COQ

Il ne dut être acclimaté en Palestine que fort tard: il est absent de
la législation mosaïque; les «volailles engraissées» (1Ro 4:22)
pouvaient être des oies, cygnes, poules d'eau, etc., ou, si même
c'étaient coqs et poules, n'auraient été qu'exceptionnellement
importées d'Orient par Salomon; les traductions de Pr 30:31 dans
plusieurs anciennes versions: «le coq se promenant fièrement parmi
les poules» (LXX), «le coq aux reins élancés»; (Vulgate), etc.,
interprètent à faux un texte hébreu incomplet et défectueux; les
autres allusions que le Talmud prétend trouver dans l'A.T. sont
encore plus invraisemblables. Par contre, le nom qu'il lui donne, tarnegâl,
d'origine babylonienne, confirme la supposition que
coqs et poules furent introduits en Palestine deux ou trois siècles
av. J.-C.: le coq se trouve parmi les animaux dessinés en couleurs
dans le fameux tombeau de Marésa, qui date d'environ 200 ans av.
J.-C. Ces oiseaux n'ayant pas été classés comme impurs, les Juifs
purent par la suite adopter le sacrifice d'un coq ou d'une poule par
habitant masculin ou féminin de chaque demeure,-pour la veille des
Expiations.

A l'époque du Seigneur, ils étaient fort répandus: le coq est
cité plusieurs fois, toujours à propos du reniement de Pierre (Mr
14:30,68,72,Mt 26:74 et suivant, Lu 22:34,60 et suivant, Jn
13:38 18:27); dans Mr 13:35 le «chant du coq» est le nom
courant de la 3 e veille de la nuit dans la division romaine en 4
veilles de 3 heures (soit de minuit à 3 h. m.), qui avait alors à peu
près remplacé la division juive en 3 veilles de 4 h. On sait que le
coq chante plusieurs fois la nuit, à intervalles irréguliers; ce qui
explique la différence de forme, entre Mr 14:30 et les
parallèle. Enfin la poule et les poussins fournissent à Jésus une
image pleine de tendresse de la protection prévenante et sûre qu'il
avait vainement offerte à son peuple (Mt 23:37,Lu 13:31).

Des Juifs ont objecté à ces textes le fait que la Mischna
(Baba Kama, 7:7) interdisait l'élevage de ces volailles à Jérusalem:
elles auraient pu, en grattant le sol, propager des impuretés
cérémonielles, jusque dans les sacrifices! Mais une telle défense, en
admettant qu'elle fût réellement en vigueur, ne pouvait guère être
observée par toute une grande ville à la population fort mélangée;
ainsi, les combats de coqs étant un jeu favori des Romains, les
soldats de la garnison devaient avoir peu de souci de s'en priver par
respect du légalisme juif!

Dès les premiers siècles, le coq figure sur certains tombeaux
chrétiens comme symbole de la résurrection. Il est resté, à cause du
reniement de Pierre, un des emblèmes de la Passion et représente
surtout la vigilance. La plus ancienne représentation connue d'un coq
au haut d'un clocher d'église serait sur la célèbre tapisserie de
Bayeux (fin du XI e siècle). Jn L.