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LE FEU DU REVEIL (Ch. Finney)



LE FEU DU REVEIL  (Finney)

INTRODUCTION

A tous les amis de notre Seigneur Jésus-Christ, tout particulièrement à Ses serviteurs.

Bien-aimés dans le Seigneur, Plusieurs années se sont écoulées depuis qu’une série de conférences données sur le sujet des réveils a été publiée dans les colonnes du journal de New-York, ‘l’Evangéliste.’ Beaucoup d’entre vous le savent. J’ai eu l’occasion de prêcher ces conférences devant ma propre congrégation de New- York. Elles furent publiées par l’éditeur de ce journal. Depuis la publication de ces conférences, mes observations et mes expériences concernant les réveils se sont continuellement développées et ont mûri, si bien que je suis désireux de dire bien d’autres choses à mes frères sur ce sujet.

Lorsque j’ai commencé à donner ces prédications, je n’avais ni connaissance ni expérience en matière de réveils. Mon expérience chrétienne était elle-même très limitée. Le Seigneur m’a conduit sur un chemin que je ne connaissais pas. Récemment, j’ai pensé qu’il pouvait être utile de communiquer aux Eglises mon expérience et mes convictions.

Je souhaite tout particulièrement que mes frères comprennent que je ne prétends à aucune infaillibilité dans ce domaine. Je ne veux que présenter mes opinions, avec la modestie qui convient à mon ignorance, et que réclame aussi la nature du sujet. Depuis environ vingt ans, j’ai bénéficié d’une continuelle expérience en matière de réveils. En acquérant cette expérience, j’ai observé de très près et avec une grande sollicitude les différents réveils, leur développement, leurs résultats, et tous les phénomènes qui les accompagnent, ainsi que leurs conséquences. J’ai parfois lu les remarques faites par certains journaux, prétendant que, depuis mon installation à Oberlin, j’avais cessé de voir de puissants réveils associés à mon ministère ou à celui de mes collaborateurs. Mais il s’agit là d’une grave erreur. Mes frères auraient été informés de la réalité, si certains des journaux auteurs de ces remarques avaient porté à la connaissance du public les faits tels qu’ils se sont passés. Je ne mentionne cela ni pour censurer ces éditeurs, ni pour me vanter du succès de mon propre ministère ou de celui de mes collaborateurs. Je veux simplement attirer votre attention objective sur mes propos. Ne croyez pas que ceux-ci soient faits par un homme dont les observations et l’expérience concernant les réveils ont cessé depuis longtemps. Bien au contraire, mes observations et mon expérience se sont développées dans toute leur fraîcheur jusqu’à cette heure même.

Ma position dans ce pays et les observations que j’ai pu faire à l’étranger m’ont donné des avantages particuliers pour juger de l’efficacité ou de l’inefficacité de certaines pratiques. J’ai été témoin de puissants réveils ici même. Ils se sont produits de temps en temps tout au long des dix années écoulées. Ce qui s’est passé ici aurait pu être qualifié de réveil partout ailleurs. Il s’écoule rarement une semaine, sinon un jour, sans que je puisse observer un certain nombre de signes de l’intervention divine. J’ai encore pu constater l’influence des réveils sur la vie de jeunes hommes se préparant pour le ministère, sur la vie de serviteurs de Dieu, et sur l’Eglise en général, des années après que ces réveils se soient produits. J’ai pu étudier avec le plus profond intérêt leur commencement, leur progression, leur déclin temporaire, puis leur reprise, ainsi que leurs diverses formes et les circonstances de ces modifications.

Je désire attirer l’attention de mes frères sur un nombre considérable de sujets. Par la providence de Dieu, j’ai pu observer une grande variété de mesures employées pour conduire des réveils. Quand j’ai commencé à les connaître, au cours des dix premières années de mon ministère, nous ne connaissions pas ce que nous appelons aujourd’hui ‘les séries de réunions.’ Depuis lors, ces séries de réunions, appelées tout d’abord ‘rassemblements d’Eglises,’ sont devenues une pratique courante. Elles ont pu prendre la forme de réunions étalées sur trois ou quatre jours, ou leur forme actuelle de ‘séries de réunions’ programmées sans interruption sur plusieurs semaines. En ce qui concerne l’efficacité de ces différentes méthodes, j’ai beaucoup de choses à dire, et j’invite tous les chrétiens à considérer ces remarques dans la prière. Je veux aussi souligner le soin extrême que nous devons prendre pour éviter que ces réveils ne dégénèrent en fanatisme et en confusion, comme cela s’est produit dans certains cas. Je désire aussi attirer l’attention de mes frères sur certains résultats désastreux qui ont pu se produire à cet égard. Votre frère, C. G. Finney


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

I. LES REVEILS SUPERFICIELS.

Depuis au moins dix ans, j’ai observé que les réveils sont progressivement devenus de plus en plus superficiels. Une multitude d’autres observateurs sont parvenus à la même conclusion. Tous les phénomènes qui accompagnent les réveils actuels en témoignent comme d’un fait général. Il y a beaucoup moins de conviction profonde de péché et de brisement profond du coeur, beaucoup moins d’humilité véritable, et beaucoup moins de puissance dans toutes les grâces manifestées dans la vie de ceux qui se sont convertis au cours des derniers réveils. Ce n’était pas le cas de ceux qui se sont convertis lors des réveils survenus en 1830, 1831, et un certain temps auparavant. J’ai observé, comme d’autres l’ont fait, que les réveils avaient une durée beaucoup plus courte, et qu’ils provoquaient une réaction beaucoup plus soudaine et désastreuse qu’auparavant. J’ai noté également qu’un nombre plus faible de convertis devenaient des chrétiens stables et efficaces. Quant à ceux qui persévèrent, ils semblent être moins remplis de l’Esprit de Christ que lors des réveils précédents. Ils n’ont pas autant l’esprit de prière, ils ne sont pas aussi modestes ni aussi humbles. Bref, si j’en juge par ma propre expérience et les observations d’autres témoins, tous les phénomènes accompagnant les réveils les plus récents ont revêtu un caractère bien moins souhaitable qu’auparavant. Je considère ce propos comme modéré.

Au cours des réveils actuels, les chrétiens sont bien moins spirituels, moins persévérants dans la prière, moins profondément humiliés et vivifiés, et moins puissamment baptisés dans le Saint- Esprit qu’auparavant. Je suppose que ces observations ne doivent pas être appliquées à l’ensemble des réveils, mais je crois qu’on peut les appliquer à la grande majorité d’entre eux. Je crois que les serviteurs de Dieu ne sont pas aussi désireux qu’auparavant de voir des réveils se produire dans leurs Eglises, et qu’ils n’ont pas d’aussi bonnes raisons de l’être. Quant aux serviteurs de Dieu qui n’ont connu que les réveils récents, ils en sont presque venus à craindre les réveils. Ils ont tellement vu les effets désastreux des réveils modernes qu’ils se demandent honnêtement s’il est finalement désirable d’avoir un réveil. Ceux qui ont assisté aux réveils d’il y a dix ou vingt ans préfèrent nettement les réveils de ce type. Ils sont affligés du caractère superficiel de beaucoup de réveils récents. Je fais là une remarque générale et non universelle, et n’exprime que mon opinion personnelle. J’ai souvent entendu des serviteurs de Dieu et des chrétiens dire: ‘Nous languissons de voir revenir le jour où nous verrons des réveils comme ceux que nous avons eus il y a des années!’ J’ai très attentivement observé l’évolution des choses. J’ai recherché avec le maximum de soin et de prière quelles étaient les causes de ce déclin. Si mes informations sont bonnes, et si j’ai bien compris la situation, j’énoncerai déjà les causes suivantes:

1. On sonde aujourd’hui beaucoup moins profondément le coeur humain. On n’expose pas de manière complète la dépravation de la nature humaine. On constate généralement que les pécheurs impénitents n’ont manifesté ces dernières années qu’une opposition très faible aux réveils. Ceci m’a été confirmé par un frère qui a exercé longtemps le ministère d’évangéliste. Je ne crois pas que les pensées charnelles des hommes ne soient plus en conflit avec Dieu. Mais je crains que l’on n’ait pas complètement mis en lumière dans les coeurs les raisons profondes de ce conflit. Je crains que l’on ne mette pas entièrement à nu l’indescriptible dépravation du coeur humain, comme on le faisait auparavant. On prêche bien quelques sermons dans chaque réveil sur le thème de la dépravation morale. Mais je crains que cela ne soit aucunement le grand thème de la prédication. Cela devrait l’être, si l’on veut profondément labourer la jachère du coeur du pécheur comme de celui du chrétien. D’après ma propre expérience et mes observations, comme d’après la Parole de Dieu, je suis pleinement convaincu que la nature des réveils dépend beaucoup de l’accent placé sur la dépravation du coeur humain. Son orgueil, son inimitié contre Dieu, son caractère tortueux, et tout ce que Dieu trouve haïssable, doivent être exposés à la lumière de Sa loi parfaite.

2. Je crains que l’accent ne soit pas assez placé sur l’horrible culpabilité entraînée par cette dépravation. On ne fait pas assez d’efforts, par des messages clairs et tranchants, pour montrer au pécheur que son coeur est irrémédiablement corrompu et coupable, et qu’il est inexcusable. Aucun réveil ne sera véritablement profond tant que les pécheurs et les chrétiens rétrogrades n’auront pas été sondés et mortifiés à un point tel qu’ils seront incapables de garder la tête haute. Tant que des pécheurs et des chrétiens rétrogrades pourront assister à des réunions de réveil en gardant la tête haute et en vous regardant en face sans être rouges de confusion, je suis absolument convaincu que l’on aura la preuve qu’une inspection minutieuse des coeurs n’a nullement été faite. Ceux-ci ne sont nullement prêts à être entièrement brisés devant Dieu et à se convertir. Je souhaite tout particulièrement attirer l’attention de mes frères sur ce fait. Quand des pécheurs et des chrétiens rétrogrades sont réellement convaincus de péché par le Saint-Esprit, ils ont profondément honte d’eux mêmes. Tant qu’ils ne manifestent pas une profonde honte, on doit savoir que leurs coeurs n’ont pas été suffisamment sondés, et qu’ils ne se voient pas eux-mêmes comme ils devraient se voir. Quand je me rends à une réunion où les coeurs doivent être sondés, et que je parcours du regard la foule, si je vois les assistants ayant la tête haute, me regardant et se regardant les uns les autres, je comprends tout de suite ce qui me reste à faire. Au lieu de les presser immédiatement à venir à Christ, je dois m’efforcer de les convaincre de péché. En général, il suffit à un serviteur de Dieu de regarder la foule pour savoir qui est convaincu de péché et qui ne l’est pas, et qui est assez profondément convaincu de péché pour être prêt à recevoir Christ.

Certains parcourent la salle du regard, et ne manifestent aucune honte. D’autres ne peuvent pas vous regarder en face, mais peuvent encore garder la tête haute. D’autres encore ne peuvent plus garder la tête haute, mais restent silencieux. D’autres enfin, par leurs sanglots, leurs profonds soupirs, et l’agonie qu’ils traversent, révèlent immédiatement que l’épée de l’Esprit les a touchés au plus profond de leur coeur. J’ai appris qu’un réveil ne prend jamais une direction désirable et convenable, tant que la prédication et les moyens utilisés ne tendent pas tous à produire cette véritable et profonde conviction de péché. C’est cette conviction qui brise complètement le pécheur et le chrétien rétrograde, et qui produit en eux une honte et une confusion indescriptibles devant le Seigneur. Ils sont alors totalement dépouillés de toute excuse, et acceptent entièrement de se condamner eux-mêmes en donnant raison à Dieu.

3. Je pense que l’on ne souligne pas assez en général l’action nécessaire de Dieu dans le coeur des chrétiens et des pécheurs. Je sais que je me suis moi-même quelquefois trompé à ce sujet. Dans le désir de déloger les pécheurs et les rétrogrades des refuges où ils pouvaient continuer à se justifier, j’ai moi-même, comme d’autres l’ont fait, trop insisté sur les efforts personnels que devaient accomplir les pécheurs. J’aurais plutôt dû leur montrer à quel point ils dépendaient de la grâce de Dieu et de l’influence de Son Esprit. Ceci a attristé l’Esprit du Seigneur. Il S’est donc abstenu d’agir, parce que Son oeuvre n’a pas été honorée ni suffisamment mise en avant. Il n’a donc pas pu être glorifié pour Son action. Dans le même temps, des multitudes ont été surexcitées par l’emploi de toutes sortes de moyens destinés à provoquer une excitation. Elles ont conçu des espérances, mais sans jamais connaître la nécessité de la présence et de l’action puissante du Saint-Esprit. Inutile de dire que de telles espérances sont plus faciles à rejeter qu’à conserver! Il serait étonnant, en réalité, que l’on puisse mener une vie chrétienne en se fondant sur une expérience avec laquelle le Saint-Esprit n’aurait manifestement rien à voir.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

II. LES EXCITATIONS MALSAINES DANS LES REVEILS.

Quand on a recherché un réveil, on a très souvent commis l’erreur d’encourager l’excitation, jusqu’au point où elle devient malsaine. Un certain degré d’excitation est inévitable. Quand on veut pousser un pécheur à se tourner vers Dieu, il faut lui faire comprendre et apprécier des vérités qui produiront nécessairement un degré considérable d’excitation dans ses pensées. Mais il ne faut jamais oublier que l’excitation, en particulier quand elle est très vive, expose le pécheur à de grandes séductions. La vraie religion consiste à obéir de coeur à la loi de l’intelligence, en veillant à ce que celle-ci ne soit pas influencée par les émotions ou la crainte. Quand les sentiments sont surexcités, la volonté est presque obligée de leur céder. Je ne dis pas qu’il en est nécessairement toujours ainsi. Mais des sentiments exacerbés exercent une influence tellement puissante sur la volonté qu’ils parviennent presque toujours à la dominer. Il faut savoir que notre intelligence n’est jamais spirituelle quand elle est contrôlée par nos sentiments, car on agit alors par impulsion. Quels que soient nos sentiments, si notre âme accepte de se laisser contrôler par eux, au lieu de se soumettre à l’Evangile de Dieu, nous quittons le domaine de l’intelligence spirituelle. Or la vérité nous est révélée par l’intelligence.

En outre, plus l’excitation grandit, plus il est difficile d’obéir à la loi de l’intelligence. Plus les sentiments sont fortement excités, plus ils tendent à gouverner la volonté. Et plus ils gouvernent effectivement la volonté, moins l’âme se trouve, et peut se trouver, dans un état spirituel. Ceci est vrai quels que soient nos sentiments.

Il faut toutefois souligner qu’un certain degré d’excitation est nécessaire dans les réveils, pour attirer et fixer soigneusement l’attention de l’intelligence sur la vérité. Mais il n’en faut pas plus. Quand l’excitation dépasse cette limite, elle devient toujours dangereuse. Quand l’excitation est très vive, au point de dominer la volonté, ceux qui éprouvent cette excitation sont invariablement séduits et se trompent eux-mêmes. Plus ils sont contrôlés par leurs sentiments, et plus il leur semble qu’ils sont spirituels. Ils sont conscients d’éprouver des émotions très profondes. Ils agissent en conséquence, simplement parce qu’ils éprouvent ces émotions. Ils ont conscience d’être sincèrement motivés par leurs émotions. Et ils croient être alors réellement spirituels. En réalité, s’ils sont contrôlés par leurs émotions et non par leur intelligence, ils ne sont pas du tout spirituels.

Nous devons sans aucun doute trouver là le secret de tant d’espoirs déçus, dans des réveils où l’excitation a été très grande. Il faut absolument que cette vérité soit comprise. Sinon, cette grande excitation ne sera pas tenue en bride, mais sera plutôt encouragée. Chaque fois que l’on a cru qu’un réveil n’était grand que si l’excitation était grande, on a invariablement causé de grand dommages à la cause de Christ. On peut certes s’attendre à ce qu’une grande excitation accompagne souvent les réveils véritables. Mais si l’on arrive à retenir soigneusement l’attention des assistants, on veillera alors à n’encourager que l’excitation nécessaire pour permettre à l’intelligence de contrôler pleinement la volonté. Il ne faut pas que celle-ci soit troublée par des émotions profondément excités. J’ai souvent vu certaines personnes dans un tel état d’excitation que leur intelligence semblait presque abrutie. Leur volonté semblait être dominée par tout autre chose que la raison. Ce n’est pas une attitude spirituelle, c’est de l’excitation! Cela a souvent fini par prendre la forme du fanatisme, ainsi que j’aurai l’occasion de le montrer dans ces lettres. Je le répète, il est dangereux dans les réveils de s’adresser trop exclusivement aux espoirs et aux craintes des hommes. Pour la simple raison que l’homme est un être égoïste. Le fait de s’adresser presque exclusivement à ses espoirs et à ses craintes va tendre à produire en lui une soumission égoïste à Dieu. Il s’engagera dans une religion égoïste dont les deux motivations seront d’une part la crainte d’être puni, et d’autre part l’espérance d’être récompensé. Certes, il est vrai que le Seigneur fait appel aux espérances et aux craintes des hommes. Il les menace d’être punis s’ils désobéissent, et Il leur offre des récompenses s’ils obéissent. Mais si le coeur n’est motivé que par l’espoir d’une récompense ou la crainte d’une punition, il ne manifeste aucune puissance. Quand des pécheurs commencent à aimer le Seigneur d’une manière désintéressée, et qu’ils se consacrent au bien universel, Dieu leur promet une récompense pour leur service désintéressé. Mais Il ne leur a jamais promis de récompense s’ils Le suivent pour des pains et des poissons. Une telle attitude n’est que de l’égoïsme pur.

Si des pécheurs se repentent et se détournent de leurs péchés, s’ils se consacrent d’une manière désintéressée au bien universel et à la gloire de Dieu, le Seigneur leur promet de pardonner leurs péchés. Mais cette promesse n’est pas faite à ceux qui abandonnent leurs péchés par motifs d’intérêt. On peut cesser de pratiquer ouvertement le péché pour des motifs égoïstes, mais ce n’est pas ainsi que le péché sera ôté du coeur. C’est de l’égoïsme. Il est insensé et absurde de prétendre réellement abandonner le péché en ayant des motifs égoïstes. Tout effort égoïste pour donner notre coeur à Dieu n’est qu’une confirmation de l’égoïsme. Tout effort d’abandonner le péché simplement par la crainte d’une punition ou l’espoir d’une récompense est de l’hypocrisie. Bien plus, cela ne tend qu’à confirmer, fortifier et perpétuer l’égoïsme du coeur.

Sans aucun doute, quand les pécheurs sont insouciants, le fait de faire appel à leurs espoirs et à leurs craintes est le moyen le plus rapide de les réveiller et d’attirer leur attention sur le salut. C’est peut-être le seul moyen de procéder. Mais quand on a ainsi retenu leur attention, on ne doit jamais oublier la nécessité absolue de les empêcher de s’engager d’une manière égoïste. Il faut alors leur exposer avec force tout ce qui tend à les détourner d’eux-mêmes, et les pousser à consacrer leur être entier au Seigneur. Nous devons présenter à leur intelligence le caractère de Dieu et Sa souveraineté. Nous devons leur expliquer Christ, le Saint-Esprit, et le plan du salut. Nous devons leur présenter ce qui peut les détourner de leurs péchés et du besoin de satisfaire leurs propres intérêts, tout en les incitant à manifester un amour désintéressé et universel.

Par ailleurs, il faut puissamment mettre en lumière à l’esprit du pécheur sa propre laideur, son égoïsme, son entêtement, son orgueil, son ambition, son inimitié contre Dieu, ses convoitises, sa culpabilité, sa nature repoussante et odieuse, sa mort spirituelle, son esclavage, et tout ce qui concerne sa nature réelle. Face à son égoïsme, à sa rébellion, à son entêtement et à sa repoussante culpabilité, il faut mettre en contraste l’amour désintéressé et infini du Dieu béni éternellement, Son infinie compassion, Sa douceur, Sa grâce, Sa pureté, Sa sainteté, Sa fidélité, et Sa justice. Ces vérités doivent lui être présentées comme un miroir, jusqu’à ce qu’elles l’écrasent de tout leur poids et lui brisent le coeur. Il est très aisé de comprendre que tout ceci ne peut être fait sans produire un certain degré d’excitation, parfois considérable. Mais il ne faut jamais oublier qu’une forte excitation n’est qu’un mal occasionnel. Elle ne doit jamais être regardée comme hautement favorable à la conversion du pécheur. Plus l’âme pourra être conservée calme lorsqu’elle contemple ces vérités, et plus la volonté sera libre d’accepter de se soumettre à ce que lui révèle l’intelligence.

Il est certain que l’on s’est exagérément opposé à l’excitation souvent rencontrée dans les réveils spirituels. Je le répète, une vive excitation est souvent inévitable. Mais je ne doute pas non plus que l’excitation ait souvent atteint un niveau qui n’était pas nécessaire, et même que l’on ait déployé beaucoup d’efforts pour provoquer une irrésistible et profonde excitation. J’ai parfois été témoin d’efforts qui tendaient manifestement à créer une excitation aussi grande que possible. On a bien souvent employé des moyens qui ne tendaient nullement à faire plier la volonté des pécheurs, ou à leur faire intelligemment comprendre les termes du salut. Au contraire, ces moyens me semblaient produire une sorte de suffisance, par la puissance d’une irrésistible excitation. Je ne peux croire que cela soit sain, ni sans danger, dans les réveils. En réalité, chaque fois que de tels efforts ont été déployés, je crois que tout le monde a admis qu’il en est résulté du mal et non du bien. Plus j’observe les réveils, et plus je suis impressionné par la nécessité de garder l’excitation au plus faible niveau possible, en tout cas au niveau compatible avec une pleine exposition de la vérité.

Souvent, par un effet de résonance, l’excitation se répand rapidement au sein d’une assemblée. Pour cette raison, il est souvent nécessaire, quand le réveil est puissant, de faire preuve d’une très grande discrétion. Il faut une grande sagesse pour maîtriser la situation sans blesser personne, quand quelqu’un ne peut plus se maîtriser, est saisi d’une brusque excitation, se met à pousser de grands cris, éclate en sanglots ou commence à gémir, en proie à une vive émotion. Quand un tel comportement est sévèrement réprimé, il se produit aussitôt chez les chrétiens une réaction qui étouffe l’action de l’Esprit. En revanche, quand ces comportements sont ouvertement encouragés, quand on souffle sur la flamme, on encourage souvent une irrésistible surexcitation dans toute l’assemblée. Peut-être que beaucoup d’âmes sembleront être entièrement gagnées au Seigneur, et que des multitudes feront ouvertement leur soumission à Dieu. Mais, finalement, presque personne n’aura agi intelligemment et ne s’avérera être réellement converti.

