CREDO

(=je crois). Affirmation de la foi personnelle (Jn 9:38),
énoncé de ce qui constitue les éléments essentiels de cette
foi (Jn 11:27). Premier mot de la confession de foi latine dite
«symbole des apôtres»; d'où ce symbole lui-même (réciter le credo).
Par extension, expression des croyances d'une Église,
officiellement affirmées sous une forme systématique; ainsi on dira:
le credo de Nicée.

Ce besoin d'affirmer ainsi sa foi en une formule précise existait
déjà chez les Juifs; tout Israélite pieux devait, en effet, réciter à
heures fixes' le chema,
formule composée des 19 versets suiv.:
De 6:4,9 11:13-21,No 15:37-41, et dont le premier mot était chema =écoute.
On peut résumer le chema en cette
affirmation: «L'Éternel notre Dieu est le seul Dieu». (cf. Mr
12:29) A la forme autoritaire de cette formule imposée: Écoute,
le christianisme va substituer l'adhésion libre et volontaire du
fidèle: Je crois. Déjà, dans les évangiles, Jésus exige parfois
des disciples, des malades qu'il guérit une déclaration de
foi (Jn 9:35). Il leur demande de croire en sa mission (Jn
9:35), en sa puissance (Mt 9:28), en sa personne (Jn
17:8); il tressaille de joie en entendant Pierre formuler le premier
credo, germe de l'Église future (Mt 16:16). Dans le livre des Ac
et les ép., nombreuses ébauches de credo à relever: Ac 2:38 8:37
16:31 Ro 10:9 s 1Co 8:6,Eph 4:4-6,1Ti 3:16 6:12,1Jn 4:2, etc.
Dans tous ces exemples l'affirmation de la foi apparaît libre et
spontanée; c'est l'expression d'une conviction née d'une expérience
personnelle, c'est le rayonnement d'une foi vivante et non l'adhésion
à une formule imposée.

L'époque de la rédaction des premiers symboles officiels demeure
pour nous incertaine. A l'origine, probablement, le catéchumène était
invité à formuler lui-même sa foi, à faire connaître son credo; mais
bientôt, pour défendre la pureté de la doctrine contre le pullulement
des hérésies d'origine juive ou païenne, l'Église fut amenée à
définir elle-même sa foi en des formules soumises à l'adhésion de
tous les nouveaux membres, formules abstraites qui devaient ensuite
fournir à la subtilité des théologiens ample matière à discussions et
à querelles tout en entravant le libre épanouissement de la pensée
religieuse, en enchaînant l'esprit à la lettre.

Il serait toutefois fort injuste de méconnaître l'utilité et la
nécessité d'un credo tant pour la foi de l'individu que pour celle de
l'Église. Le fait d'affirmer ainsi sa foi nous apparaît fort
avantageux à un triple point de vue.

Cette affirmation amène le croyant à préciser, à
définir, à «penser» sa foi et lui fait éviter le péril d'un
mysticisme vague et nébuleux.

Tout credo marque, par antithèse, ce qui distingue
notre foi de celle d'autres croyants, facilitant ainsi la
comparaison, la discussion, la saine critique et le libre examen.

Tout credo enfin est un témoignage à ce qui est
pour nous la vérité, il manifeste au monde d'une façon objective quel
est le fondement de notre foi et de notre espérance, il devient ainsi
un programme, un drapeau, un centre de ralliement. P. B.-M.