ÉVANGILES SYNOPTIQUES (1.)
I Définitions.
La qualification de Synoptiques est appliquée par les théologiens,
depuis la fin du XVIII e siècle, aux trois évangiles connus sous les
noms de saint Matthieu, saint Marc et saint Luc: nous les citons ici
dans l'ordre habituel, qui était celui du plus grand nombre des
anciens manuscrits, et qui a prévalu lors de la fixation définitive
du canon du N.T. (voir art.). Un tableau synoptique (du grec
sunopsis-- vue d'ensemble) est une disposition méthodique
permettant de saisir les ensembles d'un coup d'oeil: ainsi les évangiles
synopt, sont ceux qui peuvent être répartis en regard les uns des
autres, en textes parallèles, d'une manière à peu près continue,
malgré quelques divergences secondaires; au contraire, une quatrième
colonne réservée à l'évangile selon saint Jean fait sauter aux yeux,
malgré l'accord foncier de son témoignage avec les trois autres, des
séries de pages entières qui n'ont chez eux aucun équivalent, et,
pour le contenu qu'il possède en commun avec l'un ou plusieurs
d'entre eux, une distribution qui n'appartient qu'à lui. Certes, les
récits évangéliques constituent une famille fortement unie, autour de
Celui à qui tous les quatre rendent un témoignage unanime et
concordant (voir Évangiles, harmonie des); mais un air de famille
particulier caractérise le groupe des trois premiers: c'est le type
synoptique, en contraste avec le type johannique du quatrième, unique
en son genre.
D'où les deux grands problèmes relatifs aux évangiles.
1° Problème johannique: pourquoi cette physionomie
toute personnelle à l'évangile de Jn? (voir art.).
2° Problème synoptique: quelle parenté explique
cette ressemblance, dominant leurs traits distinctifs, entre les
évangile de Matthieu, Marc et Luc?
C'est ce second problème, celui de leurs relations réciproques, que
nous devons étudier ici, en réservant pour les art. spéciaux (voir
Marc, Matthieu, Luc, évangile de) leurs caractéristiques particulières
et la question de la date de composition de chacun d'eux.
Poser le problème synoptique et s'efforcer de le résoudre n'est
aucunement nier le miracle des Évangiles, c'est-à-dire leur
inspiration divine, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu ne réduise
jamais les écrivains sacrés au rôle passif d'enregistreurs sans
liberté ni personnalité. Si ces grands inspirés que furent en effet
nos évangélistes ont eu quelque Initiative dans la composition de
leurs ouvrages, il s'ensuit que leurs méthodes humaines de
composition, comme les moyens humains d'information que Dieu leur a
réservés, les font appartenir au genre littéraire des documents
historiques et les soumettent par là même à l'examen des conditions
du genre, pour qui recherche la vérité: examen d'autant plus
respectueux, d'ailleurs, mais aussi d'autant plus réfléchi, qu'il
s'agit des documents de la sublime révélation de Dieu aux hommes
(voir Critique, Inspiration).