On dit parfois qu’il n’est nullement gênant que l’excitation soit grande, pourvu qu’elle soit produite par la vérité.

Certes, il est souvent vrai que la compréhension de la vérité produit une grande émotion. L’intelligence est alors confondue, la sensibilité s’enflamme et devient exacerbée, les émotions explosent, et l’intelligence est presque étouffée et annihilée par un torrent d’excitation. Mais un tel état est très défavorable à une réelle conversion. J’ai très souvent pu assister à des cas semblables. Avant d’avoir acquis de l’expérience dans ce domaine, j’étais favorable à de tels comportements. J’en pensais même le plus grand bien. Mais j’ai appris à les considérer à une autre lumière, et à accorder une confiance bien supérieure à des conversions qui se produisent lorsque l’intelligence est bien plus calme. J’aimerais être bien compris. Il n’est pas raisonnable de prétendre que de grandes émotions soient entièrement à proscrire dans les réveils. Mais je veux être clairement compris sur le point suivant: il ne faut en aucun cas s’efforcer de produire la moindre excitation, au-delà de celle produite par une lucide et puissante exposition de la vérité. Toute autre mesure employée pour éveiller l’intérêt, tout ce que nous pourrons faire pour entretenir cet intérêt lorsqu’il est éveillé, ne doit jamais troubler l’action de l’intelligence, ni distraire son attention de la vérité, à laquelle le coeur doit se soumettre.

Je souligne à nouveau que tous les débordements émotionnels qui sont pris pour des réveils spirituels ne produisent, en fin de compte, qu’une piété très superficielle, pour la simple raison que l’excitation est trop grande. On fait trop appel aux émotions. On s’adresse trop exclusivement à l’espoir et à la crainte. La prédication veut stimuler les émotions et les sentiments, plutôt que l’intelligence. Il en résulte une tornade d’excitation, qui exclut toute action intelligente du coeur. La volonté est annihilée par le flot impétueux des émotions. L’intelligence est momentanément rendue inopérante et confuse. Elle ne sert plus d’instrument capable de discerner clairement la vérité. Il ne peut certainement en résulter le moindre bien.

Je ne crois pas me tromper en disant qu’une telle erreur a souvent été commise quand on a voulu produire un réveil parmi des enfants. Ils ont toujours nettement tendance à se laisser emporter par les émotions, et l’on ne peut avoir la moindre confiance en des réveils où l’on a déployé beaucoup d’efforts à exciter les enfants, et non à les instruire. Ils peuvent se trouver engagés dans de véritables tempêtes émotionnelles, à la suite desquelles la plupart d’entre eux affirmeront et sembleront être convertis, alors qu’ils ont seulement été remués dans leurs émotions. Ils n’ont absolument pas compris ni assimilé correctement la vérité. La conséquence de tels efforts et d’une telle excitation chez des enfants est de les rendre incrédules. Il en est en vérité de même chez tous ceux qui sont passés par une semblable excitation émotionnelle, et qui n’ont pas reçu d’enseignement suffisamment solide pour leur permettre de tourner leur coeur vers Dieu.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

III. UNE CAUSE DE CERTAINES CONVERSIONS SUPERFICIELLES.

J’ai déjà souligné que nous n’avions pas fait assez d’efforts pour sonder le coeur des pécheurs, pour mettre à jour et exposer soigneusement sa nature dépravée, afin de lui faire sentir qu’il a besoin du remède de l’Evangile. Si je ne me trompe, on a souvent commis l’erreur de pousser les pécheurs à se soumettre à Christ, avant même qu’ils aient compris ce que signifie une véritable soumission. On les a poussés à se repentir, avant qu’ils aient réellement compris la nature affreuse du péché. On les a incités à croire, avant qu’ils aient compris leur besoin de recevoir Christ. On leur a demandé de se décider à servir Dieu, sans qu’ils aient compris quoi que ce soit au service de Dieu. On les a pressés de se décider à entrer immédiatement au service de Dieu. Mais on s’est contenté de leur enseigner qu’ils avaient seulement besoin de se décider à obéir au Seigneur. C’est pourquoi leur vie spirituelle n’a été qu’une religion de résolutions. Elle n’a finalement manifesté aucune foi, aucun amour, ni aucun brisement de coeur. Bref, il me semble que l’on n’a pas, bien souvent, présenté à l’intelligence des pécheurs la véritable nature de la religion.

Voilà pourquoi le nombre des conversions superficielles est devenu désespérément élevé. Année après année, j’ai été de plus en plus surpris de constater le grand nombre de ceux qui s’engagent dans la foi, sans avoir manifestement la moindre idée de ce qu’est l’idéal véritable d’une foi pure. On oublie presque complètement, sinon totalement, l’idée que l’amour est l’essence et le coeur de la foi chrétienne.

Il y a deux extrêmes vers lesquels plusieurs groupes de personnes sont continuellement attirés. Le premier extrême est le perfectionnisme, l’autre est le légalisme. Ils sont manifestement aussi éloignés l’un que l’autre de la foi véritable.

La religion du légaliste est une religion de résolutions. Il prend la résolution de servir le Seigneur. Il prend "sa décision," comme il le dit lui-même. Il croit que servir le Seigneur, c’est accomplir des oeuvres. Il prie en famille. Il assiste aux réunions. Il fait des visites, il parle, il s’agite beaucoup. Pour lui, c’est cela "faire l’oeuvre du Seigneur." Mais il l’accomplit dans un esprit parfaitement légaliste, sans rien manifester de l’amour, de la bienveillance, de la douceur, de la patience et de tous les fruits de l’Esprit qui caractérisent le véritable christianisme. Il peut facilement se lancer dans une grande agitation. Mais il ne possède pas en lui les racines mêmes de la foi. Il ne parvient à accomplir "l’oeuvre de Dieu," comme il le dit, que pendant la durée d’une série de réunions. La limite extrême de sa piété ne dépasse probablement pas trois mois par an. Dans la plupart des cas, cependant, elle ne représente pas la moitié de ce temps.

La difficulté, pour une telle personne, réside dans le fait qu’elle n’a pas en elle-même les racines de la foi. La fontaine profonde de l’égoïsme n’a pas été tarie en elle. Elle n’a jamais été profondément convaincue de péché par le Saint-Esprit. Ses convictions de péché se sont limitées à ce que son intelligence a pu lui montrer, d’une manière naturelle et évidente, lorsqu’un prédicateur a clairement exposé la vérité. Mais il n’a jamais reçu de révélation surnaturelle apportée par l’Esprit de Dieu. Une telle personne n’a donc jamais eu que de très faibles lumières sur Dieu, sur le péché, sur sa propre culpabilité, sur la punition qu’elle mérite, sur son besoin d’un Sauveur, sur la nécessité d’être sauvée de ses péchés, bref, sur toutes les doctrines fondamentales de la foi chrétienne. Son intelligence est enténébrée et son coeur endurci.

Un tel converti n’a jamais été délivré de son entêtement et de sa propre justice. Il n’a donc jamais connu Christ, "la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances." Il n’a jamais été rendu conforme à Sa mort. Il n’a même aucune idée de ce que ces choses signifient. Il connaît peu de choses de Christ, à part Son nom. Il n’a qu’une idée obscure de Son oeuvre médiatrice. Il n’a jamais été mis à mort par la loi et ne s’est jamais vu dans la situation d’un pécheur mort, condamné et perdu, incapable de toute attirance pour Dieu. Il n’a aucune conscience profonde d’être dans la situation d’un hors-la-loi et d’un criminel condamné, vis-à-vis du gouvernement de Dieu. Il n’a pas encore perdu tout espoir en lui-même ou en quelque autre créature. Bref, il n’a aucune conscience de ses besoins et de sa véritable nature. Il a de toutes ces choses une compréhension tellement superficielle qu’il n’a pas compris la nécessité et la nature du salut apporté par l’Evangile. Il continue à faire des oeuvres pour Dieu, comme s’il servait un maître pour un salaire. Sa religion n’est pas celle d’un amour désintéressé et universel.

Il a décidé de servir Dieu, comme il aurait décidé de faire tout autre chose, ou de rendre un service à quelqu’un, pour l’avantage qu’il en reçoit, ou qu’il attend d’en recevoir.

Un tel converti se reconnaît par les principales caractéristiques suivantes:

1. Sa vie chrétienne manque manifestement de douceur, d’humilité et de modestie. En réalité, il n’a jamais été humilié et brisé. Il ne peut donc pas manifester l’état d’esprit correspondant. Son comportement, sa conversation, son allure générale, ses prières et ses exhortations, sont entièrement imprégnés d’un esprit de propre justice.

2. Sa vie chrétienne manque manifestement d’amour. En d’autres termes, sa religion ne consiste pas à aimer. La manière dont il parle des anciens convertis, des chrétiens, des serviteurs de Dieu, et de tout le monde en réalité, démontre que la loi d’amour et d’amabilité n’est pas dans son coeur ni, par conséquent, sur ses lèvres. Il n’est pas tendre pour la réputation des autres, respectueux de leurs sentiments, sensible à leurs intérêts, aimable et courtois, comme le sont ceux qui sont motivés par l’amour.

Observez-le, et vous verrez que sa vie chrétienne ne manifeste pas les attributs décrits par Paul dans #1Co 13. Il ne possède pas cet amour patient, plein de bonté, qui n’est pas envieux, qui ne se vante point, qui ne s’enfle point d’orgueil, qui ne fait rien de malhonnête, qui ne soupçonne point le mal, qui ne se réjouit point de l’injustice, mais qui se réjouit de la vérité. Vous ne trouverez pas en lui cet amour qui excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout.

3. Une autre caractéristique évidente de ce converti est qu’il n’a que très peu de Christ dans sa vie chrétienne. Dans sa conversation, dans ses prières ou dans beaucoup d’autres domaines, il manifeste qu’il n’a pas été vidé de lui-même et rempli de Christ.

4. Une autre caractéristique de ce converti est qu’il n’étudie pas la Bible. Somme toute, la Bible n’a pour lui aucune saveur. Ils ne la sonde pas profondément. En réalité, il la comprend, mais très superficiellement. Il ne n’est pas soumis à son autorité, au point que la langue des auteurs inspirés devienne le langage naturel de sa propre expérience. C’est la raison secrète de son manque d’amour et de compréhension de la Parole de Dieu. C’est pourquoi il ne la sonde pas.

Personne ne peut réellement comprendre et aimer sa Bible, tant que son expérience personnelle ne s’accorde pas avec le langage de la Bible. Ce n’est que lorsque notre expérience s’accorde avec l’Ecriture inspirée que la Bible nous devient intelligible et profondément intéressante.

J’ai remarqué qu’un grand nombre de ceux qui se disent chrétiens ne connaissent pas grand-chose de leur Bible, et ne s’en soucient pas beaucoup. Il y a même certains jeunes prédicateurs, ou supposés prédicateurs, qui ne connaissent presque rien de leur Bible, et qui, en réalité, passent dix fois plus de temps à lire autre chose que le Livre de Dieu. Une foule de prétendus convertis savent fort bien qu’ils n’ont qu’un intérêt très limité pour leur Bible. Ceux qui les connaissent bien peuvent le confirmer. Tout ceci nous permet de conclure que la religion d’un tel converti n’est pas la religion de la Bible. Il n’est pas établi sur le fondement des apôtres et des prophètes, et Jésus-Christ Lui-même n’est pas sa "pierre angulaire."

"Maintenant donc, ces trois choses demeurent: la foi, l’espérance, et la charité; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité". {#1Co 13:13}


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

IV. LES ERREURS QUI BLOQUENT LES REVEILS.

Lorsqu’on recherche un réveil, on peut commettre une autre erreur, en manquant de sagesse dans les instructions données pour présenter à l’intelligence la véritable nature de la vie spirituelle. J’ai été très surpris, et fort attristé, de voir combien sont rares, parmi ceux qui se disent chrétiens, ceux qui ont clairement compris la nature réelle de la vie chrétienne. Beaucoup supposent que celle-ci ne consiste qu’à éprouver certains sentiments ou certaines émotions, ou à rester dans la passivité intellectuelle. Lorsqu’ils parlent de leur religion, ils parlent donc de leurs sentiments, et disent: ‘Je ressens ceci ou cela.’ Ils semblent supposer que la vie spirituelle consiste essentiellement, sinon uniquement, à être guidés par certaines impulsions ou sensations. Mais cela n’a strictement rien à voir avec la vie spirituelle.

Des multitudes pensent que leur vie spirituelle n’est faite que de désirs. Ils ne croient pas que leur libre choix ou l’exercice de leur volonté doivent être concernés. Mais il ne peut y avoir aucune vie spirituelle dans un désir, si nous utilisons ce terme dans le sens d’un état psychique passif, et non volontaire.

D’autres supposent que la vie spirituelle se limite à une attitude purement légaliste. Leur intelligence est aiguillonnée par leur conscience, pour accomplir des oeuvres sous la contrainte, par ce que l’on appelle généralement ‘le sens du devoir.’ En réalité, presque toutes les erreurs et les séductions sont possibles, lorsqu’il s’agit de décrire ce qui constitue la véritable vie spirituelle. Les hommes ne semblent avoir aucune idée juste de la nature du péché ou de la sainteté.

Beaucoup de ceux qui se disent chrétiens parlent souvent de l’égoïsme comme s’il ne s’agissait pas véritablement d’un péché, ou comme s’il ne s’agissait que de l’une des formes du péché. Lorsque j’ai eu l’occasion de prêcher sur le thème de l’égoïsme, en différents lieux, j’ai été étonné de découvrir que beaucoup de chrétiens découvraient avec surprise, comme si cela était nouveau pour eux, que l’égoïsme était totalement incompatible avec une attitude réellement spirituelle. Il semblait qu’il ne leur était jamais venu à l’esprit que l’égoïsme était incompatible avec la vie spirituelle.

Un jour que je prêchais dans l’une de nos cités, je m’efforçais de développer la véritable nature de la spiritualité chrétienne. Je voulais démontrer qu’elle ne consistait qu’en la pratique de l’amour, ou d’une bienveillance désintéressée, parfaite et universelle. L’idée que la vraie religion consiste en bienveillance semblait entièrement nouvelle à une foule de chrétiens. Après avoir présenté ce sujet, et l’avoir retourné en tous sens jusqu’à ce que l’assemblée le comprenne, le diacre de l’une des Eglises me fit remarquer, lorsque je descendis de l’estrade, qu’il ne pensait pas qu’il y eût dix chrétiens véritables dans cette ville. Une dame me dit qu’elle ne connaissait qu’une seule personne, dans son Eglise, qui pratiquait un amour semblable, et que tous les autres, pour autant qu’elle les connaissait, semblaient dominés par l’égoïsme. Sauf erreur de ma part, la plupart des églises de notre pays ont certainement grand besoin de comprendre cette vérité d’une manière claire et profonde. Ceci est spécialement vrai en temps de réveil. Voici réellement venu le moment d’exposer ce sujet, et de l’exposer avec force et clarté, jusqu’à ce la nature de la véritable religion soit parfaitement définie. Si nous ne le faisons pas, les chrétiens tomberont dans un nombre presque infini d’erreurs.

Dans une lettre ultérieure, je ne manquerai pas de décrire en détail certaines de ces erreurs. Il me suffit ici de dire qu’il est essentiel que l’on comprenne en quoi consiste la véritable religion. Elle se résume entièrement en un seul mot: l’amour. Toute forme de religion véritable n’est qu’un aspect de l’amour, ou de la bienveillance désintéressée. Tout ce qui ne procède pas de l’amour n’est pas la vertu, ni la véritable religion. Il faut dire à ceux qui cherchent le salut que la conversion consiste à aimer Dieu de tout son coeur, et que la repentance consiste à se détourner de l’égoïsme et à donner son coeur à Dieu. Bref, la première et unique chose que Dieu leur demande est d’aimer le Seigneur de tout leur coeur, et leur prochain comme eux-mêmes. Tant qu’ils ne manifestent pas l’amour, quoi qu’ils fassent, ils ne pratiquent pas la véritable religion. Ils ne la pratiquent que dans la mesure où ils sont animés d’un amour suprême pour Dieu, et d’un amour identique pour l’homme. On ne fera jamais assez d’efforts pour corriger les erreurs que les hommes commettent constamment à ce propos. Mais, bien qu’il soit d’une importance vitale de faire ces remarques, il ne faut jamais oublier que ce ne sont pas celles-ci qui convertiront les hommes à la véritable religion.

Si je ne me trompe, certains ont aussi commis une autre erreur. Ils ont dépensé toutes leurs forces à faire une prédication qui fait appel à la raison. Ils veulent expliquer la nature philosophique de la foi, de la bienveillance, de la repentance, et des différentes grâces chrétiennes. Leur paroles étaient peut-être justes, et leurs exhortations nobles et efficaces. Ils ont réussi à s’adresser à l’intelligence de leurs auditeurs. Mais ils ne sont pas parvenus, au bout du compte, à faire passer la véritable religion. Ils ont commis une erreur fondamentale. Ils se sont contentés de faire de bons raisonnements et de développer en quoi consistait la foi. Ils ne sont pas allés plus loin. Ils ont accepté que l’intelligence de leurs auditeurs se complaise à comprendre cette idée, sans que leur coeur soit touché. En d’autres termes, ils ne sont pas parvenus à présenter les grandes vérités de la foi, et à les maintenir fermement devant l’intelligence, jusqu’à ce que celle-ci finisse par croire. Ils ont peut être correctement expliqué quelle était la nature de la foi. Mais ils n’ont pas maintenu devant l’intelligence les vérités qui doivent être crues. Ils n’ont pas prêché la vérité avec suffisamment de fermeté pour qu’elle finisse par produire la foi. Ils ont réussi à faire comprendre aux homme ce qu’était la foi, mais ne sont pas parvenus à les persuader d’exercer la foi. Ils se sont contentés de développer l’idée, sans insister sur la nécessité d’accepter la vérité par la foi. Ils ne sont pas parvenus à faire céder la volonté de leurs auditeurs, pour qu’elle s’engage à recevoir la vérité par la foi.

Il en est de même pour toutes les autres grâces chrétiennes. On a exposé la véritable idée de l’amour, mais sans faire en sorte que l’auditeur soit rempli d’amour. On ne lui fait pas abandonner complètement son égoïsme, pour qu’il se consacre entièrement à l’exercice de l’amour. La distinction que je viens de faire est certainement d’une très grande importance.

On peut comprendre la nature philosophique de l’amour, sans pour cela faire preuve d’amour. Si nous nous contentons d’expliquer la véritable nature de l’amour, nous n’arriverons probablement pas à faire pratiquer l’amour véritable, même si nous réussissons à faire comprendre en quoi il consiste. Il faut présenter Dieu, Christ, l’amour de Christ, les grands sujets d’intérêt de l’univers, et tout ce qui tend à nous remplir d’amour. Je le répète, certains se sont sérieusement trompés en ne présentant pas d’une manière juste la nature de la véritable religion. Des gens se sont convertis, mais ils sont partis dans une fausse direction, en croyant qu’ils s’engageaient dans la religion de Christ. Ils n’ont pas pu s’engager dans la véritable religion, parce que l’idée restait formée au niveau de leur intelligence, sans aller plus loin. Parce que leur intelligence avait clairement compris le message, ils ont pensé que cela suffisait pour pratiquer la vraie religion. Mais n’ont pas compris qu’ils ne la pratiquaient pas.

Pour s’assurer que les conversions obtenues soient véritables, il est donc nécessaire de veiller soigneusement à ce qu’une idée bien comprise soit suivie de pratique. Ceci est particulièrement vrai depuis qu’une fausse philosophie a engendré de fausses conceptions de la religion dans tellement d’esprits.

Ce qui est vrai de la foi et de l’amour est aussi vrai de la repentance, de l’humilité, de la douceur, et de toutes les autres grâces. Il faut certes en définir la nature, jusqu’à ce que l’idée soit bien formée dans l’intelligence. Mais ces vérités doivent être abondamment expliquées, retournées dans tous les sens, et maintenues devant l’intelligence, jusqu’à ce que le coeur soit motivé à mettre ces vertus en pratique.

Il faut bien comprendre que les explications intellectuelles qui présentent la nature de ces vertus ne suffisent absolument pas à les produire concrètement. La véritable religion ne peut être pratiquée qu’à partir du moment où ces vérités sont exposées d’une manière lucide et vigoureuse, jusqu’à ce qu’elles entrent dans le coeur.

Je voudrais ajouter ici que s’il fallait choisir de ne pas parler de quelque chose, je dirais que l’on pourrait, sans le moindre risque, éviter de faire tous les exposés théoriques dont je viens de parler. Mais si nous exposons avec force tout ce qui tend à produire la foi et l’amour, si nous présentons ces vérités avec puissance et vigueur, elles tendront à produire la repentance, la foi, l’amour, l’humilité, la douceur, etc. La plupart du temps, nous pouvons nous attendre à ce que ces vertus soient produites dans toute leur pureté, sans que l’ont ait besoin d’expliquer en quoi elles consistent. Par exemple, en présentant Christ à une âme, celle-ci peut être conduite à croire en Lui, sans jamais avoir compris ce qu’était la foi véritable. En présentant le caractère de Dieu, on peut faire naître dans l’esprit de l’auditeur un véritable amour, sans que son intelligence saisisse quoi que ce soit de la nature de l’amour.

Ceci peut être vrai de toute autre grâce. De sorte qu’il vaut bien mieux se contenter de présenter les vérités qui tendent à produire ces grâces, en évitant de parler de leur nature philosophique. Ce n’est qu’ainsi que l’on parviendra à rendre les coeurs obéissants.

En présentant la nature de la véritable religion, on réussira à détruire les faux espoirs de ceux qui se disent chrétiens depuis longtemps, mais qui ne le sont pas réellement, ainsi que les illusions de ceux qui se sont convertis d’une manière superficielle. Un tel langage permettra aussi à ceux qui recherchent la vérité de ne pas tomber dans l’erreur.

Je supplie mes frères qui cherchent à produire des réveils spirituels, de ne jamais oublier et de mettre en pratique cette importante vérité: l’Evangile doit être exposé dans toute sa puissance irrésistible et brûlante. Il doit être présenté comme une vérité qu’il est nécessaire de croire, jusqu’à ce que les grâces chrétiennes se manifestent. Dans vos prédications de réveil, vous ne devrez parler qu’occasionnellement des aspects théoriques de ces grâces. Notre devoir est de bien expliquer en quoi consiste la véritable religion, et de barrer la route aux fausses espérances.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

V. LES ERREURS DANS LES MESSAGES DE REVEIL.

Je vais à présent parler d’une autre erreur qui, je le crains, a souvent été commise quand on cherche à produire un réveil. Je veux parler d’une prédication qui s’adresse à l’intelligence des auditeurs et qui tend à les enfler d’orgueil, au lieu de les conduire à l’humiliation et à l’obéissance. C’est une prédication qui explique intellectuellement en quoi consiste la vie chrétienne, mais qui laisse de côté les grandes réalités de la révélation divine. Je suis certain que je suis moi-même souvent tombé dans cette erreur.

