récoltes qu'il appelle fête des Tabernacles (Soukkoth) , parce que
l'habitude était introduite d'habiter pendant la fête dans les huttes
de feuillage, comme cela se faisait en temps de vendanges. Il insiste
sur le caractère joyeux que devaient avoir la fête des Tabernacles et
celle des Semaines: «Tu te réjouiras, toi, ton fils et ta fille, ton
serviteur et ta servante, et le lévite, l'étranger, l'orphelin et la
veuve qui sont dans tes portes. Tu célébreras la fête en l'honneur de
l'Éternel, car l'Éternel ton Dieu te bénira dans toutes tes récoltes
et dans le travail de tes mains; tu te livreras donc entièrement à la
joie» (v. 15). On reconnaît ici le grand souffle de piété et la
bienveillance pour les pauvres et les petits, qui animent le
Deutéronome.

Nous notons en passant que les versets relatifs à Pâque-Matsoth
(verset 1-8) soulèvent des difficultés d'interprétation, mais nous ne
nous y arrêtons pas. Tout cela n'a qu'une importance secondaire.

En revanche, le Deutéronome a amené une modification profonde dans
l'organisation des trois grandes fêtes annuelles, y compris la Pâque,
en ordonnant qu'elles soient désormais célébrées au seul sanctuaire
de Jérusalem. Jusqu'alors on les célébrait dans les sanctuaires
locaux, où elles demeuraient en connexion étroite avec les travaux de
la terre. Transportées à Jérusalem, elles ont en partie perdu leur
ancien caractère et sont devenues, sans doute sous des formes
différentes mais avec la même portée générale, des oeuvres de piété
que l'on devait pratiquer pour servir l'Éternel comme il l'avait
commandé. Dans la pratique, la célébration était rendue plus
difficile, puisque l'Israélite devait se transporter avec sa famille,
le bétail pour les sacrifices et ses autres offrandes, souvent loin
de sa demeure. Le législateur y avait pourvu dans une certaine mesure
en permettant à l'Israélite, pour la dîme tout au moins, de vendre
chez lui ce qu'il destinait à l'Éternel et de racheter le nécessaire
à Jérusalem (De 14:22-29). Ce ne devait pas être toujours d'une
exécution facile, et surtout le législateur ne dit rien de la manière
dont il faudra célébrer à l'avenir la fête de Pâque proprement dite,
le soir du 14 du premier mois (abib ou nisan), fête essentiellement
familiale transformée en fête de la communauté et transportée à
Jérusalem.

Les Chroniques, dans des récits qui sont plutôt des explications
postérieures que de l'histoire (2Ch 30 et 2Ch 35), ont
heureusement pourvu à ce que le Deutéronome ne dit pas: 2Ch 30 raconte
qu'au temps d'Ézéchias le roi ordonna la célébration d'une grande
fête de Pâque. Mais les participants n'étant pas tous purs, les
lévites se chargèrent pour eux de l'immolation de l'agneau, dont la
chair leur fut ensuite rendue, toute préparée, pour qu'ils la
mangeassent selon leurs maisons paternelles. (cf. 2Ch 35:13)
C'est sans doute d'une façon analogue que fut célébrée la Pâque
commandée par Josias, après l'adoption du Deutéronome, et dont il est
dit qu'aucune Pâque semblable n'avait été célébrée depuis le temps
des Juges (2Ro 23:21-23).

Les auteurs du Deu. tenaient beaucoup à ce que le peuple connût
exactement la loi qui lui avait été donnée; de là la prescription de
De 31:9-13, d'après laquelle tous les sept ans (lors de l'année
de relâche), la loi devait être lue devant le peuple à la fête des
Tabernacles.

III Législation sacerdotale (P).

C'est ici que nous trouvons les prescriptions les plus détaillées
relatives aux fêtes annuelles. Celles-ci sont définitivement devenues
des fêtes de la communauté dans son ensemble, qui doit les célébrer
le même jour, selon les rites établis, au seul sanctuaire légitime
(temple de Jérusalem). P en fixe donc exactement la date (mois et
jours), la durée et le rituel (voir Le 23 et No 28-29). Ces
derniers chapitres indiquent spécialement les différents sacrifices à
offrir chaque jour de fête. Voir, en outre, pour la Pâque: Ex
12:1-13,43-49,No 9:1-14; pour Matsoth: Ex 12:14-20.

