EPHRAÏM
Fils cadet de Joseph, né en Egypte comme Manassé; leur mère
s'appelait Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On (Ge
41:50-52, E; Ge 41:45, J). Son nom dérive d'un verbe hébreu
qui signifie «être fécond». Les bénédictions de Jacob (Ge
49:22-26) parlent de Joseph et nullement de ses deux fils. Certains
commentateurs voient dans ce texte une allusion générale au clan
éphraïmite. Ce qui est plus certain, c'est que Ge 48:14 place
Éphraïm avant Manassé (J) au moment de la bénédiction que leur donne
Jacob: le cadet passe avant l'aîné. Ge 48:5 présente le même
fait et Ge 50:23 le cite dans le même ordre, mais place Makir,
fils de Manassé, immédiatement après; ici Manassé ne figure pas dans
le texte. Que conclure de ces indications? Est-on en présence d'une
allusion qui affirmerait le rôle prééminent de cette tribu? Il est de
fait qu'Éphraïm a donné à l'histoire israélite Josué (No 13:8)
et le prophète Samuel (1Sa 1). La portion du territoire qui
échut à Éphraïm était productive: c'était la moitié S. de la future
province de Samarie. (cf. Jos 16:5 et suivants) D'après les
chiffres de recensements, dont nous avons déjà marqué le peu de
valeur historique, dans les passages sacerdotaux, la population de la
tribu représentait environ les 5 ou 7 pour cent d'Israël, non compris
Lévi (No 1:33 26:37).
D'après le cantique de Débora, il se pourrait que les Éphraïmites
se fussent adjoint des Amalécites (Jug 5:14 12:15). Jéroboam I
er (1Ro 11:26) devait être originaire de la même tribu: les
villes de Sichem, Thirtsa et Samarie appartenaient à son territoire;
après la folle équipée de Roboam, elles passèrent au royaume du N. ou
d'Israël, dont la tribu d'Éphraïm fut toujours le centre politique et
militaire: d'où la désignation, fréquente chez les prophètes, de ce
royaume du N. sous le nom d'Éphraïm (Os 4:17 6:4,Jer 31:18,
etc.). Avant le schisme, toutefois, la tribu d'Éphraïm avait dû
entretenir d'étroites relations avec Benjamin et Makir, car les
textes englobent l'une et l'autre sous l'expression «maison de
Joseph» 1Sa 19:20, ce qui suppose une séparation politique
d'avec Manassé qui s'esquissa très tôt (Ge 48:5,13), pour
s'achever tardivement. La tradition du Deutéronome consacre ce
fait (De 33:17). Le livre des Juges reproche à Éphraïm son
libéralisme à l'égard des Cananéens (Jug 1:29) et à l'occasion
de l'histoire de Sichem (Jug 8-9). La tendance belliqueuse de ce
clan se manifesta en particulier au lendemain de la mort de Saül; son
successeur David dut recourir à la contrainte afin d'établir l'unité
nationale compromise par Ephraïm qui témoignait un réel attachement à
l'ancienne dynastie benjamite «de la maison de Joseph» (2Sa 2:9
à 2Sa 5:1). Deux indications retiennent encore l'attention:
c'est en Éphraïm que se trouvait le sanctuaire national de Silo où
Josué tint ses conciliabules au sujet du partage du pays (Jos
18:1 21:1 et suivant, etc.), et où le jeune Samuel s'initia à sa
vocation prophétique sous la direction du prêtre attitré
Héli (1Sa 1 ss). P. W.