Quand la prédication devient très métaphysique et intellectuelle, on donne l’impression que l’on peut tout comprendre. On fait croire que rien ne peut être accepté sans avoir d’abord été expliqué, sans que sa nature théorique ait d’abord été comprise. Il en est résulté de grands maux.

Je ne vais pas jusqu’à dire que certains ont commis l’erreur de déclarer que l’on ne doit rien recevoir par la foi, sans que l’on ait d’abord pu le comprendre intellectuellement. Cependant, sauf erreur de ma part, cette impression a bien été donnée. L’intelligence humaine est désespérément pervertie, imbue d’elle-même et incrédule. Elle est extrêmement flattée et remplie d’orgueil de pouvoir se lancer dans des spéculations métaphysiques. Elle aime philosopher sur les grandes vérités de la religion, au point de finir par se croire capable de comprendre presque toutes les grandes vérités concernant Dieu et Son royaume.

Cette attitude entraîne directement deux conséquences funestes. Tout d’abord, on remplace la foi par nos propres raisonnements oiseux. L’homme philosophe ou spécule sur une doctrine, jusqu’à ce qu’il la considère comme une simple idée. Il est alors extrêmement enclin à se reposer sur sa propre démonstration, ou sur sa philosophie, plutôt que de faire confiance au témoignage de Dieu. Cela n’est pas la foi. Quand on a pris cette habitude, on rejettera complètement toute doctrine que l’on ne peut expliquer ni comprendre intellectuellement. Ou alors on l’acceptera, mais d’une manière tellement superficielle, qu’il sera évident qu’on n’y attache aucune confiance réelle.

Tant que les prédicateurs s’attacheront à faire appel à l’intelligence des hommes, en voulant tout leur faire comprendre intellectuellement, ils trouveront des gens pour les suivre. Mais, si ceux-ci les suivent, ce sera manifestement parce qu’ils auront été convaincus par des raisonnements et des spéculations. Ce ne sera absolument pas parce qu’ils auront résolument mis leur confiance dans la Parole de Dieu et les réalités de l’Evangile.

Vous vous rendrez compte que ces chrétiens superficiels rejettent absolument certaines des doctrines les plus importantes et les plus précieuses de l’Evangile, comme celles de la divinité et de l’humanité de Christ, de la Trinité, des desseins divins, et bien d’autres encore. S’ils les acceptent,

ce n’est que d’une façon très superficielle. Une telle prédication n’aboutit pas à humilier l’orgueil de l’intelligence humaine. Elle ne transmet que la connaissance qui enfle, selon l’expression de Paul. J’ai souvent pensé à ce passage en observant l’esprit dont font preuve ces chrétiens dont je parle. Ils sont manifestement sages à leurs propres yeux et remplis de suffisance. Ils comprennent ce qu’ils croient. Ils se glorifient d’être des philosophes, et de ne pas être assez faibles et ignorants pour croire ce qu’ils ne comprennent pas.

J’ai pu observer d’une manière très claire que ces personnes n’ont aucune foi réelle. Ils ne mettent absolument pas leur confiance en Dieu, en la Bible, ni en aucune de ses affirmations, simplement parce que Dieu les a faites. Ils se complaisent et se confient en leurs propres spéculations. Bien entendu, ils n’ont que très peu de respect pour Dieu et très peu de respect pour Son autorité. Ils n’ont aucune confiance réelle en Sa Parole.

Les conséquences funestes d’une telle prédication intellectuelle sont tout d’abord qu’elle ne crée pas la foi. Ensuite, même si la foi existait précédemment, elle ne tend nullement à la développer, à la fortifier et à la confirmer. Mais elle tend plutôt à la dessécher et à la détruire. C’est un fait remarquable que les auteurs inspirés ne font jamais de philosophie, mais tiennent comme acquise une juste philosophie. Ils affirment des faits dont la foi peut se saisir. Bien qu’ils ne fassent jamais de philosophie, il est évident que leur manière de présenter la vérité est parfaitement philosophique, quand on considère le but qu’ils ont en vue. Parmi toutes les méthodes possibles de présenter la vérité, il est clair que la méthode employée par l’Ecriture est la seule qui puisse permettre d’atteindre le but que Dieu recherche. Il sera toujours indispensable, dans notre monde comme dans l’autre, d’avoir foi dans le caractère et le témoignage de Dieu, pour Lui obéir de tout coeur. Certains prétendent que la foi ne sera plus nécessaire dans le ciel, parce qu’elle sera remplacée par la vue. Mais il n’en sera jamais ainsi. Il ne fait aucun doute que la confiance en Dieu, en Son caractère, en Sa sagesse, en Sa bonté, ainsi que dans l’universalité et la perfection de Sa bienveillance, sera tout aussi indispensable dans le ciel qu’elle l’est sur la terre, pour toute l’éternité.

Le gouvernement de Dieu est vaste, et Ses desseins nous sont impénétrables. Il est donc nécessaire qu’un grand nombre de dispensations divines, par leur nature même, nous soient profondément mystérieuses et difficiles à comprendre, à moins d’avoir la plus entière confiance en la bienveillance et en la sagesse de Dieu.

Dans notre monde, le grand objectif de Dieu est de restaurer la confiance en Lui-même et en Son gouvernement. Il veut créer et développer la foi jusqu’à sa perfection. Il présente donc des faits sans les expliquer. Le Seigneur n’entre absolument pas dans des raisonnements explicatifs, mais affirme simplement les faits qu’Il désire nous communiquer. Il nous demande de les saisir par la foi et de nous reposer sur eux. Nous ne pourrons jamais comprendre un grand nombre de ces faits. Nous pouvons comprendre qu’une chose est vraie, sans pouvoir expliquer sa philosophie. C’est certainement vrai d’une foule de faits que nous rencontrerons toujours dans le gouvernement de Dieu. Il est donc indispensable que nous soyons entraînés, dès le début de notre vie chrétienne, à ne pas hésiter à faire confiance à ces faits. Nous devons attendre qu’ils nous soient expliqués jusqu’à ce que nous soyons capables de recevoir ces explications. Je n’insisterai donc jamais assez sur la nécessité de présenter l’Evangile de telle manière que l’on permette un plein exercice de la foi. Je ne veux pas dire par là qu’il ne faut jamais expliquer les faits, s’ils admettent une explication philosophique. Mais je veux dire que nous ne devons pas prendre trop de peine à les expliquer, ni à en définir la philosophie.

Selon ma propre expérience, j’ai compris que j’ai porté gravement atteinte à ma piété en insistant trop sur le fait que nous devions comprendre toutes choses avant de les accepter. Cela signifie que, souvent, je ne me suis pas contenté d’accepter certaines choses qui m’étaient simplement présentées comme des faits, mais que je suis demeuré troublé, insatisfait et instable, tant que je n’avais pas compris et expliqué la logique de ces faits. Cela a certainement été mon expérience en ce qui concerne la doctrine de l’expiation. Je ne me contentais pas de la simple affirmation que Christ était mort à ma place, mais il me fallait comprendre le comment et le pourquoi. Je voulais que l’on m’explique les grands principes de la souveraineté divine et la politique du Royaume de Dieu, sur lesquels était fondée la grandiose transaction de mon rachat. Je suis satisfait de pouvoir m’expliquer la logique de cette transaction, et j’ai souvent réussi à l’expliquer aux esprits les plus sceptiques. Mais, après tout, et à la réflexion, je suis maintenant persuadé que si je leur avait présenté avec force les simples faits, et s’ils les avaient reçus comme des faits s’appuyant sur l’autorité du témoignage divin, cela aurait été plus profitable à leur âme.

Depuis un ou deux ans, j’ai été plus souvent conduit à respecter l’importance de la présentation des faits, jusqu’à ce qu’ils soient acceptés comme des faits, tout en expliquant occasionnellement leur logique. J’ai découvert que ceci était extrêmement profitable à mon âme, comme à l’âme de ceux qui ont d’abord cru les faits, sans qu’on leur en ait expliqué la logique. Ceci développe et fortifie la foi. Cela conduit les gens à ressentir la nécessité de faire confiance à Dieu, et à recevoir tout ce qu’Il dit, sur la seule autorité de ce qu’Il affirme.

Par la suite, quand on explique la logique de ces réalités, cela n’augmente pas la foi des auditeurs. Mais ils sont néanmoins très édifiés, et même ravis de comprendre les explications logiques apportées à des réalités qu’ils avaient d’abord crues sur l’autorité de Dieu. Je trouve cela excessivement profitable à mon intelligence, comme à l’intelligence des autres, autant que j’en aie l’expérience.

Il est aisé en vérité de constater que tout l’Evangile devrait être présenté et accepté de cette manière. C’est de cette manière que lae Bible est systématiquement écrite. Il faut tout d’abord recevoir les faits comme des faits, simplement parce que Dieu les affirme. On doit ensuite expliquer ceux qui peuvent être expliqués et compris, pour l’édification et le développement de la connaissance des enfants bien-aimés de Dieu. Mais si l’on inverse le processus, en commençant par expliquer toutes choses, il ne reste plus beaucoup de place pour la foi. Et s’il en reste, vous découvrirez que ceux qui se seront engagés dans la foi chrétienne n’ont aucune foi réelle. Ils rejettent entièrement, ou n’acceptent que très superficiellement, avec beaucoup de doutes, toute vérité ou toute doctrine de la Bible qui n’admet aucune analyse ni explication logique. Je suis certain que ceci est le résultat d’une tendance à faire des prédications qui s’appuient trop sur la philosophie et les spéculations métaphysiques.

Permettez-moi de répéter que cette sorte de prédication est très appréciée par certaines catégories d’auditeurs. Ceux qui sont vraiment spirituels se rendront vite compte qu’ils ne profitent guère d’un tel régime. Cependant, les assemblées en seront souvent enflées d’orgueil et remplies de satisfaction. Elles croiront être hautement édifiées et favorisées, à chaque sermon. Alors qu’il sera en général évident que leur ferveur dans la prière ne grandit nullement. Elles ne deviennent pas plus humbles, ni plus consacrées à Dieu. Elles ne croissent pas dans la douceur d’un enfant ni dans la patience de Jésus-Christ. Leur croissance n’est pas véritablement une croissance chrétienne. Il s’agit plutôt d’une croissance intellectuelle. L’orgueil et l’égoïsme sont souvent les traits les plus évidents d’une assemblée nourrie de philosophie et de métaphysique, et non des réalités humiliantes de l’Evangile. Je suis certain d’avoir moi-même été assez coupable dans ce domaine. Je ne suis sûrement pas le seul à mériter cette condamnation. Mais ceux qui ont commis les mêmes erreurs que moi n’ont peut-être pas compris, aussi profondément que j’ai été contraint de le comprendre, à quel point ils se trompaient.

Je veux que l’on me comprenne bien. Je ne cherche absolument pas à me faire l’avocat d’une présentation des réalités de l’Evangile qui ne laisserait aucune place aux explications. J’adopterais plutôt une position intermédiaire. Je souhaite d’une part ne pas encourager l’orgueil par un développement disproportionné de l’intelligence. Ceci ne laisserait presque aucune place à l’exercice de la foi dans la Parole de Dieu. D’autre part, je ne voudrais pas négliger tout appel à l’intelligence, en me contentant de ne présenter que les réalités sur lesquelles peut s’exercer la foi.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

VI. L’EXCITATION PENDANT LES REVEILS (1)

Je veux sans cesse revenir sur le sujet de l’excitation associée aux réveils spirituels. Dans toutes les époques de l’Eglise, il y a eu des situations où des gens ont reçu des manifestations tellement claires de la vérité divine qu’ils en ont été privés de toute force physique. Cela semble avoir été le cas de Daniel. Il perdit toute vigueur et tomba face contre terre. Saul de Tarse semble également avoir été terrassé et jeté à terre par l’éclat de la gloire divine qui l’enveloppa. J’ai connu de nombreux cas où les gens perdaient toute force physique, lorsqu’ils recevaient la révélation de vérités spirituelles infiniment grandes et puissantes.

A cet égard, je ferai les remarques suivantes: Il ne s’agit pas là des cas d’excitation critiquable dont j’ai parlé dans une précédente lettre. Dans les exemples que je viens de citer, l’intelligence ne semble pas annihilée ni rendue confuse. Elle est au contraire remplie de lumière. L’intelligence ne semble pas consciente d’une quelconque excitation inhabituelle de sa propre sensibilité. Bien au contraire, elle semble être calme. Elle se trouve dans un état qui n’est particulier qu’en raison de la perception d’une vérité révélée avec une clarté inhabituelle. Il n’y a manifestement aucune effervescence de la sensibilité produisant des larmes, ni l’une des manifestations habituelles d’une imagination surexcitée, ni des sentiments profondément bouleversés. On ne remarque aucune exubérance de sentiments propre à distraire les pensées. L’intelligence perçoit la vérité qui lui est révélée. S’il est vrai que le corps est privé de toute force physique, l’intelligence peut néanmoins contempler la gloire divine qui lui est manifestée. Un voile semble être ôté de l’intelligence, et la vérité est contemplée d’une manière qui ressemble beaucoup à ce qui peut se passer lorsque l’esprit quitte le corps. Il n’est donc pas étonnant qu’une telle expérience subjugue le corps.

De tels cas ont souvent été des sujets de trouble pour ceux qui en ont été témoins. Pourtant, lorsque j’ai eu l’occasion de contrôler l’histoire ultérieure de cas semblables, j’ai été persuadé, en général, qu’il s’agissait de réelles conversions. Il se peut que certaines de ces conversions soient fausses. Mais, dans tous les cas semblables que j’ai connus, il a été ensuite évident que l’amour de Dieu a été profondément déversé dans la vie de ces personnes. Leur volonté a été amenée à une réelle obéissance. Leur caractère a été véritablement transformé dans le sens le plus désirable.

Je ne me sens donc pas la liberté de critiquer ces exemples d’excitation, si l’on peut les appeler ainsi. L’excitation qu’ils peuvent traduire semble découler nécessairement des claires révélations faites à l’âme par Dieu. Une telle excitation, loin d’être tapageuse, stupide et passionnée, comme celle que j’ai décrite dans une précédente lettre, ressemble à celle qui doit exister, je suppose, chez les esprits des justes qui viennent de quitter leur corps. Je voudrais souligner ici un juste principe: nous n’avons aucunement besoin de craindre une excitation quelconque, quand elle est produite par la révélation de la vérité, et quand elle s’accorde avec un fonctionnement équilibré de l’intelligence. Mais tout ce qui va au delà de cette limite est certainement désastreux.

En général, les cas de prostration physique dont j’ai parlé semblent se produire sans qu’aucun moyen extérieur n’ait été utilisé pour les provoquer. Selon mes observations, ils se produisent lorsque l’âme est entièrement absorbée en Dieu. Dans les cas de Daniel, de Saul de Tarse, de William Tennant, et d’autres, on ne voit intervenir aucun instrument humain, aucun moyen extérieur, aucun appel passionné à l’imagination ou à la sensibilité. On est simplement en présence d’une révélation de Dieu, faite à l’âme par le Saint-Esprit.

L’excitation produite de cette manière semble être très différente de celle que produisent une prédication, une exhortation ou des prières bruyantes, faites en vociférant, ou que stimulent les appels passionnés lancés par de zélés prédicateurs, pour provoquer la crainte. Ceux-ci utilisent des méthodes et des illustrations qui provoquent l’excitation. Le système nerveux des auditeurs est mis sous une tension telle que leur sensibilité semble exacerbée. Leurs sentiments jaillissent en un flot puissant, qui submerge et noie complètement l’intelligence.

En revanche, l’excitation produite lorsque le Saint-Esprit révèle Dieu à l’âme est complètement différente de celle que je viens de décrire. Non seulement elle ne trouble pas l’exercice parfaitement clair et étendu de l’intelligence, mais elle favorise directement cet exercice. Rien n’entrave alors l’activité libre et sans contrainte de l’intelligence et de la volonté.

C’est de cette excitation-là dont nous avons besoin. C’est cette excitation que le Saint-Esprit produit toujours. Il ne s’agit pas d’une excitation produite par un effet d’entraînement. Cela n’a rien à voir avec un accès de nervosité, ni l’explosion de la sensibilité nerveuse. C’est un état de l’âme, calme, profond et sacré, produit par la compréhension des vérités claires, infiniment importantes et impressionnantes, lorsque Dieu les révèle.

Bien souvent, il ne faut pas avoir beaucoup de discernement pour faire la différence entre l’effervescence émotionnelle, produite par des appels bruyants et excitants, et un mouvement de l’âme, calme, profond, bien que parfois accablant, produit par l’Esprit de Dieu quand Il révèle Jésus à l’âme. J’ai souvent craint que l’on confonde ces différentes sortes d’excitations. Il ne faut ni les rejeter et les dénoncer toutes ensemble, ni les accepter et les défendre en même temps. Il me semble d’une extrême importance que nous puissions, pour ces deux types d’excitation, bien distinguer les choses qui diffèrent.

Lorsque je suis témoin de cas d’excitation extraordinaire, j’ai appris à m’informer, avec autant de calme et d’affection que je le peux, de la nature des vérités reçues par l’intelligence à ce moment précis. Si une personne ainsi visitée peut volontiers et spontanément m’expliquer les raisons de son excitation, je peux alors juger de la nature de cette excitation. Si son excitation est réellement produite par une claire révélation donnée par le Saint-Esprit, concernant le caractère de Dieu ou les grandes vérités de Son gouvernement, alors son intelligence sera remplie de ces vérités. Cette personne sera prête à en parler spontanément, si elle en est physiquement capable. Je peux alors voir que la vérité est perçue d’une manière remarquablement claire. Une telle personne possède une grande facilité à communiquer son expérience, s’il lui est encore possible de parler. D’une manière générale, je n’ai aucune crainte de ce type d’excitation.

Mais si je vois que l’attention de la personne est entièrement préoccupée par ses sentiments et ses émotions, et qu’elle ne peut me donner aucune raison intelligible pour expliquer son état, je n’ai que très peu de confiance en son expérience. J’ai souvent été témoin de cas où l’excitation était très grande, presque irrésistible.

Après enquête, les personnes concernées ne pouvaient donner aucune explication intelligente des vérités que leur intelligence aurait pu percevoir. Leur âme semblait avoir été remuée jusqu’en ses tréfonds. Mais ce n’était pas en raison d’une claire révélation de la vérité. Ce n’était pas parce que Dieu S’était manifesté à leur âme. Leur intelligence ne semblait pas fonctionner d’une manière normale. J’ai appris à me méfier de ce type d’excitation. Je n’accorde aucune, ou presque aucune confiance, aux conversions obtenues dans de telles circonstances. J’ai observé que les personnes ayant éprouvé ces excitations finissent, après quelque temps, par tomber dans l’orgueil. Elles ont été emportées par une tempête d’excitation émotionnelle et sans intelligence.

Pour illustrer mon propos, j’aimerais relater un événement dont j’ai été moi-même témoin. J’assistais à une convention d’été dans l’Etat de NewYork. Cette convention avait commencé deux ou trois jours avant mon arrivée. J’ai écouté les prédicateurs et suivi les réunions pendant la plus grande partie de la journée. Il n’y avait que très peu d’excitation, et même aucune excitation visible. Après plusieurs sermons, et beaucoup d’exhortations, de prières et de chants, j’ai remarqué que les responsables se concertaient à voix basse pendant un moment, comme s’ils étaient en profonde délibération.

Ensuite, l’un d’entre eux, un homme d’une corpulence athlétique et d’une voix de stentor, descendit de l’estrade, et se fraya un chemin au milieu d’un groupe de femmes qui étaient assises devant l’estrade. Il commença alors à frapper des mains, et à crier à pleins poumons: ‘La puissance! La puissance! La puissance!’ Très vite une autre voix se joignit à la sienne, puis d’autres, jusqu’à ce que tout le monde se mette à frapper des mains et à crier, au milieu des hurlements poussés par les femmes. Le résultat fut que, très vite, plusieurs personnes tombèrent à terre. Quelqu’un proclama que c’était la puissance de Dieu qui se manifestait du ciel. Après avoir conduit cette excitation jusqu’à un extraordinaire paroxysme, le prédicateur qui en avait été à l’origine, ainsi que ceux de ses collègues qui s’étaient joints à lui, se retirèrent au milieu de la confusion générale. Ils avaient réussi, comme ils le prétendaient, à faire descendre la puissance de Dieu sur l’assemblée. Ils étaient manifestement très satisfaits du résultat obtenu.

J’ai souvent pensé à cette scène, comme à d’autres scènes similaires. Je considère ces méthodes que comme des manoeuvres calculées pour provoquer tout autre chose qu’un vrai réveil spirituel. Dans le déclenchement de cette excitation, aucune parole de vérité n’a été prononcée, aucune prière ni exhortation n’a été faite. Il n’y a rien eu d’autre que les vociférations d’un homme qui criait: "La puissance! La puissance! La puissance!", en s’accompagnant d’un claquement de mains presque assourdissant. Je crois qu’il s’agit là d’un cas exceptionnel, et qu’il n’y a probablement que peu de cas aussi critiquables. Mais il se produit souvent dans les réveils des choses qui déclenchent une excitation à peine plus intelligente que celle que je viens de décrire. On y fait de tels appels à l’imagination et à la sensibilité que l’on met complètement de côté l’action de l’intelligence.

Dans la mesure où l’on déploie de semblables efforts pour produire des réveils, on aboutit sans aucun doute à des effets complètement désastreux, qu’il faut absolument décourager.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

VII. L’EXCITATION FANATIQUE.

Puisque que je suis sur le sujet de l’excitation, je souhaite faire quelques remarques concernant le danger de voir des émotions surexcitées entraîner dans une mauvaise direction et aboutir au fanatisme. Chacun sait que lorsque des émotions sont fortement excitées, elles peuvent être orientées dans des directions variées et prendre diverses formes, selon les circonstances vécues par ceux qui sont ainsi excités. Presque tous ceux qui ont été témoins de réveils spirituels ont eu l’occasion de remarquer cette tendance de la nature humaine. Il est vrai que Satan utilise aussi cette tendance à son propre avantage, en mélangeant l’esprit de fanatisme à l’esprit d’un réveil spirituel.