La Pâque, fixée au 14 nisan (autrefois abib =mars-avril), ne
perd pas dans P, quoique étroitement unie à Matsoth, son caractère de
fête familiale, car P ne change rien aux prescriptions données Ex
12 pour la première Pâque, qui fut célébrée dans les «maisons
paternelles». Et la Pâque a effectivement conservé jusqu'à la fin son
caractère de fête de famille, malgré la concentration du culte à
Jérusalem (voir parag. V). P ne dit pas comment, dans la pratique, on
le sauvegardait de son temps; on faisait sans doute intervenir les
règles posées par 2Ch 30 et 2Ch 35, qui sont d'origine
sacerdotale.

P accorde à ceux qui sont impurs ou en voyage le 14 nisan, la
liberté de célébrer la Pâque le 14 du mois suivant, avec le même
rituel (No 9:1,14).

La fête des Pains sans levain (Matsoth), qui suivait
immédiatement la Pâque, est fixée du 15 au 21 nisan; elle durait donc
sept jours, comme déjà dans les temps anciens. Le premier jour et le
septième étaient plus sacrés que les autres: le travail était
interdit comme en un jour de sabbat, et il y avait sainte
convocation, c-à-d, réunion solennelle dans le temple, sans doute
avec lecture de la loi, prières et cantiques. Pendant toute la durée
de la fête on ne devait manger que des pains sans levain, et aucun
levain ne devait être toléré dans les maisons (Ex 12:19). Chaque
jour des sacrifices spéciaux devaient être ajoutés aux sacrifices
ordinaires (No 28:19-23). Une cérémonie particulière était
l'offrande de la première gerbe de la moisson nouvelle, que le prêtre
présentait à Dieu en l'agitant de côté et d'autre, suivant le rituel
usité pour de semblables offrandes. Jusqu'alors il n'était pas permis
de manger soit pain, soit épis provenant de la récolte nouvelle.
Cette cérémonie avait lieu le lendemain du 15 nisan, qui était un
jour sabbatique (ou le lendemain du sabbat qui tombait dans la
semaine sainte), et c'était de ce jour-là qu'on partait pour compter
les sept semaines qui devaient s'écouler jusqu'à la fête suivante. On
voit que même dans P, qui insiste sur la signification historique de
Matsoth, la fête avait conservé une attache avec le cycle agricole de
la Palestine.

La fête des Semaines (Chebouoth, Pentecôte dans le N.T.,
précédemment fête de la moisson) se célébrait sept semaines après la
présentation de la première gerbe à Matsoth. Elle ne durait qu'un
jour mais avec repos sabbatique; la cérémonie caractéristique était
l'offrande de deux pains levés que l'on apportait du dehors, tels
qu'on les mangeait dans les maisons, et que le prêtre présentait à
Dieu en les agitant de côté et d'autre.

La fête des Tabernacles (Soukkoth, ancienne fête des
récoltes), fixée du 15 au 22 tisri (sept.-oct.), durait huit jours et
non plus sept comme auparavant. A noter cependant que, dans Le
23:33-36 39-43 il y a oscillation entre les chiffres 7 et 8, mais
dans No 28, le chiffre 8 est seul admis et n'a plus varié dès
lors. P précise d'autre part que les huttes de feuillage qui ont
donné à la fête son nom définitif devaient rappeler les tentes sous
lesquelles le peuple israélite habitait pendant son séjour au
désert (Le 23:41-43).

Dans P, la fête des Tabernacles est encore la plus grande fête de
l'année, comme le montre No 29, qui indique pour chaque jour, à
côté des sacrifices ordinaires, des sacrifices spéciaux différents
les uns des autres. Ces sacrifices spéciaux, sans compter les
sacrifices ordinaires, comportaient l'immolation de 199 taureaux,
béliers, boucs ou agneaux. Le premier et le huitième jour étaient des
jours de sainte convocation avec repos sabbatique.

Aux anciennes fêtes, P en a ajouté deux autres: la fête du
Premier tisri (sept.-oct.) et le grand Jour des Expiations (10 tisri).

