ESDRÉLON
Nom grec de la plaine appelée aujourd'hui Merdj ibn Amir
(prairie du fils d'Amir) et autrefois, mais dans une acception un peu
plus restreinte, plaine ou vallée de Jizréel (voir ce mot).
Vaste étendue triangulaire, dont l'hypoténuse, orientée de N.-O,
à S.-E., court sur 50 km., de Djenîn (=En-Gannim) à Haïfa, et dont
l'angle droit serait sensiblement au mont Thabor. Plaine très fertile
dont la terre, formée de roches volcaniques décomposées, est
favorable à la culture et aux pâturages, et où les eaux sont drainées
par le Nahr el-Moukatta (=le Kison de Jug 5:21,1Ro 18:40).
Très convoitée de tout temps, elle fut le théâtre de combats acharnés
et répétés: ceux de Débora et de Barak contre Jabin et
Sisera (Jug 4-5), de Gédéon contre les Madianites (Jug 7),
de Saül contre les Philistins (1Sa 28 à 1Sa 31).
Dès la plus haute antiquité, les listes égyptiennes mentionnent
Méguiddo (aujourd'hui Tell el-Moutésellim), ville forte en
bordure de la plaine et, avec Thaanac, solide point d'appui pour les
pharaons envahisseurs ou les roitelets cananéens (Jug 5:19,2Ro
23:30). Lieu de campement des troupes d'Holopherne (Jug 7:3).
La plaine d'Esdrélon était la grande voie de communication de la
Méditerranée au Jourdain par Beisân (voir Beth-Séan), du Carmel à
Damas, empruntée par les commerçants et les conquérants. Elle fut
sillonnée de bonne heure d'un réseau routier, et Josèphe (Ant,
VIII, 2:3) attribuait même certaines routes à Salomon. Une route de
Haïfa à Djenîn par Méguiddo fut établie sous les Flaviens, longeant
la chaîne du Carmel. Des fouilles ont exploré le site de Thaanac.
D'autres, plus systématiques, sont en cours à Tell el-Moutésellim
(voir Méguiddo). A. P.