COULEURS
Les Juifs, quoique connaissant bien la teinture, parlent peu des
nuances, se contentent de distinctions élémentaires et n'insistent
sur les couleurs que dans les descriptions sacerdotales (tabernacle,
vêtements) ou apocalyptiques (chevaux): c'est qu'ils leur accordent
ordinairement une valeur symbolique.
I Couleurs naturelles.
1.
Jaune et vert.
Notion indécise, le mot jaune étant rare dans l'A.T (Ps 68:14,
Sg.). Le vert s'applique à tout ce qui concerne plantes, pousses,
herbes, et au fig. exprime la vigueur et la prospérité (Job
15:32,Ps 37:35 92:15,Os 14:8,Jer 11:16 17:8,Da 4:4). Les mêmes mots
désignent la couleur verte, qualifient les productions de la terre,
germes, herbes, fruits de la vigne, gazon, feuillage (Ge 1:30 9:3
30:37,Ex 10:15,Ps 37:2,Jer 17:8 31:29, Sir 14:18, Mr 6:39,Lu
23:31,Ap 6:13 8:7; voy. Sg.), fraîcheur de l'huile (Ps
92:10), douceur du lit (Ca 1:16), arbres des idolâtres (De
12:2,2Ro 16:4), herbe poussant au désert (Job 39:11). Dans
Est 1:6 seulement (Sg.) il s'agit d'un vert artificiel. Dans
Le 13:49 14:37, la couleur des plaies de la lèpre peut être
rendue par verdâtre
ou jaunâtre, comme celle du cheval
représentant la peste (Ap 6:8; Vers. Syn.: jaunâtre; Sg.: pâle;
Bbl. Cent.: livide).
2.
Rouge (vermeil, roux, rougeâtre).
Couleur du sang (2Ro 3:22), des habits tachés de sang (Esa
63:2), de la génisse immolée (No 19:2), du potage de
lentilles (Ge 25:30), des chevaux apocalyptiques (Za 1:8
6:2,Ap 6:4 12:3), du vin (Pr 23:31), des yeux (Ge 49:12),
du teint (Ge 25:25,Ca 5:10,La 4:7), de la lèpre (Le 13:18
14:37), du ciel (couleur de feu: Mt 16:2), de la lune lors du
châtiment de JHVH (Esa 24:23). La couleur d'un des chevaux peut
être rendue par le mot: brun (Za 6:3).
3.
Blanc.
Couleur du lait (Ge 49:12), de la manne (Ex 16:31), de la
neige (Ex 4:6 No 12:10 Ps 68:15 etc.), de la
laine (Eze 27:18), des chevaux apocalyptiques (Za 1:8 6:3,
etc., Ap 6:2 19:14),des vêtements (Ec 9:8,Da 7:9,Ap
3:4), de la lèpre (Ex 4:6,No 12:10 etc.), du marbre et des
tissus (Est 1:6), de la vieillesse (Ps 71:18, Sir
25:4 etc.), du soleil lors du châtiment de JHVH (Esa 24:23),
du teint, de la peau, des dents et des cheveux (Ca 5:10,Ge
49:12,La 4:7,Mt 5:37), du pain (Ge 40:16), des murs (Mt
23:27,Ac 23:3), de la peur (Esa 29:22).
Le blanc est le symbole de l'innocence, de la pureté: vêtements
des anges, des saints, des rachetés (2Ma 11:8, Mt 17:2,Mr
9:3 16:5,Lu 9:29,Jn 20:12 etc.). Le trône et la nuée de Dieu
sont blancs (Ap 14:14 20:11). L'âme rachetée devient blanche
comme la neige (Ps 51:9,Esa 1:18). La couleur blanche implique
l'idée de noblesse et d'élégance (Est 8:15,Ec 9:8, etc., d'où
le sens étym. du mot: Liban). Voir Lumière.
4.
Noir.
Couleur des cheveux, du teint (Le 13:31,Ca 1:5: race africaine
ou éthiopienne), de la maladie (Job 30:30), des chevaux
apocalyptiques (Za 6:2,6), des troupeaux (Ge 30:32), d'un
ciel nuageux (1Ro 18:45), de la nuit (Mic 3:6,Jer 4:28,Joe
2:10 3:15), du torrent encombré de glaçons (Job 6:16, sens
étym. de Cédron). Sens symbolique pour le deuil (Jer 8:21 14:2,
etc.), le chagrin, la honte, le péché (La 4:8 5:10, etc., Za
6:2,6,Ap 6:6).