Fête du Premier tisri (septième mois). Nous avons dit que,
dans les temps anciens, la fête des récoltes (Tabernacles) marquait
sans doute le commencement de l'année nouvelle (en automne). Quand,
vers la fin de la période anté-exilique, le commencement de l'année
fut transporté au printemps, suivant la coutume babylonienne, que
donc le mois de nisan (ou abib, mois des épis) devint le premier des
mois, (cf. Ex 12:1) et le premier nisan le premier jour de
l'année, la fête des Tabernacles ne pouvait plus être la fête du
Nouvel An. Mais l'ancienne manière de compter les années à partir de
l'automne n'en demeura pas moins vivante dans le peuple. On laissa
donc la fête des Tabernacles à sa date habituelle et on institua, à
côté, une fête spéciale, le premier jour (nouvelle lune) du mois de
tisri, ou plus exactement on donna à la nouvelle lune de ce mois-là
une importance plus grande qu'aux autres fêtes de nouvelle lune qui
continuaient à subsister. Tandis que pour celles-ci No 28:11,15
se borne à prescrire des sacrifices spéciaux, qui étaient l'affaire
des prêtres plutôt que du peuple, le premier jour du septième mois,
introduit par le son des trompettes, devint un jour de sainte
convocation avec repos sabbatique (Le 23:23-25,No 29:1-6).
C'était une manière de marquer le commencement de la seconde partie
de l'année, autrefois la première, et de rappeler sur le terrain
religieux, indépendamment des réjouissances populaires de l'ancien
Nouvel An, l'antique coutume de placer en automne le début d'une
année nouvelle. On sait que l'antique coutume a fini par reprendre le
dessus et qu'elle a persisté jusqu'à aujourd'hui chez les Juifs, qui
appellent le premier tisri le rosch hasch-schana =le premier
jour de l'année.

Le grand Jour des Expiations (yôm hakkip-pouritn). Quoiqu'il
y ait lieu d'admettre qu'un jour d'expiation, tout au moins des
cérémonies d'expiation aient existé en Israël, à l'occasion du
renouvellement de l'année en automne, dès les temps anciens, le grand
jour des expiations n'est mentionné nulle part avant la législation
sacerdotale, et encore est-il probablement une des parties les plus
récentes de cette législation.

Il est mentionné, mais sans son rituel spécial, dans Le 23:22-32
et No 29:7-9, où ne se trouvent que des prescriptions
analogues à celles des autres jours de fête: sacrifices, sainte
convocation, repos sabbatique. Les prescriptions caractéristiques ne
se trouvent que dans Le 16 (chapitre qui offre quelques
difficultés aux interprètes). Le rituel est extrêmement curieux. Le
grand-prêtre (souverain sacrificateur) opère seul, revêtu non pas de
son costume spécial, mais uniquement de fin lin. Cinq animaux
figurent dans les sacrifices: un taureau, deux boucs et deux béliers.
Le sort est jeté sur les deux boucs et l'un est désigné pour
l'Éternel, l'autre pour Azazel (voir ce mot), démon du désert qui
représente la puissance malfaisante. Le grand-prêtre égorge tout
d'abord le taureau en expiation pour lui et pour sa maison, mais il
n'en porte pas le sang sur l'autel ordinaire; il le porte, en ayant
soin de se munir d'un brasier dont la fumée doit le couvrir devant
l'Éternel, dans le lieu très-saint, et il en fait du doigt
l'aspersion sur le propitiatoire (couvercle de l'arche) et sept fois
devant le propitiatoire. Il prend ensuite le bouc destiné à
l'Éternel, l'égorgé, en porte de même le sang dans le lieu
très-saint, où il fait l'aspersion sur et devant le propitiatoire.
C'est ainsi, dit le texte (verset 16), qu'il fera l'expiation pour le
sanctuaire, à cause des impuretés des enfants d'Israël et de toutes
les transgressions par lesquelles ils ont péché. Il doit en faire de
même pour le lieu saint et pour l'autel des holocaustes (verset 18;
non pas autel des parfums). Après cela, il doit prendre le second
bouc vivant, poser les mains dessus, confesser sur lui toutes les
iniquités d'Israël, les mettre sur la tête du bouc, puis le chasser
dans le désert à l'aide d'un homme qui aura cette charge. Le bouc
devait emporter dans le désert (le domaine du péché et de l'impureté)
les iniquités d'Israël et les faire retomber, avec le châtiment
qu'elles avaient mérité, sur Azazel. Il y a là une curieuse cérémonie
encore non expliquée; elle a sans doute des origines lointaines, mais
nous ne les connaissons pas, car Azazel n'est pas nommé ailleurs dans
tout l'A.T.; il figure dans les écrits juifs postérieurs comme chef
de la puissance du mal (autre nom de Satan).--Le bouc était, même
dans les temps postérieurs, vraiment chassé dans le désert; on
mettait sur les murs du temple et sur la route du désert des
sentinelles qui devaient annoncer quand l'homme chargé de le conduire
avait atteint les limites du pays.