Le fanatisme apparaît quand il y a ‘l’amour sans la lumière,’ comme l’a écrit un certain auteur. Chaque fois que l’intelligence est éclairée sur ce que les hommes devraient être, dire, ou faire, et chaque fois qu’elle n’est pas en même temps remplie d’amour, il est presque inévitable de voir apparaître un esprit de fanatisme, de critique, de reproche et de dénonciation.

Par fanatisme, je veux parler d’un état d’esprit où des émotions mauvaises prennent le contrôle de la volonté, et poussent l’individu à faire des efforts excessifs et vindicatifs pour défendre ce qu’il considère comme juste et vrai. Il lutte alors pour ce qu’il regarde comme juste et vrai, mais en étant animé d’un esprit mauvais.

Les temps de réveil spirituel sont très propices à l’éveil d’un fanatisme stimulé par les agents infernaux. C’est, à bien des égards, un moment particulièrement favorable à l’action de Satan. Celui-ci peut semer, dans un sol propice, ses semences d’erreur. Elles produiront à leur tour les formes de fanatisme les plus turbulentes et les plus violentes qui aient jamais affligé le monde.

Au milieu des foules qui écoutent les prédications de réveil, il y a presque toujours des gens qui ont de très fortes tendances au fanatisme. Ils sont fortement enclins à censurer, à mettre le doigt sur les défauts des autres, à vitupérer, à dénoncer et à critiquer. C’est une tendance de l’esprit que je qualifie d’ultra-démocratique et anti-conservatrice à l’extrême. Elle est une source puissante de confusion. Plus ces personnes sont éclairées sur les devoirs et les péchés des hommes, plus elles sont susceptibles de manifester un violent esprit de fanatisme.

Il est bien connu que toutes les réformes engagées à notre époque, comme à toute autre époque, ont été touchées par cet esprit de fanatisme. Qu’il s’agisse de la lutte contre l’alcoolisme, de la réforme morale, de la réforme des pratiques physiologiques et diététiques, ou de la lutte contre l’esclavage, toutes ont subi cette influence néfaste. Presque aucun domaine n’a été épargné. Quand des conférenciers ou d’autres orateurs empoignent ces sujets et les analysent, ils projettent une vive lumière aux yeux de l’opinion publique. Ils semblent alors donner un coup de pied dans une fourmilière. Les tendances profondes au fanatisme, qui étaient peut- être restées cachées jusque là, s’enflamment et explosent souvent comme un volcan en éruption. L’indignation grandit, les langues portées à la censure et à la violence se mettent librement en mouvement. Ces membres indomptables, qui enflamment le cours de la vie, étant eux-mêmes enflammés par la géhenne, semblent déverser un flot de lave brûlante, apportant la dévastation et la désolation dans toute la société. Les prières de ces gens, leurs exhortations, tout ce qu’ils disent ou font, ne sont qu’un flot continu de reproches, de critiques et de récriminations. Ils disent qu’ils ont "raison de se mettre en colère." Ils affirment que ce serait n’avoir aucun sens du sacré que de ne pas faire preuve de la plus grande indignation, seule attitude convenant au sujet ou à la situation.

Il est remarquable de voir à quel point cet esprit de fanatisme a été stimulé par les diverses réformes du moment, quelle qu’en soit la nature, et même par les réveils spirituels. S’il s’agit par exemple de défendre la paix, ceux qui sont animés par cet esprit fanatique vont lutter pour la paix en s’engageant dans une guerre à outrance. Par la langue, ils feront la guerre à tout ce qui s’oppose à eux. Ils déverseront des torrents d’injures sur tous ceux qui sont en désaccord avec eux. Ils refuseront le moindre compromis, la moindre communion, avec ceux qui ne se rangent pas immédiatement à leurs vues particulières. S’il s’agit de lutter contre l’esclavage, ils se battront pour l’abolir, mais avec l’esprit d’un esclavagiste. Tout en affirmant que tous les hommes sont libres, ils ne laisseront à personne la liberté de s’exprimer, si ce n’est à eux-mêmes. Ils sont prêts à mettre sous le joug de l’esclavage les opinions et les sentiments de ceux qui ne partagent pas leurs opinions, en les critiquant sévèrement pour les obliger à se ranger à leur avis.

Dans les réveils spirituels, cet esprit se manifeste en général, dans tous les milieux, par une manière de prier pleine de reproches et de critiques. Cet esprit gagne ensuite les exhortations, les prédications et les conversations. Il attaque tout particulièrement les serviteurs de Dieu et ceux qui exercent une influence prépondérante dans l’Eglise. Il se répand progressivement jusqu’à finir par accuser l’Eglise visible d’être une véritable Babylone, et tous les hommes qui n’en sortent pas et ne la dénoncent pas d’être engagés sur le chemin large qui mène à l’enfer.

Cet esprit se manifeste au cours des réveils d’une manière si subtile et insidieuse que l’on ne parvient pas à le déceler dès le départ. Il se peut qu’une église soit froide, que le pasteur et les conducteurs soient égarés. Il peut donc sembler juste, et même nécessaire, d’user d’une certaine sévérité envers ceux qui se sont tellement écartés du chemin. Quelqu’un peut alors ressentir ce besoin d’une manière tellement forte qu’il ne soupçonne pas être lui-même un fanatique. Il commence pourtant à faire de vifs reproches, dans lesquels se mêle une touche d’élément nocif. Il fait appel à l’exemple de Christ, des apôtres et des prophètes. Il peut citer de nombreux passages de la Bible, très proches des termes qu’il emploie, trouvant une justification à leur utilisation dans le fait qu’il les tire des Ecritures. Il croit pouvoir les appliquer à la situation qu’il observe, prenant bientôt la place de Dieu, et pensant être la bouche de Dieu pour dénoncer l’iniquité.

Lorsque cet esprit commence à se manifester, il écorche l’esprit délicat de ceux qui marchent dans l’amour. Tout d’abord, il provoque en eux de la détresse et de l’angoisse. Mais ceux-ci remarquent peu à peu qu’il y a beaucoup de vérité dans ce qu’ils entendent. Ils commencent à être excités par les prières et les exhortations des fanatiques. Leur attention est attirée sur les fautes qui sont dénoncées avec tant de sévérité, et ils commencent à boire à la même source. Puis ils adoptent le même zèle bruyant et ardent, qui était au départ si opposé à la douceur de leur esprit. Ils commencent à comprendre, du moins le supposent-ils, comment les reproches faits par les prophètes, par Christ et Ses apôtres, s’adressent aussi à ceux qui les entourent. Leur attention est tout entière préoccupée par les fautes de l’Eglise et des ministères, et ils ne voient plus rien de bon. Ils se demandent si toute l’Eglise visible n’est pas uniquement composée d’hypocrites. Ils commencent par craindre, puis finissent par croire que presque tous les serviteurs de Dieu sont séduits, attirés par l’argent, conservateurs, ambitieux et agents du diable. Ils considèrent les organisations chrétiennes tout d’abord avec suspicion, puis avec mépris et horreur. L’ordre du jour devient: "Sortez du milieu de Babylone!"

Le fanatisme prend une multitude de formes. Ses variantes sont presque innombrables. C’était l’esprit des Croisades, lorsque des hommes partaient avec bottes et éperons convertir leurs semblables au christianisme par le feu et l’épée. C’est aussi l’esprit de l’obscur converti qui murmure dans son coin ses réprimandes et ses critiques, à propos de tout et de tous. On peut trouver toute la panoplie des différents types de fanatisme. Depuis le prédicateur itinérant animé d’un zèle brûlant qui crie, vocifère et dénonce l’Eglise et l’Etat, jusqu’au solitaire exprimant son fanatisme dans ses manières sinon dans ses paroles, vous pourrez trouver dans tous les milieux chrétiens ce type de personnage, occupé à attiser et à alimenter les flammes du fanatisme.

Il s’agit là, sans aucun doute, de l’esprit de Satan. Il est parvenu à l’introduire dans l’Eglise et dans le monde tout au long des siècles passés.

Nous connaissons un bon livre sur le thème du fanatisme. Mais nous en avons besoin d’un autre, qui expose et tienne compte de ses développements les plus récents, et qui décrira, comme sur une page de lumière, les oeuvres de cet esprit ténébreux, dont l’influence maligne, tel le levain, fera vite lever toute la pâte, et rendra notre terre aussi méchante que l’enfer.

Je supplie mes frères de veiller au danger de voir les prédicateurs de réveil manifester eux-mêmes l’esprit de fanatisme. Lorsqu’ils subissent une forte opposition de la part de l’Eglise, du monde, ou des serviteurs de Dieu, ils se laissent quelquefois aller à faire des remarques fortement teintées d’amertume, ou qui paraissent tout au moins teintées d’amertume et de critique. On trouve parfois des indices et des traits de cet esprit dans les prédications et l’esprit d’hommes de bien. Satan semble profiter de certaines circonstances de leur vie pour injecter imperceptiblement dans leur esprit une touche d’amertume et de critique. Cela finit par colorer leurs prédications, leurs prières et leurs discours. Cela tend ensuite fortement à produire un état d’esprit fanatique chez ceux qui les admirent.

Des prédicateurs de réveil ont parfois subi une forte opposition de la part de serviteurs de Dieu, à tel point qu’ils ont été blessés et sont devenus quelque peu irritables. Dans cet état d’esprit, ils sont quelquefois allés jusqu’à prêcher et parler de ces serviteurs de Dieu d’une manière très critique.

Cela cause inévitablement de grands dommages aux réveils dans lesquels ils sont engagés. Cela se répand comme un feu parmi les chrétiens, en particulier parmi ceux qui sont sous leur influence directe. Cela tend à ôter du réveil l’esprit d’amour, pour y introduire un esprit de récrimination et d’amertume. Un esprit blessé et amer se manifeste alors chez ceux qui sont engagés dans l’oeuvre du Seigneur. Cela fait presque complètement disparaître la douceur, la bienveillance, l’amour fraternel et la sympathie profonde et compatissante que l’on doit éprouver pour Christ et Son Eglise.

Si je ne m’abuse, les prédicateurs de réveil ont souvent commis de graves erreurs dans ce domaine. Cela a été parfois le cas de Whitefield, comme il le confesse lui-même. La conséquence fut celle que j’ai décrite. Tous ceux qui ont lu l’histoire des réveils conduits par son ministère le savent. Il n’y a pas un seul prédicateur de réveil contemporain qui n’ait plus ou moins commis d’erreurs dans ce domaine. Je suis certain que j’en ai aussi parfois commis. Et je ne connais pas un seul prédicateur de réveil, parmi ceux qui me viennent à l’esprit, auquel ne puisse pas s’appliquer cette remarque, dans une certaine mesure.

Lorsqu’une petite mesure de cet esprit se trouve présent chez un prédicateur de réveil, elle agira comme du levain, qui fera lever toute la pâte. Si l’on n’y remédie pas, elle parviendra tôt ou tard à modifier totalement la nature de l’excitation produite, jusqu’à ce qu’un pur réveil spirituel se transforme en parfait réveil du fanatisme. Cela peut se produire sans même que le prédicateur soupçonne la présence de cette tendance dans son esprit, sa prédication, ou son comportement. Lorsqu’il s’en rend compte, le mal est déjà trop avancé pour que l’on puisse y remédier.

Il me semble que les prédicateurs de réveil devraient être d’une parfaite honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes à ce propos. Ils doivent rester soigneusement sur leurs gardes, être indulgents, doux et conciliants dans leur façon de parler et de prêcher, surtout quand ils parlent de ceux qui s’opposent à leurs vues et à leurs décisions. Il vaut parfois mieux ne faire aucune remarque publique, quelle que soit l’opposition subie, et surtout ne faire jamais allusion à ceux qui nous combattent. Il ne faut jamais évoquer ou prier pour des pasteurs ou des chrétiens d’une manière propre à faire exploser les étincelles de fanatisme qui couvent dans de si nombreux coeurs.

Quand je pense à ce sujet, quand je contemple l’état de l’Eglise, ou quand je lis l’histoire des réveils passés, je suis frappé et profondément peiné de voir à quel point ceux qui travaillaient pour ces réveils ont si souvent commis les erreurs que j’ai décrites. Sans s’en rendre compte, ils se sont eux-mêmes plus ou moins imbibés d’un esprit de fanatisme. Celui-ci s’est ensuite abondamment manifesté dans leurs interventions publiques, au point de gâcher l’oeuvre du Seigneur. Bien entendu, ils ont attristé l’Esprit de Dieu. En vérité, certains prédicateurs de réveil me semblent avoir abandonné le droit chemin sans même en être conscients. Ils sont devenus tout -à-fait fanatiques dans leur esprit, leur prédication, et leur comportement général. Dieu a manifestement été obligé de les châtier en leur retirant Son Esprit, et en leur fermant les portes de l’Eglise. Si l’on veut préserver du fanatisme les véritables réveils spirituels, il ne faut ménager aucun effort pour préserver les conducteurs spirituels de cet esprit. L’une des grandes stratégies du diable est d’infiltrer sournoisement cet esprit dans les responsables de l’Eglise, injectant ainsi un poison mortel dans les réveils.

Dans ce que je viens de dire, je ne voudrais aucunement suggérer que seuls les prédicateurs de réveil ont pu commettre cette erreur. Je suis tout-à-fait certain qu’ils ne l’ont pas aussi souvent commise que ceux qui n’ont jamais cherché à travailler pour un réveil. Ceux- ci sont plus coupables. Leur prédication est tout imprégnée de controverse, de critique, de reproche et d’amertume, à l’égard de ceux qui ne partagent pas leur avis. L’Esprit de Dieu ne rafraîchit donc que bien rarement, sinon jamais, ceux dont ils s’occupent. J’ai connu plusieurs de ces serviteurs de Dieu, qui étaient loin d’être des prédicateurs de réveil, et dont la prédication ne tendait qu’à raviver et à perpétuer l’esprit de fanatisme et de critique. J’ai simplement voulu dire dans ma lettre que les prédicateurs de réveil eux-mêmes ont parfois commis cette erreur, si communément pratiquée par les autres prédicateurs.

En réalité, l’esprit sectaire, sous toutes ses formes, n’est qu’une variante du fanatisme. On peut aisément le démontrer. Les prédicateurs de réveil qui ont associé des mouvements sectaires à leurs tentatives de produire un réveil ont probablement tous constaté qu’ils n’ont réussi qu’à développer l’esprit de fanatisme.

Mes frères, veillons soigneusement à ce que notre propre esprit demeure céleste, semblable à celui de Christ. Veillons à posséder la sagesse qui vient d’en haut, qui est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits’. {#Jas 3:17} Que notre travail soit animé par cet esprit. Nos oeuvres démontreront alors que nous sommes des ouvriers qui n’ont pas à rougir.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

VIII. L’EXCITATION PENDANT LES REVEILS (2)

Sauf erreur de ma part, beaucoup de manifestations qui ont été prises pour des signes de réveil se sont avérées par la suite n’être que de l’excitation très peu spirituelle. A mon avis, on a presque entièrement, sinon totalement oublié, que toute véritable religion se ramène à l’amour. Il est donc remarquable de voir à quel point, tout au moins dans certains cas, on laisse se manifester un zèle brûlant, souvent fortement teinté d’amertume et de sarcasme, au lieu de l’amabilité et de la douceur qui caractérisent la véritable religion de Jésus. Si vous assistez à une réunion quelconque, si vous discutez avec des frères qui font profession d’être chrétiens, ou avec ceux qui sont dans un état d’excitation, vous verrez qu’ils ont tendance à médire, à critiquer et à faire des reproches. Ceci n’a rien à voir avec la véritable foi en Christ.

Il est certain que nous assistons en ce moment à une grande excitation. Il y a beaucoup d’agitation et de discussions. Beaucoup d’activités sont proposées. Bref, il y a tout ce qu’il faut pour favoriser un certain type d’excitation. Nous sommes bien en présence d’un puissant réveil, mais ce n’est certainement pas un réveil de la pure foi chrétienne. Les pécheurs parlent des chrétiens avec une grande amertume, et les chrétiens engagés parlent des pécheurs avec guère moins d’amertume. La prédication est pleine de vitupération. Ceci ne manque pas de répandre le même esprit dans tous les milieux qui sont gagnés par cette excitation. Tout ceci semble être parcouru d’un courant d’émotions profondes, troubles et amères, qui sont l’essence même du fanatisme. Il ne fait aucun doute que c’est l’esprit de Satan, et non l’Esprit de Dieu, qui a été déversé sur ces gens. Un esprit a bien été répandu, mais il ne s’agit pas du Saint- Esprit de Dieu. Il semble qu’il y ait une invasion des agences infernales, une libération des puissances des ténèbres. Nous vivons un temps de séduction profonde. Il est en outre surprenant de voir que ce sont souvent des hommes de bien qui sont pour un temps emportés par cet esprit. Ils restent parfois des semaines et même des mois sans s’apercevoir de leur erreur. Comme l’a exprimé un frère, qui s’est lui-même laissé prendre par cette erreur: "J’essayais de chasser les démons par Belzébuth, le prince des démons!"

Vous constatez très souvent la présence de cet esprit en regardant simplement le comportement de ceux qui sont profondément excités. Ils ont un air maussade, et leur apparence semble traduire une profonde insatisfaction de leur esprit. Lorsque vous allez à une réunion de prière, ou à toute autre réunion où sont assemblés un grand nombre de ceux qui sont animés par cet esprit, vous pourrez voir un nuage sombre recouvrir le visage de ceux qui sont ainsi excités. L’expression de leur visage ne traduit pas un esprit ouvert, doux, calme, profondément solennel et humble. Vous constatez plutôt dans leur regard, dans tous les traits de leur visage, un air affolé, fanatique et résolu. Leur expression entêtée de condamnation semble vous dire: "Retire-toi, car je suis plus saint que toi!"

J’ai du mal à décrire exactement ce dont j’ai souvent été témoin dans de pareils cas. Mais peut être, si je ne puis exactement le décrire, puis-je tout au moins tenter de me faire comprendre par ceux qui n’ont pas eu la grâce de l’observer eux-mêmes. Parfois, cet état d’esprit ne se traduit pas toujours par une excitation visible. Ils se peut qu’un véritable réveil spirituel commence sans que cet esprit se manifeste aucunement. Mais j’ai rarement assisté à un puissant réveil, où qu’il se soit produit, sans avoir aussi constaté qu’un esprit de fanatisme plus ou moins grand finissait par se manifester au cours du réveil, à un moment ou à un autre.

Il faut que le responsable spirituel du réveil soit lui-même entièrement épargné par cet esprit. Il doit rester vigilant et veiller à ce qu’il ne se manifeste pas. Il doit être entièrement fidèle et intervenir à propos, pour avertir en privé tous ceux qui sont saisis par cet esprit. Si ces conditions sont remplies, il est alors certain que l’on parviendra en général à éviter d’en être contaminé.

Au début, cet esprit se manifestera souvent au cours de réunions de prières, si on lui en laisse la possibilité. Si tous ceux qui sont disposés à prier n’ont pas le champ libre pour le faire, vous verrez parfois un homme ou une femme prendre la parole d’une manière extraordinairement excitée, et déverser un torrent de vitupérations dans leurs prières. Celles-ci seront empreintes d’une telle amertume que tous ceux qui ne sont pas ouverts à cet esprit seront profondément froissés. Dans ce cas, dès la fin de la réunion, le responsable doit immédiatement aller trouver cet homme ou cette femme. Il doit lui parler d’une manière claire et affectueuse, et lui montrer quel est son véritable état d’esprit. A ces conditions, il peut réussir à lui ouvrir les yeux dès le début, pour lui faire comprenne son erreur et lui éviter de s’y engager davantage. Mais si le responsable néglige cette démarche, le mal se répandra rapidement et la séduction se développera dans l’esprit de la personne touchée. En l’espace de quelques jours ou, tout au plus, de quelques semaines, cela modifiera complètement la nature du réveil. Cela attristera et fera fuir l’Esprit de Dieu, et ouvrira la porte à une foule d’agents infernaux qui répandront la désolation dans l’Eglise.

J’espère qu’aucun de mes frères, en lisant ce que j’ai voulu dire au sujet du fanatisme, et de son association fréquente aux réveils, ne comprendra que je veux en quoi que ce soit critiquer les efforts de ceux qui travaillent fidèlement à nettoyer et à purifier la conscience des rétrogrades et des pécheurs impénitents.

Comme tous ceux qui ont assisté à des réveils, je suis conscient que l’esprit de critique et de censure ne se manifeste pas uniquement chez ceux qui veulent favoriser l’excitation. L’esprit de fanatisme n’est nullement réservé à ce type de personnes. Il se manifeste souvent avec le plus de laideur chez ceux qui ne recherchent absolument pas un réveil. En fait, il est très fréquent de voir ceux qui s’opposent aux réveils, dans l’Eglise ou hors de l’Eglise, manifester un esprit très turbulent et intolérant. C’est une forme de fanatisme tout aussi honteux et insensé que celui dont je viens de parler.

Parfois, même des serviteurs de Dieu ou des chrétiens éminents se comportent comme ceux qui n’appartiennent pas à l’Eglise et qui sont opposés au réveil ou à toute excitation. Ils sont eux aussi remplis d’un esprit de chicane, de censure, de récrimination et de critique. Ils semblent presque uniquement occupés à dénoncer tout défaut réel ou apparent, ou du moins imaginé tel, qu’ils détectent chez ceux qui recherchent le réveil.

Il est très fréquent d’entendre ces personnes critiquer même ce qui est le moins critiquable. Elles semblent animées d’un esprit qui leur fait appeler le mal bien, et le bien mal. Même les efforts ardents et fidèles pour sonder et fouiller profondément le coeur des rétrogrades et des pécheurs sont jugés grossiers, indiscrets, déraisonnables, hystériques, etc.

Ce que je veux dire, mes frères, c’est que courons de grands dangers. Nous risquons de commettre de graves erreurs, dont nous devons nous garder. J’ai déjà dit que l’esprit de fanatisme qui se manifeste chez ceux qui recherchent le réveil, est en général produit et développé par un autre esprit de fanatisme, celui qui est opposé au réveil. Quand l’opposition devient excessive, elle semble souvent produire, chez ceux qui travaillent à l’oeuvre de Dieu, un esprit qui entrave en réalité cette même oeuvre. Pour ma part, lorsque j’ai observé l’esprit de fanatisme se manifester chez ceux qui conduisaient un réveil, il était le plus souvent provoqué et entretenu par un autre esprit, opposé au réveil. Quand l’opposition prend certaines formes, et qu’elle gagne les serviteurs de Dieu et les chrétiens éminents, c’est alors que les hommes de bien et de prière courent le plus grand risque d’être vaincus par ce mal, au lieu de vaincre le mal par le bien. Nous devons toujours nous tenir sur nos gardes à ce propos.

