CHEF

Ce mot franc., comme le latin caput qui l'a formé, et comme
l'hébreu rôch et le grec kèphali qu'il traduit souvent dans
l'A.T. et le N.T., peut avoir le sens original de tête (voir ce mot),
ou celui de commandant.

L'apôtre Paul tire parti de ce double sens, dans deux
développements différents.

1.
Il compare l'Église au corps dont le Christ est la tête, ou le
chef (Eph 1:22 4:16 5:23,Col 1:18 2:18,19).

2.
Parlant de la coiffure des chrétiens dans les
assemblées de Corinthe, il prescrit aux hommes d'avoir la tête nue et
aux femmes la tête couverte (1Co 11:3 et suivants); autrement,
dit-il, c'est «déshonorer son chef», c-à-d., en même temps que donner
une allure indécente à sa tête, manquer à l'honneur que l'on doit à
celui dont on est le subordonné: l'homme à son chef, Christ, la femme
à son chef, l'homme. (cf. Eph 5:22)

Au sens courant de maître ou directeur, ce terme est fréquent
dans la Bible et n'a guère besoin d'explication. Il peut désigner le
chef du peuple d'Israël, quel que soit son régime de gouvernement:
Moïse, Aaron ou Josué (No 14:4,Jos 9:18,Ne 9:17), Jephté le
juge (Jug 11:11), Saül (1Sa 9:16 15:17), David et ses
successeurs (1Sa 13:14,2Sa 6:21), un prince héritier (2Ch
11:22); de même les chefs de tribus ou les princes étrangers (No
22:15,Jug 7, Da 10:13, etc.), les souverains en
général (Job 12:24), et le Messie.
(Mt 2:6; grec higoumênos )
Sont aussi des chefs: les subordonnés de Moïse (Ex
18:21,26,No 13:3,De 1:15 etc.), les ministres royaux (2Ch 12:5
17:7,Jer 37:15,Da 2:48). les dirigeants responsables (Esa
1:10 3:4-6,Eze 22:27,Za 10:4 12:5 et suivant); les chefs peuvent
être les autorités dans tous les domaines, politique, judiciaire,
militaire et religieux (Os 3:4 8:4,Sop 3:3).

Les chefs du temple apparaissent ainsi dans le N.T. (grec archontes),
comme les membres du Sanhédrin (Jn 7:26,48
12:42,Ac 3:17 4:5,8), et «le chef du peuple» en est le
grand-prêtre (Ac 23:5).

On trouve aussi:

-des chefs de bandes (1Sa 22:3,2Sa 4:2,Pr 28:2),

-des chefs de corvée ou surveillants (Ex 1:11,Pr 6:7),

-des chefs de milliers et de centaines (No 31:14,1Sa 18:13, 1Ma 3:55 etc.),

-un chef de secte (Ac 24:5),, grec prôto-statês etc.

Dans Eze 38:2, les uns traduisent rôch: «prince et chef
de Mésec...» (Ost.), «prince souverain de M.» (Vers. Syn.),
d'autres y lisent un nom pr.: «prince de Rosch, de Méschec...»
(Sg.).

--Dans Ge 36:15,29, il s'agit d'ancêtres, que l'hébreu
désigne, non comme «têtes», mais comme «pères».

--Pour les chefs militaires,voir Armée, Capitaine, Officier; pour les
chefs de familles, de gardes, de prêtres, de synagogue, etc.,voir ces
divers mots.

Le grec archegos signifie prince (Ac 5:31), et ailleurs,
auteur: de la vie (Ac 3:15), du salut (Heb 2:10). Pour le
double titre de Jésus dans Heb 12:2 «chef et consommateur de la
foi», les interprètes se partagent entre ces deux sens: soit auteur
(Ost., Stapf.), soit chef (Sg., VS.), prince (Laus.), «initiateur,
chef de file, celui qui entraîne les croyants...et les conduit au
but» (Bbl. Cent.). Les deux traductions peuvent se soutenir par des
analogies littéraires; mais les écrits non littéraires favoriseraient
plutôt le sens d'auteur: «Il est devenu l' auteur de tout le
désordre» (édit de proconsul, II e siècle av. J.-C); «les
anniversaires sont pour tous la source de beaucoup de bienfaits»
(pierre de `Rosette, II e et suivant.); «ô magistrat (crie une
foule), auteur de nos biens!» (papyrus Oxyr., III e -IV e siècle
ap. J.-C). A la lumière de Heb 5:9,Heb 12:2 peut donc se
paraphraser: «Celui en qui la foi trouve son commencement...et son
couronnement, sa raison d'être et sa récompense» (Westphal, Apôtres)