Quand avaient été accomplies toutes ces premières cérémonies, qui
étaient les principales, le grand-prêtre quittait ses habits de lin,
se lavait le corps, revêtait son costume sacerdotal et offrait les
deux béliers en holocaustes ordinaires pour lui et pour le peuple:
c'étaient les premiers sacrifices de la communauté purifiée.

Le grand Jour des Expiations était à la fois une purification du
sanctuaire, souillé par les péchés du peuple et des prêtres, et une
expiation des péchés du peuple, qui devait parfaire toutes les autres
expiations des particuliers, des prêtres et de la communauté
elle-même. Le sacrifice journalier (thaniid) et les sacrifices
des grandes fêtes faisaient expiation, mais il pouvait rester des
péchés non expiés et, à la longue, le sanctuaire lui-même prenait
quelque chose de la souillure ambiante. Le grand Jour des Expiations
devait tout remettre au net, rendre au sanctuaire sa pureté
naturelle, éloigner tout ce qui séparait encore le peuple de son
Dieu. Il concentrait en une cérémonie uniquement destinée à
l'expiation ce que l'on attendait de tous les sacrifices: il était
l'expiation par excellence. Il avait sa place marquée au
renouvellement de l'année; il est devenu rapidement le jour le plus
saint du calendrier israélite, sans être cependant, au point de vue
de la participation, la plus fréquentée et la plus importante des
fêtes. Toute la cérémonie est un témoignage du sentiment profond que
l'Israélite avait de son péché et du besoin d'expiation. C'est un des
points qui montrent le mieux que l'Évangile ne pouvait naître que sur
le terrain de l'A.T.

IV Fêtes postérieures.

Après la clôture de la législation, sur le terrain du judaïsme
proprement dit, de nouvelles fêtes ont été instituées. Nous les
énumérons brièvement.

1.

Fête de la Dédicace.
Cette fête n'a aucun rapport avec la dédicace du premier temple
au temps de Salomon (1Ro 8), ni avec celle du deuxième temple au
temps de Zorobabel (Esd 6:15-18). Elle a été instituée par Judas
Macchabée et ses frères, à l'occasion de la purification du temple le
25 kislev (nov.-déc.) de l'année 165 avant J.-C, après les trois ans
pendant lesquels il avait été occupé par les Syriens (Antiochus IV
Épiphane) et consacré à Jupiter Olympien. On illuminait les maisons
pendant huit jours, à partir du 25 kislev, à Jérusalem et dans toutes
les localités. C'est pourquoi l'historien Josèphe a appelé cette fête
phôta =la fête des lumières (Ant., XII, 7:7). Voir 1Ma 4 et 2Ma 10.

2.

Jour de Nicanor.

Célébré le 13 adar (févr.-mars), en souvenir de la victoire de Judas
Macchabée sur le général syrien Nicanor le 13 adar 161 av.
J.-C (1Ma 7:49,2Ma 15:36 et suivants). Mais la fête ne
subsista pas longtemps; elle se confondit avec la fête de Purim, qui
la suivait immédiatement.

3.

Fête de Purim.

Elle a été instituée, d'après le livre d'Esther (voir ce mot), en
souvenir de la grande délivrance accordée aux Juifs de l'empire
perse, sous le règne d'Assuérus (Xerxès); cf. Est 9:20-26. Le
nom de purim vient, d'après v. 24, d'un mot perse, pur,
signifiant sort, parce que le méchant Haman avait jeté les sorts
quand il projetait de faire mourir les Juifs. Mais ce mot pur
n'existe pas dans la langue perse; il s'agirait plutôt de l'assyrien puru ou buru (=pierre). La fête était célébrée le 14 et le
15 adar. Elle était précédée d'un jour de jeûne qui, à l'époque
chrétienne, fut fixé au 13 adar (ancien jour de Nicanor). C'était
essentiellement une fête de famille, accompagnée de grandes
réjouissances et d'échanges de cadeaux. Mais elle avait passé
également dans la synagogue, où on lisait alors le livre d'Esther, au
milieu des applaudissements de l'assemblée. Il y a de sérieuses
raisons de penser que le livre d'Esther a été écrit non pas avant
l'introduction de la fête dans les milieux juifs de l'empire perse,
mais une fois que la fête était bien établie, et qu'il est un essai
d'explication bien plus qu'un écrit absolument historique. Aussi
a-t-on cherché la véritable origine de cette fête dans le Nouvel An
persan ou le Nouvel An babylonien, que les Juifs auraient célébré
avec la population au milieu de laquelle ils vivaient et qu'ils
auraient ensuite transformé en une fête à eux, en lui donnant, à la
suite de circonstances que nous ne connaissons pas, une signification
nationale. C'est possible mais non certain. Elle est mentionnée pour
la première fois en Palestine dans 2Ma 15:36, mais elle
est devenue rapidement très populaire.