J’ai beaucoup à dire concernant l’apparition d’un esprit fanatique associé au réveil. Mais j’aimerais à présent attirer l’attention de mes frères sur un autre point. Dans les moments de profonde excitation, surtout lorsque la prédication insiste sur la nécessité d’être dirigé par Dieu, d’avoir un esprit de prière, d’être conduit par l’Esprit, d’être rempli de l’Esprit, etc., certaines personnes sont particulièrement disposées à être dominées par leurs impulsions et à s’y abandonner. Elles ne comprennent pas comment le Saint- Esprit parle en réalité à notre esprit. Elles ne réalisent pas que le Saint-Esprit veut illuminer notre intelligence. Il veut pousser les chrétiens sensibles à Son influence à être parfaitement raisonnables et rationnels dans tous leurs actes et leurs opinions.

Certaines personnes attendent que le Saint-Esprit leur communique directement des impressions au niveau de leurs sentiments et non de leur intelligence. Elles reçoivent donc une foule d’impressions. Elles ont l’impression qu’elles devraient faire telle chose ou dire telle chose. Elles se sentent poussées à aller à tel endroit, à entrer dans une taverne, par exemple, pour parler aux habitués d’un bar. Elles sentent qu’il leur faut aller reprendre un serviteur de Dieu, ou encore dire aux anciens ou aux diacres de l’Eglise que Dieu leur a révélé qu’ils étaient en train de s’opposer au réveil. Bref, cette séduction peut prendre une variété infinie de formes.

Ces gens ont parfois l’impression qu’ils sont convaincus qu’il leur faut se lever pour interrompre publiquement l’orateur pendant son message. Ou bien ils se mettent à prier à un moment où cela produit manifestement du désordre. Bien d’autres choses semblables sont susceptibles de se produire quand une profonde excitation se manifeste au cours d’un réveil. Parfois encore leur imagination leur montrera qu’un serviteur de Dieu fait du blocage spirituel, et qu’il entraîne en enfer toutes les âmes dont il est responsable. Ils croient que de terribles jugements vont s’abattre sur tel endroit, que le réveil va bientôt cesser, ou que quelque autre chose épouvantable va se produire.

Lorsque cet esprit se manifeste, il prend toujours une forme sévère, critique, et turbulente. Il est remarquable de voir qu’il exprime le plus d’hostilité et d’opposition envers ceux qui exercent l’influence la plus forte et la plus positive dans le sens d’un véritable réveil spirituel. Si l’on observe de près cet esprit fanatique, on s’aperçoit vite qu’il est en fait opposé à tout ce qui est vraiment bon dans l’oeuvre de Dieu. Souvent même, il est réellement scandaleux de voir de quelle manière il s’oppose aux moyens les plus efficaces et les plus spirituels employés par le Saint-Esprit pour produire un réveil. La plupart de ceux qui ont été témoins de puissants réveils ont probablement eu la douleur et l’étonnement de voir de telles choses se produire. De tels agissements sont excessivement dangereux pour un réveil. Car ils sont souvent le fait de ceux qui semblaient le plus engagés dans le réveil, qui sont les plus spirituels et les plus adonnés à la prière. Ces déviations se produisent souvent en relation avec des expériences, ou, plus exactement, suivent des expériences qui, au départ, étaient réellement d’origine divine et tout à fait spirituelles.

A ce propos, permettez-moi de faire les remarques suivantes:

1. Ce sont souvent ceux qui sont dans une disposition réellement spirituelle, qui sont vraiment sincères, qui ne se méfient pas, et qui souhaitent être conduits dans toute direction indiquée par Dieu, qui se laissent séduire par Satan. Celui-ci réussit souvent, en se transformant en ange de lumière, à les persuader de s’abandonner à leurs impulsions et à leurs impressions. Dès ce moment, le diable les tient captifs à sa volonté.

2. Voici comment vous pourrez distinguer l’influence de Satan de l’influence du Saint-Esprit: si vous avez simplement l’impression que vous devez faire telle ou telle chose, aller parler à telle ou telle personne, ou vous rendre à tel ou tel endroit, vous ne devez en tenir aucun compte. Mais quand le Saint-Esprit nous conduit à nous intéresser à quelque chose, nous ressentons une compassion particulière. Notre coeur est poussé à prier ou à intercéder pour quelqu’un. Nous pouvons alors faire confiance à une telle influence, et nous ne courons aucun risque. Si vous vous sentez poussé à vous lancer dans une puissante prière pour certaines personnes, avec une grande compassion, et même avec des cris et des larmes, ou à prier pour votre famille, vos voisins ou d’autres personnes, vous pouvez vous abandonner sans crainte à une telle influence. Si vous ne ressentez que de la compassion, qu’un zèle plein d’amour pour leur salut, et qu’un intérêt profond et affectueux pour leur bien-être spirituel, vous pouvez être sûr que cela vient de Dieu. Vous pouvez ouvrir votre esprit à cette influence et agir en ce sens. Vous pouvez déployer tous les efforts qui vous semblent raisonnables pour obtenir leur salut.

Mais gardez-vous soigneusement de simples impressions, qui ne sont pas motivées par l’amour, la compassion, ou l’esprit de prière. En général, de telles impressions ne viennent pas de Dieu, pour ne pas dire plus. Il ne serait peut-être pas excessif de dire qu’elles ne viennent jamais de Dieu. L’Esprit de Dieu conduit les hommes par leur intelligence, et non par de simples impressions sur leur sensibilité.

Quand la culpabilité de quelqu’un et le danger qu’il court vous viennent fortement à l’esprit, quand vous comprenez clairement quelle est la valeur immense de son âme, quand votre coeur est poussé à prier pour sa conversion et son salut, cela vient certainement de Dieu. J’ai connu des situations où des gens se sont rendus complètement ridicules, et ont causé de grands dommages à leur âme et à la cause de Dieu, en se laissant conduire par une série d’impressions passionnées et fanatiques.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

IX. POURQUOI Y A-T-IL SI PEU DE REVEILS?

Je me réjouis de voir que l’Eglise commence à se préoccuper de la question suivante: ‘Pourquoi n’y a-t-il pas plus de réveils, et pourquoi leur nature a-t-elle changé?’ Elle se demande aussi ce qui peut être fait pour obtenir des réveils qui soient d’une nature désirable et permanente.

Mes chers frères, j’espère, et je crois, que ne m’en voudrez pas si je vous dévoile ma pensée sur ce sujet avec une grande franchise. L’état de l’Eglise, le déclin des réveils, et la situation générale du monde chrétien le réclament.

J’ai lu dans diverses revues certaines raisons invoquées pour expliquer le déclin des réveils, l’absence de leur influence vivifiante, et l’absence de puissance dans la prédication de l’Evangile.

Quelles que soient par ailleurs les raisons du grand déclin des réveils, il me semble que nous, serviteurs de Dieu, nous devrions considérer que notre propre état spirituel est certainement l’une des raisons de ce déclin, pour ne pas dire la raison principale et fondamentale. Ne cherchons pas hors de nous-mêmes la cause fondamentale de ce problème. Nous manquons de sanctification personnelle et d’onction. Nous avons peu de puissance dans la prière et dans la prédication de la Parole.

Nous n’avons pas assez de sainteté dans notre vie, ni de consécration à l’oeuvre de renoncement à soi. Nous mettons peu d’énergie à exercer notre ministère. Voilà, sans aucun doute, les principales raisons pour lesquelles les réveils sont aujourd’hui si peu nombreux, si espacés dans le temps, et si superficiels.

En réalité, les ministères se sont dans une large mesure égarés dans de vaines disputes. Ils consacrent leur attention à la politique de l’Eglise, au gouvernement de l’Eglise et à toutes sortes de procédures ecclésiastiques. Les ministères ont cessé de lutter pour réveiller ceux qui ne sont pas dans l’Eglise, et pour ramener l’Eglise à la sainteté. La situation est alarmante et le préjudice extrême.

Je fais appel à vous, mes frères de toutes dénominations, pour vous demander si vous ne reconnaissez pas ce que je viens de dire comme une réalité de votre expérience et de votre observation personnelles. Les ministères, dans une large mesure, se sont laissés distraire de l’oeuvre fondamentale de la conversion des pécheurs et de la sanctification de l’Eglise. Ceci est alarmant. Mais ceci est trop connu pour avoir besoin d’être prouvé. Il suffit de lire la presse, d’observer les remous au sein des églises, les conflits doctrinaux et, puis-je le dire, les ambitions personnelles. Tout cela est venu au grand jour et a été offert en pâture au public au cours des dernières années, et témoigne clairement du fait que la plupart des ministères ne se préoccupent plus de rechercher le réveil, ni la sainteté et l’entière consécration de l’Eglise. S’il en est ainsi, mes frères bien-aimés, et quelles que soient les mesures qui doivent être prises par ailleurs, ne nous revient-il pas de reconnaître notre faute, de la confesser, de nous en attrister et de nous en repentir, afin de recevoir une nouvelle onction pour le ministère?

Frères bien-aimés, il ne nous sert à rien de regarder autour de nous pour chercher les causes de ce mal. La principale de toutes les causes est à rechercher en nous-mêmes. Si notre coeur est froid, notre zèle pour le réveil s’affaiblit. Si nous sommes occupés à autre chose, si nous battons la campagne pour assister à des conventions, des conseils et des synodes, si nous passons notre temps à lire les critiques acerbes publiées par les journaux, si nous nous lançons dans la politique de l’Eglise, si nous nous agitons pour le gouvernement de l’Eglise et pour tant d’autres choses, il n’est pas étonnant que l’Eglise et le monde se désintéressent complètement des réveils.

Il faut que les responsables se mettent à l’oeuvre! Il faut que les serviteurs de Dieu soient baptisés dans le Saint-Esprit! Il faut que nous soyons réveillés et présents sur le champ de bataille avec toute notre armure! Il faut que notre âme soit ointe du Saint-Esprit! Sinon, il ne nous convient certainement pas de regarder autour de nous pour tenter de découvrir la cause du déclin des réveils.

Je suis sûr qu’il y a bien d’autres causes à ce déclin. Dieu voulant, nous les examinerons. Mais celle-ci est la plus importante. De toutes les causes, elle est celle qui déshonore le plus le Seigneur. Les ministères ne sont pas à l’oeuvre, et les bergers ont d’une certaine manière abandonné leur troupeau. Je veux dire qu’ils ne le conduisent pas dans les gras pâturages, auprès des eaux tranquilles. Ils ne sont pas eux-mêmes oints de l’Esprit, ni remplis de foi et de puissance, pour pouvoir conduire l’Eglise dans le réveil.

Dans une large mesure, les Eglises ne semblent pas très bien se rendre compte de l’état des ministères, parce qu’elles sont elles- mêmes rétrogrades. Le déclin d’une piété vivante au niveau des ministères a, bien entendu, été l’occasion d’un déclin parallèle des Eglises. A tel point que celles-ci ne sont plus guère conscientes de leur propre état, ni de l’état des ministères.

J’espère, mes chers frères, qu’en écrivant de la sorte, je ne serai pas accusé de mépriser l’influence des ministères ni d’encourager l’esprit de critique dans l’Eglise. Je ne voudrais aucunement faire cela. Mais nous devons être assez francs, humbles et honnêtes, pour regarder en face le véritable état des choses. Nous devons confesser et abandonner nos péchés. Nous devons nous remettre à l’oeuvre et travailler à nouveau pour le réveil. Sinon, Dieu ne manquera pas de nous châtier et de susciter d’autres instruments pour accomplir Son oeuvre, en nous mettant à l’écart. Il éloignera de nous le coeur des Eglises, détruira l’influence que nous exerçons sur elles, et suscitera des hommes que nous ne connaissons pas pour aller conquérir le pays.

On voit beaucoup de conventions diverses aujourd’hui. Mais je pense à une convention qui serait différente de toutes les autres, et qui nous serait fort utile. Nous devrions organiser une convention des divers ministères, et nous réunir pour prier, pour confesser nos péchés les uns aux autres, pour recevoir un esprit de réveil, et pour discuter des meilleurs moyens de promouvoir un réveil dans tout le pays. Je me réjouirais d’une telle convention. Il me semble que, de toutes les conventions que nous avons aujourd’hui, celle-ci serait la plus utile!

Que dire, frères? Ne sommes-nous pas extrêmement coupables? N’est- il pas vrai que les ministères, dans une large mesure, ont perdu l’esprit de réveil? N’y a-t-il pas au milieu de nous une grande insuffisante d’onction et de puissance? N’avons-nous pas accepté passivement de nous laisser distraire de cette grande oeuvre? Notre indifférence n’est-elle pas excessive et criminelle?

S’il en est ainsi, mes chers frères, ne devons-nous pas nous repentir? Ne devons-nous pas réaliser nos fautes, les confesser aux Eglises et au monde, et retourner en arrière pour reprendre notre bannière, au nom du Seigneur?

J’espère que mes frères seront patients envers moi. Car je veux insister davantage sur les responsabilités criminelles des ministères en ce qui concerne le déclin des réveils, tout particulièrement ces derniers temps.

Tout le monde sait que les ministres de Christ ont abandonné l’esprit de réveil. Cela est évident et lamentable. Il est tout-à-fait courant de remarquer que les ministères ont perdu, en général, l’esprit de réveil. Ils ont beaucoup de zèle pour toutes les questions ecclésiastiques. Ils savent très bien manier la critique. Mais ils ont peur des réveils, des prédicateurs de réveil, et des tentatives faites en faveur des réveils. Ils font peu de chose, ou même rien, pour rechercher eux-mêmes un réveil spirituel. Je ne pense pas que ce soit vrai partout, mais je fais une remarque générale. Elle est trop évidente pour nécessiter d’être prouvée. Je crois que tous en conviendront.

Mes très chers frères bien-aimés, si les ministères ne sont pas animés d’un esprit de réveil, il est vain d’espérer que l’Eglise le soit. La place normale du berger est devant le troupeau. Mais s’il essaye de pousser le troupeau devant lui, il le dispersera dans toutes les directions. Si le berger abandonne l’esprit de réveil, les brebis l’abandonneront aussi tout naturellement. En revanche, si le berger progresse dans l’oeuvre du Seigneur, les brebis le suivront partout où il les conduira. Cela est presque évident.

Ce qui a le plus freiné les réveils a toujours été une oeuvre de grâce superficielle dans le coeur des ministères eux-mêmes. Je me tromperais gravement si cela n’était pas vrai.

Mes frères, croyez-moi, je ne dis pas cela avec un esprit de critique. Je ne désire pas pointer du doigt les fautes. Il s’agit là d’une pleine et entière conviction de mon propre esprit. Mon opinion ne s’est pas formée de manière hâtive. Elle résulte d’une longue observation, et d’une connaissance intime d’un grand nombre de serviteurs de Dieu de différentes dénominations.

Quand les serviteurs de Christ sont remplis de l’Esprit de Dieu, l’Eglise, en général, ne sera pas rétrograde. Je le dis d’une manière générale.

Il peut y avoir certains cas où des Eglises subissent une influence qui les empêche de rechercher la sainteté des chrétiens et la conversion des pécheurs, malgré tous les efforts déployés par des responsables tout-à-fait réveillés et vigilants. Quand il y a de grands bouleversements politiques, de grandes crises économiques, des périodes de grande dépression ou d’activité intense dans les affaires ou dans la situation financière de l’Eglise ou du monde, cela peut détourner momentanément la majorité des chrétiens d’une profonde spiritualité, même si les ministères restent réveillés.

Cependant, je reste entièrement convaincu que si les ministères sont réveillés, s’ils prient, s’ils sont pleins de vitalité, leur influence écartera presque toujours les calamités et les troubles. Ils pourront pousser l’Eglise, et la société en général, à s’intéresser profondément aux choses spirituelles. Cela réduira considérablement le risque de voir se produire des guerres, des bouleversements politiques et économiques, des spéculations et des crises. Quoi qu’il en soit, je considère comme une vérité générale que si les ministères sont baptisés dans le Saint-Esprit, s’ils sont abondamment oints d’un esprit de réveil, l’Eglise suivra. "Tel sacrificateur, tel peuple!"

Mes frères, je crois que si nous sommes nous-mêmes profondément animés d’un esprit de réveil, nous allons lancer un appel aux Eglises pour qu’elles se lèvent et recherchent le réveil. Cet appel sera immédiatement entendu. Il suffit que les serviteurs de Dieu se lèvent, qu’ils soient remplis de l’Esprit et eux-mêmes réveillés. Je suis alors certain qu’il leur suffira, où qu’ils soient dans ce pays, de prêcher dans l’Esprit pendant trois dimanches seulement, pour voir l’esprit de réveil

renaître dans l’Eglise. Essayons seulement de faire cette expérience! Eveillons-nous à l’importance de ce sujet! Confessons et abandonnons nos propres péchés! Crions à plein gosier, ne nous retenons pas, élevons la voix comme une trompette devant l’Eglise! Rallions la foule des élus de Dieu! S’ils sont sourds à notre appel, cherchons encore plus sérieusement ce qu’il nous faudra faire. Mais, tant que nous ne serons pas oints pour accomplir cette oeuvre, ne nous permettons pas de tenter le Seigneur ni d’abuser l’Eglise, en recherchant la cause du déclin des réveils ailleurs qu’en nous-mêmes.

Comprenez-moi bien. Je sais que l’Eglise est dans un état de déclin spirituel. Elle a grandement besoin d’être vivifiée et réveillée. Mais je crois que la cause majeure de ce déclin de l’Eglise réside dans le fait que les ministères se sont laissés distraire des responsabilités qu’ils auraient dû exercer. Je crois aussi que le seul remède à cette situation sera trouvé lorsque ces ministères auront compris que leur priorité absolue est d’être eux-mêmes profondément spirituels et complètement réveillés. Dès qu’ils l’auront compris, il se produira un réveil général. Je ne m’attends pas à voir un tel réveil se produire tant que les ministères n’auront pas pleinement ouvert les yeux sur leur propre état et sur l’état de l’Eglise.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

X. LES CAUSES DU DECLIN DES REVEILS.

Selon moi, il existe une autre cause au déclin des réveils. Les Eglises n’ont pas été guidées dans les bonnes voies. Elles ont parfois été poussées à faire des efforts, des visites, et beaucoup d’activités pour la conversion des pécheurs. Mais elles-mêmes n’ont reçu qu’une nourriture fort peu abondante. On leur a demandé de beaucoup travailler en les mettant à un régime trop léger. Elles n’ont guère entendu autre chose que des prédications purement légalistes. Les prédicateurs n’ont adressé leurs messages presque exclusivement qu’aux pécheurs. Pendant des mois, ils n’ont pratiquement pas donné à leur Eglise un seul repas consistant. Ils ne lui ont pas présenté le véritable Evangile. Si les chrétiens doivent travailler pour Dieu et pour les âmes perdues, il faut qu’ils soient nourris en abondance avec le pain du ciel. On doit leur faire comprendre et savoir où réside leur grande puissance. Il faut fréquemment leur présenter Christ, dans tout Ses ministères, dans Son action, et dans Sa plénitude. Si l’on ne fait pas cela, non seulement la piété des chrétiens en souffrira, mais ils adopteront un esprit légaliste. Tous leurs efforts pour convertir les païens ne seront qu’activisme et légalisme. Dans cet état d’esprit, ils parcourront la terre et la mer pour faire des prosélytes, mais ils ne réussiront qu’à remplir l’Eglise de convertis superficiels.

Sauf erreur de ma part, c’est ce qui s’est passé, dans une mesure alarmante, pour tous les réveils de ces dernières années. Les chrétiens ont été si peu nourris de l’Evangile qu’ils sont devenus légalistes, pleins de leur propre justice, fanfarons, charnels, routiniers et incrédules. Leurs efforts ont abouti à faire des convertis qui leur ressemblent, et à jeter un grand discrédit sur les réveils.

Je le répète, on a prêché trop exclusivement aux pécheurs. Les serviteurs de Dieu n’ont pas assez servi de moelle et de graisse. Ils n’ont pas exposé la plénitude de l’Evangile. En agissant ainsi, ils ont porté un grand préjudice à leur propre piété. Ils sont souvent devenus légalistes, durs de coeur et portés à censurer. Dans un tel état, il leur est impossible de produire un véritable réveil spirituel. Ils ne se nourrissent pas eux-mêmes de Christ. Ils ne demeurent pas en Dieu, et Dieu ne demeure pas en eux. Ils ne sont donc pas en état de nourrir l’Eglise, ni de produire un véritable réveil spirituel.

Je le répète, les serviteurs de Dieu ont tellement craint la doctrine du perfectionnisme, au cours de ces dernières années, qu’ils ont trop négligé de présenter haut et fort l’Evangile du salut, dans sa plénitude et sa perfection. Beaucoup d’entre eux ont été complètement égarés par les erreurs répandues à propos de la doctrine du perfectionnisme, dans la presse qu’ils reçoivent et qu’ils lisent. Je me suis rendu à l’étranger. J’ai été étonné de voir la quantité de fausses informations circulant là-bas, concernant les choses que nous aurions réellement dites et enseignées, et concernant les effets de notre enseignement sur notre Eglise et sur les autres Eglises. Ces fausses informations ont poussé beaucoup de serviteurs de Dieu à mettre en garde les chrétiens de leurs Eglises contre toutes les erreurs. Ils ont dénoncé ce qu’ils pensaient être les erreurs des Perfectionnistes et des Sanctificationnistes. Dans la pratique, ils n’ont abouti qu’à abaisser considérablement le niveau de la sainteté biblique dans leurs propres Eglises. Je veux dire que cela a été le résultat pratique. En critiquant la doctrine de l’entière sanctification dans cette vie, et en défendant l’idée, comme beaucoup l’ont fait, que les chrétiens doivent s’attendre à pécher tant qu’ils sont sur cette terre, ils n’ont pratiquement abouti qu’à encourager leurs Eglises à rétrograder en permanence. On a créé dans l’Eglise des préjugés contre la doctrine de la sanctification. En outre, si je ne me trompe, les ministères ont eux-mêmes beaucoup souffert dans leur propre piété. Une baisse de spiritualité correspondante s’est donc manifestée dans leurs Eglises.

Mes chers frères, vous pourrez faire autant d’efforts que vous voulez, si vous continuez à vous attarder sur ce terrain, vos Eglises vont rétrograder à un point tel que vous en serez vous-mêmes consternés. Ma longue expérience me permet d’affirmer que la seule voie consiste à persuader profondément les Eglises qu’elles doivent absolument parvenir à ‘se purifier de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant leur sanctification dans la crainte de Dieu.’ Tout effort pour excuser le péché, toute tentative d’affirmer l’impossibilité pratique d’atteindre la perfection dans cette vie, constituent les erreurs les plus grandes et les plus désastreuses qui puissent être inculquées aux Eglises. Comme l’a écrit un auteur anglais il n’y a pas si longtemps: ‘Aucune erreur n’est aussi destructrice, et aucune ne doit être aussi fermement dénoncée, que celle qui consiste à dire que les chrétiens doivent s’attendre à pécher pendant toute leur vie.’

