DAMAN

(hébreu châphân =celui qui se cache).

Sg. trad. par lapin: à tort, car il n'y a de lapins ni en
Palestine ni au Sinaï; on y rencontre tout au plus deux ou trois
sortes de lièvres. Sg. rév. a corrigé avec raison: daman. Vers. Syn.
rend par gerboise, mais donne en note la variante: daman. Bbl. Cent.
emploie le nom scientifique: hyrax.

C'est en effet le hyrax syriacus (ou procaria) des
naturalistes, que les Arabes du S. appellent thofun
(voisin de châphân) et ceux de Palestine ouabr.
On le trouve dans le Liban, la Galilée N., le S. de la Phénicie, aux abords de la mer
Morte, en Arabie Pétrée (surtout au Sinaï), sur les deux rives de la
mer Rouge; il est quelques fois désigné sous le nom vulgaire d'agneau
d'Israël.

Il est de la grosseur d'un lapin, sa tête est ronde, ses oreilles
courtes, sa queue rudimentaire; son poil beau et fin est rougeâtre,
plus clair sous le ventre. Il ne creuse pas de terrier comme le
lapin, mais gîte dans les trous des rochers (Ps 104:18,Pr
30:24,26). Il y fait son nid garni d'herbes sèches et de poils; il y
enfouit ses petits, ordinairement au nombre de 4. Comme le lapin, il
sort le matin et le soir pour brouter des plantes parfumées. C'est
alors qu'on peut l'observer et le surprendre; opération difficile,
car ces animaux, méfiants, toujours sur leurs gardes, éventent les
pièges et, pendant leurs repas, en groupes peu nombreux, l'un d'eux
se tient en sentinelle. A la moindre alerte toute la bande disparaît
dans les rochers. Parfois on voit de loin un daman au repos, remuant
les mâchoires; un observateur superficiel croirait qu'il
rumine (Le 11:5,De 14:7). Il est du reste inoffensif. Il tente
bien de mordre qui le saisit, mais on a vite raison de sa résistance.

On en connaît quatre espèces: celui de Syrie déjà nommé, celui du
Cap qui remonte le littoral E. de l'Afrique jusqu'en Abyssinie, et
deux espèces dans l'Ouest africain. Le genre hyrax forme à lui seul
un ordre dont la place dans la classification générale est très
discutée; c'est que sa constitution anatomique est singulière:
mammifère ongulé, il n'est ni un ruminant (il lui en manque
l'estomac) ni un rongeur; ses incisives rappellent tout à fait celles
de l'hippopotame. Il n'a pas de griffes, les doigts de ses pattes
sont garnis de petits sabots analogues à ceux du même animal. Il se
rapprocherait donc des pachydermes. (Huxley le place entre le groupe
des éléphants et celui des chevaux, mais il n'est guère suivi.) Sa
chair était interdite aux Israélites (Le 11:5,De 14:7). Les
Arabes en sont très friands. E. D.