CANANÉEN

1. CANANÉEN Habitant de Palestine. Voir Canaan.

2. CANANÉEN ou CANANITE Titre du deuxième Simon dans la liste
des Douze (Mr 3:18,Mt 10:4).

La forme «Cananite» de quelques manuscrits (grec kananilès)
est certainement moins exacte que «Cananéen» (grec kananaïos),
car elle signifie «habitant de Canaan», titre inapplicable à l'époque
de Jésus; il est vrai que c'est aussi le sens habituel du franc.
«Cananéen», celui qu'a ce terme dans l'A.T., mais le mot grec de Marc
et Matthieu est la transcription d'un tout autre mot araméen qui signifie
zélé, zélote, zélateur (grec zèlôlès ): le mot même qu'emploie
Luc (Lu 6:15,Ac 1:13) qui, écrivant pour des non-Juifs, traduit
l'araméen au lieu de le transcrire. C'était un parti politique et
religieux qui s'était donné ce titre: les Zélés, voire Jaloux, pour
l'indépendance juive; il s'était formé à la fin du siècle précédent,
avec Judas de Gamala, par protestation contre un recensement romain;
nationalistes farouches, les Zélotes entretenaient une opposition
violente, fanatique, à la domination étrangère, qui rappelait la
résistance des Macchabées et devait les entraîner à de graves excès,
avec leurs chefs les Sicaires (voir Palest. au siècle de J.-C, parag.
8), pendant la guerre civile de 66-70 qui aboutit à la ruine d'Israël
(Josèphe, Ant., XVIII, 1:1,6; G.J., IV, 5:13). Jésus aurait
donc admis parmi les Douze un ardent adversaire du régime romain, à
côté d'un de ses fonctionnaires, le péager Lévi.

--Il se peut toutefois que ce titre de Simon ne fût qu'un surnom
en rapport avec son caractère fougueux, dans le même sens où saint
Paul l'applique au pharisien Saul (Ga 1:14). --Il faut en tout
cas très probablement renoncer à l'explication de Jérôme, qui faisait
du «Cananéen» Simon un Galiléen «originaire de Cana».

Jn L.