Mes frères bien-aimés, je ne cherche pas, par mes propos, à vous gagner à mon opinion. Mais je désire attirer votre attention, et l’attention de l’Eglise, sur cette réalité, et vous faire observer les résultats que l’on obtient quand on propose des critères spirituels moins exigeants que ceux que j’ai mentionnés.

En réalité, les Eglises s’éloignent rapidement de Dieu, faute d’être nourries du véritable pain de vie. En outre, les ministères, dans une mesure vraiment alarmante, ont trop mis leurs Eglises en garde contre la doctrine de la sanctification, et pas assez contre le péché.

Je supplie mes frères de prendre un autre chemin. J’exhorte aussi l’Eglise à vivre dans la sainteté. Je veux faire connaître que Dieu nous demande d’obéir à Sa loi et à Son Evangile. Faites-le aussi connaître, mes frères, et vous verrez que vous apporterez une vie de résurrection à vos Eglises.

Ne craignez pas le perfectionnisme. Cela ne m’étonne pas que la véritable doctrine de la sanctification ait été confondue avec celle du perfectionnisme dans beaucoup d’esprits. Les défenseurs de l’une ont aussi été confondus avec les défenseurs de l’autre. Mais, frères bien-aimés, n’est-il pas temps pour les serviteurs de Dieu de comprendre parfaitement quelles sont les différences entre ces deux doctrines, et de ne plus confondre des choses qui diffèrent tellement? Vous pourrez ainsi abandonner vos préjugés et ne plus vous inquiéter. Vous pourrez aussi montrer à l’Eglise comment abandonner ses propres préjugés et ne plus s’inquiéter.

Dans ce que je viens de dire, j’espère ne pas avoir créé des préjugés chez mes frères. J’espère ne pas vous avoir incités à ne plus m’écouter. Car j’ai encore des choses à dire à propos des erreurs commises dans la recherche des réveils. Je dois encore expliquer pourquoi ces réveils sont devenus si rares, si espacés, et d’une nature si superficielle.

Mes chers frères, j’ai le coeur rempli de ce sujet. J’ai beaucoup de choses à dire. Je vous supplie de m’écouter avec patience. Recherchez honnêtement si une grave erreur n’a pas été commise dans la direction que je viens d’indiquer.

Je veux encore parler de quelque chose dont les conséquences ont été très funestes sur les réveils spirituels. Il s’agit des fausses conceptions concernant les meilleurs moyens de promouvoir un réveil. Si j’ai bien compris, on a actuellement une forte tendance à s’orienter vers deux extrêmes presque aussi nuisibles l’un que l’autre. D’un côté, il y a ceux qui semblent rechercher un réveil sans utiliser aucun moyen particulier. Ils disent que les réveils sont l’oeuvre de Dieu. Ils croient donc qu’il leur suffit de continuer à faire ce qu’ils font habituellement. Ils continuent à donner régulièrement leurs messages hebdomadaires ou mensuels, à avoir quelques réunions de prière occasionnelles, etc. Ils laissent le réveil, cet ‘événement,’ selon leur terme, à la souveraineté de Dieu. Ils pensent que Dieu peut Se manifester sans que nous ayons à utiliser de moyens particuliers. Ils disent que cela reviendrait à prendre la place de Dieu dans Son oeuvre et à produire des réveils avec notre propre force. Il leur suffit de poursuivre leurs activités habituelles pour le salut des âmes.

Il me semble que l’on a négligé ici un principe de la nature humaine, qu’il faut respecter si l’on veut travailler avec succès pour le royaume de Dieu. Supposez qu’un homme ait l’esprit fortement intéressé par un sujet quelconque. Si vous voulez attirer son attention sur un autre sujet, il vous faut utiliser des moyens propres à l’intéresser et à le stimuler. Depuis trente ans, le monde chrétien tout entier se trouve dans un état de grande excitation. Il se dirige vers une grande révolution morale. Par révolution morale, je veux parler d’une révolution dans les opinions, suivie d’une révolution dans les comportements. On ne parle que de réforme. On soulève l’une après l’autre de nombreuses questions d’un intérêt profond, pour agiter l’opinion publique. C’est Dieu qui, par Sa providence, continue à faire pression sur les pensées des hommes, par ces questions qui les agitent. Ce sont des questions politiques et des questions religieuses. Tout cela produit une excitation à la limite du supportable. En réalité, tout sujet d’intérêt profond et fondamental pour l’humanité a dans la presse ses avocats, ses conférenciers et ses défenseurs, qui contribuent à fixer l’attention et l’intérêt de l’opinion publique. Dans ces conditions, il est parfaitement déraisonnable d’espérer gagner l’attention des hommes et de produire un réveil, si l’on ne fait pas des efforts particuliers et prolongés. Le monde entretient constamment l’intérêt du public, pour alimenter l’agitation politique et lancer des réformes. De même, les ministères doivent élever la voix comme une trompette, ‘crier à plein gosier,’ et ne pas se retenir. Ils doivent multiplier leurs efforts et leurs tentatives, à la mesure de l’excitation manifestée par le monde pour les sujets qui l’intéressent. Ils doivent persévérer jusqu’à ce que, par la grâce de Dieu, l’attention de leurs auditeurs soit captée et conservée, et que les coeurs soient gagnés au Seigneur.

Il se peut qu’un réveil éclate sans que l’on ait fait d’effort particulier, dans un endroit où les gens ne s’intéressent pas vraiment à d’autres sujets. Mais l’Eglise se trompe si elle espère avoir un réveil sans avoir recours à des efforts exceptionnels et prolongés. C’est parce que les réveils sont l’oeuvre de Dieu que ces efforts sont indispensables. Cela ne nous autorise donc pas à invoquer une seule raison pour négliger de tels efforts. Dieu, en bâtissant Son Royaume et en établissant Son gouvernement sur le monde, ne viole pas les lois de l’intelligence, mais Il les respecte strictement. Par conséquent, si nous traînons les pieds, ou si nous craignons de faire un surcroît d’efforts, tout en espérant obtenir un réveil, ce serait irrationnel et absurde, alors que le monde s’enflamme pour tant d’autres sujets. Il est vrai qu’il nous faut conserver

une grande sagesse pour ne pas commettre des actions inconsidérées. Nous ne devons pas avoir recours à des moyens qui ne seraient que de l’agitation et de l’excitation inutiles, ou qui détourneraient l’attention de la vérité. Mais il faut pourtant utiliser certains moyens et multiplier les réunions. Les prédicateurs et les chrétiens doivent être eux-mêmes enflammés. Ils doivent pouvoir élever leur voix pour couvrir le bruit des vagues et des vents de ce monde, jusqu’à ce qu’ils parviennent à fixer l’attention des hommes. Sinon, ils ne parviendront jamais à sanctifier les coeurs.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XI. L’INUTILITE D’EFFORTS SPASMODIQUES.

Avant de développer le sujet de ma dernière lettre, je veux attirer l’attention de mes frères sur un mal qui me semble avoir profondément attristé l’Esprit de Dieu, et qui représente actuellement un véritable obstacle au réveil. J’y ai déjà fait allusion dans une précédente lettre. Je veux à présent en parler d’une manière plus précise. Ce mal est le suivant: on a accablé les hommes de réveil de préjugés défavorables. Cela a profondément attristé l’Esprit de Dieu. Il me semble que l’on n’a pas suffisamment réfléchi au fait qu’un esprit influencé par des préjugés ne peut pas avoir de communion avec Dieu. Il ne peut donc être exaucé dans ses prières, ni recevoir la grâce indispensable pour vivre d’une manière qui honore Dieu. On ne peut nier le fait que l’Eglise, d’un bout à l’autre de notre pays, est pleine de toutes sortes de préjugés. Ces préjugés anéantissent la piété des églises et empêchent de le réveil. Bien souvent, les serviteurs de Dieu, certainement sans le vouloir, ont eux-mêmes injecté ces préjugés dans l’esprit des membres de leurs églises. Ils les ont ainsi coupés de la communion avec Dieu. Ces chrétiens ont perdu toute capacité d’ouverture spirituelle. Ils ont déjà leurs idées préconçues. Ils refusent d’entendre de leurs deux oreilles pour juger ensuite. Dans certaines Eglises, ces préjugés touchent un grand nombre de domaines. L’abolition de l’esclavage, la réforme morale, les hommes et les mesures de réveil, les séries de réunions, la Nouvelle ou l’Ancienne Ecole de Théologie, la sanctification ou l’anti-sanctification, tout cela a fait l’objet de grands préjugés. Il importe peu que ces préjugés soient pour ou contre la vérité. Il suffit qu’il y ait préjugé. Il suffit que l’esprit soit orienté dans une certaine direction, et se ferme à toute autre éventualité, pour que l’âme soit effectivement coupée de Dieu.

Un préjugé est le fait d’avoir une idée préconçue sur un certain sujet. Une idée préconçue est exactement ce que Christ veut interdire. Le Seigneur ne veut pas nous empêcher s’avoir une opinion ferme, ni un jugement définitif sur certains cas, questions ou personnages sur lesquels nous sommes appelés à nous prononcer. Mais Il ne veut pas que nous jugions sans avoir examiné chaque cas d’une manière objective, complète et charitable.

Certains serviteurs de Dieu, d’un tempérament combatif, ne se rendent pas compte, en fait, qu’ils poussent leurs assemblées, par leurs prédications, à avoir une foule de préjugés qui produisent tout autre chose qu’une réelle piété. J’ai été souvent choqué d’entendre les préjugés exprimés par les serviteurs de Dieu eux-mêmes, et par les chrétiens de toutes dénominations.

Frères, si nous voulons un réveil parmi les chrétiens, nous devons nous méfier de toute tendance à les pousser à avoir des préjugés, dans n’importe quel domaine. Ils sont déjà assez enclins naturellement à avoir des préjugés et à porter des jugements subjectifs. Ce n’est pas la peine de les pousser, par nos prédications, à avoir un état d’esprit aussi impie. Arrêtons de les mettre en garde contre telle ou telle chose, de dénoncer l’anti- esclavagisme, la réforme morale, la colonisation, ou toute autre chose, dans un esprit et d’une manière qui crée des préjugés! Il se peut que nous pensions rendre service à Dieu. Il se peut que nous nous réjouissions de voir le zèle de nos assemblées pour ce que nous croyons être la vérité. Nous voulons peut-être former et maintenir nos chrétiens dans l’orthodoxie. Nous voulons qu’ils soient enflammés de zèle, au point de parcourir la terre et la mer pour faire des prosélytes à leur image. Mais nous apercevrons qu’ils auront fait de leurs convertis des enfants de la géhenne deux fois plus qu’eux- mêmes.

D’autres chrétiens que ceux dont je viens de parler me semblent être tombés dans une erreur diamétralement opposée. Ces chrétiens, au lieu de prétendre qu’il ne faut employer aucun moyen spécial pour convertir les pécheurs et sanctifier l’Eglise, semblent être tout-à- fait certains qu’aucun résultat ne pourra être obtenu sans programmer de longues séries de réunions. Ils veulent utiliser les méthodes les plus excitantes. Ils semblent dépenser tous leurs efforts à organiser ces séries de réunions. Ils consacrent presque tout leur temps à déployer une énergie intense, et à programmer des réunions pendant une petite partie de chaque année. Mais, le reste du temps, il ne font que peu d’efforts pour intéresser les chrétiens à la foi, pour sanctifier l’Eglise et convertir les pécheurs. Il me semble que ces chrétiens n’ont absolument pas compris quelle était la seule méthode propre à développer sainement la foi chrétienne. Ils rejoignent en cela le premier groupe dont j’ai parlé, et ces auxquels ils semblent s’opposer.

Certes, je pense qu’il est certainement très utile d’organiser une série de réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Les circonstances peuvent même l’exiger. Mais, d’une manière générale, il me semble plus sain pour la foi et le développement spirituel des chrétiens d’organiser toute l’année, d’une manière régulière, des réunions d’enseignement et de prière. Il faut que ces réunions soient assez fréquentes pour soutenir l’attention des chrétiens, mais assez étalées dans le temps pour ne pas les perturber dans leurs tâches ordinaires ou nécessaires. Il faut laisser aux chrétiens le temps de faire les choses qu’il leur est indispensable de faire.

Après avoir acquis de l’expérience en matière de réveils, j’ai adopté une pratique qui me semble avoir été également adoptée par les serviteurs de Dieu et les Eglises travaillant pour le réveil. Nous avons ajouté aux réunions du dimanche un certain nombre de réunions pendant la semaine. Mais leur nombre doit être tel que chacun puisse aisément y assister. Personne ne doit être gêné dans l’exercice normal de ses fonctions dans ce monde. Nous nous en sommes tenus à cela. J’ai assisté à de puissants réveils en zone rurale, en plein milieu des récoltes. Je me suis rendu compte que ces réveils pouvait continuer tant que le nombre des réunions permettait aux fermiers d’assurer leurs récoltes, sans aller au-delà. On a commis une erreur majeure ces dernières années. Les Eglises qui cherchent le réveil interfèrent de manière abusive, pendant un certain temps, avec tous les devoirs ordinaires de la vie domestique, commerciale, agricole et industrielle. Ils transforment en dimanche chaque jour de la semaine, pendant une longue période ininterrompue. A tel point qu’il est ensuite nécessaire de ne plus tenir de réunions pendant longtemps, à l’exception de celles du dimanche. Les chrétiens ont alors tellement négligé leurs affaires courantes, et pendant si longtemps, qu’ils doivent ensuite faire de grands efforts pour rattraper leur retard dans ce domaine. Ces efforts sont à la mesure des efforts qu’ils ont faits pour rattraper leur retard spirituel pendant ces longues séries de réunions. Ils vont d’un extrême à l’autre. Ils assistent à une réunion par jour pendant une longue période. Puis ils passent à une autre période où ils n’ont plus qu’une réunion du dimanche, à laquelle presque personne ne se rend. Ils alternent des périodes où ils vont presque tout le temps à des réunions, et des périodes où ils ne vont plus à aucune réunion, excepté au culte du dimanche. Il me semble qu’une telle attitude manque complètement de sagesse. Les résultats qu’elle produit démontrent aux Eglises qu’une telle démarche n’est pas saine. Il vaut mieux organiser des réunions régulières pendant toute l’année. Chacun pourra ainsi satisfaire à ses obligations séculières et professionnelles.

Comme l’intérêt des hommes est de plus en plus attiré par toutes sortes de sujets, il nous revient, dans la même proportion, d’accroître la fréquence et l’urgence de nos appels. Nous devons arriver à fixer leur attention sur ce grand sujet du salut. Les hommes de ce monde font de plus en plus d’efforts pour attirer l’attention de leurs semblables sur des sujets mondains. Nous aussi, nous devons, dans une proportion au moins égale, multiplier les moyens propres à retenir l’attention des hommes sur des sujets spirituels. Cela me semble être une loi de l’esprit humain.

Il ne faut pas prétendre qu’un réveil dépend uniquement de la souveraineté de l’Esprit de Dieu. Il est faux de dire que nous ne devons pas utiliser de moyens spéciaux pour le produire. Ces moyens sont nécessaires pour permettre à l’Esprit d’accomplir Son oeuvre. Il faut les utiliser en abondance, si nous voulons que Dieu accomplisse le résultat que nous désirons. Les serviteurs de Dieu ont compris à leurs dépens qu’en organisant de longues périodes spéciales de réunions, pour obtenir un réveil, ils n’ont fait que pousser de plus en plus les Eglises à s’engager dans une excitation spasmodique et temporaire. Ils se concentrent sur les périodes de l’année où les gens n’ont pas beaucoup d’autres choses à faire. Ou ils ne prennent pas en considération ce que les chrétiens doivent faire, et ils leur demandent de faire des efforts prolongés. Les chrétiens assistent alors jour et nuit à des réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Puis ils abandonnent ensuite complètement tout effort.

Au lieu de cela, les Eglises devraient faire des efforts réguliers. Elles devraient chaque jour faire le nécessaire pour retenir l’attention des gens. Elles devraient contrebalancer l’attirance que le monde exerce sur eux, attirance qui met en danger leur âme.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XII. LES OBSTACLES A L’ESPRIT DE REVEIL.

Quelque chose produit actuellement un mal immense. C’est le sectarisme grandissant de l’Eglise. Ce sont les principales dénominations qui ont été les plus zélées et les plus efficaces pour la promotion des réveils. Pourtant, il me semble qu’elles sont en train de devenir, depuis une dizaine d’années, très sectaires dans leur esprit et dans leurs initiatives. Je ne pense pas que ce soient les conflits entre ces dénominations qui augmentent en intensité et en virulence. Mais celles-ci se divisent et semblent s’abandonner à l’esprit de schisme et de sectarisme. Il y a dans toutes les dénominations l’Eglise traditionnelle et l’Eglise moderne, l’ancienne Ecole et la nouvelle Ecole, les réformateurs et les conservateurs. Tous semblent mettre en avant leurs particularismes avec un esprit et par des moyens extrêmement sectaires. Les conventions sectaires, les rassemblements religieux, les conciles, les synodes, avec toute la panoplie et l’attirail du sectarisme, semblent enflammer l’esprit de l’Eglise de manière alarmante.

Il s’agit là sans aucun doute d’un mal considérable. Il faut combattre cette influence dans les Eglises. Les serviteurs de Dieu doivent cesser de manifester un esprit sectaire. Ils doivent mettre fin à leurs gesticulations et à leurs disputes verbales. Ils doivent arrêtent de créer des préjugés et de chasser les hérésies. Il faut qu’ils abandonnent leurs ambitions ecclésiastiques, pour se consacrer entièrement à rechercher l’amour fraternel, l’harmonie dans l’Eglise, la conversion des pécheurs et la sanctification des saints. Sinon, il est certain que les réveils cesseront, et que ceux-ci ne progresseront plus en pureté et en puissance.

Quand on considère une telle situation, le plus affligeant est de voir que les ministères et de nombreux chrétiens sont devenus tellement sectaires. Ils sont tellement imbus de cet esprit sectaire qu’ils ne se rendent même plus compte qu’ils sont sectaires! Ils s’imaginent être animés d’un pur amour de la vérité, et combattre sincèrement pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Ils pensent être réellement et exclusivement jaloux de l’honneur de Dieu et de la pureté de l’Eglise. Ils ont élevé leurs propres opinions au rang de doctrines fondamentales. Ils luttent pour les défendre avec obstination et véhémence, accusant tous ceux qui ne les partagent pas d’être des réprouvés.

Pour autant que je sache, il est remarquable de voir que les grands réveils qui ont tellement béni l’Eglise, dès le début, ont été anéantis par des manoeuvres ecclésiastiques et sectaires, qui voulaient soi-disant préserver la pureté de l’Eglise et la foi transmise aux saints. Il est vrai que les ministères, dans leur ensemble, ont toujours été responsables du déclin des réveils. Leur sectarisme, leur ambition, et leurs idées préconçues, les ont poussés à prêcher, à combattre, à courir à des Synodes, à des Conciles et à d’autres rassemblements ecclésiastiques. Les Eglises, tout d’abord peinées et même choquées par cette influence, ont fini par se laisser convaincre. Elles se sont imbibées de l’esprit sectaire, et se sont entièrement éloignées de Dieu.

Frères bien-aimés, qui donc ignore qu’un grand nombre de ministères sont trop influencés par leurs préjugés pour être en communion avec Dieu et manifester Sa puissance? Qui donc ignore qu’ils ne sont pas assez honnêtes, objectifs et droits, pas assez attachés à la vérité, pas assez ouverts, pas assez désireux d’examiner avec patience et de juger avec charité toute question sur laquelle ils doivent se prononcer?

Par ma propre expérience, j’ai appris que, pour maintenir ma communion avec Dieu, je devais complètement abandonner toute idée préconçue sur n’importe quel sujet. Je devais ouvrir complètement mon esprit, être prêt à être persuadé, et rester tout-à-fait objectif et honnête. Je ne dois pas non plus me permettre d’avoir ou d’exprimer une opinion sur un sujet quelconque sans l’avoir soigneusement examiné, ni sans avoir prié. Beaucoup aujourd’hui semblent avoir oublié ce que Dieu dit de ceux qui ‘parlent mal des choses qu’ils ne comprennent pas.’ Il est étonnant de voir à quel point les ministères, comme les chrétiens engagés, se laissent aller à dénoncer et à médire des choses qu’ils ne comprennent pas.

Ces ministères et ces chrétiens ne peuvent pas prier. Dieu ne les entendra pas. Ils ne peuvent pas être exaucés, tout le monde s’en rend compte. Ils dénoncent certaines doctrines et certaines choses d’une manière profondément choquante pour ceux qui se rendent compte qu’ils ne savent pas ce dont ils parlent. Ils confondent des choses qui diffèrent radicalement, et font des distinctions qui n’existent pas.

Je pourrais mentionner un grand nombre de faits pour illustrer mon propos. Presque tout le monde sait qu’il est toujours parfaitement habituel à des serviteurs de Dieu et à de simples chrétiens de confondre l’entière sanctification, dont nous voulons parler ici, avec le perfectionnisme. Ceux qui le font ne savent sans doute pas ce qu’ils disent, ou n’ont pas très bien étudié la question. Ils parlent de ce qu’ils ignorent, et disent du mal de choses qu’ils ne comprennent pas.

Frères bien-aimés, je ne dis pas cela pour faire des reproches à qui que ce soit. Mais, après tout, qui donc ignore que cela est vrai? Tout au moins, qui peut ignorer que cela est vrai?

Que nos opinions personnelles soient vraies ou fausses, il est parfaitement injuste de les voir confondues avec des opinions que nous rejetons. Ceux qui font cet amalgame sont pourtant des serviteurs de Dieu, mais ils ne font pas très bien la différence entre nos opinions et les leurs.

Si nos opinions sont fausses, qu’on les examine, et qu’elles soient acceptées ou rejetées selon leur valeur propre. Il est peut-être facile pour ceux qui les rejettent de confondre la totale sanctification, que nous défendons, avec le perfectionnisme, ou avec les idées du catholicisme romain, ou avec celles de l’universalisme, ou avec celles de tout autre ‘isme.’ Ils veulent couvrir nos opinions de tant d’opprobre que l’Eglise ne désirera même plus les étudier objectivement. Mais, que nos opinions soient vraies ou fausses, permettez-moi de vous dire, chers frères, que votre manière de les écarter ne peut manquer de provoquer un état d’esprit tendancieux en vous et dans vos églises.