5.
Les bêtes rayées, picotées, marquetées de Jacob (Ge 31:10)
étaient des brebis blanches à taches foncées et des chèvres (noires)
à taches claires (comp. les chevaux de Za 6:3-6).
II Couleurs artificielles.
L'art de la teinture a été connu très tôt en Israël (Ge 38:28);
les tentures du tabernacle étaient de fin lin retors pourpre,
écarlate et cramoisi (Ex 26:1). Si le teinturier n'est pas
mentionné dans l'A.T.(voir cependant Foulon), il l'est quelques fois
dans le Talmud. Les couleurs artificielles devaient venir de Phénicie
et l'art de les appliquer, d'Egypte (Ex 27:16); il y a en effet
une grande ressemblance entre les teintures égyptiennes et
palestiniennes (Ex 35:25 39:2 et suivant).
1.
Pourpre.
Extraite par les Phéniciens du murex truncidus, coquillage trouvé
sur les côtes d'Afrique, de Phénicie et d'Asie Mineure (comp. la
marchande de Thyatire: Ac 16:14). La grande valeur et l'éclat de
la pourpre la faisaient choisir pour les habits des rois, des
officiers civils et religieux (Jug 8:26,Ca 7:6,Est 8:15, Sir
40:4 45:10, Da 5:7,16,29 1Ma 4:2,3: Gorgias;
2Ma 4:38: Ândronicus, député d'Antiochus; 1Ma 10:20,62,64
11:58: le grand-prêtre Jonathan; Jn 19:2). Les riches en
portaient aussi (Eze 27:7,Lu 16:19,Ap 17:4 18:16). On en
couvrait même les idoles de luxe (Jer 10:9, Lettre de Jérémie 12,72).
2.
Bleu.
Extrait de Yhelix ianthina, autre coquillage des côtes
phéniciennes; ordinairement traduit violet, et souvent confondu
avec le pourpre, dont il est la nuance tirant sur le bleu, alors que
la précédente tire sur le rouge. Couleur de vêtements (No
15:38), de tentures du tabernacle (Ex 26 Ex 27 Est 1:6), de
certaines parties de l'éphod et des lacets de la tiare du
grand-prêtre (trad. quelques fois par blanc)
3.
Écarlate ou cramoisi.
Provient de la femelle d'un insecte ressemblant à la cochenille
(coccus ilicis), commun en Orient et surtout en Arménie (Ge
38:28-30,Ex 25:4 26:1 28:8,Jos 2:18,2Ch 2:7,14 3:14,Esa 1:18,Jer
4:30,Lu 23:11). Couleur des lèvres (Ca 4:3), des habits des
prêtres, des riches, des guerriers, des officiers romains (2Sa
1:24,Na 2:3, Sir 45:11, Pr 31:22,Mt 27:28 etc.).
Confondu parfois avec le pourpre, mêlé aux autres couleurs dans les
tentures du tabernacle (Ex 26 Ex 27). Symboliquement, couleur
criarde du péché avant le salut (Esa 1:18); comp. la bête
écarlate et la femme vêtue de pourpre et d'écarlate, ivre du sang des
saints (Ap 17:3-6).
Vermillon.
Matière colorante employée pour les peintures des idoles (Eze
23:14, Sag 13:14), des murs et poutres des maisons (Jer
22:14). Couleur favorite des Assyriens (Eze 23:14).
5.
La «robe bigarrée» ou «de plusieurs couleurs» donnée par Jacob à
Joseph (Ge 37:3) est une traduction ordinairement abandonnée
aujourd'hui: il s'agit d'une «robe d'extrémités», c-à-d. à longues
manches et tombant jusqu'aux pieds, qui était un vêtement de luxe et
de cérémonie.
Les efforts d'explication symbolique des diverses couleurs
(tabernacle, apocalypses) se heurtent souvent à un grand nombre
d'interprétations fantaisistes et inutiles (Philon, Josèphe, etc.);
il est sage de s'en tenir aux significations générales indiquées ici.
P. A.