V Au temps de Jésus et des apôtres.

Ni la fête du Premier tisri, ni le jour de Nicanor, ni la fête de
Purim ne sont nommés dans le N.T.; cependant il est très probable que
la fête mentionnée Jn 5:1 était une fête de Purim, quoique
l'obligation de monter à Jérusalem n'existât pas pour ces jours-là et
que rien, dans l'ensemble du chapitre, ne fasse penser aux
réjouissances qui les accompagnaient (voir Chronol. du N.T., I, 3).
Il est fait allusion au grand Jour des Expiations dans Heb
9:7,25; la fête de la Dédicace est mentionnée Jn 10:22, celle
des Tabernacles Jn 7 2, celle de Pentecôte à plusieurs
reprises (Ac 2, 1Co 16:8,Ac 20:16), et la fête de Pâque plus
souvent encore, puisque ce fut à cette époque de Pâque que mourut
Jésus. Nous attirons l'attention sur trois points:

1.

La fête de Pentecôte, qui ne jouait qu'un rôle secondaire, a acquis
une plus grande importance qu'autrefois. Preuve en soient les
nombreux pèlerins dont parle Ac 2 et le fait que Paul tenait
beaucoup, dans son dernier voyage à Jérusalem, à arriver pour
Pentecôte dans la ville sainte (Ac 20:16). C'est ce que
l'historien Josèphe relève aussi à plusieurs reprises (Ant., XIV,
13:4, XVII, 10:2; G. J., II, 3:1). Cette plus grande importance
lui venait sans doute du fait qu'on avait, nous ne savons exactement
quand, ajouté à sa première signification celle de mémorial du don de
la loi sur le Sinaï. La loi n'ordonnait qu'un jour de fête; un
deuxième a été introduit dans le calendrier, on ne sait pas non plus
à quelle époque; les Juifs en célèbrent actuellement deux.

2.

La fête de Pâque (comprenant à la fois la Pâque proprement dite et
Matsoth) était devenue déjà avant l'ère chrétienne la principale des
fêtes juives, celle qui attirait à Jérusalem le plus grand nombre de
pèlerins. L'historien Josèphe estime à plus de deux millions le
nombre d'hommes qui pouvaient être, à cette occasion, réunis dans la
ville sainte (G.J., VI, 9:3). La délivrance de la servitude
d'Egypte, dont elle rappelait le souvenir, était la plus grande
oeuvre de Dieu à l'égard de son peuple, et elle avait pris dans la
conscience d'Israël la place qu'a pour nous le salut en Jésus-Christ.
C'est donc à Pâque avant tout que le peuple juif devait célébrer la
grandeur et la miséricorde de son Dieu.

Une coutume spéciale peut être rattachée à l'idée de délivrance
qui dominait les esprits: celle de libérer pendant la durée de la
fête un prisonnier menacé de mort. Elle n'est mentionnée que dans le
N.T. (Mr 15:6 et suivants, Mt 27:15 s, Lu 23:17 s,
Jn 18:39).

La Pâque proprement dite continuait, quoique célébrée à
Jérusalem, à être une fête de famille. L'agneau était immolé dans le
temple, mais le repas réunissait à part, dans le local qu'on avait pu
trouver, les membres ou les amis d'une même famille. Le rituel du
repas pascal au temps de Jésus, qui nous intéresse spécialement
puisque c'est dans un semblable repas que le Seigneur institua la
sainte Cène, était le suivant: quand tout le monde était assis, le
père de famille prenait une première fois la coupe, la bénissait et
la passait aux assistants; c'est la coupe dont parle Lu
22:10-17. Puis chacun mangeait un peu d'herbes amères, et le père
lisait la liturgie de fête, passages de la loi et prières, et
répondait aux questions de son fils qui lui demandait l'origine et le
but de la cérémonie. On passait la deuxième coupe et on chantait les
Ps 113 et Ps 114 (première partie du grand Hallel: Ps
113 Ps 114 Ps 115 Ps 116 Ps 117 Ps 118). Puis venait, après une courte prière,
le repas proprement dit composé du pain sans levain, rompu préalablement par
le père de famille, de la chair rôtie de l'agneau et d'herbes amères.
Le repas terminé, (cf. 1Co 11:25: «après avoir soupé») le père
remplissait la coupe une troisième fois, la bénissait et la passait
aux assistants, après en avoir naturellement bu lui-même comme les
premières fois. C'est cette troisième coupe qui était spécialement
appelée coupe de bénédiction. (cf. 1Co 10:16) On chantait
ensuite la fin du grand Hallel (Ps 115 Ps 116 Ps 117 Ps 118,Mt 26:30
et parallèle); on buvait une quatrième coupe, puis même, si on voulait,
une cinquième, accompagnée du chant des Ps 120 à Ps 137, et la
fête se terminait assez avant dans la nuit. Les quatre premières
coupes étaient obligatoires; même les plus pauvres devaient se les
procurer, fût-ce aux frais de la communauté.