Je vous le demande, mes frères, n’est-ce pas ce qui est train de se produire? Vous avez dénoncé notre point de vue, et vous l’avez confondu avec le perfectionnisme. Vous l’avez combattu dans vos réunions d’églises, et vous avez créé des préjugés par votre opposition. Je vous supplie d’examiner si cela n’a pas fait naître un état d’esprit tendancieux chez vous. N’est-il pas vrai que votre disposition d’esprit est devenue moins spirituelle? Votre communion avec Dieu n’a-t-elle pas baissé? N’avez-vous pas prêché l’Evangile avec moins de coeur et d’onction, et fait preuve d’un plus grand sectarisme?

Mes frères bien-aimés, que vous soyez serviteurs de Dieu ou non, acceptez-vous de répondre sincèrement à cette question, en ouvrant votre coeur devant Dieu au trône de la grâce?


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XIII. LES OBJECTIONS FAITES AUX SERIES DE REUNIONS.

(Note de l’Editeur américain: Dans ce chapitre, l’auteur ne veut pas mettre à la seconde place le travail accompli pour sauver les âmes. Il ne dit pas qu’il ne faut l’effectuer que lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire. Cette lettre veut au contraire démontrer que l’on doit tenir compte des obligations de ceux qui sont invités à ces réunions, afin de ne pas produire une opposition nuisible aux efforts de réveil.)

Dans mon avant dernière lettre, j’ai fait certaines remarques concernant les moyens utilisés pour produire un réveil. J’ai dit qu’il y avait deux extrêmes. Certains veulent obtenir un réveil par le seul moyen de longues séries de réunions ou d’efforts du même type. Tandis que d’autres sont opposés à l’emplois de tels moyens. J’ai discuté aussi quelque peu la tendance de certains chrétiens à concentrer presque tous leurs efforts pour obtenir un réveil sur une courte période de l’année, lorsqu’ils n’ont pas grand-chose d’autre à faire. Mais ils ne font rien ou presque rien le reste de l’année.

Après avoir rédigé cette lettre, il m’a semblé qu’elle pouvait être mal interprétée. J’ai décidé d’ajouter certaines remarques, et de les faire publier immédiatement après. Mais comme j’avais déjà écrit la lettre parue au précédent numéro, je n’ai pas pu réaliser tout de suite mes intentions.

Les remarques que je veux faire à présent peuvent être résumées ainsi:

1. Tout notre temps appartient à Dieu.

2. Tout travail que nous faisons est fait pour Lui.

3. Tout doit être fait en son temps. Le dimanche a ses exigences particulières. Il en est de même du printemps, de l’été, de l’automne et de l’hiver. Le Seigneur nous a demandé de travailler six jours, et de nous reposer le septième. En d’autres termes, tout notre temps doit être consacré à Dieu.

Il semble qu’à certaines périodes de l’année la plupart des gens aient plus de loisirs qu’à d’autres. C’est-à-dire que Dieu les occupe beaucoup moins dans les tâches qu’Il leur confie habituellement. Les agriculteurs, comme la plupart des gens, ont beaucoup moins de travail en hiver que pendant les autres saisons de l’année. Il est donc fort raisonnable, approprié, et sans doute nécessaire, d’employer tout notre temps, en de telles saisons, à une activité consacrée à la gloire de Dieu et au bien de Son royaume. En de telles saisons, il est bon de prévoir davantage de réunions, de passer plus de temps en prières et en visites, et de faire plus d’efforts pour la conversion des pécheurs et la sanctification des chrétiens. Ce ne serait pas le cas en des moments où Dieu nous appelle clairement à labourer, à récolter les fruits de la terre, ou à répondre aux autres obligations de notre existence. Nous devons accomplir nos obligations en toutes saisons. Cela nous permet de ne pas nous laisser accuser d’avoir une religion qui se limite à assister à de longues séries de réunions, ou qui n’est qu’une religion pour l’hiver ou les temps de vacances. Cela ne prouve pas nécessairement que nous avons une religion faite d’efforts spasmodiques et intermittents. Un chrétien qui va à l’église le dimanche, et qui travaille le reste de la semaine, comme Dieu le lui demande, ne prouve pas par cette attitude qu’il a une religion du dimanche. En réalité, un chrétien doit travailler toute la semaine pour la même raison qui le pousse à se rendre à l’église le dimanche, c’est-à-dire obéir à Dieu et Le glorifier. S’il ne le fait pas dans cet esprit, il n’a aucune religion véritable. On peut être tout aussi pieux et consacré à Dieu dans son travail que lorsqu’on se rend à une réunion! Sinon, nous n’avons aucune religion véritable.

Ainsi, le fermier, le marchand et l’ouvrier peuvent, et doivent, être tout aussi dévoués au Seigneur, tout aussi pieux et saints pendant les travaux de l’été que lorsqu’ils assistent à des séries de réunions pendant l’hiver. En réalité, nous devons tout faire pour Dieu, sinon nous ne faisons rien pour Lui. Si nous ne sommes pas poussés par la même motivation dans un cas comme dans l’autre, en n’ayant pour but que la seule gloire de Dieu, nous ne sommes absolument pas des chrétiens sanctifiés.

Il n’est donc pas du tout certain qu’une église soit égoïste si elle organise des séries de réunions à des périodes de l’année où les responsabilités des chrétiens envers Dieu, leur pays, ou leur famille, ne les appellent pas à d’autres tâches. S’ils n’ont pas d’autres obligations dans l’oeuvre du Seigneur, qu’ils se consacrent à l’organisation de réunions. S’ils bénéficient de loisirs supplémentaires, qu’ils soient appelés à faire des efforts particuliers pour la conversion des pécheurs et la sanctification de l’Eglise. Ceci est raisonnable et juste. Je ne vois pas comment l’on peut négliger cela sans pécher.

Cependant, il est vrai, et l’on doit le déplorer, que les périodes consacrées à de longues séries de réunions contribuent pour beaucoup à un développement spasmodique de la religion, ou du moins de ce que l’on appelle la religion. On ne peut donc pas dire que des chrétiens sincères se soient détournés de leur devoir en organisant des réunions à certaines périodes de l’année, tout en étant très occupés à autre chose à d’autres moments. Ils ont besoin de travailler de leurs mains, de prendre soin de leurs terres et de leur commerce, ou de servir Dieu et leur prochain dans leur métier.

Je veux donc que l’on comprenne clairement qu’il est naturel de s’occuper davantage du réveil à certaines époques de l’année, quand les saints et les pécheurs sont moins absorbés par les nécessaires affaires de la vie. Il est très naturel et très important que des efforts spéciaux soient faits à de telles époques, et que des réveils en découlent.

Quand on ne veut pas du réveil, il est donc tout-à-fait déplacé de s’opposer aux longues séries de réunions, car elles sont rarement programmées à des périodes de l’années où les gens sont très occupés. C’est ce qui est en fait très souvent pratiqué. Je recommande donc, comme je l’ai déjà fait dans une lettre précédente, que l’on fasse en permanence des efforts sensibles pour entretenir la flamme dans le coeur des chrétiens, pour s’opposer efficacement au royaume des ténèbres et pour convertir les pécheurs. Mais je supplie mes frères d’encourager aussi leurs églises à organiser des actions particulières et extraordinaires, chaque fois que les chrétiens auront accompli leurs obligations personnelles. S’ils peuvent alors avoir du temps libre, ils doivent le consacrer plus particulièrement à la grande oeuvre du salut des âmes.


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XIV. LES OBSTACLES AUX REVEILS.

En étudiant les obstacles aux réveils, je dois insister plus fortement qu’auparavant sur le fait que les ministères, comme l’Eglise dans son ensemble, manquent énormément d’amour pour Christ. Travailler pour le salut des âmes est une grande oeuvre. Le coeur de ceux qui travaillent avec le Seigneur dans cette grande oeuvre doit être entièrement consacré. Ils doivent éprouver un amour profond pour Christ. Sinon, on ne peut ni ne doit attendre que l’Esprit de Dieu soit répandu, ni que l’oeuvre de l’Eglise et des ministères soit bénie.

La Bible enseigne abondamment que le temps de Dieu est aujourd’hui. Le moment de bénir Sion est venu. C’est le moment pour l’Eglise de prendre plaisir à ses ruines et de les relever de la poussière. L’Eglise et les ministères doivent être animés d’un amour profond et désintéressé pour Dieu et pour les hommes. Ils doivent être tellement remplis d’amour pour les frères qu’ils sont prêts à mourir pour eux. Ils doivent avoir tellement d’amour pour les précieuses âmes qu’ils acceptent de faire tous les sacrifices pour les sauver. Ils doivent même être prêts à offrir leur propre vie. Si c’est le cas, alors nous pouvons être sûrs que leurs efforts seront bénis. Mais s’ils ne sont pas animés de cet esprit, ils ne réussiront qu’à provoquer de l’excitation. Peut-être assimileront-ils cette excitation à un réveil spirituel et l’appelleront-ils ainsi. Mais, en général, le temps finira par démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un véritable réveil spirituel.

Quand les chrétiens et les ministères ne sont pas en communion avec Dieu, ils ne sont pas en mesure de discerner les faux réveils des véritables réveils spirituels. C’est pourquoi ils se lancent dans tant d’activités. Il faut qu’ils puissent annoncer qu’ils ont fait un grand nombre de convertis. En réalité, il n’y a pas un seul véritable converti parmi ceux-ci. Car ceux qui ont dépensé ces efforts ont engendré des enfants à leur propre ressemblance. Ils n’ont pas eux- mêmes l’Esprit de Christ. Ils ne sont pas eux-mêmes profondément animés d’un véritable esprit de réveil. Ils prennent donc à tort pour un véritable réveil ce qui n’était que leur propre excitation et l’excitation de ceux qui les accompagnaient. Cette excitation était sans doute tout autre chose qu’une réelle action du Saint-Esprit.

Plus de telles actions se multiplient, et plus elles aboutissent à des conversions superficielles. Plus elles font aussi considérer les réveils avec mépris, et plus elles nuisent profondément à la cause de Christ.

A présent, j’aimerais parvenir à bien imprimer dans mon esprit, comme dans l’esprit de tous mes frères, la vérité suivante: nous ne pourrons espérer produire de véritables réveils spirituels que dans la mesure où nous serons nous-mêmes véritablement réveillés. Nous devons nous-mêmes être réellement et profondément spirituels. Il nous faut éprouver un amour intense et absolu pour Dieu.

Nous devons être remplis de l’esprit de prière, d’amour, de foi, et de la puissance du Saint-Esprit. Il y a tellement d’excitations qui nuisent à la foi véritable! Elles sont si souvent confondues avec un véritable réveil!

Nul ne peut s’efforcer d’obtenir un réveil en toute sécurité s’il n’est pas vraiment et profondément en communion avec Dieu, et s’il ne connaît pas réellement ce que Dieu désire. Nous devons agir en étant animés de l’Esprit qui animait Christ, quand Il est venu mourir pour les pécheurs. Nous devons veiller à ce que nos yeux soient clairs, afin que notre corps tout entier soit dans la lumière. Nous devons posséder un discernement spirituel profond. Nous devons être capables, à la lumière de l’Esprit de Dieu qui brille dans notre coeur, de reconnaître immédiatement toute forme d’excitation superficielle et toutes ses variantes. Nous avons besoin de marcher dans une telle communion avec Dieu que notre esprit repoussera naturellement tout esprit qui n’est pas de Dieu. Il nous est certainement possible d’atteindre ce niveau spirituel.

Mais je désire tout particulièrement insister dans cette lettre sur la chose suivante: nous avons, dans une grande mesure, attristé le véritable Esprit de réveil, et nous l’avons éloigné de l’Eglise. Pour autant que mes observations et les informations dont je dispose me permettent de l’affirmer, je dois dire que les actions pour le réveil sont devenues trop mécaniques, trop engluées dans la politique et les machinations humaines, et trop dépendantes des mesures et des moyens charnels. Il y a eu trop de l’homme et trop peu de Dieu. La nature des réveils a donc profondément changé au cours des dernières années. L’esprit qui animait les véritables réveils semble rapidement céder la place à des méthodes légalistes et mécaniques auxquelles on a recours à présent.

Je vais vous dire ce que doit faire celui qui veut obtenir un réveil. Il doit être sûr que sa propre consécration soit totale et que sa communion intérieure avec le Seigneur soit profonde. Il faut aussi qu’il soit abondamment rempli de la vie de Dieu, pour qu’il puisse être exaucé par Dieu dans ses prières. Il doit prêcher l’Evangile en étant revêtu de l’onction du Saint-Esprit, dans une démonstration d’Esprit et de puissance.

Il semble que les ministères et les Eglises veuillent le réveil tout en gardant un coeur endurci. Il est nécessaire que leur propre champ soit profondément labouré. Ils programment de longues séries de réunions, et tentent de provoquer un réveil, sans aucun travail préalable de préparation dans le secret de leur chambre. Ils n’ont pas complètement brisé leur coeur devant le Seigneur. Ils ne l’ont pas répandu devant Lui dans une entière soumission. Ils n’ont pas été remplis de foi et du Saint-Esprit.

Ils semblent espérer qu’ils seront eux-mêmes réveillés pendant ces réunions. Ils convoquent une assemblée tout en étant eux-mêmes rétrogrades, donc dans un état d’esprit égoïste. Les conducteurs commencent ces réunions, et les poursuivent jour après jour. Ils travaillent à la conversion des pécheurs et aux réveil de l’Eglise, alors qu’ils sont peut-être eux-mêmes desséchés, durs de coeur, remplis d’incrédulité, mondains, et soucieux

de la réussite de leurs efforts dans la seule mesure où leur propre réputation est en jeu. Ces réunions se poursuivent donc jour après jour, jusqu’à ce que tous soient gagnés par une vive excitation. Peut-être pourront-ils obtenir quelques confessions de péchés, et certaines conversions véritables. Mais, dans l’ensemble, ils ont semé au milieu des épines. Ils n’ont pas commencé par labourer leur propre champ. Le peu de résultats obtenus n’a peut-être contribué qu’à décourager les chrétiens, et à les dégoûter de rechercher un véritable réveil.

Frères, je dis la vérité, un réveil doit commencer par les ministères. Puisse-t-on programmer une série de réunions à l’intention des ministères! Il faudrait que quelques centaines de serviteurs de Dieu se rassemblent, prêchent, prient et intercèdent pour le bien-être spirituel les uns des autres, jusqu’à ce qu’éclate un vrai réveil spirituel parmi eux. Ils devraient prendre fidèlement soin les uns des autres, et être animés d’un tel amour que leurs coeurs seraient à l’unisson. Ils devraient tous ensemble être remplis d’amour pour Christ! Il ne fait aucun doute qu’en sortant d’une telle convention pour reprendre leurs différentes charges, ils seraient les instruments d’un réveil général dans toutes leurs Eglises!

Frères, je vous le demande, que faire pour mettre les ministères sur la bonne voie? Que faire pour leur faire abandonner leur agitation et leur esprit sectaire, leur ambition, et toute autre voie de péché? Que faire pour qu’ils consacrent tout leur coeur à ne vivre que pour Christ et pour le salut des âmes? Oh, n’est-ce pas ce dont nous avons le plus besoin? Si nous pouvons atteindre cela, alors l’aube se lèvera sur la gloire de Sion. Les ministères doivent cesser de rétrograder et de s’agiter vainement. Ils doivent décider de ne plus stagner dans les méandres de la politique et des manoeuvres ecclésiastiques, comme ils l’ont fait au cours des dernières années. Sinon, je suis persuadé que des conséquences désastreuses se produiront. Dieu laissera les Eglises sombrer, sous l’influence de leurs conducteurs, dans un état toujours plus profond de chute et de délabrement spirituels. Ou alors le Seigneur écartera complètement ces conducteurs, et ira chercher ailleurs un autre instrument pour rebâtir les ruines de Sion.

Lorsque je regarde l’état spirituel des ministères, mon âme est profondément troublée et mon esprit est agité au-dedans de moi. Frères, me permettez-vous de vous parler avec amour? Serez-vous offensés si je vous ouvre tout mon coeur? Pour l’amour de Sion, je ne me tairai pas, et pour l’amour de Jérusalem, je ne puis rester silencieux. Mes frères, voulez-vous vous réveiller et assaillir le trône de Dieu pour qu’éclate partout un véritable réveil? Quand celui-ci se produira-t-il donc?

Voilà plus de dix ans que l’Esprit du Seigneur m’a montré, je le crois, que le cours des choses tendait rapidement vers le déclin des réveils. Tout spécialement dans ce domaine, j’ai pu constater que l’Eglise ne recevait pratiquement pas les prédications dont elle avait besoin. On a fait très peu de choses pour augmenter la piété des Eglises, et pour élever en permanence leur niveau spirituel. Les ministères, pour la plupart, n’ont prêché et travaillé directement que pour la conversion des pécheurs. Tel était l’ordre du jour. Pendant un temps, ces efforts ont été abondamment bénis par Dieu. Des multitudes de jeunes convertis se sont ajoutés aux Eglises. Pour le développement d’une saine piété, il était indispensable d’apporter à l’Eglise une prédication abondante et bien adaptée. Il fallait tout faire pour encourager l’Eglise à atteindre des objectifs spirituels et une piété toujours plus élevés. Je me suis rendu compte que cette tâche était très négligée par les ministères en général.

Moi-même, dans une certaine mesure, je me suis rendu coupable de cette erreur dans mon ministère itinérant d’évangéliste. Car mes efforts principaux, et souvent exclusifs, ont été consacrés à la conversion des pécheurs. Je pensais que les serviteurs de Dieu et les chrétiens avancés dans la foi feraient suivre ces puissants réveils d’une formation approfondie des jeunes convertis. Mais je me suis rendu compte que mes attentes dans ce domaine n’ont absolument pas été satisfaites. Par conséquent, les Eglises n’ont que très peu grandi dans la grâce. Leur vigueur spirituelle et leur puissance dynamique n’ont absolument pas correspondu à leur croissance numérique.

Presque tous ceux qui connaissent la réalité admettront, je le pense, que ceux qui se sont convertis au cours des réveils récents ont apporté force et puissance à leurs Eglises. Pourtant, que ce soit dans ces réveils ou dans tous les autres dont j’ai entendu parler, ces convertis n’ont pas reçu la formation spirituelle qui aurait pu faire d’eux des chrétiens profondément spirituels et efficaces. Ces convertis se sont donc eux-mêmes attachés à convertir des pécheurs. Mais ils ne pouvaient s’appuyer que sur leur propre piété superficielle. L’Eglise n’est pas formée à une vie spirituelle plus profonde. Elle n’a pas appris à marcher avec Dieu. Elle n’a aucune connaissance des ruses de l’ennemi. Elle a donc dû se contenter, dans la grande majorité des cas, d’employer des méthodes mécaniques pour produire des réveils. Je ne peux que constater les effets désastreux de ces méthodes. En réalité, je vois que les Eglises en général se trouvent dans un état spirituel tellement lamentable qu’elles seront bientôt complètement incapables de produire un véritable réveil spirituel. Je vois qu’elles sont en train de perdre l’esprit de prière et la capacité d’être entendues de Dieu. La tendance actuelle est de ruiner tout véritable réveil en lui substituant toutes sortes d’excitations superficielles.

J’ai conscience de tout cela. Je suis animé d’un profond sérieux et j’éprouve une sincère angoisse. J’ai donc entrepris de sonder plus profondément mon propre coeur. Je veux être capable de manifester une plus grande perfection spirituelle devant les Eglises que je suis appelé à contacter. Il a plu au Seigneur Jésus-Christ de Se révéler à mon âme plus complètement que jamais auparavant. Il m’a fait la grâce de me montrer une dimension nouvelle de la hauteur, de la profondeur, de la longueur et de la largeur de la vie divine. Je n’avais jamais perçu auparavant une telle dimension. Cela m’a donc pleinement convaincu de l’importance qu’il y avait à augmenter la piété des Eglises, et à les presser de s’engager dans une nouvelle forme de vie spirituelle. Elles seront ainsi pleinement établies dans la grâce, et pourront éviter ces chutes et effervescences périodiques qui ont défiguré la véritable religion.

Mais je ne pourrai jamais exprimer quels ont été mon étonnement et mon chagrin quand je me suis rendu compte que les Eglises et les ministères étaient, dans leur ensemble, fortement opposés aux efforts entrepris pour élever la piété en leur sein. Partout on s’est exclamé: ‘Mais pourquoi ne prêchez-vous pas aux pécheurs? Pourquoi ne travaillez-vous pas à la conversion des pécheurs? Pourquoi vous efforcez-vous de réformer l’Eglise?’ Je fus très surpris de voir que l’on croyait en général que l’Eglise se portait bien, et que la seule, ou la principale tâche des ministères était de travailler à la conversion des impies.

Je dois à présent dire que cela m’est apparu, et m’apparaît toujours, comme une sorte de prétention spirituelle. L’état spirituel de l’Eglise se dégrade tellement vite qu’il réduit à néant toute tentative d’amener les multitudes impies à une véritable conversion. L’Eglise a été trop peu édifiée dans sa très sainte foi. Elle ne connaît rien de Christ, ou presque rien, si ce n’est qu’Il est mort en sacrifice expiatoire. Il est inquiétant de constater à quel point les chrétiens ignorent tout de la présence et de la puissance du Saint-Esprit demeurant en eux, de la sanctification et de la communion avec Dieu, de la marche par l’Esprit, de l’abandon de toute impiété et des convoitises mondaines, de la victoire sur le monde, de l’entière et universelle consécration, de la manière d’être rempli de toute la plénitude de Dieu, et de toutes les autres choses semblables. Le peuple est à l’image de ses sacrificateurs. Les serviteurs de Dieu, dans leur grande majorité, sont dans une situation semblable. Je ne peux manquer de le constater, et cela me remplit d’une souffrance indicible.

Je ne suis pas le seul à avoir constaté ces choses. Je me suis rendu compte que tel ou tel frère dans le ministère, et beaucoup d’Eglises dans tout le pays, ont été conduits aux mêmes observations et aux mêmes conclusions.

Il me semble à présent connaître la raison principale pour laquelle cette puissante et belle vague de réveils a été arrêtée. L’Eglise a été trop négligée. On a trop considéré comme allant de soi que les chrétiens pourraient grandir seuls sans être nourris. On a cru qu’ils pourraient être affermis sans aucun enseignement spirituel, et qu’ils pourraient honorer Dieu sans avoir une piété profonde et pratique. On a sans doute considéré comme évident que l’Eglise se porterait bien si l’on se contentait de se préoccuper de sa croissance numérique et de convertir les pécheurs.

J’ai éprouvé une souffrance profonde et indicible de voir que l’on considérait avec autant de froideur les tentatives faites pour réformer l’Eglise, et que des multitudes de chrétiens, ainsi qu’un grand nombre de ministères, s’opposaient même à ces tentatives avec tant de violence et d’amertume.

