EGYPTE (5)
Organisation sociale.
Les liens de famille, plus marqués peut-être en Egypte qu'ailleurs,
ont assuré à la femme une situation privilégiée, une influence
qu'elle ne possède nulle part en Orient. Ce sont eux qui sans doute
ont déterminé l'organisation sociale dès les temps les plus reculés,
les groupements locaux qui, après avoir formé des tribus, se sont
réunis pour constituer de véritables monarchies dans les deux parties
du pays. Le début de l'histoire est marqué par l'union sous un seul
sceptre de ces deux royaumes qui gardent, au moins en principe, leur
administration particulière, constituant les deux éléments
caractéristiques de la double monarchie pharaonique.
Le pivot de l'organisation politique du pays est une royauté
absolue, issue directement des dieux et continuatrice de leur oeuvre.
La pureté du sang royal est donc indispensable et, lorsqu'une lignée
s'éteint ou est renversée, les successeurs s'empressent de légitimer
leur accession au trône par des alliances.
Dynasties
Époque thinite I et II 4000-3400
Ancien Empire memphite III-VI 3400-2500
1re période intermédiaire (féodalité) VII-X 2500-2300
Moyen Empire thébain XI-XII 2300-2000
2° période intermédiaire (les Hyksos) XIII-XVII 2000-1600
Nouvel Empire thébain XVIII-XX 1600-1100
Dynasties du Delta et Éthiopiens XXI-XXV 1100-663
Renaissance saïte XXVI 663-525
Période perse XXVII-XXX 525-332
Période grecque 332-30
Période romaine 30 av. J.-C.
Le principe de cette monarchie théocratique survécut à toutes les
crises, assurant ainsi pendant quarante siècles la continuité de la
civilisation égyptienne.
Le pharaon a autour de lui, pour l'aider à gouverner, une série
de fonctionnaires, plus ou moins nombreux suivant les époques, et qui
ne sont pas nécessairement choisis parmi les gens haut placés: tout
homme peut arriver par son mérite à occuper un poste important dans
l'État. Il y a là une sorte de mandarinat qui amène continuellement
au pouvoir des éléments nouveaux, et c'est ainsi que l'Egypte a évité
la constitution de castes fermées, la lutte des classes et les
révolutions sociales.
L'élément militaire ne pouvait avoir qu'une importance secondaire
dans un pays pacifique comme l'Egypte, sauf dans les périodes
d'affaiblissement du pouvoir royal, où il se constitua temporairement
une sorte de féodalité. La majeure partie des troupes égyptiennes fut
constituée de tous temps par des étrangers, Nubiens ou Libyens, la
race égyptienne étant trop peu militaire pour fournir en temps
ordinaire autre chose qu'une médiocre milice.
Les religions étaient des puissances importantes. Chaque localité
avait son clergé auquel étaient affiliées toutes les autorités, et
les principaux centres religieux, bénéficiant de la protection
royale, arrivèrent souvent, par leur richesse, à exercer une
véritable suprématie sur le pouvoir royal; il en résulta même des
crises terribles qui firent tomber plusieurs dynasties. D'habitude,
cependant, la multiplicité des cultes plus ou moins rivaux suffisait
à écarter ces dangers et l'on peut dire qu'en somme les religions
furent une des forces conservatrices qui maintinrent la civilisation
égyptienne.