3.

Nous connaissons, par le traité Soukka du Talmud, différentes
cérémonies qui accompagnaient la célébration de la fête des
Tabernacles
au temps de Jésus et qui ne figurent pas dans l'A.T.

Disons tout d'abord que les participants devaient porter dans la
main droite une palme dont les feuilles n'étaient pas encore
étendues, entourée d'une branche de myrte et d'une branche de saule
(loulab), et dans la main gauche un citron (ethrog), toutes
les fois qu'ils montaient au temple en procession solennelle. Pendant
les six premiers jours de la fête, il y avait une procession
solennelle autour de l'autel des holocaustes, les prêtres marchant en
tête de la foule qui agitait les palmes et criait hosanna; le
septième jour, la procession se faisait sept fois. Pendant les sept
premiers jours de la fête, mais non pas le huitième comme on l'a cru
à tort sur le dire d'un seul rabbi en contradiction avec les autres,
un prêtre allait chercher de l'eau à l'étang de Siloé dans une cruche
d'or contenant trois logs (=1 litre 1 12) et l'apportait, en
passant par la porte des Eaux, dans le parvis du temple, où il était
reçu au son des trompettes; un autre prêtre prenait l'eau, en
prononçant Esa 12:3, la mêlait avec du vin employé pour les
libations et la versait dans deux trous pratiqués à droite et à
gauche de l'autel: le tout au milieu du son des trompettes et
d'autres instruments, avec psaumes chantés par les lévites.

C'est à cette cérémonie spéciale que Jésus se réfère sans
doute (Jn 7:37-39), quand il s'écrie: «Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne à moi et qu'il boive.» Mais il ne faut pas conclure de
la date indiquée: le dernier et grand jour de la fête, que ce fût le
8 e jour de la fête. Plus grand que le 8 e était le 7 e, celui où
l'on faisait 7 fois le tour de l'autel. Le 8 e jour était un
jour de sainte convocation avec repos sabbatique. C'était comme un
appendice à la fête proprement dite.

Le premier jour était aussi un grand jour. Le soir, la foule se
réunissait dans le parvis des femmes brillamment éclairé par des
candélabres à quatre branches, et là, au milieu de la musique, du
chant des psaumes, du son des trompettes, les hommes les plus
considérés et les prêtres dansaient en tenant un flambeau à la main,
pendant que le peuple regardait et poussait des clameurs de joie.
C'était une nuit fort gaie, qui ne se terminait qu'au chant du coq.
Serait-ce à l'illumination de la nuit du 15-16 tisri que Jésus se
réfère (Jn 8:12), quand il dit: «Je suis la lumière du monde»?
C'est possible, mais il faut se rappeler que l'illumination n'avait
lieu que le premier jour de la fête. Elle n'était pas répétée les
jours suivants.

La présentation des sacrifices ordinaires était aussi accompagnée
du son des trompettes, du jeu des instruments et de chants des
lévites, spécialement du chant du grand Hallel,
(Ps 113 Ps 114 Ps 115 Ps 116 Ps 117 Ps 118) auquel la foule
se mêlait par des répons et des hosannas, avec agitation répétée
des palmes.

On le voit, la fête des Tabernacles avait, au temps de Jésus,
subi diverses modifications, mais elle n'était pas devenue une fête
triste. On ne célébrait plus, avant tout, les dons de Dieu dans la
nature, mais l'ensemble des grâces, matérielles et spirituelles, que
l'Éternel avait accordées à son peuple et continuait de lui accorder.
L. A.