Parfois, quand je suis invité à prêcher dans certaines Eglises, il m’arrive d’apprendre qu’elles souhaitent me voir seulement prêcher aux pécheurs. Mais elles ne désirent pas me voir prêcher à l’Eglise. Un jour, une Eglise Presbytérienne me demanda par écrit de venir prêcher une série de messages à l’intention des impénitents. J’ai souvent entendu dire que les pasteurs et les chrétiens influents s’opposent fortement à l’idée de me voir venir prêcher à des chrétiens. Ils n’acceptent pas que l’on vienne reprendre et sonder des chrétiens. Ils refusent que l’on veuille examiner minutieusement leur vie spirituelle, jusqu’aux fondements mêmes de leur espérance. J’ai souvent entendu critiquer les prédications qui viennent ébranler les fausses espérances de ceux qui se proclament chrétiens. On a sans cesse décrié cette manière de prêcher. On a même fini par décider qu’elle n’était plus tolérable.

Lorsque des serviteurs de Dieu en viennent à adopter une telle attitude, qu’arrivera-t-il à leur troupeau au jour du jugement? Quoi donc! Ils craignent d’être sondés, et d’avoir leur Eglises sondées! Ils craignent de voir une vive lumière projetée sur eux! Lorsqu’on demanda un jour à un pasteur de m’inviter à prêcher aux membres de son Eglise, il répondit: ‘Oh! J’aimerais bien qu’il vienne, s’il pouvait se contenter de prêcher aux inconvertis. Mais je ne peux pas supporter l’idée de le voir venir bouleverser l’Eglise!’

Mes frères bien-aimés, j’ai entendu beaucoup de critiques faites au cours de ces dix dernières années contre les tentatives de réveiller les Eglises et d’élever leur piété. Veut-on réellement dire, jusqu’à ce jour, que les Eglises n’ont pas besoin d’être réformées? Voici tout ce que je peux dire à mes chers frères: Maintenez cette attitude pendant un peu de temps encore, et il n’est pas besoin d’être prophète pour prédire que vos Eglises n’auront plus rien à voir avec des Eglises chrétiennes. Déjà maintenant, il n’est que trop manifeste qu’elles tendent à adopter un esprit libéral.

Après tout ce que je viens de dire, est-il possible qu’il y ait un seul frère qui soit encore assez aveugle pour ne pas voir la nécessité de porter un coup décisif aux fondations sur lesquelles s’appuie l’Eglise? La hache doit être appliquée à la racine de tout arbre stérile. Les ministères doivent soigneusement s’appliquer à creuser autour de ces arbres et à leur fournir de l’engrais. Ils doivent faire un effort pour sonder, réveiller et purifier les Eglises. Les chrétiens de longue date, comme les convertis des récents réveils, doivent être sondés et soigneusement examinés. Leurs fondations doivent être revues, et leurs coeurs entièrement remis en état. Ils doivent être édifiés, guidés dans une attitude spirituelle, et établis dans la grâce, afin d’être de vivantes épîtres de Christ, connues et lues de tous les hommes. Sinon, il est vain, et même plus que vain, de s’efforcer d’obtenir de nouveaux réveils.

Frères, le fait est que l’on a résisté aux efforts de réformation de l’Eglise, tout en ayant un amour désintéressé pour Dieu et pour les hommes. Dans une large mesure, l’Eglise a refusé d’être sondée. Les chrétiens ont refusé d’être changés. De sorte que l’Esprit de Dieu les a quittés, ou est en train de les quitter rapidement.

Si mes propos étaient plus atténués, je ne vous dirais pas toute la vérité. Mais, en disant ce que j’ai dit, je crains malgré tout d’avoir offensé certains de mes frères. Chers frères, je vous supplie de ne pas vous offenser de ce que je vous ai dit. Souffrez que je vous dise toute la vérité avec amour. N’est-il pas vrai que beaucoup d’entre vous, serviteurs de Dieu ou pas, avez refusé d’ouvrir sincèrement votre coeur à la réprimande, à la correction, à un examen sincère, et à la lumière de tout l’Evangile de Christ? N’est-il pas vrai que vous n’avez pas accepté que votre propre coeur change? N’avez-vous pas résisté aux efforts faits pour réveiller l’Eglise et augmenter sa sainteté? N’avez-vous pas été effrayés de la sanctification plus que du péché? N’avez-vous pas résisté aux efforts faits pour vous éclairer, et pour éclairer les Eglises que vous conduisez?

Que Dieu vous aide, mes frères, à répondre honnêtement à ces questions! N’avez-vous pas, bien souvent, non seulement fermé vos yeux à la lumière, mais tenté de fermer aussi les yeux des autres à cette lumière? N’avez-vous pas refusé de lire ce qui avait été écrit sur la sainteté que nous devons avoir dans cette vie? N’avez-vous pas usé de votre influence pour empêcher les autres de lire de telles exhortations? N’êtes-vous pas même allés jusqu’à vous exprimer contre ce sujet? N’avez-vous pas parlé avec mépris de ceux qui, dans l’agonie de leur coeur et dans les douleurs de l’enfantement, travaillaient à ramener au Seigneur une Eglise rétrograde?

Mes frères, ce sont des questions directes, posées avec l’intention d’être directes. Si je pouvais vous voir, je vous poserais ces questions à genoux. Si cela pouvait avoir quelque utilité, je laverais même vos pieds avec mes larmes. Mes frères, où en êtes- vous, et où en sont vos Eglises? Quel est votre état spirituel? Quel degré indique le thermomètre de votre spiritualité? Etes-vous bouillants, froids, ou tièdes? Eprouvez-vous les douleurs de l’agonie pour élever le niveau de sainteté de l’Eglise, et celui de votre propre coeur? Prétendez-vous toujours que l’état de l’Eglise est suffisamment bon? Considérez-vous avec froideur et mépris tous les efforts entrepris pour la réveiller?

Que le Seigneur aie compassion de nous, mes frères, et qu’Il nous sonde tous entièrement. Qu’Il nous oblige à venir à la lumière, à confesser nos péchés et à les abandonner pour toujours, en nous saisissant de la plénitude qui est en Christ!


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XV. L’ATTITUDE PERNICIEUSE DE L’EGLISE PAR RAPPORT AUX REFORMES ACTUELLES.

Je voudrais à présent parler à mes frères d’une erreur qui, je le crains, freine considérablement la progression des réveils. Il s’agit de la crainte si fréquente de toute excitation religieuse et, plus généralement, de toute excitation manifestée chaque fois qu’une réforme est annoncée. Nombreux sont ceux qui sont excessivement effrayés par toute forme d’excitation. Ils semblent passer plus de temps à mettre les gens en garde contre tout débordement, plutôt que de rechercher le réveil.

J’ai déjà parlé de l’excitation dans une lettre précédente. Mais je suis de plus en plus sensible au fait que la crainte de l’excitation devient excessive. Cela entraîne des conséquences fort négatives. Beaucoup de serviteurs de Dieu éprouvent une crainte exagérée de voir l’excitation devenir superficielle. Ils mettent trop les chrétiens en garde contre l’excitation superficielle, au point de finir par étouffer toute excitation, qu’elle soit bonne ou mauvaise.

Quand on met continuellement les gens en garde contre les excitations charnelles, quand on décrit continuellement les caractéristiques des excitations superficielles, il me semble à présent que rien ne peut mieux éteindre un réveil. Rien ne peut mieux le freiner ou même empêcher qu’il ne commence. On détourne ainsi l’attention des grandes vérités de l’Evangile, qui peuvent sanctifier les hommes, pour la fixer sur ces excitations superficielles qui ont si souvent été une plaie pour le monde. En réalité, les excitations superficielles sont presque toujours produites lorsqu’on prêche des fausses doctrines. Quand on prêche la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité, cela tend à produire une forme d’excitation hautement profitable, et à éliminer toutes les autres. Il faut en particulier annoncer les grandes vérités fondamentales qui sont indispensables au salut, et prendre bien soin d’éviter tout mélange d’erreur et de fanatisme, que ce soit dans l’enseignement ou dans l’esprit de l’enseignement.

Quand on parvient à retenir fermement l’attention, et à la fixer sur ces vérités, dans toute leur plénitude et leur puissance, on peut être assuré d’éviter toute excitation superficielle, et de produire une excitation qui est saine, légitime, et évangélique.

En revanche, quand on néglige de prêcher ces vérités, quand on se contente de mettre les gens en garde contre les excitations superficielles, on est presque certain que l’on étouffera toute excitation. On réveillera aussi l’agressivité de ceux qui ont commencé à se remplir d’un esprit d’excitation superficielle, en les éloignant encore plus de la vérité.

En réalité, mes frères, un grand nombre de pasteurs et d’Eglises me semblent bien trop craindre les excitations superficielles. Cela les empêche d’utiliser tout véritable moyen d’obtenir un réveil. Ils craignent de lancer un appel puissant. Ils ont peur d’élever leur voix comme une trompette, pour la faire résonner avec force et insistance aux oreilles du peuple. Ils craignent de presser les gens à saisir la vie éternelle avec une urgence irrésistible. Ils ont peur de provoquer une excitation superficielle. A chaque fois qu’un début d’excitation se produit dans une Eglise, au cours d’une réunion de prière ou d’étude biblique, aussitôt quelque ancien, diacre ou pasteur trop prudent commence à mettre l’assemblée en garde contre toute excitation superficielle.

Il n’y a pas de meilleur moyen de rendre impossible tout réveil. Ce qu’il faut faire, c’est mettre les gens en garde contre les doctrines et les mesures qui enflamment l’imagination, qui provoquent une marée d’excitation, et qui ne font pas appel à l’intelligence. Il faut insister fréquemment, puissamment, voire d’une manière importune, sur les pures vérités de l’Evangile. Ce sont ces vérités que les pécheurs et les chrétiens engagés ont le plus besoin d’entendre.

Si cela est possible, il faut parvenir à fixer leur attention sur ces vérités, d’une manière tellement inébranlable que cela ne laissera aucune place au fanatisme, ni dans les sentiments ni dans la doctrine.

Il se peut que des réactions suspectes se manifestent. La meilleure manière de les corriger, comme mon expérience a pu me l’apprendre, est d’avoir, si possible, une conversation privée avec ceux qui se laissent gagner par une excitation charnelle.

S’il est possible, il vaut mieux ne pas détourner l’attention de l’assemblée en intervenant publiquement sur ce sujet. On doit pouvoir capter l’intérêt de l’assemblée par l’exposé des grandes vérités propres à briser les coeurs endurcis. S’il se produit ici ou là une manifestation de fanatisme ou d’enthousiasme excessif, je conseille absolument, comme je l’ai déjà dit, de corriger ces influences néfastes par des entretiens privés. Il ne faut pas permettre à l’assemblée de se rendre compte de cette intervention.

En recommandant ces choses, je ne cherche nullement à favoriser de grandes excitations. Mais nous devons nous rappeler qu’un grand réveil ne peut jamais se produire sans que les sentiments soient profondément remués. Notre objectif est tout de même de voir un réveil se produire. Une certaine excitation accompagne, et doit accompagner naturellement, tout réveil véritable. Qu’elle se produise donc. Ne craignons pas de la voir se produire. Croyons, mes frères, et n’oublions jamais, que le meilleur moyen d’empêcher tout enthousiasme excessif, tout fanatisme, et toute excitation superficielle, est de marteler avec puissance et démonstration de l’Esprit les vérités fondamentales de l’Evangile, en toute occasion, favorable ou non.

Mes frères, je tiens particulièrement à insister sur une chose: les gens vont de toutes manières s’exciter, et ils vont s’exciter à propos des choses spirituelles. Si vous étouffez la saine excitation que doit normalement produire la proclamation pure et simple de l’Evangile, vous pouvez être assurés que, tôt ou tard, vous verrez se produire dans vos Eglises des excitations charnelles. Vous ne pourrez plus les contrôler. Elles saisiront vos chrétiens et les emporteront comme un ouragan. Frères, il n’est plus temps de rêver que nous pourrons préserver nos Eglises de toute excitation. Elles ne pourront pas être préservées, et ne doivent pas l’être.

Les indications de la Providence sont claires et tangibles. Il ne faut pas que cesse l’excitation qui se répand actuellement dans le pays. Chaque mouvement de la Providence divine ne fait que multiplier les occasions et les moyens de produire de l’excitation. Il serait insensé de nous opposer à la Providence divine, et de supposer que nous pourrions lutter contre ce mouvement de l’opinion publique. Nous devons seulement nous demander comment le canaliser, comment le diriger et l’encourager, afin qu’il ne produise aucun effet néfaste et qu’il n’ait que des effets positifs. Il faut le contrôler et le garder dans des limites adéquates.

Vouloir arrêter un tel mouvement serait aussi inutile que de vouloir couper les eaux du Mississippi. Barrez-les ici, elles déborderont et s’écouleront ailleurs. Mais si nous ne parvenons pas à maintenir dans des justes limites ces puissants courants de pensées excitées, ils ravageront tout le pays. Ne voyez-vous pas que si nous parvenons à contenir cette excitation quelque part, les eaux montent immédiatement et se répandent ailleurs? Il se présente sans cesse un nouveau sujet d’excitation, qui maintient l’opinion publique dans un état de fermentation perpétuelle. Qui peut l’empêcher? Personne, et personne ne doit l’empêcher. Les pasteurs et les chrétiens engagés doivent plutôt profiter de cette situation. Ils doivent dégager les voies appropriées, et y guider correctement l’opinion publique en exposant l’Evangile avec puissance. S’ils s’efforcent de stopper toute excitation, ils doivent alors s’attendre à voir leurs Eglises se diviser. De nouvelles factions vont surgir. L’anarchie et la confusion vont régner. Les ministères, conducteurs du troupeau, finiront par perdre leur influence. La séduction et le fanatisme emporteront l’opinion publique.

Frères, nous avons entre nos mains les moyens de guider l’opinion publique. Nous pouvons canaliser et transformer l’excitation qui se répand dans le pays. Que les conducteurs et les chrétiens prennent leur place sur le rivage! Qu’ils élèvent la voix au dessus du bruit du vent et des vagues de l’excitation du peuple! Qu’ils crient: ‘Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer!’. {#Esa 55:1} Au lieu d’avoir peur de l’excitation charnelle, avec l’expérience et les moyens que nous possédons, je crois et je suis certain que l’Eglise peut travailler à un réveil sans que se produise et se répande la moindre excitation superficielle.

L’Evangile se prête tout-à-fait une saine excitation. Annonçons-le au peuple dans toute sa plénitude et dans toute sa puissance. S’il se produit alors quelque excitation, laissons-la se produire. Que les conducteurs et les chrétiens soient sérieux dans leurs pensées. Qu’ils s’attachent fermement à la vérité et aux saines paroles. Qu’ils n’utilisent que les moyens propres à attirer l’attention de tous sur la vérité. Qu’ils cherchent à produire une parfaite soumission à Dieu, aussi rapidement et aussi universellement que possible.

Frères, ne nous laissons pas aller à la timidité. Ne critiquons pas et ne mettons pas les gens en garde contre les excitations charnelles. N’éteignons pas toute flamme qui s’allume. Ne maintenons pas nos chrétiens dans le sommeil! Sinon, ils échapperont à notre influence, et nous ne nous en rendrons même pas compte! Ils se précipiteront tête baissée et en masse entre les mains d’un leader fanatique qui détruira leur âme!


LE FEU DU REVEIL  (Finney)

XVI. LA FOLIE DE VOULOIR ENTRETENIR LA VERITABLE RELIGION SANS REVEIL.

Je voudrais à présent parler à mes frères d’un autre sujet. Il me semble percevoir dans l’opinion publique une tendance inquiétante. Les chrétiens finissent par croire que les Eglises peuvent exister et prospérer sans jamais avoir besoin de réveil. Ils pensent même qu’elles se porteraient mieux sans aucun réveil.

Une telle attitude est très proche d’une parfaite présomption. Il s’agit là, sans aucun doute, de la conclusion la plus absurde qui soit. Pourtant, une telle attitude ne peut que résulter de l’apathie généralisée concernant les réveils. Il faut y ajouter l’hostilité fréquente qui se manifeste à l’égard des réveils dans de nombreux milieux chrétiens. De nombreux conducteurs d’Eglises semblent prêts à favoriser ardemment l’abandon de tout effort en faveur des réveils. Tout au moins semblent-ils accepter cette idée. Ils préfèrent décourager le travail des évangélistes, et tous les efforts faits pour produire un réveil. Il en a toujours été ainsi, depuis les temps immémoriaux.

On peut clairement démontrer que l’Eglise chrétienne ne peut survivre sans de puissants réveils

spirituels. Il faudrait que le Seigneur décide, pour répandre l’Evangile, de recourir à un autre moyen que celui qu’Il a toujours choisi. Cette seule supposition est absurde et se contredit elle- même. L’Eglise n’a-t-elle pas besoin d’être réveillée? La véritable religion n’a-t-elle pas besoin d’être réveillée chez les impies? Sinon, toute véritable piété ne disparaîtrait-elle pas de ce monde?

Je veux bien admettre que l’Eglise visible puisse très bien exister sans réveil. Elle peut aussi accepter une alliance faite de compromis. Il lui est possible de recevoir en son sein une foule d’hommes impies qui ne donnent aucun signe de régénération. C’est ainsi qu’une Eglise nominale peut être maintenue en vie. Mais je suis convaincu que la véritable piété ne peut exister ni se répandre sans un puissant réveil généralisé, ni sans que des réveils succèdent à des déclins, chaque fois que ceux-ci se produisent. C’est l’une des plus claires vérités du monde!

Je regrette de ne pouvoir disposer des résultats effectifs de tout qui a été fait pour développer la véritable religion sans réveils. Mais qui ignore ce qu’il est advenu de ces Eglises, après de telles tentatives? Elles se sont éteintes, ou ne sont devenues que des Eglises nominales, déjà mortes, ne vivant plus que par leur nom. Elles se sont contentées d’une alliance à moitié conclue. Elles ont utilisé toutes sortes de moyens pour remplir l’Eglise de gens du monde qui n’ont jamais été vraiment convertis au Seigneur. Sans cela, cette Eglise nominale n’aurait même pas pu exister. S’il n’y a pas de réveil, les chrétiens continueront à mourir. Ils meurent en réalité bien plus vite que les pécheurs ne se convertissent pour occuper leur place. Quand on ne fait rien pour le réveil, celui-ci ne risque pas de se produire. On constate donc partout que les chrétiens sont morts plus rapidement que les pécheurs ne se sont convertis pour occuper leur place!

Les réveils survenus dans ce pays entre 1820 et 1840 ont dans une grande mesure influencé l’opinion publique. Ils ont permis aux réformes de se développer. Ils ont tiré des profondeurs de leur oubli les grands principes et les grandes vérités qui permettent de véritablement façonner l’opinion. Ces réveils ont touché le pays tout entier. Ils ont exercé leur influence dans toute la chrétienté. J’ai de très bonnes raisons de le savoir, non seulement en raison de ma connaissance personnelle de ce qui s’est passé dans mon pays, mais aussi par les informations venant d’Europe dont je dispose.

Ces réveils commençaient à influencer la législation dans toute la chrétienté. En réalité, il s’agissait de bien plus qu’un commencement. Mais si l’on laisse ces réveils s’éteindre, et s’il ne se produit plus de réveils, que se passera-t-il, dès que sera descendue dans la tombe la génération qui en aura été le dernier témoin?

Si notre opinion publique commence à être contrôlée par des hommes qui ne craignent pas Dieu, par des conducteurs chrétiens passifs, par une presse licencieuse, et par toutes les forces qui sont à l’oeuvre pour détruire les institutions religieuses de ce pays, où serons- nous, dans vingt ou cinquante ans, si nous ne connaissons pas de réveils? Observez tous les efforts faits par la Papauté, par toutes les sectes et tous les mouvements qui répandent l’erreur! Voyez la course effrénée des conférenciers qui parlent de toutes sortes de sujets! Constatez la diffusion de tous les livres et traités qui répandent l’apostasie! Soyez conscients de tout ce que produit l’enfer pour détruire l’ordre et la loi, pour anéantir tout ce qui est aimable et tout ce qui mérite l’approbation! Devant un tel spectacle, pouvez-vous encore dire, mes frères, que l’Eglise peut exister et prospérer sans vivre un réveil permanent?

Pour parler de ce qui nous concerne directement, ne pensez-vous pas que l’Eglise actuelle deviendra une pure abomination et une malédiction pour ce monde, si elle ne connaît pas de réveils? Ne tend-elle pas déjà à le devenir? Observez donc le développement des commérages, de l’esprit du monde, de l’orgueil, de l’ambition, et de tout ce qui est haïssable! Tout cela ne tend-il pas à se généraliser dans l’Eglise, exactement dans la mesure où elle se coupe de l’influence revivifiante du Saint-Esprit? Regardez la lâcheté, la tendance à privilégier l’apparence, et l’ambition ecclésiastique des conducteurs! Cela est dû à l’absence de réveil. Observez combien les ministres de Christ ont de plus en plus et irrésistiblement tendance à plaire au monde et aux membres de l’Eglise qui vivent dans l’impiété! Voilà ce qui se passe quand il n’y a aucune effusion abondante du Saint-Esprit pour réveiller les multitudes et fortifier les mains des serviteurs de Dieu!

Oh! S’il ne se produit pas de puissants réveils, il est impossible que la désolation ne règne pas, que les conducteurs ne s’inclinent pas en tremblant devant une opinion publique impie, que la Papauté ne triomphe pas, que le jour du Seigneur ne soit pas profané, et que l’Eglise ne soit pas réduite en ruines!

Comment qualifier l’attitude qui consiste à vouloir tout étouffer, et à mépriser tous les efforts spécialement consacrés à produire des réveils? Une telle attitude est sans aucun doute très présomptueuse. Si elle n’est pas abandonnée, elle finira par provoquer un désastre.

Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, je supplie mes frères de rejeter autant que possible la pensée de décourager ou de mépriser les tentatives faites pour réveiller l’Eglise! Nous ne devons même pas donner l’impression d’agir ainsi. Ces tentatives sont notre vie. Elles représentent le salut de l’Eglise et l’espérance du monde. Au lieu de les faire cesser, chaque ministre de Christ et chaque chrétien devraient chercher à les multiplier par cent!

Chacun de nous devrait appliquer son coeur à rechercher le réveil d’une manière pure, profonde, universelle. Nous devrons le faire aussi fréquemment que l’état de l’Eglise et du monde l’exigera. Que personne n’abandonne cet objectif, s’il attache de la valeur à sa propre âme, et à l’âme de son prochain!

 

 

 

 
 
 

 


 

 


 

 


 

 

 

 

Numérisation Yves PETRAKIAN

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